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L’Institut Jean-Jacques Rousseau et ses rapports avec les représentant·e·s de la pédagogie et des sciences de l’éducation germanophones

Université de Bâle

Introduction : Les questions, la période, les conditions des sources, les sources

Les rapports entre les pédagogues et experts en sciences de l’éducation germanophones et les collaborateurs de l’Institut Jean-Jacques Rousseau sont, ainsi que le démontre une première recherche, mutuellement variés, très ramifiés, plutôt imprévisibles et très aléatoires. Ceci est, aux vues de la position de l’Institut Jean-Jacques Rousseau, dont le « laboratoire pédagogico-psychologique » fait parler de lui bien au-delà des frontières suisses après le changement de siècle, et au vu de son effort hors-normes et plutôt déconcertant pour académiser la formation des enseignant(e)s, précisément durant la période entre 1912 et 1932. Bien que les experts genevois en sciences de l’éducation aient pris connaissance des travaux de leurs collègues germanophones et notamment suisses-allemands, et même si les pédagogues et experts en sciences de l’éducation germanophones, comprenant les suisses-allemands, l’ont aussi fait, cette position mutuelle, considérée prudente, comme une « retenue intéressée », fait émerger de nombreuses questions : Quelles relations se sont nouées ? Quels étaient les intéressés ? Comment se concevaient ces relations ?

Je présente les résultats d’une recherche sur l’histoire des institutions et des personnes dans la littérature spécifique de l’éducation nouvelle germanophone, d’après les sources des Archives Institut Jean-Jacques Rousseau. J’établis un comparatif à partir des listes des professeurs, chargés de cours et conférenciers invités à l’institut, afin d’illustrer les rapports de la pédagogie et des sciences de l’éducation germanophones avec celles de Genève entre 1912 et 1932.

Le Comité international de Patronage

Un groupe important, en termes d’autorité responsable à l’Institut Jean Jacques Rousseau, était représenté par son Comité international de Patronage (Hofstetter, 2010, p. 648). Parmi les 66 membres qui y ont été nommés se trouvent des noms illustres comme Georges Bertier (Écoles des Roches), Ferdinand Buisson (Paris/Wien), Gabriel Compayré (Paris), Ovide Decroly (Bruxelles), Karl Groos (Tübingen), Stanley Hall (Worcester), Ellen Key (Alvastra), Georg Kerschensteiner (Munich), August Lay (Munich), Ernst Meumann (Hambourg), Maria Montessori (Rome), Wilhelm Ostwald (Leipzig), Wilhelm Rein (Iéna), Medard Schuyten (Anvers), William Stern (Berlin).

Parmi les seize membres venant de Suisse (Hofstetter, 2010, p. 648) se trouvent : Ernest Briod (Lausanne), De Cristiani (Genève), Eugène Dévaud (Fribourg), Dr Dubois (Berne), Théodore Flournoy (Genève), Friedrich Wilhelm Foerster (Zurich), Friedrich Fritschi (Zurich), René Guisan

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(Lausanne), Philippe-Auguste Guye (Genève), Emile Jaques-Dalcroze (Genève/Hellerau), Carl Gustav Jung (Zurich), Jean Larguier des Bancel (Lausanne), Édouard Quartier-La-Tente (Neuchâtel), Dr Schmid (Berne), Émile Yung (Genève), Friedrich Zollinger (Zurich).

Parmi ces seize personnes nous retrouvons six Suisses-allemands ou Allemands : Dr Dubois (Professeur à l’Université de Berne), Friedrich Wilhelm Foerster (Professeur à l’Université de Zurich), Carl Gustav Jung (chargé de cours à l’Université de Zurich), Dr Schmid (Directeur du bureau fédéral de la santé), Dr Friedrich Zollinger (Secrétaire du département des enseignements du canton de Zurich).

