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Intérêt pour la pratique du pharmacien

Dans le document Les interactions entre plantes et médicaments (Page 169-173)

PARTIE II : MISE EN PLACE D’OUTILS UTILES AU PHARMACIEN

3. Intérêt pour la pratique du pharmacien

Le pharmacien d’aujourd’hui, dans son rôle de professionnel de santé de proximité et grâce à ses connaissances sur le fonctionnement des médicaments, a l’opportunité de jouer un rôle clé dans la prise en charge du patient consommant ou ayant l’intention de consommer des produits à base de plante ou autres MCA. En répondant, grâce aux outils proposés dans notre travail, à la demande de conseil sur l’utilisation correcte de ces produits, il représente une source experte d’information et peut ainsi contribuer à l’amélioration de la qualité des soins et à la sécurisation de la dispensation des produits de santé.

Toute la problématique des MCA et en particulier des produits de phytothérapie en vente libre se situe au niveau de la communication entre patients utilisateurs de MCA et professionnels de santé car si de plus en plus de patients ont recours à des médecines alternatives en complément de la médecine conventionnelle c’est le plus souvent sans en avertir

les professionnels de santé,XXXVI ce qui augmente considérablement le risque d’interactions. Le

problème se pose d’autant plus que ce manque de communication concerne souvent des patients souffrant de pathologies chroniques qui recherchent des conseils auprès d’herboristes et qui prennent en plus, de nombreux médicaments susceptibles d’occasionner des interactions pouvant être graves entre plantes et médicaments.XXXVII

En effet, la consommation mondiale de MCA ne cesse d’augmenter allant jusqu’à plus de

80% dans certains paysXXXVIII XXXIX XL XLI XLII XLIII XLIV XLV et semble toucher tout

particulièrement les individus souffrant de pathologies chroniques XLVI , souvent poly- médicamentés et donc plus à risque de subir des interactions. Une étude réalisée sur la population générale aux États-Unis a conclu que les patients souffrant de douleurs chroniques, d’arthrite, de pathologies cardiovasculaires ou broncho-pulmonaires au long cours sont plus susceptibles d’utiliser des MCA.XLVII Le taux d’utilisation des MCA est également élevé pour certains individus souffrant de maladies comme le cancerXLVIII ou le VIH.XLIX

Cet engouement entraîne avec lui une augmentation des dépenses de santé de la population générale que ce soit pour l’achat de produits de MCA (phytothérapie, homéopathie...) ou en consultations de spécialistes de ces médecines (acupuncteurs, chiropracteurs...).XIII Le

pharmacien d’officine est donc de plus en plus susceptible de se retrouver face à des patients consommant des MCA.

Dans une étude canadienne sur des patients utilisant des MCA, la raison la plus fréquemment évoquée pour leur utilisation est que ce type de médecine permet aux patients de jouer un rôle plus actif dans leur santé.L Par ailleurs, 40,1% des répondants ont dit utiliser des MCA car ils ont des problèmes de communication avec leurs médecins traitants et environ 2/3 des répondants ont rapporté que la médecine conventionnelle n’était pas assez efficace pour leurs problèmes de santé, qu’ils étaient désespérés et étaient prêts à essayer n’importe quoi. La majorité des personnes utilisant les MCA les utilisent en complément de la médecine

traditionnelle et non en alternative.LI LII

À l’hôpital, le processus de conciliation médicamenteuse avec la réalisation d’un Bilan Médicamenteux Optimisé (BMO) semble trouver, ici, tout son intérêt dans la mesure où il permet au pharmacien hospitalier d’amorcer le dialogue avec le patient et de dresser une liste exhaustive de la totalité des produits qu’il consomme, qu’il s’agisse de médicaments à proprement parler ou d’autres produits comme les MCA. Grâce à cela, le pharmacien ayant une vue d’ensemble de la consommation du patient peut, dans de meilleures conditions, détecter et gérer de possibles interactions.

Le pharmacien d’officine, acteur de santé de proximité a également un rôle central dans cette problématique, en engagement la discussion sur la consommation de ces produits car cibler les patients consommant ou susceptibles de consommer des MCA et comprendre les raisons pour lesquelles ils les consomment est une première étape vers la communication entre les professionnels de santé et leurs patients.

