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Des institutions issues du même arbre généalogique mais occupant deux places quelque peu divergentes

Un musée est confié à un conservateur, une bibliothèque également. Tous deux appartiennent à la filière de l’Etat ou, dans la majorité des cas, à la filière territoriale. Mais le terme « conservateur territorial », comme celui

« conservateur d’Etat », revêt des attributs spécifiques à chacun de ces métiers, d’où un flou dans les esprits, compensé par l’inévitable précision : « … de musée » ou « … de bibliothèque ».

1. Des formations professionnelles proches…

La publication des décrets du 2 septembre 1991, relatifs à la filière culturelle territoriale, a apporté aux conservateurs territoriaux une reconnaissance statutaire qui les a amenés au même niveau que les conservateurs d’Etat. Quelle que soit leur spécialité, bibliothèque ou patrimoine, les conservateurs territoriaux bénéficient des mêmes dispositions statutaires et des mêmes possibilités d’évolution de carrière, au sein de la catégorie A de fonctionnaires.

36 A titre d’exemple, à la médiathèque de Nancy, en 2001, les prêts de disques représentaient presque le tiers du volume total des prêts. Les abonnements « livres + disques » rassemblaient environ 60 % du total des abonnements chez les adultes.

Ainsi, au sein du même cadre d’emploi, les quatre spécialités musée, inventaire, archives et archéologie, ont été rapprochées sous la dénomination de

« conservateur territorial du patrimoine », alors que la spécialité de « conservateur territorial de bibliothèque » a été reconnue. Cette démarche répond à la construction parallèle des deux corps de conservateurs du patrimoine et des bibliothèques pour l'Etat, et résulte de la conjonction de deux logiques : l’une portée par le ministère de la Culture, et l’autre issue de la défense professionnelle de la représentation des métiers.

Ces deux cadres d’emploi partagent un certain nombre de règles statutaires communes : recrutement par voie de concours, suivi d’une formation initiale d’application aboutissant à la titularisation. Le déroulement de leur carrière obéit à la même architecture, établie autour de trois classes, comportant le même nombre d’échelons, affectés des mêmes indices. [35]

2. … et des préoccupations communes, mais parfois difficiles à mettre en application

Quelle que soit leur spécialité, lorsque l’occasion leur est donnée de travailler ensemble, on constate bien souvent que tous ces professionnels ont des points de vue convergents sur leur rôle et les missions qui leur sont confiées.

Parmi ces missions communes, on retrouve de plus en plus celle de savoir gérer un budget de plus en plus restreint (crise économique oblige), tout en répondant à une demande toujours plus importante de la population en matière d’offre culturelle. Il s’agit donc de trouver des domaines d’action commune, permettant de mener des projets de manière collective au moindre coût pour chacun : projet d’édition partagé entre une bibliothèque et un musée, animations communes, partage des ressources documentaires…

En théorie, rien de plus facile. En pratique, leur réalisation dépend plus d’un état d’esprit et d’une volonté d’aboutir que de conditions liées à des procédures administratives, encore trop souvent prises comme prétexte à l’absence de collaboration entre ces deux institutions dans certains cas.

Or, des préoccupations communes aux responsables de musées et de bibliothèques se dégagent plusieurs axes d’action :

→ conservation et mise en valeur des collections des bibliothèques et des musées

→ informatisation, catalogue partagé, acquisitions et procédures de numérisation communes, par exemple dans une volonté éditoriale (papier ou multimédia) partagée…

→ mise en commun des ressources documentaires et d’information37 (déjà pratiqué au coup par coup, comme nous le verrons par la suite)

37 Cette mise en commun des ressources documentaires peut être préexistante à toute volonté institutionnelle, comme l’illustre l’exemple donné par Christian Gay, responsable de la Bibliothèque Jean Laude à Saint-Etienne [33] : « L’un des conservateurs du MAM (le Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne) a fait un récolement approfondi de la collection (dont l’art ancien), notamment pour faire le point sur les dépôts. Au cours de ses recherches, il a constaté qu’un

→ développement des réseaux d’information et de communication.

C’est cet effort de collaboration et de partage des ressources qui doit primer désormais, à l’heure de la mise en réseau des connaissances et des compétences. C’est ce que nous allons nous efforcer de démontrer à présent, à travers les différents programmes de numérisation du patrimoine culturel de la France.

ensemble de gravures, décrites dans un catalogue de la collection du musée de la fin du XIXème siècle, manquait. J’ai retrouvé la trace de ces gravures en faisant des recherches à la BM pour aider ce conservateur […] : elles sont conservées dans le fonds local de la BM. Cette situation s’explique tout d’abord peut-être parce qu’à un moment donné le musée et la BM ont cohabité dans le même bâtiment, et aussi parce que le sujet de ces gravures a à voir avec l’histoire locale […] Récemment on a découvert que, à l’inverse, le musée conservait des manuscrits enluminés, qui ont figuré dans une exposition de livres illustrés de la BM en 1956. […] En fin de compte il semblerait que l’histoire des collections montre qu’elles ont souvent « voyagé », et que ces déplacements les ont souvent démembrées. »

II. LA NUMERISATION DU PATRIMOINE CULTUREL

A l’heure actuelle, de nombreux musées et bibliothèques se lancent dans des opérations de numérisation de leurs collections. Pourtant, à y regarder de plus près, on constate une grande variété de ces projets de numérisation, résultant d’objectifs différents et de choix techniques variés. Alors, y a-t-il une numérisation ou des numérisations ? Et surtout, qu’entend-on exactement par ce terme ?

Le Dictionnaire encyclopédique de l’information et de la documentation38 définit la numérisation comme « un procédé électronique de production de signaux électriques numériques soit à partir d’un document ou d’un objet physique, soit à partir d’un signal électrique analogique. Le fichier numérique permet des traitements informatiques et, notamment, la réplication illimitée et sans perte de qualité indispensable à l’archivage et à la diffusion des documents", et détaille ensuite les différentes techniques de numérisation en fonction des objets pris en compte (feuillets, documents reliés, photographies, objets en trois dimensions, son et vidéo).

38 sous la direction de Serge CACALY, Paris : Nathan, 2001, p. 431-433.

La Mission de la Recherche et de la Technologie (MRT) explicite plus particulièrement en quoi consiste la numérisation d’un document-texte39 : « La numérisation est la codification numérique des intensités lumineuses et de la colorimétrie d’un document. La représentation numérique d’un texte peut se faire selon deux modalités :

Le texte est considéré comme une image qui permet de rendre seulement la forme des caractères, il est alors représenté sur un mode photographique. Ce type de document est obtenu par numérisation directe du document (mode image).

Chaque caractère a sa représentation unique sous forme numérique, ce type de document en mode caractère est obtenu soit par saisie directe par des outils de type traitement de texte, soit par reconnaissance optique de caractères à partir d’un document en mode image. »

Donc, numériser consiste à transformer tout type de document en forme électronique. Le document ainsi numérisé devient alors un document électronique. Organiser un projet de numérisation exige donc :

→ Le choix du mode de numérisation, c’est-à-dire le choix scientifique du contenu et le mode d’exploitation des données.

→ La mise en place d’une logique de stockage et de diffusion de ces données, le cas échéant.