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A la fin de notre entretien de recherche, Madame F précise, sur la base de notre dernier entretien thérapeutique : « J‟ai réfléchi à notre dernier entretien et j‟avais toujours peur de perdre mon fils. En mourant tous les deux on aurait été collés. On se serait séparé ensemble ».

Madame B

Entretien semi-directif

Durée : 80 minutes

Interviewer : Bonjour.

Madame B : Bonjour. Moi je croyais que c‟était hier qu‟on se voyait.

Interviewer : Ah bon.

Madame B : Oui parce que votre collègue elle m‟a dit que vous étiez pas là le mercredi.

Interviewer : Je ne suis pas là pour le soin mais en ce qui nous concerne c‟est différent puisque nous nous rencontrons pour une recherche.

Madame B : Oui, oui, je sais.

Interviewer : Pour commencer notre entretien, est-ce que vous pourriez me raconter les raisons pour lesquelles vous êtes incarcérée ?

Madame B : Ben euh… Sur mon dossier c‟est marqué un homicide volontaire sur mineur de moins de 15 ans.

Interviewer : Donc ça, c‟est ce qui est inscrit sur votre dossier mais vous, quels mots utiliseriez-vous ?

Madame B : Ben… Disons que… Je sais pas comment expliquer ce jour là… Je mourais avec mon bébé… Je partais avec mon fils… Je sais plus dans l‟état où j‟étais ce jour là…

Interviewer : Ce jour là ?

Madame B : Disons que dans les mois avant mon cas était devenu critique. Je piquais des crises.

Interviewer : Qu‟est-ce que vous entendez par : « Je piquais des crises » ?

Madame B : Je pleurais, je me roulais par terre, y‟avait un cri à l‟intérieur. J‟appelais mes copines, mon ex-mari ou des fois le SAMU venait me chercher.

Interviewer : Le SAMU est souvent venu vous chercher ?

Madame B : Les derniers mois, je sais plus combien de fois. Quand je suis passée à Fresnes, on m‟a expliqué que normalement les gens qui prennent des médicaments comme du Tercian ou du Xanax et qui mélangent avec de l‟alcool et des drogues douces, ça fait ça, ça fait ça, ce pétage de plomb.

Interviewer : Vous consommiez de l‟alcool et des drogues douces ?

Madame B : Disons que quand la souffrance d‟abord… Dans mon pays comme ici les

pays. Quand je suis arrivée en France, j‟étais pas préparée parce que y‟a eu un déracinement. On sait pas où on est, où aller, on reste tout le temps à la maison. Moi je connais pas d‟autres que mon mari. Quand y‟a eu le contrôle pour l‟alcootest si c‟était négatif je serais retournée voir mon bébé. On savait pas qu‟il fallait pas laisser le bébé. Si j‟avais pas bu y‟aurait pas eu de problème car le problème il vient de là.

Interviewer : Vous étiez déjà mariée quand vous êtes arrivée en France ?

Madame B : Oui j‟étais mariée depuis le (donne la date du mariage) et je suis arrivée le (donne la date de son arrivée en France). (Trois mois séparent son mariage et son arrivée en France)

Interviewer : Concernant votre fils, est-ce que votre grossesse était désirée ?

Madame B : Bien sûr. Disons que dans la même année j‟ai eu tout à coup le bonheur. Le mari, on se marie, on s‟aime, mon fils est né le (donne la date de naissance) [8 mois après son arrivée en France]. Dans la même année que des bonnes choses, on sait pas comment ça a pu s‟inverser l‟année suivante.

Interviewer : Est-ce que vous aviez connu des moments aussi heureux que cette année auparavant ?

Madame B : Bien sûr… Heureuse oui parce que je me suis mariée à (donne son âge) donc euh… J‟étais insouciante quoi, comme toute jeune femme, pas de votre pays,

mais du mien. Ma mère me disait d‟avoir un bébé, de me marier, il faut se marier très tôt.

Interviewer : Et vous concernant vous diriez que vous vous êtes mariée tôt ?

Madame B : Ah non, c‟est sûr. Enfin tôt pour ici mais tard pour chez moi.

Interviewer : Comment est-ce que c‟était perçu par votre famille le fait que vous ne soyiez pas mariée plus tôt ?

