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CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTÉRATURE

I.1. INSECTES COMESTIBLES

I.1.1. Généralités sur les insectes

I.1.1.1. Classification des insectes

Au sein du règne animal, les insectes sont des invertébrés de l’embranchement des arthropodes qui présentent la particularité d’avoir un corps composé de segments articulés et protégés par un squelette externe (cuticule)(Albouy, 2010). D’autres animaux font également partie des arthropodes : il s’agit des arachnides (araignées, scorpions, arachnides…), des myriapodes (mille-pattes…) et des crustacés (crabes, crevettes…). A l’état adulte, les insectes possèdent un corps composé de trois parties (tête, thorax et abdomen), une paire d’antennes, trois paires de pattes et le plus souvent des ailes. Leur répartition en ordre se fait en plus en fonction de leur mode de vie. Le nom des ordres se termine le plus souvent par une terminaison « ptera », mot latin qui veut dire ailes. On distingue plusieurs ordres d’insectes dont les principaux sont les coléoptères, les lépidoptères, les hyménoptères, les diptères, les orthoptères, les hémiptères, les isoptères et les odonatoptères (Albouy, 2010; Delvare & Aberlenc, 1989). En fonction des ordres auxquels ils appartiennent, les insectes possèdent des cycles de développement variés.

I.1.1.2. Physiologie et développement

Le cycle de vie chez les insectes est très diffèrent de celui des mammifères. Les étapes sont très complexes. Contrairement aux mammifères qui grandissent sans métamorphose, les insectes subissent des transformations internes et externes très impressionnantes. Chez les insectes il existe trois modes de développement qui correspondent à une évolution et une complexification du développement : amétabole, hémimétabole et holométabole (Figure 1). Les insectes amétaboles n’ont pas de stades larvaires, mais plutôt des stades juvéniles (immature sexuellement) séparés de l’état adulte (reproducteur) par une mue de puberté. Les insectes hémimétaboles sont des insectes ptérygotes (présence des ailes). Leur état juvénile ressemble à leur état adulte. Les insectes holométaboles ont un développement très complexe.

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Leur état juvénile est très éloigné de leur état adulte aussi bien sur le plan morphologique que physiologique. Le passage de l’état larvaire à l’état adulte s’effectue de manière brusque grâce à une phase appelée "stade nymphal"(Delvare & Aberlenc, 1989, Labrie, 2006).

Figure 1: Différentes étapes de développement chez les insectes (http://www.insecte.org/spip.php?article31)

I.1.2. Entomophagie

I.1.2.1. Définition et historique de l’entomophagie

L’entomophagie est la consommation des insectes par les humains. Depuis des siècles, elle est pratiquée dans de nombreux pays du monde entier (Ekpo, 2011). La consommation des insectes est par exemple évoquée dans la Bible: « …voici donc celle que vous pouvez

manger : les différentes espèces de sauterelles, criquets, grillons et locustes » (livre du

lévitique, chapitre 11, verset 22) ; « Jean le Baptiste se nourrissait de sauterelles et de miel

sauvage » (Évangile de Marc, Chapitre 1, verset 7). Selon Mignon (2002) , la Torah et le

Coran en feraient également mention. Toujours selon Mignon (2002), en Europe les Romains consommaient des larves de longicornes alors que les Grecs appréciaient les cigales et diverses chenilles. L’entomophagie est donc une pratique ancestrale.

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I.1.2.2. Répartition mondiale des insectes comestibles

Actuellement, les insectes entrent dans le régime alimentaire d’environ 2 milliards de personnes dans le monde. Plusieurs espèces sont consommées dans le monde, cependant il est difficile de donner le nombre exact d’espèces comestibles à cause de la diversité des peuples qui en consomment. L’entomophagie est pratiquée majoritairement par des populations indigènes qui n’identifient les insectes que par des noms vernaculaires. Une même espèce peut donc être connue sous des noms différents et inversement plusieurs espèces peuvent être connues sous une dénomination commune. Toutefois, plus de 2500 espèces seraient actuellement consommées dans 113 pays dans le monde, parmi lesquelles 500 espèces en Afrique (Jongema, 2015; Kinyuru et al., 2015). D’après les données disponibles, les ordres les plus consommés sont les coléoptères (scarabées) (31%), les lépidoptères (chenilles) (18 %), les hyménoptères (abeilles, guêpes et fourmis) (14 %), les orthoptères (sauterelles, criquets et grillons) (13 %), les hémiptères (cigales, chrysomèles, cicadelles, cochenilles) (10 %), les isoptères (termites) (3 %), les odonates (libellules) (3 %) et les diptères (mouches) (2 %) (Van Huis et al., 2013). Les inventaires montrent que l’Amérique abrite le plus grand nombre d’insectes comestibles soit 39 %, l’Afrique vient en deuxième position avec 30 % et l’Asie en troisième position avec 20 % d’insectes comestibles (Ramos-Elorduy, 2009). Cet inventaire reste cependant incomplet dans certaines régions du monde. De plus, le problème d’harmonisation entre la classification scientifique de nombreux insectes et le nom vernaculaire demeure. Il y a risque d’utiliser un nom vernaculaire pour désigner plusieurs espèces. Il est donc important de considérer avec prudence les données.

