• Aucun résultat trouvé

1.5 Synopsis

2.1.5 Inscription et Interpr´etation

Une des approches les plus r´epandues dans le domaine des syst`emes

d’interac-tions produisant desinscriptions et desinterpr´etations. L’´emergent est alors

consid´er´e comme le produit de tels syst`emes.

Forrest

La premi`ere apparition de cette ´emergence est la description donn´ee par

Stephanie Forrest en pr´eface de [For90] o`u elle d´ecrit un calcul ´emergent

comme :

– une collection d’agents, chacun suivant des instructions explicites

(ni-veau microscopique) ;

– des interactions entre ces agents (dirig´ees par les instructions) qui

aboutissent `a des motifs implicites et globaux au niveau

macrosco-pique : des ´epiph´enom`enes ;

– une interpr´etation naturelle de ces ´epiph´enom`enes comme calculs.

Dans cette premi`ere d´efinition, on note la pr´esence de l’interpr´etation

du motif comme un calcul. Le terme d’´epiph´enom`enes que nous avions d´ej`a

rencontr´e chez Abbott semble exclure la possibilit´e d’une causalit´e de ce

motif global sur la collection d’agents. Dans ce cadre, l’interpr´etation sert

en fait `a mettre en relief le calcul effectu´e par le syst`eme afin de rendre

explicite la fonction calcul´ee par les agents.

MR Jean

La conception d’´emergence que nous d´ecrivons ici est parmi les plus

pr´esentes dans la communaut´e francophone des syst`emes multi-agent. Cette

d´efinition est issue d’un travail collectif et retranscrite dans [tc97] et

r´eapparaˆıt dans les travaux de Muller [Mul03], Quinqueton [Qui00], Webber

et Pesty [WP02] ou encore Beurier Simonin et Ferber [BSF03].

Cette conception dans sa description initiale suppose un ensemble

d’agents en interaction d´ecrits `a l’aide d’un vocabulaire ou d’une th´eorie.

Le syst`eme produit alors un ph´enom`ene (un processus, un ´etat stable ou un

invariant) global. On doit alors ensuite avoir observation de ce ph´enom`ene

global soit par un observateur soit par le syst`eme lui-mˆeme. Cette

observa-tion ne peut se faire qu’`a travers une inscription du ph´enom`ene d’une part

et une interpr´etation de cette inscription par l’observateur ou par le syst`eme

d’autre part dans un second vocabulaire ou une seconde th´eorie. Si

l’obser-vation se fait par un observateur ext´erieur, on a une ´emergence faible, si le

syst`eme lui-mˆeme observe ce ph´enom`ene, on a une ´emergence forte.

Dans [tc97] deux r´ealit´es sont distingu´ees selon le sens donn´e au terme

d’inscription selon qu’il s’agit d’une description alternative de la mˆeme

r´ealit´e ou bien d’une entit´e distincte de l’ensemble des agents :

“Un autre point soulev´e par cette d´efinition est le probl`eme

d’in-terpr´etation des inscriptions. Ce qui fournit deux sens possibles

au ph´enom`ene ´emergent. Un premier sens faible o`u les

inscrip-tions se r´ef`erent fondamentalement `a un seul et mˆeme ordre de

r´ealit´e appr´ehend´ee selon deux niveaux qu’il est commode, voire

indispensable de distinguer. Le probl`eme se r´esume alors `a une

autre fa¸con de parler des choses plus simple ou plus compacte.”

Nous retrouvons ici la distinction habituelle sur le fait que les syst`emes

sont soit constitu´es. soit d´ecrits, `a plusieurs niveaux.

Muller

Dans [Mul03], Muller pr´ecise que l’environnement partag´e par les agents

joue le rˆole essentiel de m´edium d’inscription du ph´enom`ene ce en quoi il

´ecarte la possibilit´e d’un simple alternative de description. L’interpr´etation

du ph´enom`ene par les agents implique alors qu’ils maˆıtrisent un second

vocabulaire permettant de d´ecrire le ph´enom`ene global.

Il s’agit alors d’agents dont la composition comprend deux vocabulaires,

un correspondant au niveau de l’agent et un autre permettant `a l’agent de

se repr´esenter un ph´enom`ene global. Ces ph´enom`enes globaux peuvent alors

influer sur le futur comportement de l’agent.

Ce point de vue est quasiment identique `a celui de la causalit´e

descen-dante en sociologie. En effet, dans les deux cas il est n´ecessaire d’avoir une

entit´e de niveau global qui enregistre ou inscrit les actions des agents

don-nant lieu `a un ph´enom`ene global qui une fois interpr´et´e par les agents peut

ensuite influer sur leur comportement futur.

Il est int´eressant de noter que de nombreux travaux dans le domaine

de la simulation multi-agent rentrent dans le cadre de l’inscription d’un

ph´enom`ene global produit par les actions individuelles des agents dans un

environnement partag´e. La question devient alors de savoir si ce ph´enom`ene

r´etro-agit sur les agents et finalement si cette r´etro-action met en jeu

l’in-terpr´etation du ph´enom`ene.

Conclusion et Position SMA

Nous avons d´ecrit ici les travaux qui ont ´et´e mis en place autour des

notions d’inscription et d’interpr´etation. Nous avons vu que la distinction

habituelle entre un seul syst`eme dot´e de plusieurs descriptions et plusieurs

entit´es organis´ees en niveaux se retrouve ici. L’ensemble de ces travaux

re-pose uniform´ement sur l’id´ee d’un ph´enom`ene global produit par des agents

locaux. Dans ce cadre, l’environnement est l’endroit o`u le ph´enom`ene peut

s’inscrire alors que le processus d’interpr´etation n´ecessite la perception de

cet environnement par les agents.

Les formulations des propositions pr´ec´edentes d´ecrivent une population

d’agents plong´es dans un environnement partag´e. Beaucoup de travaux issus

de la communaut´e de la simulation multi-agent correspondent `a cette id´ee.

La question est alors de savoir si oui ou non le ph´enom`ene ´emergent est

interpr´et´e par les agents. En effet, si l’influence r´eciproque entre agents et

environnement ne pose pas de probl`eme particulier, la caract´erisation d’une

“interpr´etation” n’est pas ´evidente.