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M1 : « Pour moi, si j'avais dans les différents articles et les différentes sources tout de suite les niveaux de preuve, si je n'avais pas à les chercher. À côté de la biblio ou dans l'intérieur du texte comme dans l'HAS, qui est un petit encart, à chaque fois qu'il y ait une affirmation, le niveau de preuve. »

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Récapitulatif des principaux résultats

5.6

 La plupart des médecins généralistes ont des pratiques de recherche documentaire, un médecin ne se pose pas de questions donc il ne cherche pas. L'âge et la formation ne semblent pas être déterminants sur l'intérêt et la pratique de l'autoformation. Toutefois, les médecins qui cherchent le plus semblent être les médecins enseignants et les médecins à exercice particulier.

 Les médecins pratiquent la recherche documentaire en présence ou non du patient. Ils privilégient les questions ponctuelles et le partage d'information en consultation.

 Les médecins semblent privilégier les sources numériques, mais les sources papiers sont toujours utilisées.

 Ils déclarent utiliser un large éventail de ressources pour accéder à l'information : le moteur de recherche Google, les revues telles que Prescrire, les confrères, les sites universitaires et sociétés savantes, leur bibliothèque personnelle, la base de données CISMeF, les sites institutionnels comme la HAS et les synthèses de recommandation...

 Ils ne maîtrisent pas tous la définition de la qualité d'une information. Ils portent de l'importance à l'indépendance de l'information, à la validation par la science ainsi qu'aux références de l'auteur. Toutefois, il y a une grande variété de pratiques : certains utilisent des sources de qualité (base de données, synthèse de recommandations) alors que d'autres peuvent utiliser des sources peu crédibles financées par des laboratoires pharmaceutiques. Ces derniers semblent être des médecins de plus de 60 ans ou qui n'ont pas l'habitude de faire de l'autoformation.

 Certains médecins ont une confiance aveugle en leurs sources d'information. D'autres émettent des réserves. Il s'agirait plutôt des médecins de moins de 45 ans et des médecins enseignants.

 Les avis sur la fiabilité de la HAS sont variables et notamment à cause des conflits d'intérêts, de la politique de santé et des contraintes économiques. Elle reste toutefois une référence pour beaucoup.

 Pour la plupart des médecins, le discours des laboratoires pharmaceutiques n'est pas fiable. Un médecin pense qu'il est fiable, mais il ne fait pas beaucoup d'autoformation. Beaucoup reçoivent la visite médicale et pensent savoir distinguer la "bonne"

information.

 Les médecins ont également des avis divergents concernant la qualité du discours de leurs confrères. Ils font davantage confiance aux correspondants qu'ils ont choisi, avec qui ils ont des affinités ou ceux qui travaillent dans un CHU et à l'hôpital. Ils posent des questions à leurs confrères parce que c'est plus rapide et que la réponse est pertinente.

104 Toutefois, les médecins craignent que leurs correspondants aient des conflits d'intérêts, leur réponse est avis d'expert donc de bas niveau de preuve et souvent ils se plaignent de relations conflictuelles avec les médecins spécialistes.

 Les médecins peuvent visiter ou non les sites des sociétés savantes. Ce sont surtout les médecins enseignants et les plus jeunes qui utilisent cette ressource. Les avis divergent concernant la fiabilité. Certains craignent les conflits d'intérêts.

 Tous les médecins reçoivent les journaux d'information alors qu'ils n'y sont pas abonnés. Les médecins qui ne les lisent jamais semblent faire plus régulièrement de la recherche documentaire, ce sont principalement les médecins enseignants et les médecins de moins de 45 ans. Les autres médecins disent les parcourir pour l'actualité médicale et

professionnelle.

Parmi les revues de formation, Prescrire semble être la référence, la plupart des médecins lui voue une confiance absolue, d'une part parce qu'elle est indépendante de l'industrie pharmaceutique et, d'autre part parce qu'elle utilise la méthode des synthèses et revues systématiques. Toutefois, certains médecins trouvent Prescrire trop précautionneux, ce sont principalement des médecins qui font peu voire pas de FMC et peu d'autoformation. Les médecins qui ne sont abonnés à aucune revue font peu de FMC et de recherche documentaire.

 Pratiquement tous les médecins utilisent Google, ce dernier permet une recherche rapide et facile et notamment en consultation, les résultats obtenus sont nombreux. Les

médecins rapportent qu'il faut toutefois faire preuve d'esprit critique pour évaluer l’information. Ils sont moins exigeants face aux réponses trouvées.

 Beaucoup de médecins visitent la base de données CISMeF, ce sont plutôt des médecins qui ont des connaissances sur la recherche documentaire et l'évaluation de la qualité. Elle est surtout utilisée en dernier recours ou pour la recherche bibliographique. PubMed est cité par les "férus" de recherche documentaire.

 Concernant les sources EBM, beaucoup de médecins ne les connaissent pas et notamment les plus de 45 ans. Ceux qui les utilisent sont les médecins enseignants et les médecins qui ont l'habitude de faire de la recherche documentaire ou de la FMC. Cochrane est plus visité depuis que le site est en français.

 Certains médecins disent ne pas avoir de difficultés avec la recherche documentaire du fait de la surabondance d'informations. Toutefois, d'autres évoquent leurs difficultés: le manque de temps,un âge avancé, le manque d'intérêt, un manque de technique pour la recherche documentaire et de connaissance pour l'évaluation de la qualité, le manque de FMC, la barrière linguistique, une mauvaise ergonomie des sites internet, le coût pour l'accès à l'information et l'actualisation des sources papiers. Ils ont tendance à adopter certains comportements dans leurs recherches : la recherche sur Google, le langage

105 naturel, le surf de « lien en lien », l'avis de confrères. Quelques-uns se risquent aux

recherches avancées et à l'utilisation des opérateurs booléens.

 Ils envisagent plusieurs solutions pour améliorer leurs recherches : recevoir une

formation à la recherche documentaire et à la lecture critique d'article, ou, déléguer leur travail de recherche et d'évaluation de la qualité à un organisme tiers qui leur créerait un site internet indépendant avec une information vérifiée, synthétique, actualisée avec une ergonomie optimisée. Les médecins formateurs sont moins nombreux à demander un site.

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6 Discussion

Le choix de la question

6.1

Plusieurs études se sont intéressées aux sources d'information des médecins généralistes français. Une étude quantitative réalisée, en 2008, sur 137 médecins généralistes (8) retrouvait que les médecins utilisaient principalement des ressources donnant accès à des informations de qualité variable, telles que les revues généralistes et Google.

Il en est, de même pour l'étude quantitative de 2009 de N.Houbart sur 255 médecins généralistes (20). 89.9% des médecins interrogés utilisent Google. Univadis est même reconnu deuxième site préféré alors qu'il dépend du laboratoire MSD.

Les médecins généralistes utilisent donc des informations de qualité variable lors de leur autoformation. Il était intéressant d'en connaître les raisons.

L'objectif de mon travail était de faire le point sur les pratiques de recherche documentaire des médecins généralistes et d'étudier les difficultés et les freins qu’ils peuvent rencontrer, par une étude qualitative. Ainsi, il serait possible de proposer des solutions pour que les médecins utilisent une information de qualité.

Le choix de la méthode