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Intégrité de la surface de coupe

CHAPITRE 1 REVUE DE LITTÉRATURE

1.3 Évaluation de l’état de surface après usinage

1.3.2 Intégrité de la surface de coupe

1.3.2.1 Les défauts de coupe

Certes, il faut contrôler les paramètres qui entrent en jeu dans le procédé d’usinage, mais le choix optimal de l’outil de coupe est important pour la réduction des défauts (Ha, Kim, Yang, & Cho, 2017). Les défauts de coupe observés déterminent le niveau d’intégrité de la surface de coupe. Ainsi, après le passage de l’outil de coupe durant l’usinage des composites, différents types de défauts sont observés, parmi lesquels le délaminage, l’enlèvement de la matrice, les brûlures et la décomposition des surfaces usinées dues à une température de coupe supérieure à celle de la transition vitreuse. Par ailleurs, les défauts généralement observés sont décrits en 4 types présentés à la figure 1.13.

Figure 1.13 Les différents types du délaminage Tirée de Sheikh-Ahmad, Urban, et Cheraghi (2012)

Type I : zone de surface où les fibres sont arrachées ;

Type II : zone de surface où les fibres non coupées dépassent la surface usinée ; Type I/II : zone de surface où sont combinés les types I et II ;

Type III : zone de surface où les fibres se décollent partiellement et parallèlement à la surface usinée.

1.3.2.2 Facteurs influençant les défauts

Le délaminage, un des défauts importants observés après l’usinage, est considéré comme inacceptable par l’industrie au-delà de 1,5 mm de profondeur (Sheikh-Ahmad et al., 2012). Or, plusieurs facteurs de coupe ont une incidence sur l’intégrité de surface. Le choix de l’outil et la forme des dents de coupe favorisent aussi l’élimination des défauts comme les fibres non coupées (Velayudham & Krishnamurthy, 2007). Ainsi, l’utilisation d’une fraise en bout à 4 cannelures et l’utilisation d’un outil composite dont la forme des dents est de type treillis (sans d’angle d’hélice) créent différents défauts. Le premier outil laisse les fibres non coupées au bord supérieur (figure 1.14 a) tandis que le deuxième ne laisse aucune fibre non coupée (figure 1.14 b) mais la surface est plus rugueuse (Ha et al., 2017).

Figure 1.14 Photographie en coupe des éprouvettes usinées en fonction de la forme de l’outil

Tirée de Ha et al. (2017)

L’orientation des fibres est un autre facteur. Elle est associée aux différents types de délamination observé à la figure 1.13 (Colligan & Ramulu, 1991). Ainsi, les défauts du type I sont associés à une orientation de 90°. Les défauts du type II sont associés à une orientation de 135° (-45°). Les défauts du type III sont associés à une orientation de 0°. Ces défauts, pour la plupart, s’expliquent par le manque de support d’appui sur les bords inférieurs et supérieurs du stratifié (Sheikh-Ahmad et al., 2012).

Les paramètres de coupe sont aussi des facteurs à considérer : la vitesse d’avance, la vitesse de coupe, la profondeur de coupe et la distance de coupe (Sheikh-Ahmad et al., 2012). Les trois facteurs ont une relation avec l’épaisseur effective du matériau à enlever durant la coupe telle que :

= (1.1)

où est la profondeur radiale de coupe, est la vitesse d’avance et est la vitesse de coupe. En réalisant ainsi une expérience sur deux distances de coupe différentes à savoir 3 et 26 , Sheikh-Ahmad et al. (2012) ont étudié les liens entre la vitesse de coupe, la vitesse d’avance et la profondeur radiale en déterminant la profondeur de délamination en fonction des paramètres de coupe (figures 1.15 et 1.16).

Figure 1.15 Effets des paramètres de coupe sur la profondeur moyenne de délamination

Figure 1.16 Variation de la profondeur moyenne de délamination avec l’épaisseur effective du

copeau pour les outils tranchants et usés Tirée de Sheikh-Ahmad et al. (2012)

Ainsi, en combinant les paramètres de coupe , et sur deux distances de coupe distinctes , il a été observé à partir de la figure 1.15 une profondeur moyenne de délamination basse pour les vitesses d’avance faibles et les vitesses de coupe élevées. En outre, une augmentation de la profondeur moyenne de délamination s’explique par une combinaison avec des vitesses d’avance élevées et des vitesses de coupe faibles. Ces résultats, obtenus en figure 1.15 et reportés en deux dimensions dans la figure 1.16, montrent une grande sensibilité du délaminage à la variation de l’épaisseur du copeau et l’usure de l’outil avec des vitesses d’avance faibles et des vitesses de coupes élevées. Cependant, l’expérience étant menée pour un seul outil, à savoir une fraise à bavure, il serait plus intéressant d’utiliser deux outils distincts, dont un à l’état d’usure et l’autre à l’état neuf, afin de distinguer nettement l’effet de l’usure sur la profondeur moyenne de délamination.

Dans une opération de rainurage sur un stratifié CFRP de séquence [(45°/0°/135°/90°) ] , les fibres à 45° subissent une réorientation entrainant une délamination de surface. Ce défaut est une conséquence de la génération de forces élevées durant l’usure de l’outil et le ramolissement de la matrice (El-Hofy et al., 2011).

La réduction de température de coupe par l’utilisation d’air réfrigéré améliore l’état de surface usiné en termes de rugosité avec des vitesses de coupe et d’avance élevées. Cependant, la vitesse d’avance est le facteur qui contribue en grande partie à l’intégrité avec un taux de 57,5 % (ANOVA) par rapport aux autres facteurs pris en compte, à savoir : la vitesse de coupe, le matériau de l’outil (WC et PCD) et les conditions de coupe (air sec et réfrigéré). La bonne corrélation entre la vitesse d’avance et le facteur de délaminage a été confirmée par Babu, Babu, et Gowd (2013). Pour ce qui est de la combinaison des vitesses de coupe et d’avance élevées dans l’optique d’améliorer l’intégrité de la surface usinée, cela est valable pour une opération de rainurage. Dans les opérations de détourage, par contre, une combinaison de vitesses de coupe élevées et de faibles vitesses d’avance améliore la rugosité de surface (Sheikh-Ahmad et al., 2012).

Outre les facteurs influençant l’état de surface de coupe, l’emploi des additifs peut jouer un grand rôle dans la réduction de la rugosité et, par conséquent, sur la qualité de surface. Bien qu’il n’y ait pas assez d’études visant à améliorer la qualité de surface avec l’ajout des additifs, Lasseur (2017) obtient les résultats de rugosité en employant différents additifs, soit l’agent mouillant « WA », l’argile « C » et la cire « W » (figure 1.17). On peut observer que l’unique stratifié ayant une augmentation de 53 % de rugosité par rapport au stratifié de référence (E) est celui auquel a été ajouté de l’agent mouillant (E/WA). Pour les autres stratifiés incluant des additifs, on observe une nette réduction de rugosité.

Figure 1.17 Graphique de comparaison des rugosités de surface Tirée de J.-F. Chatelain et al. (2019)

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