Madame B : C‟était pas un problème.

Interviewer : D‟accord. Pendant votre grossesse, comment imaginiez-vous votre enfant ?

Madame B : Mon fils…

Madame B rit.

Mais il était plus blanc que vous, que son père, il avait les cheveux comme vous mais brun.

Interviewer : Oui, et quand il était dans votre ventre, comment est-ce que vous l‟imaginiez ?

Madame B : Je pensais qu‟il serait métis, pas tout blanc. Mais, à la naissance, y‟a des endroits où on voit : le dessus des oreilles, le sexe, le bout des doigts, c‟est

Interviewer : A sa naissance, est-ce que votre enfant ressemblait à celui imaginé pendant votre grossesse ?

Madame B : Au contraire, il était trop beau oh là, là, là, il était… Quand il bougeait, c‟est quand il avait fait ses besoins, on l‟entendait pas. Je vivais comme lui, la nuit on vivait et le jour on dormait.

Interviewer : Avant votre passage à l‟acte, quelle image aviez-vous de votre enfant, Comment le décririez-vous ?

Madame B : D‟abord, ce jour-là je devais pas être toute seule. Je piquais des crises où je disais que je voulais mourir. J‟ai dit à la DDASS : « Je vais jeter l‟éponge ».

Je l‟ai abandonné deux fois, j‟arrivais pas à faire face, je devenais folle.

Interviewer : Vous l‟avez abandonné deux fois…

Madame B : Ben euh… Quand ils ont donné… La première fois mon ex-mari avait la garde. J‟étais en foyer d‟accueil mixte, si j‟avais été dans un foyer femme-enfant je pouvais le garder. Moi j‟ai dit : « J‟arrête ». Je me suis fait engueuler par l‟éducateur que si je voulais plus voir mon fils, il fallait que j‟aille le voir pour lui dire.

Interviewer : Lui dire, à votre fils ?

Madame B : Oui, c‟est l‟éducateur de mon fils, il voulait que je dise ça à mon fils. Et pour mon fils, ça allait pas. J‟ai bien vu il avait de l‟eczéma après le jour où j‟ai fait ça, il avait fondu et il avait encore plus plus d‟eczéma… Ce qui fait mal, c‟est le fait de plus voir son fils ou une fois par semaine, c‟est pas suffisant.

Et, en plus mes ex beaux-parents, sans me consulter ont demandé la garde de mon fils. J‟ai levé la voix, là j‟ai aussi dit qu‟il a un père et une mère.

Interviewer : Et, c‟est votre ex-mari qui avait la garde ?

Madame B : Lui il l‟avait un week-end sur deux, et il disait des choses négatives sur moi.

Interviewer : Et vous comment est-ce que vous voyiez votre fils ?

Madame B : Au départ une semaine sur deux au foyer d‟accueil et après une fois par semaine, quelques heures avec quelqu‟un.

Interviewer : Pourquoi ?

Madame B : Déjà le traitement. C‟est comme je suis en prison. Je travaille pas.

Médicaments, lit, médicaments, lit. Ça veut dire je fournis pas ce que la juge dit. Faut faire un choix mais comment faire dans la souffrance ou faut pas boire mais qui est-ce qui peut m‟aider ? Qui ?

Interviewer : Quand est-ce que vous avez commencé à consommer de l‟alcool ?

Madame B : Comme ici… C‟était déjà dans mon pays et de plus en plus. La juge, elle a demandé à ce que je voie un psychologue et un psychiatre. Pourquoi faire ? Pour me donner des médicaments pour pas aller la voir en larmes ? Parce que ça doit pas être normal ici, je sais pas.

Interviewer : Si j‟ai bien compris, vous consommiez déjà de l‟alcool avant d‟arriver en France…

Madame B : Oui, à l‟origine et après de plus en plus… Après j‟ai trouvé un remède.

Interviewer : Je peux vous demander lequel ?

Madame B : Ma voisine, à force d‟entendre mes pleurs, une fois elle est descendue chez moi. Elle m‟a conseillée d‟aller voir un médecin.

Interviewer : Cela a fonctionné ?

Madame B : Mmh.

Interviewer : Un médecin généraliste ?

Madame B : Oui, oui.

Interviewer : Cela vous a aidée par un traitement ou par la parole ?

