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Les mesures de r´egulation du march´e du travail affectent les d´ecisions des

entreprises. Dans la mesure o`u nous tenons compte de leur organisation interne,

nous pouvons analyser les effets de ce type de mesures sur la population directement

concern´ee par l’intervention, mais aussi sur les autres cat´egories d’employ´es ou les

propri´etaires d’entreprise.

6.1.1 Les indemnit´es de chˆomage

L’´evolution des indemnit´es de chˆomage affecte les options de sortie des employ´es.

Cela modifie le coˆut salarial des agents de la population affect´ee par la mesure.

Les r´esultats de la statique comparative qui suit s’appliquent `a toute modification

institutionnelle qui affecte le coˆut de la main-d’œuvre. Les cons´equences sont

cependant diff´erentes si les effets portent `a la fois sur le coˆut et la qualit´e de la

main-d’œuvre, ce qui correspond `a une ´evolution de l’offre de celle-ci par exemple

(une discussion plus d´etaill´ee de ce point est propos´ee dans la Section 6.2).

Proposition 1.2. Les effets d’une diminution de l’indemnit´e de chˆomage

des travailleurs (zT) sur :

1. L’organisation :

– Plus de tˆaches sont d´el´egu´ees `a la fois aux travailleurs (xT %) et aux cadres

(xC %).

– Le nombre d’employ´es par cadre augmente.

2. L’emploi et les salaires :

– La demande des travailleurs augmente. L’effet sur la demande des cadres

est ambigu.

– Le salaire des travailleurs diminue. L’effet sur le salaire des cadres est

Puisque xC et xT sont plus ´elev´es, le nombre de travailleurs augmente. Il y a deux

effets sur la demande des cadres. Le principal engage d’avantage de travailleurs ce

qui devrait augmenter le nombre de cadres n´ecessaires pour les aider. D’un autre

cˆot´e, les travailleurs engag´es sont plus autonomes, puisque xT est plus ´elev´e. Par

cons´equent, l’effet sur l’emploi des cadres est ambigu. N´eanmoins, une r´eduction du

coˆut de la main-d’œuvre non-diplˆom´ee peut affecter positivement la main-d’œuvre

diplˆom´ee `a la fois en ce qui concerne leur emploi et leur salaire.

Si nous consid´erons la possibilit´e de libre entr´ee dans cette ´economie, alors

la r´eduction du coˆut de la main-d’œuvre non-diplˆom´ee n’affecte pas les seuils

d’exigence. Cependant, plus d’entreprises entrent sur le march´e, ce qui implique

une r´eduction du chˆomage `a la fois pour les non-diplˆom´es et pour les diplˆom´es.

Proposition 1.3. Les effets d’une diminution de l’indemnit´e de chˆomage

des cadres (zC) sur :

1. L’organisation :

– Plus de tˆaches sont d´el´egu´ees aux cadres (xC %), moins de tˆaches sont

d´el´egu´ees aux travailleurs (xT &).

– Le nombre d’employ´es par cadre diminue.

2. L’emploi et les salaire :

– Plus de cadres sont embauch´es, l’effet sur les travailleurs est ambigu.

– Les salaires `a la fois des travailleurs et des cadres diminuent.

Le coˆut des cadres ´etant plus faible, le propri´etaire en engage un plus grand

nombre. L’employeur est plus exigeant avec les cadres (xC augmente) ; par cons´equent

la prise de d´ecision formelle (la proportion de probl`emes que les cadres sont cens´es

r´esoudre) est plus d´ecentralis´ee. Cependant, l’effet sur la productivit´e r´eelle est

ambigu car lCrC augmente fortement. En effet, en plus de l’augmentation due

au fait que le principal est `a pr´esent plus exigeant avec les cadres, il y a deux

augmente significativement15, ce qui diminue leur taux de chˆomage et d’apr`es le

Lemme 1.7 accroˆıt lCrC. De plus, lCrC est d´ecroissant par rapport au seuil d’exigence

des travailleurs. Ici, ce dernier diminue donc lCrC augmente. Lorsque ces effets

dominent, la proportion de probl`emes qui arrivent au niveau du principal est plus

importante malgr´e le choix par l’employeur d’un seuil d’exigence plus ´elev´e pour

les cadres. D`es lors, le nombre de tˆaches que l’organisation peut traiter diminue

et le nombre de travailleurs embauch´es est r´eduit en cons´equence. Dans ce cas, la

diminution du coˆut des diplˆom´es affecte n´egativement `a la fois l’emploi et les salaires

des travailleurs.

6.1.2 Le salaire minimum

Il n’existe pas de r´esultats univoques quant aux cons´equences d’un salaire

minimum sur le taux de chˆomage de la population concern´ee, ni sur le plan th´eorique,

ni sur celui des ´etudes empiriques16. Dans l’analyse traditionnelle, si le prix de

la main-d’œuvre est augment´e de fa¸con artificielle `a un niveau sup´erieur `a celui

qui assure l’´equilibre du march´e, alors il en d´ecoule un accroissement du taux de

chˆomage. N´eanmoins, il existe des mod`eles th´eoriques o`u l’effet de l’introduction

du salaire minimum sur le taux de chˆomage est b´en´efique17. Ici, nous analysons les

cons´equences, sur l’emploi et les salaires des cadres et sur la taille des entreprises,

d’une mesure destin´ee `a garantir un salaire minimum aux travailleurs.

