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Influences du fonctionnement des réseaux sociau

Les groupes s’inscrivent dans des réseaux existants qu’il importe de connaître, voire de stimuler pour favoriser localement l’innovation.

Hoang et al. (2006) analysent le fonctionnement de réseaux sociaux en zone rurale au Nord

Vietnam et examinent comment leur configuration conditionne l’accès aux informations. Les auteurs montrent que les individus ont des positions différentes au sein de ces réseaux en fonction de différents facteurs tels que l’ethnie, le sexe, la situation économique, ou encore le statut social.

Compagnone et al. (2007), sur la base d’entretiens avec des agriculteurs en Bourgogne

(France), analysent les réseaux sociaux en distinguant le contenu des échanges, la position sociale des agriculteurs, et leur localisation géographique. Ces auteurs montrent comment le dialogue entre individus sur des questions techniques influent sur les pratiques fourragères.

Les réseaux sociaux sont connectés avec des acteurs extérieurs à la communauté. Isaac et al.

(2007), en analysant les réseaux qui se forment autour de la production de cacao dans les

systèmes agroforestiers au Ghana, montrent l’efficacité de ces réseaux à favoriser les échanges d’information en provenance des producteurs mais aussi de sources extérieures. Les

interactions au sein des réseaux peuvent également être stimulées comme c’est le cas de la Société Herbagère Estonienne (“Estonian Grassland Society”) dont l’un des objectifs est de développer les échanges de connaissances et d'informations entre la recherche interdisciplinaire, les conseillers et la société (Selge et Viiralt, 2004).

En cherchant à expliquer le peu d’utilisation des outils d’aide à la décision par les agriculteurs, Cerf et Meynard (2006) introduisent la notion de système de conseil et d’information afin de représenter les réseaux sociotechniques par l’intermédiaire desquels les agriculteurs produisent et partagent de l’information sur la conduite des processus agroécologiques. Les auteurs suggèrent en outre de prendre en considération l’existence et le fonctionnement de ces réseaux lors du développement d’outils d’aide à la décision.

4.7.3. Evaluer les apprentissages

L’évaluation des apprentissages n’est que peu abordée dans les articles explorés par cette bibliographie. Elle peut s’inscrire dans le cadre de la psycho-sociologie en mettant l’accent sur les apprentissages individuels et les changements de représentations des acteurs. Elle peut également s’inscrire dans le champ de la sociologie en mettant l’accent sur les interactions qui vont générer ces apprentissages, tant au niveau individuel que collectif.

King et al. (2001) ont montré, en travaillant au sein d’un groupe d’agriculteurs du

Queensland en Australie, que la méthode PAL (“Participatory Action Learning”, méthode d’apprentissage participatif se basant sur un questionnement des résultats d’expériences personnelles des agriculteurs) améliore l’efficacité d’apprentissage des individus et du groupe. D’un point de vue méthodologique, ils ont également montré que des méthodes d’évaluation qualitative et une approche “soft systems” permettent d’évaluer les avancées pour des apprentissages difficiles à mesurer. Cette méthode a été appliquée afin de déterminer ce que pensent les “apprenants” de l’efficacité des outils et des indicateurs d’apprentissage. Pour ces auteurs la pérennité du processus d’apprentissage de groupe repose sur trois facteurs : (i) le financement du groupe (pour permettre, entre autres, des visites de terrain ou des déplacements, et permettre au groupe de développer de nouvelles réflexions) ; (ii) la présence d'un animateur/facilitateur ; et (iii) la continuité de l'apprentissage.

Loevinsohn et al. (2002) proposent quant à eux un outil permettant d’évaluer les processus

d’apprentissage. Les auteurs suggèrent d’utiliser le modèle de Kirkpatrick20 pour l’appliquer au processus d’apprentissage par les agriculteurs dans des contextes d’environnement changeant (e.g. changement climatique, changement politique). Les quatre étapes de cette évaluation sont, dans l’ordre : 1) quelle réaction des participants (i.e. leur satisfaction) ; 2) quelle rétention des participants (i.e. ce que les agriculteurs ont retenu le contenu appris, peuvent-ils le ré-expliquer) ; 3) quelle application du contenu dans la réalité ; 4) quel impact sur les participants (impact social, économique, environnemental, etc.).

20

Donald Kirkpatrick, chercheur américain, a défini, à la fin des années 50, un modèle d’évaluation de la formation basé sur quatre niveaux d’évaluation : évaluation des réactions, évaluation de l’apprentissage, évaluation du niveau de transfert, et évaluation des résultats.

4.8. Les méthodes d’évaluation du conseil

Les dernières décennies ont vu émerger une culture de l’évaluation, dans un objectif de recherche de performance et d’efficacité des actions conduites par différents acteurs.

Dans le domaine du conseil en agriculture, les évaluations peuvent fournir des recommandations pour l’élaboration de politiques publiques, la définition des stratégies des bailleurs de fonds, ou le pilotage des dispositifs de conseil. C’est la raison pour laquelle les réflexions sur l’évaluation sont largement portées par des institutions telles que la Banque Mondiale, l’IFPRI, l’AFD21, le réseau de l’Initiative de Neuchâtel, et certains ministères de l’agriculture.

L’évaluation pose des questions méthodologiques importantes qui mobilisent une partie de la communauté scientifique intervenant dans le champ du conseil, tout en reconnaissant que nombre de questions sont communes à toutes évaluations conduites dans d’autres domaines (santé, crédit, aménagement de l’espace, etc.). L’évaluation peut être soit quantitative et relever d’une posture de recherche positiviste, soit qualitative et relever d’une posture de recherche constructiviste. Le degré de participation des acteurs dans le processus d’évaluation est fort divers et généralement plus élevé dans les approches qualitatives. Si quelques auteurs (e.g. Davis, 2008 ; Mancini et Jiggins, 2008) plaident pour une combinaison des approches qualitatives et quantitatives, peu de productions scientifiques traitent du développement de méthodes d’évaluation complexes.

Nous distinguerons dans cette partie les travaux de recherche qui portent sur l’évaluation des systèmes de conseil ou des dispositifs de conseil, de ceux qui abordent l’évaluation des impacts. La littérature sur l’évaluation est abondante et les références issues de notre base ne recouvrent qu’une partie des réflexions en cours. Nous nous focaliserons donc sur les méthodes utilisées en considérant que les réflexions sur les résultats des évaluations sont débattues dans certaines parties antérieures du document.

4.8.1. L’évaluation des systèmes et des dispositifs de conseil

Les réflexions méthodologiques portant sur l’évaluation des systèmes et des dispositifs de conseil ne sont pas les plus nombreuses dans la littérature. Il n’existe pas une méthode mais des méthodes adaptées à chaque étude en fonction de la question traitée, de l’entrée disciplinaire, et de la posture de recherche.