Madame B : Par un traitement.

Interviewer : D‟accord… Avant votre passage à l‟acte, comment est-ce que vous décririez votre enfant ?

Madame B : Je sais pas moi, une mère qui fait tout jusqu‟au dernier… Je… Je me suis battue… Et il était malheureux. D‟abord, il mangeait avec la main à… A trois ans alors qu‟il était pas avec des africains. L‟éduc‟ il dit que c‟est à moi de le faire apprendre… Il était pas lavé, pas nourri quand j‟allais le chercher.

Avant ça, c‟était un bébé, il avait trois mois. Il avait pas d‟eczéma, pas le regard triste.

Madame B pleure. Ses pleurs durent jusqu‟à ce qu‟elle quitte le bureau.

Il devait rien se passer ce jour-là, il devait rien se passer. J‟ai piqué une crise dans la nuit, j‟étais avec mon mari et c‟était mon tour de garde. On est allé voir le médecin pour lui dire : « Ça va pas ». Le médecin a demandé une hospitalisation d‟urgence. Comme nous sommes deux, on n‟a pas voulu.

C‟était la première fois que je faisais une crise avec mon fils. J‟allais chercher mon fils, je tiens pas debout, assis. Ça explose… Ça explose… Ça explose… Ça explose… Je sentais les nerfs. On a refusé car j‟étais avec mon ex-mari. Le lundi je vais en psychiatrie, c‟est ce qui était dit…

Interviewer : Votre ex-mari était présent…

Madame B : Comme d‟habitude, je suis allée chercher mon fils. Comme j‟avais été

Interviewer : Oui…

Madame B : Lui il m‟a envoyée avec sa voiture parce que moi on m‟avait pris la mienne.

Nous sommes rentrés avec mon fils, le hasard fait que c‟était chez moi ce jour-là. Il fallait que le divorce soit prononcé pour qu‟on me donne la garde, lui il avait pas demandé la garde. Le logement, j‟ai eu, je buvais pas, ça se voyait, le contrat de travail j‟ai eu, le papier du psychiatre et l‟éducateur il donne la réponse qu‟on voit que j‟ai fait des efforts mais que mon mari s‟oppose.

Interviewer : Votre mari s‟opposait à ce que vous ayez la garde ?

Madame B : Il me faisait du chantage que mon fils va pas appeler un autre homme tonton.

Interviewer : Si j‟ai bien compris, il y avait une procédure de divorce en cours et vous étiez toujours en couple.

Madame B : Si mais quand on était ensemble, il se bat pas pour récupérer mon fils… Je faisais toujours des crises… Quand j‟étais pas chez lui, il devient fou, il va pas bien, il pleure, il me demande : « Tu veux ça, tu veux ça… »… Pendant de longs moments j‟ai pas vu mon fils se lever le matin. Quand il s‟assoit, j‟étais pas là. Quand il a fait du quatre pattes, j‟étais pas là. Quand il a eu ses dents, j‟étais pas là. Pour ses premiers pas, j‟étais pas là. Pour l‟entrée à l‟école, j‟étais pas là.

Interviewer : J‟imagine que cela devait être très difficile… Quels sentiments aviez-vous ?

Madame B : Mon ex-mari… Il me faisait la misère, il me battait.

Interviewer : Votre ex-mari était violent avec vous.

Madame B : Dans son pays oui.

Interviewer : Et en Afrique ?

Madame B : Non, en Afrique, il était jamais violent… Ce que je me reproche, je ne sais pas pourquoi j‟ai pris mon fils. Mon ex-mari nous a abandonnés ce jour là alors que j‟étais en crise.

Interviewer : Quand est-ce que les violences de votre ex-mari ont commencées ?

Madame B : Quand mon fils a été placé, il est devenu violent.

Interviewer : Est-ce qu‟il vous est arrivé de porter plainte par rapport à ces violences ?

Madame B : J‟ai voulu mais comme il le faisait tout le temps quand je bois… Une fois j‟ai fait une main courante.

Interviewer : Est-ce que votre ex-mari consommait aussi de l‟alcool ?

Madame B : Non, lui, c‟était du cannabis… Il devenait violent quand je voulais sortir de la maison.

