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Néanmoins, l’incorporation tend bien à améliorer l’efficacité des produits testés malgré la non significativité des résultats, ce que confirment pour la Haute Lande les données bibliographiques (Wax

et al., 1972). En particulier, le gain d’efficacité est surtout accru pour les produits initialement peu

solubles. L’incorporation dans le sol améliore donc leur dissolution.

5.2.4. Bilan sur les essais de lutte chimique en Haute Lande

Les résultats précédents, associés à ceux obtenus par le GRCETA dans d’autres essais,

permettent un choix de plusieurs produits. Il est cependant nécessaire de reconduire les essais afin d’en

confirmer les résultats. En effet, les conditions climatiques lors de l’application des produits peuvent

en modifier l’appréciation. Le Dual Gold par exemple, assez efficace contre C. esculentus, est très

sensible aux conditions d’humidité lors de l’application et des quelques jours qui la suivent en raison

de sa très faible solubilité. Une pluie ou un arrosage après le traitement améliore ainsi fortement son

efficacité. La date d’application, à relier au stade de développement de l’adventice, est également

primordiale. Par exemple, les résultats obtenus avec le Round’Up sont contradictoires selon la date

d’application. Une application tardive s’est révélée inefficace en 2004 alors que les résultats obtenus

sont assez satisfaisants en 2005, lorsque les traitements ont été réalisés plus tôt en saison.

Il est intéressant de remarquer que les produits les plus efficaces en traitement de prélevée

(Dual Gold, Isard et Camix notamment) appartiennent à la famille des acétamides s.l. et agissent donc

en inhibant 1) la synthèse des lipides, en particulier des acides gras précurseurs des cires et de la

subérine et 2) les enzymes conduisant à la production des gibbérellines (cf. Annexe 6). De plus, le

s-métolachlore est homologué en maïs (Dual Gold) et en haricot vert (Mercantor). L’utilisation de l’un

de ces produits, appliqué en incorporé, devra cependant être relayée par un traitement foliaire,

généralement l’association Mikado–Basamaïs qui combine l’action des tricétones (inhibition de la

synthèse des caroténoïdes) et des benzothidiazones (blocage de la protéine D1 du photosystème II

intervenant lors de la photosynthèse).

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Par ailleurs, la modalité travail du sol s’est révélée également intéressante dans un essai réalisé

en 2004. Les applications de cette technique, notamment dans le cas d’intercultures longues (haricots

verts en monoculture, semis précoce de maïs doux par exemple), ne sont pas négligeables. En effet,

toutes les techniques de travail du sol, en particulier les façons superficielles, ont pour effet immédiat

de détruire la flore adventice de surface lorsque celle-ci est en végétation active. De plus, le travail du

sol peut être bénéfique pour stimuler la germination des tubercules de C. esculentus. La perturbation

du sol à l’automne tend également à remonter les tubercules en surface où la dessiccation et les

températures froides dominent en hiver, augmentant sensiblement la mortalité des tubercules

(Cloutier, 1986 ; et Chapitre IV, Partie 1 de ce document). Le travail du sol constitue donc une

composante intéressante d’un programme de contrôle de l’adventice. Hauser (1962) et Glaze (1987)

ont montré que la prolifération de l’espèce est corrélée à la réduction du travail mécanique et Buhler

(1995) que l’abandon du labour est un facteur de changement de la flore adventice et d’une réduction

de l’efficacité des pratiques de contrôle.

De nouveaux essais restent nécessaires pour préciser la périodicité des interventions et surtout

les stades phénologiques de C. esculentus à privilégier. Néanmoins, les résultats obtenus ici, ainsi que

les remarques de certains agriculteurs sur l’utilité de cette pratique, indiquent un intérêt non

négligeable du travail du sol pour lutter contre l’adventice.

Enfin, étant donné l’absence d’herbicides capables de détruire les tubercules en place, les

traitements, qu’ils soient chimiques ou mécaniques, doivent avoir lieu avant la production des

tubercules, soit en début de cycle, à la levée des premières pousses de manière à retarder au maximum

le développement de l’espèce et bénéficier ainsi du raccourcissement de la saison de croissance (cf.

Chapitre IV), soit au moment où les réserves de l’individu sont les plus faibles, juste avant le début de

la tubérisation (cf. Chapitre V, partie 2). Le traitement de couverture (ou rattrapage), foliaire, doit donc

avoir lieu assez tôt en saison (idéalement première quinzaine de juillet) de manière à retarder au

maximum l’allocation des ressources aux organes de réserve. En cas de récolte précoce (maïs doux fin

juillet par exemple), un travail du sol pourra également être réalisé en post-récolte de manière à

interrompre l’accumulation des réserves dans les tubercules.

C. esculentus est donc une adventice pérenne dont les tubercules restent difficiles à détruire

chimiquement, aussi bien avec des herbicides systémiques que des herbicides à absorption racinaire.

De plus, les systèmes culturaux de Haute Lande tels qu’ils sont actuellement pratiqués se caractérisent

par une importante proportion dans les successions de cultures légumières pour lesquelles il n’existe

pas d’herbicides sélectifs efficaces contre la mauvaise herbe. Les herbicides non sélectifs, appliqués

lors des intercultures, constituent donc a priori la seule solution envisageable pour lutter contre C.

esculentus. Malheureusement, l’irrégularité dans la fréquence et dans le temps des intercultures, liée à

Chapitre V : Vers des solutions pour contrôler et limiter l’expansion géographique en Haute Lande

la diversité des cultures pratiquées, ne permettent pas de traiter aux stades phénologiques les plus

importants de l’adventice pour lutter contre la production des tubercules. Certaines années, aucun

désherbage contre C. esculentus n’est donc possible et l’espèce peut croître sans aucune entrave si

aucune autre méthode de lutte n’est envisagée. En conséquence, pour conserver une lutte chimique

contre l’adventice, il est indispensable de modifier les systèmes de culture en favorisant les espèces

pour lesquelles il existe des herbicides sélectifs et efficaces (maïs et haricots verts) et en ménageant

des fenêtres de traitements (systémiques et non sélectifs) sans cultures correspondant aux stades de

développement de la mauvaise herbe antérieurs à la tubérisation.

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5.3. Modélisation du cycle de développement végétatif de

Cyperus esculentus et utilisation du modèle à des fins

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