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C- Perturbations des interactions aux troubles de l’attachement

1. Des interactions perturbées

a) Inadaptation des réponses et signaux dans la relation

A une même stimulation chaque enfant ne réagira pas de la même manière, la mère doit tenir compte des capacités d’attention et des signaux de son enfant pour ne pas être dans une hyperstimulation. Si la mère n’accorde pas d’intérêt aux messages envoyés par le bébé, ce dernier n’intègre pas que ses appels ont valeur de communication et de régulation. Il y a alors un risque que le nourrisson inhibe les manifestions de son vécu affectif.

A l’inverse on peut retrouver des comportements d’hypostimulation de la part de la mère, qui peuvent être dus à une dépression avec un sentiment d’incapacité qui l’amène à réduire ses échanges avec son enfant. La raison de cette hypostimulation peut aussi se retrouver chez l’enfant, qui par la nature de ses signaux ne fait pas connaître son besoin (peu expressif, cri faible…). Par son manque d’expressivité l’enfant provoque la diminution du niveau de stimulation proposé par sa mère.

Un défaut de réciprocité entre les comportements de l’enfant et de la mère peut aussi être à l’origine de perturbations relationnelles. On retrouve par exemple, un évitement de regard, une discordance physique entre les efforts de l’un par rapport à l’autre, soit un dialogue tonico-émotionnel inadapté à l’autre ou encore une absence de transmodalité (la mère ne réagissant pas aux vocalises de l’enfant).

b) La prématurité

La prématurité est un contexte de naissance qui représente souvent une épreuve difficile à surmonter pour les parents et où les interactions sont caractéristiques de la situation. En effet le très petit poids de l’enfant l’oblige bien souvent à rester hospitalisé quelques jours, les parents rentrent chez eux sans l’enfant. Il s’installe bien souvent une carence au niveau des contacts physiques. Cette séparation mêlant choc affectif et vécu douloureux, privent le parent et le nourrisson des premières interactions.

c) La naissance, origine de troubles chez la mère

La naissance d’un enfant induit un bouleversement, physique, psychique, émotionnel, affectif et social chez la mère. Cette dernière se retrouve alors bien souvent fragilisée, stressée, fatiguée, ce qui laisse apparaître certains troubles.

La « baby-blues » se manifeste généralement 3 jours après la naissance et peut durer quelques jours. Il s’agit d’un trouble de l’humeur transitoire chez la mère qui se caractérise par exemple par une irritabilité, des pleurs, une grande fatigue, voire des crises d’angoisse. Cet état est causé par le bouleversement hormonal dû à la grossesse et à l’accouchement, s’il persiste plusieurs semaines on parle alors de dépression post-partum. On retrouve l’importance de la présence du conjoint et père en tant que soutien dans la relation.

La dépression post-partum, survient généralement autour de la 3ème semaine mais peut apparaître toute l’année qui suit l’accouchement. Elle se manifeste par une perte de confiance en soi, mais aussi une culpabilité, un découragement, une anxiété, des pleurs constants, un épuisement, une irascibilité.

La volonté excessive de réussite dans sa maternité, soutenue par la forte pression sociale, peut être à l’origine de cette dépression chez la mère. Ce qui l’amène à ne plus s’investir avec plaisir dans les interactions, à culpabiliser, à ne pas proposer à l’enfant suffisamment de sensation et un accordage idéal. Cette dépression maternelle peut engendrer chez son bébé, encore immature psychiquement, des signes dépressifs. Il existe donc un trouble de la relation qui ne permet pas à l’attachement de se faire sur de bonnes bases.

La psychose puerpérale est une décompensation psychopathologique du post-partum qui survient dans les heures et les jours suivant l’accouchement. Elle comprend notamment des hallucinations, une coupure avec la réalité qui favorise un acte suicidaire ou homicidaire. La prise en charge de ces mères se fait avec leur enfant dans des unités psychiatriques spécialisées afin de favoriser l’établissement des liens d’attachement.

La mise en place des interactions et des relations lors des premières semaines de vie de l’enfant avec sa mère, mais aussi avec son père, est importante dans la construction de son sentiment de sécurité interne, ce qui favorisera un attachement sécure donc un développement psychomoteur harmonieux et une santé mentale de bonne qualité.

« La corrélation la plus importante entre le développement de l’enfant et la dépression postnatale est retrouvée dans le fait que les enfants de mères déprimées présentent significativement un attachement insécurisant dans les trois quarts des cas »39

Une perturbation des interactions précoces, peut être à l’origine des attachements insécurisants de types évitant et ambivalent, et des attachements désorganisés. Ils ne sont pas pathologiques, il s’agit de « variations de la normale »40 car il existe bien un lien d’attachement entre l’enfant et la figure d’attachement. La variation se retrouve dans les adaptions de l’enfant envers les réponses de sa figure d’attachement.

Les troubles de l’attachement peuvent être inhérents à une perturbation sévère des interactions précoces dues à diverses raisons.

39 MAZET Philippe & STOLERU Serge, Psychopathologie du nourrisson et du jeune enfant, développement et

interactions précoces, Paris, Masson, 3ème édition, 2003, p.363