Interviewer : Ah bon…

Madame B : Oui, c‟était pas la jalousie, je sais pas. J‟ai l‟impression d‟avoir deux sexes.

Interviewer : D‟avoir deux sexes ?

Madame B : Oui, un d‟homme et un de femme. Lui, c‟était plutôt une femme devant les gens. C‟est ça qui trompait les gens.

Interviewer : Comment expliquer que vous soyez en couple alors que la situation ne vous convenait pas ?

Madame B : Des fois, j‟en avais marre d‟être au foyer d‟accueil, c‟est pas chez soi. On entend des bébés des autres et y‟a un mari qui demande pardon, de revenir.

Interviewer : Et avant les violences de votre mari, est-ce que vous aviez déjà vécu des violences ?

Madame B : Non.

Interviewer : Il n‟y avait pas de violence dans votre famille ?

Madame B : Non. Au village, on m‟insultait toujours de fille bâtard parce que mon père nous a pas élevées. En France, je porte son nom mais chez moi je ne me faisais pas appeler avec son nom.

Interviewer : Votre père n‟a pas participé à votre éducation.

Madame B : Non, c‟est mes grands-parents qui m‟ont éduquée.

Interviewer : Du côté de votre mère ?

Madame B : Oui.

Interviewer : Est-ce que vous pouvez me décrire la composition de votre famille ?

Madame B : C‟est ça aussi qui m‟a fait souffrir parce que ma mère, elle nous a pas élevées. Quand j‟étais gamine, à Noël, j‟allais l‟attendre dans la rue. Ça m‟a rattrapée, quand j‟ai vu mon fils…. Et quand je veux chercher un visage souriant je vois que au foyer d‟accueil, un visage triste.

Madame B se lève en pleurant, en prenant sa tête dans ses mains. Elle me dit qu‟elle doit sortir du bureau pour aller aux toilettes et fumer une cigarette. Madame B commençant à s‟agiter, j‟essaie de la contenir en attendant qu‟une surveillante vienne lui ouvrir la porte.

Madame B revient dans le bureau, cinq minutes plus tard, avec des photos.

Madame B : Oui, et j‟ai pris mes photos.

Interviewer : Vos photos ?

Madame B me montre des photos, une de sa grand-mère maternelle et une où elle figure avec deux de ses sœurs. Madame B m‟apprend qu‟elle est l‟aînée. Elle et sa sœur cadette aurait été élevées chez la grand-mère maternelle puis sa sœur serait partie chez une cousine. La fratrie de Madame B se compose de six enfants. Madame B est donc l‟aînée et a une sœur née de la même union. Elle a une soeur, née d‟une deuxième union de sa mère. Elle a deux frères nés d‟une troisième union. Madame B a un frère né de l‟union actuelle de sa mère. Madame B évoque sa mère en ces termes :

Madame B : Je la connaissais pas. C‟est ma grand-mère qui m‟allaitait, je me rappelle.

Interviewer : Combien de temps vous a-t-elle allaitée ?

Madame B : Jusque quand… Je sais plus. Son dernier fils, mon oncle, il est un mois plus âgé et ma mère travaillait. A Noël, des fois elle venait, des fois elle venait pas, on savait jamais avant.

Interviewer : C‟était sûrement très difficile pour vous de ne pas savoir à quoi vous attendre.

Madame B : Moi j‟attendais toujours. Des fois j‟étais contente, des fois j‟étais triste… Et mon père, je l‟ai connu, j‟avais 14 ans. Aussi, j‟ai demandé à le voir mais lui

il nous connaît pas, on n‟est pas ses enfants. Il garde un extrait d‟acte de naissance, c‟est tout. Même si c‟est fait, plus rien alors…

Madame B regarde à nouveau ses photos.

Là, c‟est moi avec mon fils… Là, (Madame B a un bandage au poignet sur la photo) c‟est parce que je me suis coupée sous la douche, c‟est le jour où on me l‟a pris.

Interviewer : C‟était le jour où il a été placé ?

Madame B : Oui.

Madame B referme son album photo.

Interviewer : Quel souvenir avez-vous de votre mère quand vous étiez enfant ?

Madame B : Pour être honnête, la mentalité de l‟Afrique en général. Un enfant qui devient adulte et qui ramène de l‟argent. J‟étais fière d‟elle… Je lui ressemble un peu.

