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Généralités sur l’asthme

IV. Physiopathologie de l’asthme allergique

3. Inflammation bronchique (Figure 2)

De nombreux acteurs sont impliqués dans l’inflammation bronchique constatée chez l’asthmatique [22]:

3.1. Polynucléaires éosinophiles (PNE):

C’est le chef de file de l’inflammation dans l’asthme. Il siège dans la muqueuse bronchique et la région intraépithéliale bronchique. Sa présence dans les voies aériennes est directement corrélée à la sévérité de l’asthme et permet aussi de définir le critère de sévérité de l’asthme chez un patient. Ils ont des récepteurs pour les immunoglobulines, appelées «Ig», pour le complément, pour les molécules d’adhésion et pour les chimiokines. Ils sont capables de synthétiser des cytokines et chimiokines parmi certaines interleukines « IL », le TNF alpha, le TGF béta, le GM-CSF leur permettant ainsi d’avoir un rôle direct dans l’immunorégulation, l’inflammation, la migration tissulaire, et le remodelage tissulaire entre autres. Ces derniers sont directement responsables d’une bronchoconstriction, d’une vasodilatation et d’une augmentation de la perméabilité vasculaire pouvant conduire à un œdème. Les PNE sont donc capables de sécréter des médiateurs et protéines particulièrement nocifs pour l’épithélium de l’arbre bronchique. Ils sont les garants de la pérennisation de la réaction allergique [23,24].

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3.2. Mastocytes:

Qui infiltrent la muqueuse bronchique tout au long du tractus respiratoire, ils sont plus nombreux chez l’asthmatique et sont souvent dégranulés. Ils prédominent dans la sous-muqueuse bronchique, sous la membrane basale de l’épithélium bronchique et à proximité des structures vasculaires et des glandes sous muqueuses; on les retrouve aussi en situation intra-épithéliale. Ce sont les cellules starters de la réaction IgE-dépendante, les mastocytes ont en effet pour caractère principal de posséder à leur surface des récepteurs pour l’IgE, chaque mastocyte étant capable de fixer plusieurs milliers de molécules IgE. Après activation par l’allergène, les mastocytes libèrent un large éventail de médiateurs préformés (histamine) et néoformés (médiateurs lipidiques telle que la prostaglandine PGD2), qui exercent un effet bronchoconstricteur direct ou interviennent dans la réaction inflammatoire par leur action vasorégulatrice, ou par leur pouvoir attractant vis à vis d’autres cellules, les mastocytes sécrètent également différentes cytokines.

3.3. Lymphocytes:

Ils ont aussi un rôle essentiel dans la pathologie asthmatique. Ils participent à la défense pulmonaire via notamment la production d’immunoglobulines de type E « IgE » spécifiques d’allergènes.

On démembre deux types de lymphocytes T: les lymphocytes T-CD8 qui sont appelés lymphocytes cytotoxiques et qui sont de véritables « tueurs » des cellules infectées par les agents intracellulaires comme les virus, puis les lymphocytes T-CD4 qui ont un rôle participatif dans l’aide des autres cellules du système immunitaire en vue de répondre aux infections extracellulaires par l’intermédiaire de la sécrétion de cytokines. Le rôle global des lymphocytes est l’initiation de la réaction inflammatoire, son maintien, le contrôle de la réponse immunitaire et la différenciation lymphocytaire.

Ces cytokines ont un rôle important puisqu’elles sont responsables de la stimulation de la sécrétion d’IgE par les lymphocytes B, de l’activation des monocytes et macrophages, de l’augmentation de sécrétion de mucus par les cellules caliciformes de l’arbre respiratoire et de l’augmentation d’expression de molécules d’adhésion cellulaires au niveau de l’endothélium et de l’épithélium respiratoire. Chez l’asthmatique, certaines cytokines sont produites en

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permanence dans les voies aériennes y compris en dehors des périodes d’exacerbations ce qui explique l’entretien d’une réaction allergique continue.

3.4. Macrophages:

Chez l’asthmatique, ils peuvent infiltrer la muqueuse bronchique et présenter des marqueurs membranaires de monocytes (donc fraîchement dérivés du sang) et des marqueurs d’activation (HLA-DR). Ils jouent vraisemblablement un rôle dans l’amplification et la pérennisation de la crise d’asthme, et la survenue de réactions retardées par la sécrétion de médiateurs chimiotactiques et de médiateurs cytotoxiques.

3.5. Polynucléaires neutrophiles:

Ce sont des granulocytes neutrophiles capables de sécréter de nombreux médiateurs comme des radicaux libres de l’oxygène ou encore des myéloperoxydases. Ils ont un rôle direct dans la lutte anti-infectieuse et dans les processus inflammatoires chroniques, c’est pourquoi on peut voir s’élever leur taux lors d’exacerbations sévères. La sécrétion de radicaux libres de l’oxygène ainsi que certaines enzymes comme la myéloperoxydase, la collagénase et l’élastase, pour ne citer qu’elle, va engendrer des lésions tissulaires, cellulaires et épithéliales, un œdème, ainsi qu’une activation cellulaire afin d’entretenir le phénomène inflammatoire.

3.6. Basophiles:

Ils sont aussi à l’origine de la prolifération des lymphocytes B et la génération d'anticorps par la sécrétion d’IL-4 et IL-6.

3.7. Cellules dendritiques:

Elles nichent au niveau de la couche épithéliale de l’appareil respiratoire. Elles sont considérées comme les cellules présentatrices d’antigènes (CPA) les plus efficaces, puisqu’elles ont un rôle dans la capture d’antigène (Ag). Ce sont des cellules dites « professionnelles » comme étant les seules à pouvoir engendrer une réponse primaire des LT. Dans l’asthme, l’accès des allergènes, qui sont des corps étrangers aux cellules dendritiques se fait plus facilement étant donné le remodelage important de la barrière épithéliale bronchique. Elles vont en quelque sorte « apprêter » l’antigène afin de le présenter aux lymphocytes T CD4 suite à une cascade réactionnelle [25].

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3.8. Cellules épithéliales des voies aériennes:

Aussi bizarre que cela puisse paraître, les cellules épithéliales des voies aériennes sont à la fois cibles et actrices de la réaction inflammatoire dans l’asthme. En effet, les médiateurs cytotoxiques qu’elles libèrent sont à l’origine d’une hyper réactivité bronchique, d’une perte de sécrétion de médiateurs relaxants, et d’une perte de la fonction de barrière pulmonaire protectrice avec mise à nu des terminaisons nerveuses sous-jacentes.

3.9. Chimiokines:

Ce sont un groupe de cytokines qui participent au recrutement tissulaire des cellules inflammatoires, visant à attirer les cellules de l’inflammation circulantes vers le site inflammatoire.

Figure 2: Schéma illustrant quelques-uns des différents acteurs de la physiopathologie complexe de

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