Les publications

Concernant les publications (Bovet, 1932, p. 178-185), Bovet peut se référer aux œuvres de nombreux pédagogues de l’éducation nouvelle, publiées à l’Institut Jean-Jacques Rousseau (Montessori, Dewey, Baden-Powell). Il trouve également notables certains textes d’élèves diplômés des cours de l’Institut (Dottrens, Gunning, Walther, Anderson, Petre-Lazar), ainsi que la référence à deux périodiques (L’intermédiaire des éducateurs, les Archives de Psychologie), parutions auxquelles l’Institut a significativement participé.

Les élèves

Concernant les diplômés (Bovet, 1932, p. 191-196), l’auteur souligne quelques chiffres : 818 étudiants provenant de 49 pays ont fréquenté les cours, parmi eux 216 hommes et 555 femmes, 318 Suisses et 435 étrangers ; 160 diplômes ont été attribués, ainsi que 214

« certificats d’études ».

Si l’on cherche dans les listes des élèves ceux qui ont un nom suisse-allemand on s’aperçoit que, pour commencer, il n’y a chaque semestre que peu d’étudiants de Suisse alémanique, et encore moins venant de l’espace germanophone. Il y en a davantage pendant l’année scolaire 1918/1919, et en 1920/1921 il y a plus de 50% d’élèves venant de Suisse alémanique – un phénomène que je n’explique toujours pas. Très peu d’auditeurs ou d’auditrices viennent du monde germanophone dans cette période.

Les correspondants et correspondantes

La liste des correspondances (Index 1912-1947) contient un bon nombre de correspondants aux noms à consonance germanique. J’en choisis quelques-uns qui pour cette raison ne semblent pas avoir eu d’activité en Romandie. Dans cette liste sont particulièrement référencés : Marthe Bruppacher, Ovide Decroly, Maria Montessori, Prof. Sigmund Freud, Dr.

Carl Gustav Jung, C.A. Loosli, Elisabeth Rotten, Dr. Sabine Spielrein-Scheftel.

Dans une autre liste de l’« Index des correspondants » se trouvent des précisions sur les noms à consonance germanique. J’en choisis quelques-uns qui pour cette raison ne semblent pas avoir eu d’activité en Romandie.

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Dans cette liste sont particulièrement représentés1 Célestin Freinet, Dr Binswanger, Prof. M.

Bleuler, C. Buol, Eva Cassirer (École Odenwald), Jean-Pierre Egger, Franz Hilker, M. E. Jouhy, Prof. M.J. Langeveld, G. Mutzenberg, Ida Somazzi, William G. Stern.

Les intervenants et intervenantes

Au regard des intervenants invités peu après la fondation de l’école, Bovet (Bovet 1932, pp.

138-143) mentionne des cours, des leçons en fin de semaine et des « leçons occasionnelles » (« des causeries dont on ne retrouvera pas toujours la mention dans nos programmes » (ibid., p. 38). Une liste de tous les noms remplirait de nombreuses pages d’après Bovet. Il concède que les nombreuses « leçons séries » (ibid., p. 138) des invités des premières années ont donné lieu à l’incorporation d’un bon nombre de thèmes dans le programme. Plus tard, il s’agit davantage de « questions délicates ou controversées », qui ont été présentées par des spécialistes – que ce soit en « éducation religieuse » (Abbé Dévaud), en « éducation sexuelle », en « éducation nationale » et en « éducation citoyenne », comme, les « leçons pratiques de Schwyzerdütsch » (ibid., 140), aux côtés de « Philantropie et Éducation » et de « La psychologie française contemporaine ». Bovet trouve ici intéressant de mentionner, concernant l’exposé du Professeur Köhler (Berlin), un film sur les chimpanzés.

Bon nombre de personnes ont tenu des « conférences improvisées » : Ferrière, Geheeb, Decroly, Marietta Johnson, Faria de Vasconcellos, Elisabeth Rotten, Karl Wilker, Wilhelm Paulsen, Maria Boschetti-Alberti et Célestin Freinet. Heinrich Hanselmann a parlé de

« pédagogie curative ». On compte également Romain Rolland, Emma Pieczynska (1921) et l’Indien Rabindranath Tagore2.

