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a Les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine

IV. TRAITEMENT DE L’OBESITE FELINE

2. Approche comportementale

2.1. La thérapie comportementale

2.2.2. a Les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine

Les ISRS sont les molécules les plus utilisées dans le traitement des états anxieux chez le chat. Les ISRS sont des antidépresseurs qui agissent en augmentant la concentration en sérotonine au niveau de la synapse, par inhibition spécifique de sa recapture.

Le mécanisme d’action des ISRS, impliquant de nombreux récepteurs, est très complexe et toujours à l’étude. A l’heure actuelle, les principaux éléments validés sont les suivants (figure 9B) : l’administration d’ISRS entraîne une augmentation de la concentration synaptique de la sérotonine, responsable à terme d’une désensibilisation des récepteurs pré- synaptiques à la sérotonine (nommés 5-HT1A) impliqués dans le rétrocontrôle négatif de son

relargage. Ce mécanisme augmente d’autant plus la concentration de sérotonine dans la fente synaptique, régulant alors l’anxiété de l’animal traité. Cette modulation de l’activité de ces récepteurs à l’origine des effets thérapeutiques n’est alors observable que 2 à 3 semaines après le début du traitement.

Figure 9. Action des ISRS au niveau de la synapse sérotoninergique (d’après 34). A/ Effet de l'anxiété sur la prise alimentaire au travers du système sérotoninergique Dans l’état anxieux, il existe un hypofonctionnement de la transmission sérotoninergique : la quantité de sérotonine (5-HT) est faible dans la synapse, ce qui conduit à une hypersensibilité du récepteur 5-HT2 induisant une recapture importante de la sérotonine (par le transporteur SERT). Ceci

diminue d’autant plus la quantité de sérotonine dans la synapse. Ce mécanisme empêche l’inhibition de la faim. B/ Effet des ISRS sur la prise alimentaire au travers du système sérotoninergique. Les ISRS vont se fixer sur les récepteurs SERT responsables de la recapture de la sérotonine (5-HT) ce qui augmente sa concentration dans la fente synaptique. Le récepteur 5-HT2B est alors activé et provoque un relargage massif de sérotonine dans la fente synaptique. Un rétrocontrôle négatif du

relargage de la sérotonine intervient alors via le récepteur 5-HT1A. Cependant, quand la concentration de sérotonine dépasse

un certain seuil, il existe un phénomène de désensibilisation de ces récepteurs. La transmission sérotoninergique augmente : la faim est inhibée.

 

Les ISRS ont des propriétés relatives aux fonctions de la sérotonine. Ils ont un effet sédatif qui permet de calmer les états d’agitation et un effet anxiolytique. Ils favorisent la récupération du signal d’arrêt et la restauration des autocontrôles et inhibent l’impulsivité.

L’un des effets indésirables de ces molécules est la diminution de la prise alimentaire car, la sérotonine est impliquée dans la régulation de la prise alimentaire par inhibition de la sensation de faim (figure 9B). Chez le chat anxieux, la sérotonine, en faible quantité dans la fente synaptique, ne déclenche pas d’inhibition de la prise alimentaire (figure 9A). Cette propriété anorexigène des ISRS semble donc intéressante dans la prise en charge des chats anxieux obèses.

La fluoxétine est le chef de file des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. C’est le seul ISRS qui possède une AMM vétérinaire, chez le chien (Reconcile ND, Eli Lilly and

Company Ltd, Liverpool). Il n’existe cependant pas de spécialité avec une AMM vétérinaire, chez le chat. La fluoxétine est indiquée lors de déficit des autocontrôles, de troubles du sommeil liés à l’anxiété ou la dépression, et de boulimie (35).

Lors de la prescription de fluoxétine, un effet indésirable, reconnu en médecine humaine et mentionné dans les résumés des caractéristiques du produit, doit retenir l’attention du praticien : cette molécule peut provoquer chez certains individus une agitation psychomotrice, une irritabilité et une aggravation des troubles anxieux pendant la ou les première(s) semaine(s) de traitement (3, 66, 109). Cette modification temporaire de comportement pouvant conduire à des agressions dirigées contre le propriétaire,il est primordial d’évaluer la balance bénéfice-risque pendant la consultation, si le chat à traiter présente déjà des comportements agressifs. D’autres effets indésirables comme des signes urinaires (rétention urinaire, strangurie), digestifs (diarrhée, vomissements) ou une légère sédation ont été observés, chez le chat (3).

De façon courante, les vétérinaires comportementalistes prescrivent la fluoxétine sous forme solution buvable, ce qui correspond à la forme pédiatrique. Cette forme galénique présente l’avantage de ne pas avoir à donner un comprimé tous les jours au chat qui présente déjà un trouble comportemental de type anxieux. L’inconvénient majeur de cette forme galénique est son goût mentholé créé par les excipients utilisés. Il est alors recommandé d’administrer le médicament avec un peu d’aliment humide.

Le chat doit recevoir une dose de 1 ml de Prozac solution buvable ND (Eli Lilly, Suresnes) in toto par jour, soit 1 mg/kg pour un chat de 4 kg. Une prise d’au moins trois mois est recommandée pour éviter toute rechute. Lors de l’arrêt d’un traitement ayant duré plusieurs mois, un sevrage progressif est vivement conseillé, avec un sevrage d’une durée de n semaines lorsque le traitement a duré n mois (35). Si le comportement du chat se dégrade au moment du sevrage, le traitement doit être repris à la dose précédente. Le sevrage peut être repris une fois le comportement stabilisé mais à un rythme plus progressif.

La fluvoxamine (Fluvoxamine ND, Téva Santé, Sens ; Floxyfral ND, Abbott Products SAS, Suresnes) pourrait également être utilisée mais il n’existe pas de spécialité vétérinaire. Les indications et les effets indésirables sont les mêmes que ceux de la fluoxétine. L’effet anorexigène de la fluvoxamine est moins important que celui observé avec la fluoxétine donc est moins intéressant pour la prise en charge des chats obèses.