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B. Exploitation des données

3. Les informations issues de l’étude

Les réponses des experts adultes face au visionnage du support vidéo ont fait ressortir des données intéressantes à retenir. Au vu du nombre d’adultes sollicités et du nombre d’enfants filmés, il était possible d’extraire de ce travail des données nous informant sur :

- L’influence de l’âge de l’enfant sur son expressivité et sa capacité à faire reconnaître ses postures

- L’influence du sexe de l’enfant

- Les émotions les plus complexes à exprimer et reconnaître par la posture - L’influence des emblèmes sur le taux de reconnaissance d’une posture

Les réponses des experts ont donc été analysées et classées en fonction de plusieurs variables.

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a) Influence de l’âge de l’enfant

Exprime-t-on mieux avec l’âge puisque l’on se fait mieux reconnaître ? Cette partie répond à l’hypothèse de départ.

Le graphique 1 indique que sur le total des séquences vidéo, le taux de reconnaissance augmente progressivement en fonction de l’âge des enfants.

Si l’on reconnaît mieux ce qu’expriment les enfants de 10 ans par rapport à leurs pairs plus jeunes, on peut donc soutenir l’idée d’un effet développemental dans les capacités d’expression.

Graphique 1

Le graphique 2, plus précis, montre le taux de reconnaissance des enfants de chaque tranche d’âge, en fonction de chaque émotion qu’ils ont exprimée.

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Graphique 2

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Joie Tristesse Colère Peur Surprise Dégout

7 ans 8 ans 9 ans 10 ans

Selon le graphique 2, le taux de reconnaissance des postures de peur est plus élevé chez les enfants de 7 et 9 ans que chez ceux de 8 et 10 ans.

Il est possible d’attribuer cette différence au nombre d’enfants : il y avait 1 enfant de plus dans les tranches 7 et 9 ans que dans les tranches 8 et 10 ans. Il est important de retenir que cette inégalité du nombre d’enfants dans les tranches d’âge, afin de relativiser certains résultats. Il serait plus pertinent de procéder à la même étude sur un nombre égal et plus élevé d’enfants par tranche d’âge.

Cependant, bien qu’il y aie trois enfants dans les tranches 7 et 9 ans, au lieu de deux dans les tranches 8 et 10 ans, la reconnaissance de postures reste majoritaire et plus stable pour la tranche 10 ans.

60 b) Influence du sexe de l’enfant

Les postures produites par les filles ont-elles été mieux reconnues que les postures des garçons ? L’étude s’est portée ici sur 5 garçons et 5 filles. Le nombre total de garçons et de filles est dans ce travail peu suffisant pour émettre des conclusions sur l’influence de l’âge dans l’expression, et l’étude mériterait d’être poursuivie sur un nombre plus élevé d’enfants.

Cependant, les résultats peuvent permettre de poser des premières hypothèses.

En matière d’expressivité, les postures adoptées par les filles, tous âges confondus, ont été ici mieux reconnues que les postures prises par les garçons. Sur le total des six émotions, les filles ont fait l’objet de 63, 6 % de reconnaissance chez les adultes. En rapport à ces mêmes émotions, les garçons ont suscité 59 % de reconnaissance.

Le graphique ci-dessous, détaillant les différences de reconnaissance inter sexe, émotion par émotion, nous donne plus de précisions.

La différence inter sexe est plus marquée pour les émotions les plus simples à exprimer.

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Les postures de joie et de tristesse exprimées par les filles ont un taux de reconnaissance globalement supérieur de 15 % aux postures exprimées par les garçons dans ces deux émotions.

La colère fait preuve de la situation inverse : les garçons ont paru mieux l’exprimer et donc leurs postures ont été mieux reconnues (15 % supérieur chez les garçons). Cette exception pourrait être dûe à des facteurs personnels touchant à l’expressivité mais aussi au sexe lui-même. Il est possible de penser que la colère chez les garçons peut s’exprimer différement de la colère chez les filles.

Le dégoût ne fait pas l’objet d’une grande différence inter sexe dans sa reconnaissance posturale. L’hypothèse peut être que cette émotion est incomprise et difficilement exprimée par tous les enfants, quelque soit leur sexe. Par conséquent, les adultes l’ont peu reconnue de manière générale.

c) Emotions et reconnaissance par la posture

Tous âges confondus, la joie est reconnue à 80,8 % par les experts, la tristesse à 76,4 %, la colère à 73,9 % et la peur à 68,4 %.

Le graphique ci-dessous présente le pourcentage de reconnaissance des postures, émotion par émotion.

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Les résultats du graphique précédent nous confirment qu’en matière d’expression par la posture, la surprise et le dégoût sont les émotions les plus complexes à exprimer et décoder sur des enfants.

Comme le laissaient prévoir les hypothèses, ce sont la surprise et le dégoût qui sont les plus mal reconnues. On relève en effet 42,9 % de reconnaissance pour la surprise et 26,1 % pour le dégoût.

Le premier volet du test de communications non-verbales, créé et étalonné lors d’un précédent Mémoire en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat de Psychomotricien, porté sur la reconnaissance de visages, présente ces mêmes résultats (Petiot,M, Pezet,C, 2009).

Par le visage autant que par la posture, la surprise et le dégoût seraient donc les émotions les plus complexes à exprimer chez l’enfant et à identifier.

d) Influence des emblèmes sur le décodage

La présence d’emblèmes fait-elle augmenter le pourcentage de reconnaissance de la posture ? Les huit séquences de mime utilisant des emblèmes ont été reprises et analysées pour étudier leur degré de reconnaissance.

Le graphique 1 ci-dessous reprend les taux de reconnaissance par séquences vidéo, en mettant en relief les postures d’enfants ayant utilisés des emblèmes.

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Graphique 1

Ce graphique, peu significatif, nous pousse néanmoins à émettre l’hypothèse que les emblèmes peuvent faciliter la reconnaissance de l’émotion exprimée. Un travail plus poussé sur la question nécessiterait d’être entamé pour pouvoir donner une idée plus précise.

e) L’incidence du sexe et de l’âge des experts

Un avantage féminin en matière de reconnaissance non-verbale a été mis en évidence par de nombreuses études. Cependant, il est impossible, dans cette étude, de mettre en évidence cet avantage chez le public expert. Sur les réponses de 58 experts, trois seulement ont été fournies par des sujets masculins. Pour confirmer ou infirmer de meilleures capacités de reconnaissance chez les femmes lors de cet exercice, il aurait fallu 50 % de sujets masculins.

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De même, l’âge de l’expert et son niveau d’expertise a-t-il un effet sur ses capacités de décodage ? Le nombre « d’experts » professionnels et de sujets « en voie d’expertise » était inégal, ce qui ne permettait pas de conclure à une véritable influence du niveau des adultes.

Cependant, les moyennes totales des « experts » professionnels n’étaient pas plus élevées, lors de la reconnaissance de postures, que les moyennes des étudiants de 3ème, 2ème et 1ère année. Il est possible d’émettre l’hypothèse que sur ce type d’exercice, l’âge ou le niveau d’expertise ne favorise pas un meilleur décodage non-verbal. Pour pouvoir confirmer ou infirmer cette hypothèse, une étude spécifique serait nécessaire.

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