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1.   L’automédication :

1.4.2.   Incitation  par  le  manque  de  médecin

Outre la publicité et le libre accès aux médicaments, l’automédication est en augmentation ces dernières années (23) en raison d’un accès de plus en plus difficile aux réseaux de soins par les patients du fait du manque de médecin.

Au 1er janvier 2007, selon les chiffres publiés (29-30) par l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), la France comptait 101 549 généralistes et 106 642 spécialistes, soit un total de 208 191 médecins. Cependant selon les dernières projections de la DREES (30) le nombre de médecins devrait diminuer de près de 10% dans les dix ans à venir, pour s’établir à 188 000 en 2019.

Ces projections montrent que la France sera confrontée à une pénurie de professionnels de santé dans les prochaines années. Depuis 2008 et, jusqu’en 2015, les cessations d’activité de médecins seront supérieures aux installations, amenant à une baisse du nombre de médecins en activité durant cette période.

La densité médicale, correspondant au nombre de médecins par habitants sur un territoire donné, va encore diminuer dans les prochaines années. En 2011 on dénombre 306,7 médecins

(31) pour 100 000 habitants, soit 1 médecin pour 326 habitants, contre 327 médecins pour 100 000 habitants en 2006. Selon les projections de la DREES (30), la densité médicale atteindrait 292 médecins pour 100 000 habitants en 2030.

Cette densité moyenne cache cependant d’importantes disparités géographiques (31). Ainsi, si la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) compte 419 médecins pour 100 000 habitants, soit à 1 médecin pour 238 habitants, la Picardie n’en compte que 260, soit 1 médecin pour 384 habitants.

Il existe de forts écarts de densité médicale entre régions. La baisse du nombre de médecins va se traduire par un creusement de ces disparités, notamment dans les zones sous-médicalisées.

1.5. Les risques de l’automédication et la

responsabilisation du patient

L’automédication fait actuellement l’objet d’un débat important en France depuis que le ministère de la santé a encouragé le recours direct à cette pratique pour les pathologies bénignes les plus courantes (21) avec les médicaments en libres accès (10). Cela permet des économies de santé vis-à-vis de la prise en charge des pathologies les plus bénignes (13-17-21).

Les patients sont donc incités par les pouvoirs publics à se responsabiliser dans la prise en charge de leur santé mais aussi par les firmes pharmaceutiques par le biais de publicités sur les médicaments à PMF (correspondant à un marché lucratif) au dépend du suivi thérapeutique et du bon usage du médicament appliqués par l’ensemble des professionnelles de santé.

Cette responsabilisation et cette autonomie se font au risque de complications potentiellement graves comme :

• entrainer des effets iatrogènes par l’absence de connaissance des médicaments utilisés par les patients et entraînant ainsi des risques pour leur santé,

• masquer une affection en dissimulant des symptômes importants qui seraient le reflet de pathologies plus ou moins graves,

• retarder le diagnostic et la prise en charge de la maladie et donc une perte de chance pour guérir une maladie sous-jacente (28-32).

Dès lors, les principaux risques de l’automédication sont (4-7-20-33-34-35) : -­‐ sous-estimer sa pathologie,

-­‐ utiliser un médicament inefficace, inadapté ou à une mauvaise posologie, -­‐ fausser des résultats biologiques,

-­‐ masquer des symptômes majeurs,

-­‐ entrainer une polymédication et une surconsommation, -­‐ entrainer des interactions médicamenteuses.

La pratique de l’automédication soulève un questionnement notamment sur la sécurisation de cette pratique pour le patient.

En effet, des études démontrent que :

• la majorité de la population ne connaît pas la posologie exacte d’administration des médicaments (33-34-35),

• l’iatrogénie des médicaments d’automédication représenterait 2 à 10 % des causes de consultation aux urgences (34-35),

• un nombre important d’intoxications médicamenteuses volontaires dont 40% ont été réalisées avec des médicaments d’automédication (36) en particulier avec les antalgiques (médicaments à PMF et en libre accès),

• près d’une femme enceinte sur cinq s’automédique (34).

Afin de limiter les risques liés à l’automédication, l’AFSSAPS met en ligne des fiches explicatives sur le traitement de la douleur (Annexe 4) ainsi que des informations disponibles pour encourager une pratique contrôlée de l’automédication (Annexe 5) et des fiches de bon usage de l’automédication (Annexes 6 et 7). Pour essayer de sécuriser la pratique de l’automédication, l’AFSSAPS propose les « 7 règles d’or de l’automédication ». Les patients sont encouragés par de nombreuses sources médiatiques dans cette autoprescription avec de nombreux ouvrages médicaux vulgarisés comme par exemple « le guide de tous les médicaments » ou le « Vidal de la famille» (37).

Des recommandations (38, Annexes 4, 6 et 7) destinées aux patients ont été élaborées par des professionnels de la santé :

-­‐ privilégier les médicaments « conçus pour l’automédication », -­‐ éviter la prise de médicament à PO,

-­‐ avant de prendre un médicament en automédication, solliciter le conseil d’un pharmacien,

-­‐ lire la notice attentivement et ne pas dépasser la dose recommandée, -­‐ récuser toute « polymédication ».

Cela n’est plus applicable depuis la mise en accès libre de certains médicaments car le pharmacien ne joue plus de rôle de conseiller pour la sécurité sanitaire. Aucun médicament n’est anodin et ils comportent tous des risques.

Le ministère de la santé a ouvert le champ de l’automédication à un large panel de classes thérapeutiques disponibles en officine pour de nombreux groupes de pathologies. Il réfléchit actuellement sur la possibilité d’acheter via internet des médicaments d’automédication mettant fin ainsi au monopole de la dispensation et de la délivrance des médicaments par le pharmacien. Et selon une étude récente, 25% des français (19) accepteraient d’acheter leurs médicaments ailleurs qu’en pharmacie.

Face à une incitation grandissante de l’automédication par les firmes pharmaceutiques et le ministère de la santé, l’automédication n’en demeure pas moins un comportement. Ce comportement diffère-t-il entre la population civile et militaire et quels sont les facteurs l’influençant ? Pour le savoir, il est nécessaire d’étudier les caractéristiques de cette population militaire.

2. Le 1

er

Régiment d’Infanterie de Sarrebourg

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