Interviewer : Au niveau du caractère ?

Madame B : Non, pas le caractère. L‟alcool, elle a jamais touché, la cigarette non plus.

Par contre le point commun, c‟est de se lever pour aller travailler.

Interviewer : Est-ce qu‟on pourrait dire que vous êtes courageuses ?

Madame B : Oui, c‟est ça.

Interviewer : Comment définiriez-vous la relation qui existait entre elle et vous ?

Madame B : Vers 13 ans, elle m‟a fait arrêter l‟école pour que je garde mon petit frère parce que je progressais pas, je redoublais les classes.

Interviewer : Qu‟est-ce que vous en pensez ?

Madame B : C‟était pour l‟aider et comme l‟école ça allait pas, je comprends. J‟aimais bien m‟occuper de mon petit frère.

Interviewer : Du côté de votre père quel qualificatif utiliseriez-vous pour le décrire ?

Madame B : A force de me faire insulter… C‟est comme un étranger. Ma mère m‟a envoyée chez lui pour mieux le connaître mais pour moi c‟était trop tard. Lui aussi, il boit beaucoup. C‟est un homme qui pense qu‟à lui, égoïste, ses enfants, non.

Interviewer : Est-ce qu‟il y a autre chose que vous auriez envie de me dire ?

Madame B : Y‟a un truc qui manque dans mon dossier. Le jour où j‟ai perdu mon fils, je me souviens pas à cause des médicaments. On m‟a dit que j‟ai téléphoné au SAMU mais je me rappelle pas. Aussi, j‟ai téléphoné deux fois à l‟éducateur et j‟ai laissé deux messages et lui il a dit au tribunal que son téléphone

marchait pas… Moi je me suis réveillée à l‟hôpital à cause des médicaments, j‟avais un truc attaché à la poitrine. Le médecin il est venu, il a dit : « Votre fils, on a tout fait pour lui, on n‟a pas pu le sauver ». Moi j‟ai dit : « Mais comment ça on n‟a pas pu »….

Madame B pleure.

J‟ai des flashs, je tenais mon fils dans la baignoire sous l‟eau… Et, au tribunal ils ont dit que j‟ai remis mon fils deux fois dans la baignoire et qu‟ils l‟ont retrouvé tout nu sur le canapé. Moi j‟ai ouvert la porte à un SDF que je connaissais déjà et c‟est lui qui a prévenu… Moi je comprends pas, de dire homicide volontaire. Je voulais pas que mon fils décède, des choses pouvaient alerter les gens, je comprends pas.

Interviewer : Personne n‟a su voir combien vous étiez en souffrance…

Madame B : Et l‟éducateur, quand on était au tribunal et que j‟ai pas eu la garde, j‟étais en pleurs, il m‟a dit : « Respire et bois un verre d‟eau ». Je vous jure, à mon procès, il pleurait, je voulais dire : « Et, là, t‟as pas envie de le boire ton verre d‟eau ? ». Au tribunal je leur avais dit : « Je vais me buter ». Et après, à Rennes, en prison, j‟ai voulu me pendre et je sentais pas le drap se resserrer, je vous jure je sentais pas. On m‟a retrouvée par terre et j‟ai rien senti.

Madame B éclate en sanglots. J‟arrête la prise de note afin de contenir au mieux Madame B.

Génosociogramme

Durée : 25 minutes

Madame B, dans un premier temps semble soulagée de passer à une autre épreuve.

Interviewer : Qui est-ce que vous voulez représenter en premier ?

Madame B : Je veux commencer par mon fils, c‟est le plus important.

Interviewer : D‟accord.

Madame B dessine un triangle puis regarde la feuille mise à sa disposition pour la réalisation du génosociogramme.

Madame B : C‟est quoi ça ? (Madame B me montre le cinquième graphique sur la droite)

Interviewer : Ici, la croix indique que la personne est décédée.

Madame B pose son crayon et pleure jusqu‟à la fin de l‟échange autour du génosociogramme.

Madame B : Je peux pas, je peux pas, je peux pas.

Interviewer : C‟est difficile d‟accepter qu‟il soit décédé… Est-ce que vous voulez

Interviewer : C‟est difficile d‟accepter qu‟il soit décédé… Est-ce que vous voulez

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