I.1.3. Intérêts de l’utilisation des insectes

La consommation des insectes est bénéfique pour la santé, l’environnement et l’économie.

I.1.3.1. Taux de conversion alimentaire

Le taux de conversion alimentaire est une donnée qui permet d’estimer la quantité d’aliment nécessaire à un animal pour produire un kilogramme de masse corporelle. Ce taux varie selon les animaux. Il est de 2,5 kg chez le poulet, 5 kg chez le porc et 10 kg chez le bœuf (Van Huis, 2013). Chez les insectes, ce taux est en général beaucoup plus bas. Un insecte doit consommer en moyenne 1,7 kg d’aliment pour produire 1 kg de masse corporelle (Van Huis,

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2013). Ce taux varie selon l’espèce d’insecte et dépend également de son alimentation (Oonincx et al., 2015; van Broekhoven et al., 2015). Le faible taux de conversion alimentaire des insectes s’expliquerait par le fait que les insectes sont des animaux poïkilothermes (Oonincx et al., 2015; Van Huis et al., 2013).

I.1.3.2. Apports écologiques et environnementaux de l’élevage d’insectes

L’élevage des animaux est associé à d’énormes problèmes environnementaux. Il produit d’énormes déchets organiques dont la gestion et le stockage posent des problèmes tels que la pollution du sol et de l’air, la limitation spatiale (Oonincx, 2015). En se développant sur les déchets organiques, les insectes permettent de réduire leur volume et de limiter ainsi la pollution (FAO, 2010). Des mouches ont été par exemple utilisées pour transformer le fumier en engrais et protéines consommables (Van Huis et al., 2013). L’élevage des insectes utilise beaucoup moins d’eau que l’élevage du bétail conventionnel. Il est moins dépendant du sol que l’élevage conventionnel et produit moins de gaz à effet de serre (Oonincx, 2015; Van Huis et al., 2013).

I.1.3.3. Marché des insectes

Les insectes comestibles sont une importante source de revenus pour les populations démunies d’Asie, d’Amérique et d’Afrique. Au Mexique où environ 100 tonnes de l’insecte comestible Sphenarium purpurascens sont collectées par an, on estime à plus de 3000 dollars (1 500 000 FCFA) le revenu moyen annuel qu’il rapporte à chaque famille (Premalatha et al., 2011). En chine, les ventes annuelles d’aliments à base de fourmis atteignent 100 millions de dollars (Premalatha et al., 2011). Aux États Unis, le marché annuel des insectes et produits à base d’insectes s’élève à plus de 57 milliards de dollars US (FAO, 2010). Les insectes sont également vendus dans divers marchés des pays Africains (Afrique du Sud, Zimbabwe, Nigéria, République Centrafricaine, Cameroun). Leur commercialisation permet aux familles d’augmenter leur revenu mensuel (Alamu et al., 2013; Muafor et al., 2015) . En RCA, la vente des chenilles permet aux vendeurs de faire des bénéfices d’environ 117000 FCA par mois ; tandis qu’au Cameroun, la vente des larves de charançons du palmier permet de faire des bénéfices de 120 000 FCFA à 150 000 FCFA par mois (Balinga et al., 2004). Des échanges commerciaux frontaliers et internationaux des insectes existent entre de nombreux pays Africain et entre pays Africains et Européens. La France et la Belgique importeraient respectivement 5 et 3 tonnes d’Imbrasia sp sec de la République Démocratique du Congo

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(leur prix moyen s’élevant 18,3 dollars US par kg (Vantomme, 2010). Ces insectes sont destinés principalement aux membres de la diaspora. La récolte et l’élevage des insectes fournissent des opportunités commerciales dans les économies développées, en transition et en développement.

I.1.3.4. Propriétés médicales et pharmaceutique des insectes

De nombreux insectes comestibles présentent un possible potentiel pharmaceutique lié à la présence de molécules bioactives dans leurs extraits huileux (Ekpo et al., 2009). Certains sont d’ailleurs utilisés en médecine traditionnelle pour le traitement de diverses affections telles que le rhumatisme, les crampes, le lumbago, les boutons cutanés, la varicelle, etc. (Tamesse et al., 2016). L’abeille et ses produits présentent de nombreux bénéfices pour la santé. Le miel est utilisé contre l’infection microbienne et le traitement des blessures ; la propolis est utilisée dans le traitement des désordres gastro-intestinaux, des allergies, des problèmes gynécologiques, oraux et dermatologiques ; la gelée royale est reconnue pour ses effets en santé reproductive, dans le traitement des maladies neurodégéneratives et le vieillissement (Eshraghi & Seifollahi, 2003; Pasupuleti et al., 2017).