4. L E CONCEPT C HIP - ON -C HIP
4.3. Caractérisation électromagnétique
4.3.1. Interaction puissance commande
4.3.1.1.Introduction
Eviter les interactions possibles entre le circuit de puissance et le circuit de commande
dans un module de puissance constitue un des "fils conducteurs" du cahier des charges de
conception d’un module. Déjà largement étudiés [MER96], nous allons juste rappeler les
origines et les conséquences de ces interactions sur le fonctionnement des modules de
puissance et nous allons voir quel est le gain apporté par une structure CoC.
Les interactions entre la puissance et la commande proviennent des inductances parasites
introduites par le câblage. La Fig. 4-11 représente une cellule de commutation avec toutes les
inductances parasites. Afin d’alléger le schéma nous n’avons représenté que quelques
couplages mutuels mais évidemment d’autres sont possibles.
Dans l’étude qui nous intéresse, nous pouvons procéder à quelques simplifications sans
que cela nuise à la compréhension des phénomènes que nous voulons mettre en évidence. La
première remarque concerne l’inductance parasite Lcharge présente sur le circuit de charge :
celle-ci n’étant parcourue que par le courant de charge, c'est-à-dire un courant ne subissant
pas de variations brusques (à fort gradient), il sera possible de considérer qu’elle n’intervient
pas dans les phénomènes d’interaction puissance commande.
Ensuite les inductances de câblage LC1 et LC2 étant parcourues par le même courant
pourront être regroupées dans une inductance commune LC. Il en est de même pour LK et LA
que nous regrouperons dans LD.
VG
LE
LG
LC1
V0 Vcom
I0
RG Couplage
mutuel
LC2
Lcharge
LA
LK
Fig. 4-11. Représentation d’une cellule de commutation avec ses inductances parasites et
quelques couplages mutuels éventuels
Les interactions entre le circuit de commande et le circuit de puissance peuvent être dues à
deux types de couplages :
• couplage par inductance commune : c’est le cas de LE qui fait à la fois partie du circuit
de puissance et du circuit de commande.
• couplage par mutuelle-inductance : c’est le cas des trois couplages mutuels possibles
identifiés sur la Fig. 4-11.
De façon générale ces interactions peuvent avoir comme conséquences une instabilité de la
commande de l’interrupteur au moment des commutations, un ralentissement des
commutations et donc une augmentation des pertes, une susceptibilité accrue de la cellule de
commutation aux perturbations d’origine électromagnétiques. Ainsi le concepteur de modules
s’attachera toujours à réduire ces interactions.
4.3.1.2.Comparaison expérimentale
Nous allons maintenant mettre en évidence de façon expérimentale les interactions
puissance-commande sur un module plan et sur un module CoC. Pour cela, comme
précédemment, nous utilisons les modules sans les puces. Le schéma électrique équivalent est
alors celui de la Fig. 4-12 où l’on voit que les seuls éléments du circuit pris en considération
sont dus aux inductances parasites du câblage. La mesure consiste à exciter le circuit de
puissance par un courant sinusoïdal à haute fréquence et à vérifier si le circuit de commande
est affecté par cette excitation. Nous avons pour cela utilisé un courant sinusoïdal de
fréquence 400kHz d’une amplitude crête à crête de 3,5A qui est injecté entre les bornes +DC
et le bornes -DC des modules. La valeur crête à crête et la fréquence du courant d’excitation
sont les valeurs maximales que nous pouvions obtenir expérimentalement.
IHF
Mesure 1
de tension
LC
LE
LG ~
Zone
Diode
Zone
IGBT
LD
IHF
~
Mesure 1
de tension
Mesure 2
de tension
Piste
de
grille
Piste reprise
d’émetteur
+DC
-DC
Piste
point
milieu
Mesure 2
de tension
Fig. 4-12. Schéma électrique équivalent des interactions puissance-commande et principe de
mesure
En ce qui concerne le module plan nous avons réalisé deux mesures (Fig. 4-12). La mesure
1 de tension, dont les formes d’ondes sont données dans la Fig. 4-13, montre la présence
d’une tension aux bornes du circuit de commande lors de l’injection du courant dans le circuit
de puissance. Cette tension, d’un déphasage avant de 90° par rapport au courant et donc de
nature purement inductive, est due à la chute de tension dans l’inductance LE commune aux
deux circuits. Cette inductance est presque entièrement constituée par les fils de bonding qui
relient la face avant de l’IGBT à la piste en cuivre constituant le point milieu. A partir des
relevés expérimentaux il est d’ailleurs possible de donner une valeur approchée de cette
inductance. Nous trouvons une inductance de 8nH ce qui correspond tout à fait aux ordres
de grandeur des inductances présentes dans un module de puissance. Remarquons que pour
un di/dt autour de 1000A/µs et suivant son orientation la chute de tension dans le circuit de
commande est alors de 8V. Cette valeur est proche des valeurs de tension utilisées comme
signaux de commande des IGBT. On voit alors les conséquences sur la stabilité des
commutations que peut avoir la présence d’une telle chute de tension dans le circuit de
commande.
