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frappages sur le site 2 (Villevêque Noir de Bourgogne)

3.3. Influence du climat

Le climat est un facteur intéressant car il est difficile d’interpréter les cycles du ravageur et de son prédateur seulement par les stratégies de lâchers et les traitements. En effet, dans tout le Val de Loire, il semble que la cochenille suive des grandes tendances indifféremment des parcelles, comme l’effondrement de 2017 et la remontée d’infestation de 2018. De plus, lorsqu’on discute de l’efficacité de R.lophantae comme agent de biocontrôle, sa résistance au froid est l’un des critères essentiels à l’implantation d’une large population sur nos parcelles.

3.3.1.

Adaptation de R.lophantae au climat

Ce n’est pas la première fois que cette coccinelle est utilisée dans une tentative de lutte biologique contre P.pentagona. Elle a été introduite avec succès dans certains pays, mais l’aire de répartition de ces pays pose une question évidente. En effet, R.lophantae s’est acclimatée sur P.pentagona en Italie depuis les années 1950-1960 sur agrumes, palmiers et palmiers-dattiers contre des cochenilles diaspines (Malausa et al., 2008). Aussi, la brève liste des pays où R.lophantae s’est révélée efficace en tant qu’agent de contrôle biologique, énoncée par Stathas (2000b) comprend la Californie, l’Italie, l’Argentine, les Bermudes, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Grèce et la Géorgie. Ces pays ont des climats relativement chauds et secs : il est légitime de se demander si R.lophantae est capable d’exercer une pression suffisante pour être efficace dans le Val de Loire et en Bourgogne, où le climat est plus froid et humide. Peut-être qu’avec certains autres facteurs, le climat empêche une population importante de s’installer de façon pérenne dans la région, ou l’empêche de se développer suffisamment pour réguler à elle seule la pullulation de cochenilles blanches du mûrier.

3.3.2. Remontée de P.pentagona vers le Nord – causes et limites

Il y a un siècle, P.pentagona faisait tout juste son entrée sur le territoire français, dans sa région la plus méridionale, à la frontière avec l’Italie (Vayssière, 1918). Il y a deux décennies, on la signalait finalement dans la moitié Nord de la France (Kreiter & Marro, 1997). Comme

tous les insectes, le cycle biologique et le développement de P.pentagona sont dépendants des températures extérieures. On peut alors faire le lien avec le phénomène de réchauffement global des températures qui fait aujourd’hui consensus dans la communauté scientifique. Porter (1991) énonce que dans le cas des arthropodes ravageurs, le réchauffement climatique peut remonter l’aire de répartition des dits ravageurs vers des régions plus septentrionales, ainsi qu’augmenter le nombre de leurs générations dans les régions où ils sont déjà installés. Par exemple, Bagglioni et al. (1993) émettait l’hypothèse que la succession d’hivers doux dans la région de la côte Lémanique (Suisse) ait permit l’installation de la cochenille dans la région. En Hongrie, des observations météorologiques ont renforcé l’idée que la progression d’insectes ravageurs vers des régions septentrionales pouvait être liée à un phénomène de réchauffement climatique. En effet, il a été observé que simultanément à l’augmentation des moyennes hivernales sur plusieurs décennies, certains ravageurs comme P.pentagona ont migré vers le Nord, dans des régions auparavant hors de leurs aires de répartition naturelles. Une réduction de la fréquence et la durée des périodes hivernales froides a été mis en cause : ces périodes constituent habituellement un obstacle à la progression des arthropodes ravageurs des cultures. Les évènements climatiques les plus durs (ici les plus froids) sont capables de réduire drastiquement une population d’insectes hivernants, et ralentir voire arrêter un phénomène de migration. Pour le cas de la Hongrie, si des séries d’hivers doux se reproduisent dans le futur, il se peut que des espèces nuisibles se disséminent dans des régions supplémentaires (Stollár et al., 1993).

En effet les périodes froides du climat de certaines régions posent encore des barrières à la progression du ravageur. Viggiani (.in Bagglioni et al., 1993) affirme que des températures comprises entre -5°C et -10°C cause une importante mortalité des femelles de P.pentagona hivernantes, et Bénassy (1958b) fait une corrélation directe entre des périodes de froid rigoureuses en février et une augmentation de la mortalité chez ces mêmes femelles hivernantes. Pour lui, ce rapport est particulièrement net lorsque les températures en question descendent sous la barre des -10°C. Une autre conséquence plus indirecte des climats frais selon lui est un décalage des cycles des parasites du P.pentagona. Cette fois-ci cela agit en faveur du ravageur en impactant l’efficacité des parasites comme A.proclia et E.berlesei. Les pullulations de cochenilles sont corrélées à l’absence de la première génération précoce du parasite P.berlesei dans la région Lyonnaise, en comparaison du pourtour méditerranéen où elle a bien lieu : une génération manquante du parasite en début de saison du fait de températures trop fraiches peut favoriser la pullulation de la cochenille dans la saison.

Si on se fie aux tendances communément admises en termes d’évolution globale des températures, c’est-à-dire un réchauffement, il est probable que P.pentagona continue d’envahir des régions de plus en plus septentrionales, et qu’elle présentera des générations plus nombreuses dans les régions où elle est déjà installée.

3.3.3. Données météo de Saint-Epain

Cette question est particulièrement importante lors des premiers lâchers d’auxiliaires de l’année, qui ont été réalisés en Avril, à des périodes où la météo n’a pas été toujours favorable. Il est soupçonné que des coups de froid, de gel ou de fortes précipitations handicaperaient l’installation des R.lophantae dans les parcelles d’Introduction. Et en effet, on observe sur la figure 30 que des températures négatives ont été observées en Avril voire en Mai dans la région en 2016 et 2017. On peut donc remettre en cause un lâcher si précoce des R.lophantae, ou définir un compromis en termes de températures et de période d’essaimage de la cochenille.

Concernant l’évolution des populations de P.pentagona, celle-ci ne peut pas être expliquée par la seule influence du climat, étant donné qu’aucun évènement climatique exceptionnel froid au chaud) n’aurait pu impacter grandement la survie de la cochenille. Néanmoins, il se les températures basses de l’hiver 2018, avoisinant les -10°C, sont censées augmenter la mortalité des cochenilles hivernantes… ce qui n’est pas observé car leurs populations remontent clairement cette année-là.

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