Nous introduisons un salaire minimum contraignant pour le propri´etaire de

l’entreprise (c’est-`a-dire s∗T < s, o`u s d´esigne le salaire minimum et s∗T le salaire

15 x

C % et xT &, les deux effets augmentent nC

16 Certaines ´etudes empiriques montrent l’existence d’un effet nul ou positif (par exemple Card et

Krueger (1994) dans le cadre des ´Etats Unis, Dickens, Machin et Manning (1999) dans le cadre de la Grande Bretagne), d’autres au contraire, montrent l’existence d’effets n´egatifs significatifs (par exemple, Kim et Taylor (1995) dans le cadre des ´Etats Unis).

17 Dans les mod`eles d’appariement par exemple, l’introduction d’un salaire minimum a deux effets :

d’un cˆot´e puisque le coˆut de la main-d’œuvre est plus ´elev´e, les entreprises cr´eent moins de postes ; de l’autre cˆot´e, le salaire esp´er´e par les demandeurs d’emploi ´etant plus ´elev´e, ils augmentent leur effort de recherche. Le premier effet diminue la probabilit´e d’appariement, le second l’augmente. Ainsi, l’effet final sur l’emploi est ambigu. Pour une analyse plus approfondie du sujet, voir Cahuc et Zylberberg (2004).

des travailleurs optimal pour le principal). Dans ce cas, la d´eriv´ee du profit

Π = nT(θP − s − sCrC) par rapport `a xT s’´ecrit :

∂Π ∂xT = ∂nT ∂xT (θP − s − sCrC) − nT(sC ∂rC ∂xT + rC ∂cC ∂xT ) = (1 − ∂lT ∂xT ) 1 r2 P (K + rP( c αδ + (1 − δ)VU(C)))

o`u comme dans la Section 4, K = Z xC

θC

ϕ(θ)(xC − θ)α(xC − θ − lCrC)

(1 − α)rC+ α(xC − θ)

dθ.

Lemme 1.8. Soit ¯xT tel que sT = s et ˜xT tel que

∂lT

∂xT

= 1.

– Si ¯xT < ˜xT alors le seuil d’exigence des travailleurs est ¯xT.

– Si ¯xT ≥ ˜xT alors le seuil d’exigence des travailleurs est ˜xT.

L’introduction d’un salaire minimum conduit le principal `a devenir plus exigeant

avec les travailleurs tant que ceci augmente la proportion de probl`emes r´esolus par

ces derniers (xT < ˜xT). Lorsque l’augmentation de xT accroˆıt la proportion de

probl`emes transmis par les travailleurs (xT > ˜xT), il n’est plus dans l’int´erˆet du

principal d’accroˆıtre leur seuil d’exigence.

Proposition 1.4. Lorsque s augmente (s ≥ sT(˜xT))

1. Le nombre de cadres diminue et leurs salaires sont plus faibles.

2. Le nombre de travailleurs par cadre augmente.

3. Le nombre de travailleurs diminue.

L’accroissement du salaire minimum r´eduit le b´en´efice marginal `a r´esoudre un

plus grand nombre de probl`emes. Dans le cas o`u s ≥ sT(˜xT), c’est le seul effet li´e

`

a l’introduction du salaire minimum. La cons´equence en est une diminution de la

demande `a la fois des travailleurs et des cadres.

Dans le cas o`u l’introduction du salaire minimum conduit le principal `a

augmenter le seuil d’exigence des travailleurs, l’effet sur le chˆomage des non-diplˆom´es

l’accroissement du seuil d’exigence des cadres. D`es lors, l’effet sur l’emploi des

travailleurs est ambigu. N´eanmoins, dans tous les cas de figure, la demande du

principal pour la main-d’œuvre diplˆom´ee diminue et le nombre de travailleurs par

cadre augmente. Ceci est en ad´equation avec les r´esultats th´eoriques de Acemoglu

et Newman (2002). Dans leur mod`ele, le travail des cadres consiste `a superviser

les travailleurs. En effet, les incitations des travailleurs sont assur´ees par le salaire

qui leur est vers´e et par le degr´e de supervision qu’ils subissent. Lorsque le nombre

d’employ´es par cadre augmente, la supervision diminue. Des employ´es qui touchent

un salaire sup´erieur n´ecessitent moins de supervision et par cons´equent moins de

cadres seront embauch´es dans l’organisation. Dans notre mod`ele, le salaire minimum

affecte `a la fois le gain marginal associ´e `a un accroissement du nombre de probl`emes

r´esolus par l’organisation et l’allocation des tˆaches entre les travailleurs et les cadres.

Dans leur article, Acemoglu et Newman (2002) fournissent des ´el´ements empiriques

en faveur d’un lien positif entre le nombre de travailleurs par cadre et le salaire

minimum.

Il est cependant important de souligner que les r´esultats obtenus ci-dessus

s’appliquent aux cas o`u la hi´erarchie de trois niveaux est la forme organisationnelle

optimale. Dans le Chapitre 2 de cette th`ese, nous montrons que lorsque le principal

choisit le nombre de niveaux hi´erarchiques, si le coˆut des travailleurs augmente le

propri´etaire de l’entreprise peut d´ecider d’adopter une hi´erarchie `a deux niveaux,

o`u seuls des agents diplˆom´es sont engag´es. Dans ce cas, l’introduction du salaire

minimum a un effet b´en´efique sur les cadres en r´eduisant leur taux de chˆomage et

en augmentant leurs salaires. Les travailleurs, quant `a eux, sont ´evinc´es du march´e.

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