Le pharmacien d’aujourd’hui se doit donc d’avoir des connaissances sur les différents types de thérapies pouvant exister, ceci grâce à sa formation initiale ou continue mais aussi par l’étude et l’analyse de l’ensemble des sources donnant accès à des informations fiables à ce sujet (sur Internet entre autres).

Le principal intérêt de notre travail réside dans la mise à disposition du pharmacien d’officine ou hospitalier, des outils visant le conseil et la validation d’une ordonnance face à un patient utilisant à la fois un traitement conventionnel médicamenteux et un traitement alternatif, lui permettant ainsi de faire face à ses nouvelles missions.

Le tableau de synthèse permet au pharmacien de détecter rapidement une possible interaction entre un traitement médicamenteux et un complément de phytothérapie mais également de hiérarchiser la ou les interactions grâce au code couleur.

disponibles, à l’hôpital comme à l’officine, sur les interactions possibles entre médicaments conventionnels et produits de phytothérapie.

La réalisation de fiches informatives sur les plantes permet au pharmacien se trouvant face à un patient consommant ou souhaitant consommer des MCA de donner un conseil adapté sur l’utilisation de ces produits. S’il se trouve confronté à une interaction plante-médicament, notre outil lui permet de l’analyser dans un premier temps, grâce aux détails sur le type d’interaction, puis de la gérer, grâce à la partie « conseils aux patients ».

Car lorsque les professionnels de santé sont avertis de la consommation par leurs patients de produits de phytothérapie, des interactions graves peuvent tout de même se produire dans la mesure où ces professionnels ne sont pas toujours correctement formés à ces connaissances. Une étude américaine sur 107 pharmaciens exerçant dans le Texas révèle que plus de 70% de ces pharmaciens savent qui a consommé des MCA. Ces pharmaciens rapportent que leurs patients les ont questionnés sur les MCA en particulier les pharmaciens vendant de tels produits au sein de leur officineLIII mais la majorité d’entre eux n’a pas eu les moyens de trouver des réponses fiables aux questions de leurs patients.

Notre analyse critique des sites Web et la liste qui en découle, donne au pharmacien un accès facile à davantage de données fiables et pertinentes lui permettant d’aller plus loin dans la sécurisation de sa dispensation mais aussi d’en savoir plus sur des plantes non évoquées dans notre ouvrage, lui donnant ainsi la possibilité de combler ses éventuelles lacunes sur les MCA. Car comme nous l’avons vu précédemment, il semble qu’une grande partie des pharmaciens ne possède pas les connaissances nécessaires à l’exécution de leurs missions de conseil et de sécurisation.

La partie « sécurité » de nos fiches informatives permet de cibler les possibles malfaçons et d’attirer la vigilance du pharmacien à ce sujet. Car un des autres problèmes auquel le pharmacien se retrouve confronté dans sa pratique courante repose sur les problèmes

d’étiquetage, d’identification, de falsification ou de contamination des produits à base de plante. En effet, l’étiquetage de ces produits peut parfois ne pas refléter le contenu exact, et, des interactions ou des effets indésirables attribués aux plantes peuvent être, en fait, dus à des plantes mal identifiées, mal étiquetées, ou à la présence additionnelle de médicaments classiques ou de métaux lourds.LIV

Pour exemple dans notre travail, notons un cas d’androgénisation néonatale attribué à du Ginseng Sibérien qui était en fait dû a une falsification par Periploca Sepium, une plante proche du ginseng sibérien, moins chère et ne possédant pas les mêmes effets.LV

Par ailleurs, les caractéristiques des extraits variant en fonctions de nombreux critères comme le type de culture ou les moyens d’extractions, il semble difficile de connaître avec exactitude la composition du produit fini.

L’approvisionnement des produits à base de plante est donc un point clé de la sécurisation du patient, c’est pourquoi le pharmacien d’officine se doit de connaître les possibles malfaçons et de contrôler les produits qu’il vend et doit, dans les cas de sous-traitance de préparation de produits à base de plante, être sûr de ses fournisseurs et prestataires de services. Il a également un rôle d’avertissement des patients quant à leur approvisionnement dans un réseau autre que le réseau pharmaceutique.

Dans le document Les interactions entre plantes et médicaments (Page 169-173)

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