La mesure 2 de tension (Fig. 4-12) nous aurait permis de mettre en évidence les
interactions par couplage mutuelle-inductance, étant donné que dans cette configuration il n’y
a aucune inductance commune aux deux circuits. Mais dans les mêmes conditions d’essais et
de mesures nous n’avons pas pu observer de tension mesurable.
Courant injecté
500mA/div
Tension
10mV/div
Base de temps :
500ns/div
Fig. 4-13. Formes d’ondes expérimentales du courant injecté et de la tension aux bornes du
circuit de commande d’un module plan (mesure 1)
Finalement, pour un module plan nous n’avons pas pu mettre en évidence la présence de
couplage par mutuelle-inductance mais la présence de couplage par inductance commune si
aucune précaution n’est prise au moment de la conception est clairement démontrée. La
mesure 2 de tension nous a permis de constater la nécessité de séparer les circuits de
puissance et de commande en passant par une reprise d’émetteur.
Une mesure similaire sur un module de type CoC n’a pas non plus permis de mettre en
évidence la présence d’une interaction entre le circuit de puissance et le circuit de commande.
Cette absence d’interaction se justifie aisément par l’analyse de la structure même du module.
Comme on le voit sur la figure Fig. 4-14, les circuits de puissance et de commande sont
structurellement séparés minimisant les possibilités de couplage. Le seul chemin commun
entre les deux circuits se situe en regard d’un demi composant, en supposant la zone de
contact de grille au centre de celui-ci. La Fig. 4-15 met en évidence cette zone commune.
Notons que cette zone sera encore minimisée pas l’utilisation d’un composant de puissance
possédant un contact de grille à sa périphérie.
+DC
Emetteur
Grille
Driver
-DC
Inductances parasites
Courant de puissance
Charge
Courant de commande
Puce
Chemin
de la
Puissance
Commande
Zone commune
puissance/commande
Point
milieu
+DC
-DC
Fig. 4-15. Zone commune au circuit de puissance et au circuit de commande
4.3.1.3.Conclusion
Les mesures effectuées sur un module plan nous ont confirmé qu’une conception sans
précautions sur la prise de contact de la reprise d’émetteur pour la commande pouvait se
révéler catastrophique pour le bon fonctionnement de module. Même si les couplages par
mutuelle-inductance restent difficiles à mesurer, les inductances communes provoquent des
couplages forts. Aujourd’hui cette problématique est bien intégrée par les concepteurs et les
modules sont majoritairement équipés de reprise d’émetteur. Cependant, l’émergence des
modules 3D tels que ceux décrits dans la partie 2 à refroidissement double face, et donc
présentant des pistes de puissance également sur les DBC supérieurs, fait apparaître de
nouveaux couplages mutuels avec des effets possibles et indésirables, même sur les reprises
d’émetteur [LOU05].
La séparation matérielle entre les circuits de puissance et les circuits de commande qui est
assurée par une structure CoC constitue un bénéfice majeur pour minimiser les interactions.
Par ailleurs, un blindage naturel est créé par le passage de la connexion de grille dans une
électrode massive. La Fig. 4-16 met en évidence ce blindage qui, par sa structure, se rapproche
d’un blindage de type coaxial.
+DC
Point
milieu
Connexion de grille
Nous avons ainsi montré les bénéfices qu’apporte un module de type CoC des points de
vue électrostatique et électromagnétique. La structure CoC assure une immunité contre les
interactions puissance/commande par sa structure même. Cet aspect peut rendre attractif une
telle structure aux yeux des concepteurs de modules qui ainsi sans réflexions particulières
peuvent obtenir des modules minimisant les interactions. Rappelons par ailleurs qu’un
module ayant une susceptibilité faible aux rayonnements électromagnétiques est également un
module qui rayonnera faiblement. Rayonnement et susceptibilité sont en fait deux façons de
décrire les mêmes propriétés électromagnétiques d’une structure.
Dans le document
Solutions innovantes pour le packaging de convertisseurs statiques polyphasés
(Page 36-41)