1 Irène Albisser, Dr. Rinaldo Andina-Heim, Dr. C. Halter (Arbeitspsychologisches Institut Zürich, Mlle A.-M. Bachmann, Mme O.

Bachmann, Hermann Bader, Mlle V. Balmer, A.-M. Bandli, Mlle Marianna Barandun, Professeur J.A. Baumann, Mlle Véronique Baumann, Mme F. Baumgarten, Dr. Franz Beck, Friederike Benke, Béatrice Berger, Joseph Hug (Städt.

Berufsberatung Zürich), Yvonne Beutler, Paul Beutter, Mr. F. Biedermann, Alex Bielander, Mr. O. Binder, Dr. Binswanger, Prof. M. Bleuler, Mlle Marianna Boehme, Prof. D. Boesch, Dr. Paul Bosshard, Willy Briggen, Mlle Erika Brumann, Alice Brunner, Anne-Marie Brunner, Irmgard Buck (Institut Professeur Buser), C. Buol, Eva Cassirer (Odenwaldschule), Albert Christen, Mlle Tanya Cohn, Sylvia Dachinger, Rudolf Däniker-Egger, Mlle Hella Dehaas, Gertrude Döller, Rose-Marie Dürr, Jean-Pierre Egger, U. Fehlmann, Dr. Harry Feldmann, Mme Gerda Feuermann, Herbert Fischer, Maria Fischer, S. von Fischer, Etty Franke, Mme L. Fricker, Mlle Denise Gasser, Max Giger, Marianna Goldfinger, Paul Goldfinger, Dr. Diane Goldstein, Dr.J.P.

Gonseth, Alice Gysi, Regine Haffter, Mr. H. Hagmann, Mme G. Hagmann-Antille, Miriam Halpner, Dr. C. Halter (Arbeitspsychologisches Institut Zürich), Stella Hartmann, A. Hasler, Mlle Hanni Hauri, Ruth Hauser, Mr. M. Hausheer, Mlle J.

Heckmann, Arthur Heer, Mme Renée Heer, Alois Heinzel, M. Hermejat, Heinz Herzig, Franz Hilker, Max Hölzle, Windrid Huber, Dr. W. Huesch, W. Ingold, Mlle Nelly Itschner-Tominberg, Mr. A. Jekelmann, Mr. E. Jouhy, Dr. Alfred Justitz, Mlle Gertrude Keutel, Ernst Kobler, Walter Kögl, Dr. Jean-R. Krattiger, Eric Krauthammer, Professeur M.J. Langeveld, Mlle Eva Lauterbach, Mlle M.-Th. Lehmann, Mlle S. Litzler, Mme H. Loosli, Mr. Lustenberger, Hans Luthi, Mme Simone Matter, Wolfgang Menzel, Mr. W.D. Merkel, E.J.H. Merkens, Franz Mirwald, René Mischer, Mr. Mörgeli, Arnold Muggli – Regula Mugli, G. Mutzenberg, J. Kunz, Dr. K. Ossendorf, Eliane Peter, Frank Ramseyer, Rosemarie Raschle, Mlle. C. Rindlisbacher, Hans Jörg Ringger, Dr. S. Rosenbaum, Rosemarie Rost, Barbara Rudolf, André Ruefli, M. Ruetschi, Peter Rüfenacht, Hans Rüst, Guy Ryser, Schaeufele, Alfred Schmid, W. Schönenberger, Hannes Schürch, Dr. Edwin Schweingruber, Mlle Claire Schweizer (Schw. Kindergartenverein), Dr. W. Schweizer (Berner Schulwarte), Ida Somazzi (UNESCO), Ruth SpirgiKitty Spivak, Edwin Stalder, Mlle Ruth Stauffer (Schw. Kindergartenverein), William G. Stern, Valdemar Törner (Int. Institut Schloss Mainau), Mlle Marthe Trierweiler, S. Tuscher, Christiane Vetter, Marianna Weber, Weidmann, Madeleine Weissenbach, Rosmarie Welti, Marianna Wenger.

