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2. PLACE DES PROTEINES VEGETALES EN ALIMENTATION HUMAINE

2.3. Intérêt pour l’environnement

Un des atouts des protéines végétales est que leur production présente moins d’impacts négatifs sur l’environnement que celle des protéines animales. Il faut moins de ressources pour produire des protéines végétales que pour produire des protéines animales. La production de protéines animales est plus consommatrice d’énergies fossiles. Il faut en moyenne 25 kcal pour produire 1 kg de protéines animales contre seulement 2,2 kcal pour produire 1 kg de protéines végétales. Or la consommation d’énergies fossiles est à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre, contribuant au réchauffement climatique. Un rapport de la FAO de 2013 a révélé que l’élevage était responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine (Gerber et al. 2013). La déforestation, qui transforme les surfaces boisées en monocultures destinées à nourrir le bétail, est une des principales sources d’émissions de CO2 de l’élevage. Ces émissions sont estimées à 2,4 gigatonnes de CO2 libérées chaque année (Machovina et al. 2015).

Dans les pays occidentaux, pour obtenir 1 kg de protéines animales, la quantité de protéines végétales utilisée pour l’alimentation animale est de 7 kg pour les bovins, de 6 kg pour les cochons et les poulets et de 3 kg pour les œufs. Toutefois, ces chiffres diminuent mais restent tout de même en défaveur des protéines animales si l’on ne prend en compte que les aliments comestibles pour les humains et les tourteaux de soja ; le ratio est alors de 5 pour les poulets, 4,4 pour les cochons et 2,8 pour les œufs. Le ratio connait une plus forte baisse (aux alentours de 1) pour les bovins car ils sont nourris principalement avec du fourrage et des pâturages (Mottet et al. 2017).

L’élevage nécessite d’une part des surfaces de pâturages et d’autre part d’énormes surfaces destinées à la culture de végétaux destinés à nourrir le bétail. En Amazonie, plus de 80% des terres déboisées ont été transformées en pâturages ou en surfaces de culture pour le bétail. Et cela ne devrait faire qu’augmenter, puisqu’il est par exemple prévu que les récoltes annuelles de soja au Brésil, qui étaient de 60 millions de tonnes en 2010, passeront à 95 millions de tonnes en 2030 (Machovina et Feeley 2014). La production de viande monopolise plus de 70% de toutes les terres agricoles et 30% de la surface émergée de la planète, ce qui en fait l’activité humaine la plus consommatrice de terres. A titre de comparaison, il faut 6 à 17 fois (selon l’espèce animale élevée) plus de surface de terre pour produire de la viande que pour produire du soja, pour la même quantité de protéines produites (Association de Professionnels de Santé pour une Alimentation Responsable 2009).

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Toutefois, il faut noter que dans les zones géographiques où les cultures ont de faibles rendements, ce qui est le cas par exemple de la demi-montagne, les herbivores permettent de valoriser la biomasse fourragère. Ils transforment ainsi des produits non consommables par l’homme en protéines de très bonne qualité (viande, lait), et ce avec des impacts environnementaux faibles. A l’inverse de l’élevage intensif, il s’agit ici de production extensive. Dans ces milieux, l’élevage permet également la préservation de paysages ouverts et le maintien sur place d’une population rurale (Remond 2016).

En matière de consommation d’eau, il y a aussi une différence importante entre la production de protéines animales et végétales. Le nombre de litres d’eau nécessaires à la production d’un gramme de protéines est de 21 pour les céréales, 19 pour les légumineuses, 31 pour le lait, 29 pour les œufs, 34 pour la viande de poulet, 57 pour la viande de porc, et 112 pour la viande de bœuf (Mekonnen et Hoekstra 2012).

L’élevage est aussi une activité génératrice de déchets, avec divers polluants. D’une part la monoculture destinée à l’alimentation animale entraîne l’utilisation de fertilisants chimiques et pesticides. Ceux-ci sont en partie absorbés par les cultures. Le reste est retrouvé dans l’eau et les sols, ce qui est source de pollution. Selon la FAO, la moitié des récoltes de céréales et 90% de celles de soja sont destinées à nourrir les animaux d'élevage. Si à la place, ces sur- faces agricoles étaient consacrées à la production de végétaux destinés à l'alimentation hu- maine, avec des modes de production soutenables incluant la rotation des cultures, la quan- tité de substances chimiques polluantes nécessaires serait considérablement réduite (Asso- ciation de Professionnels de Santé pour une Alimentation Responsable 2009).

Par ailleurs, l’élevage intensif est à l’origine de quantités de déjections animales supérieures à la capacité qu’ont les écosystèmes à les recycler. Ainsi, l’azote et le phosphore retrouvés dans les excréments et les urines des animaux polluent l’eau et les sols. De même, les déjections animales issues de l’élevage sont la principale source des émissions d’ammoniaque (elles représentent 64% des émissions totales d’ammoniaque), substance contribuant aux pluies acides. Une autre menace que constitue l’accumulation de ces déjections est une éventuelle contamination bactérienne (Association de Professionnels de Santé pour une Alimentation Responsable 2009).

A côté de l’impact qu’il a sur l’environnement, l’élevage intensif a aussi un impact sur l’antibiorésistance due à la surconsommation d’antibiotiques. Or, au niveau mondial, la

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consommation d’antibiotiques par les animaux est dix fois supérieure à celle des humains. Ceci est lié en partie à l’utilisation des antibiotiques comme facteurs de croissance dans de nombreux pays. Cette pratique est interdite en Europe depuis 2006. L’antibiorésistance est un problème de santé majeur, qui pourrait causer plus de dix millions de décès par an en 2050 si rien ne change, soit plus que les décès dus au cancer (Carlet 2016).

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