2 Je ne m’étendrai pas ici sur les cours de vacances (Bovet 1932, 144-147), les semaines d’institut (ibid., 148-) et les excursions d’institut.

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Bilan : Les indications de Bovet ne coïncident pas avec les entrées sur la liste des intervenant(e)s. Mais cette liste est elle-même lacunaire. Il est difficile de se faire une idée précise.

Professeurs externes, chargés de cours et conférenciers invités à l’Institut Jean-Jacques Rousseau : Chiffres, noms, domaines, thématiques

Bächtold ?

Dengler ?

Foerster, Friedrich W. conférencier invité D deux fois Gaudig, Hugo conférencier invité D

Geheeb, Paul conférencier invité D

Girsberger ?

Guyer, Walter CH

Hanselmann, Heinrich conférencier invité CH

Hoechstätter (?) ?

Hösli ?

Köhler, Wolfgang conférencier invité D

Loosli, Carl Albert conférencier invité CH deux fois

Meyrhoffer ?

Oertli, Eduard conférencier invité CH

Oettli, Max conférencier invité CH

Paulsen, Wilhelm conférencier invité D deux fois

Ragaz, Clara (?) CH

Ragaz, Leonhard (?) conférencier invité CH

Ritzenthaler (?) ?

Rotten, Elisabeth (?) conférencière invité D/CH

Schneider, Ernst chargé de cours CH un semestre

Schroeder ?

Schohaus, Willi (?) CH

Seidel, Robert conférencier invité D/CH deux fois

Sichler ?

Spielrein, Sabina chargée de cours CH

Suter ?

Wagner ?

Wartenweiler, Hermann conférencier invité D

Weber, Leo (?) CH

Wilker, Karl conférencier invité D deux fois

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Professeurs externes, chargés de cours, conférenciers invités à l’IJJR : Personnes, contextes biographiques

Il s’agit maintenant des chargés de cours et conférenciers invités par l’Institut entre 1912 et 1932. Qui étaient ces personnes qui ont enseigné à l’Institut Jean-Jacques Rousseau ? Je me concentre à nouveau sur l’espace germanophone.

1. Personnes originaires d’Allemagne

Voici les figures les plus importantes de l’histoire de l’éducation germanophone entre les quelques dix personnes originaires d’Allemagne invitées à une conférence à Genève par l’Institut Jean-Jacques Rousseau entre 1912 et 1932.

Friedrich Wilhelm Foerster (conférencier invité, deux fois) (1869-1966)

(https://en.m.wikipedia.org/wiki/Friedrich_Wilhelm_Foerster; consulté le 10 mai 2021)

Foerster (Dictionnaire historique de la Suisse, Consulté le 12 juillet 2016) étudie la philosophie à Fribourg en Brisgau et à Berlin et passe l’agrégation à Zurich en Éthique et Pédagogie (1898).

Après une courte période pendant laquelle il enseigne en tant que chargé de cours, (Université de Zurich : 1899-1901, ETH: 1901-1912), il devient professeur d’Éthique et de Sciences Sociales à l’Université de Vienne (1913-1914) et à l’Université de Munich (1914-1920). C’est seulement à partir de 1917 qu’il abandonne sa position de partisan de la guerre pour devenir alors pacifiste. Nommé Ministre bavarois en Suisse par Eisner, quoique non reconnu par le Conseil Fédéral, Foerster attribue la responsabilité de la guerre à l’Allemagne et milite pour un accord de paix. Entre 1920 et 1926, il vit en exil à Zurich, puis à Paris (1926-1936) et en Haute-Savoie.

Après que les nationaux-socialistes eurent brûlé ses écrits en 1933, il émigra à New-York (1940) et revint en Suisse en 1963 (Van Berchem 1973-1975).

102 Hugo Gaudig (conférencier invité) (1860-1923)

(https://saebi.isgv.de/biografie/Hugo_Gaudig_(1860-1923), photographe inconnu, 1911, consulté le 10 mai 2021)

Après ses études (théologie, philosophie ; Halle) et son doctorat (1883), Gaudig travaille en tant qu’enseignant pour les fondations Francke de la ville de Halle-sur-Saale et à l’établissement scolaire du second degré de la ville de Gera. Il revient au sein des Fondations Francke en 1896 en tant que directeur de l’École supérieure pour filles et de l’Ecole Normale pour filles et change en 1900 pour aller à Leipzig à l’École Supérieure municipale pour filles. Ses nouvelles méthodes (« Travail scolaire intellectuel libre » ; « Autonomie ») font monter en flèche les taux d’inscription. Inspecteur de l’enseignement et professeur, il décline une nomination au ministère de la Culture de Saxe et la succession de la chaire de Sciences de l’Éducation proposée par Spranger à l’Université de Leipzig. Son école devint le point de cristallisation de l’Éducation nouvelle allemande. Il met l’entraînement aux méthodes d’apprentissage au centre : Répartition du travail, travail de groupe, apprentissage par projet (Gaudig 1909, 1917, 1923, 1925, Zigmunde 2010). Gaudig a diffusé sa vision de la didactique et des méthodes d’enseignement dans les pays Baltes en 1922, au moment même où Ernst Schneider enseignait à l’Université de Riga (Zigmunde 2010, Zigmunde 2017).

Paul Geheeb (conférencier invité) (1870-1961)

(https://www.ecole.ch/en/history, consulté le 10 mai 2021)

À la fin de ses longues études (20 semestres dans toutes sortes de matières, 1899), après une activité en tant qu’enseignant dans l’institution privée de Trüper pour les enfants en besoin d’accompagnement pédagogique spécifique à Iéna et un court engagement dans la maison de santé pour enfants de Wyk auf Föhr, il travaille à partir de 1902 en tant que collaborateur d’Hermann Lietz au « Landerziehungsheim » (école nouvelle) de Haubinda à Thüringen, et en

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tant que directeur de cet internat à partir de 19043. À la suite de différends personnels, politiques et pédagogiques, il se sépare de Lietz et fonde en 1906 la « Freie Schulgemeinde » de Wickersdorf avec Gustav Wyneken, ainsi que la « Odenwaldschule » à Ober-Hambach (Hessen) avec Edith Geheeb-Cassirer en 1910. Tous les deux développent continuellement leur

« Landerziehungsheim » jusqu’en 1930. Victimes de menaces nationales-socialistes, ils décident d’émigrer en 1934 au-delà du Bodensee, en Suisse, avec quelques enfants juifs (avec l’aide de Schohaus et Ferrière). Après plusieurs déménagements dans différents lieux (Grunder 1987b), qu’il vit avec humiliation, le couple crée en 1946 l’École d’Humanité à Hasliberg (BE), un internat international et coéducatif avec un profil pédagogique très particulier.

Wolfgang Köhler (conférencier invité) (1887-1967)

(https://www.uni-wuerzburg.de/awz/archiv/film-fotoarchiv/wolfgang-koehler/1934:

Wolfgang Köhler avec sa femme, 1934 (Sammlung AWZ Würzburg; consulté le 10 mai 2021)

Wolfgang Köhler, reconnu plus tard comme le fondateur de la

« Gestaltpsychologie/Gestalttheorie » avec Max Wertheimer et Kurt Koffka, a d’abord étudié la philosophie, les sciences naturelles et la psychologie à Tübingen, Bonn et Berlin, avant de passer sa thèse de doctorat en psychoacoustique (1909) et de travailler à l’Institut psychologique de Francfort-sur-le-Main, où il connut Wertheimer et Koffka. Entre 1914 et 1920, il mène ses études à Ténérife sur l’utilisation de l’outil et le comportement de résolution de problèmes chez le chimpanzé (Köhler 1920). Ses travaux ont été ignorés dans le domaine du Behaviorisme.

Après la fermeture de la station de recherche sur les anthropoïdes à Ténérife, Köhler revient en tant que professeur à Göttingen, avant de devenir le directeur de l’Institut de psychologie de l’actuelle Université Humboldt (1922-1935). Dans les années 1920, Köhler jouit d’une reconnaissance internationale en tant que psychologue, mais après avoir protesté en vain contre la répression nazie, il demande finalement son départ à la retraite et quitte l’Allemagne pour devenir enseignant dans une école supérieure en Pennsylvanie.

3 Cf. www.dhs.ch

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Wilhelm Paulsen (conférencier invité, deux fois) (1875-1943)

(https://media.gettyimages.com/photos/paulsen-wilhelm-pedagogue-germany2709187527031943-best-known-of-in-picture-id541559789?s=594x594; consulté le 10 mai 2021)

Paulsen, pédagogue de l’éducation nouvelle et membre de l’Union des réformateurs scolaires radicaux (à partir de 1919), développe, en tant qu’inspecteur général de l’enseignement à Berlin, la pédagogie des « Lebensgemeinschaftsschulen » (« École communautaires ») à partir de 1921 (bonne ambiance de travail, exploitation de contenus faisant écho aux besoins actuels de la société – et ce, à partir de l’enfant). En 1920, Paulsen devient le premier directeur de l’école expérimentale Tieloh Süd, avant de devenir inspecteur général de l’enseignement quelques temps après. En 1924, il se retire de son poste pour des raisons politiques. Au début des années 1930, les Nationaux-socialistes l’obligent à quitter le cours dont il en charge à Hanovre. Son livre, Die Überwindung der Schule. Begründung und Darstellung der Gemeinschaftsschule (Le triomphe de l’école. Justification et présentation de l’école communautaire, 1926) sera publié un an plus tard, traduit et préfacé par Adolphe Ferrière sous le titre français L’École solidariste (1931).

Karl Wilker (conférencier invité, plusieurs fois) (1885-1980)

(sans source, sans date)

Wilker étudie les sciences naturelles et la pédagogie à Iéna et à Göttingen, fait sa thèse de doctorat sous la direction de Wilhelm Rein et passe, en 1909, l’agrégation pour l’enseignement supérieur (botanique, zoologie, minéralogie, géologie et pédagogie). Enseignant à mi-temps, représentant de la Ligue de la tempérance (à partir de 1926), membre des « Wandervogel » (mouvement de jeunesse) et journaliste, Wilker termine en 1914 un deuxième cursus universitaire en médecine et psychologie. Après son engagement en tant que médecin pour la Croix Rouge, il prend la direction, en 1917, du « Zwangserziehungsanstalt » de

Berlin-105

Lichtenberg, communément appelé « Lindenhof » (Wilker 1921), qu’il érige en modèle d’éducation d’assistance humaine. Fâché avec la hiérarchie et ses collègues, il abandonne l’expérience (1920) suscitant l’intérêt du grand public par ses contestations. Après une formation d’orfèvre (à Hellerau), il anime des conférences à l’Institut Jean-Jacques Rousseau et travaille, en tant que pédagogue, dans les universités populaires de Thuringe et de Saxe. Il fonde, avec Elisabeth Rotten, la section germanophone de la Ligue internationale pour l’éducation nouvelle (New Education Fellowship) en 1922, et édite la revue Das Werdende Zeitalter (Le siècle en devenir) avec Karl Wilker. (La version française fut prise en charge par Adolphe Ferrière ; cf. Haenggeli-Jenni, 2011). Il émigre définitivement en Suisse en 1933, où il travaille pendant deux ans pour la Revue suisse d’éducation (Schweizer Erziehungs-Rundschau), et devient directeur-adjoint du « Landerziehungsheim » de Hof Oberkirch de 1934 à 1937. Il passe la dernière phase de sa vie professionnelle en Afrique du Sud, dans la région du Transvaal, en tant que directeur du Adam College (1937-1955) et travaille, à sa fermeture en 1956, au Meyrick Bennett Children’s Centre de l’Université de Natal, à Durban, en tant que psychologue et psychothérapeute. Wilker reviendra en Allemagne de l’Ouest en 1964, et se verra alors gratifié de la Doctor honoris causa par l’Université de Francfort-sur-le-Main en 1975.