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PREMIERE PARTIE

B. Inégalité de répartition au niveau national

Entre 1990 et 2009, l’effectif des médecins en activité toutes spécialités confondues a augmenté de 22%, alors que la population augmentait de moins de 10%. Suite à l’application des différents plans pour lutter contre l’excès de médecins sur le territoire, cette évolution a progressivement ralenti. D’après les projections de l’INSEE, la densité médicale va passer de 327 à 279 médecins pour 100 000 habitants entre 2006 et 2020, pour revenir au niveau des années 1980 vers 2020 (20).

Dans un rapport du Pr J. Langlois de décembre 2001, portant sur la démographie médicale future (6), les disparités concernant la répartition des médecins y sont évoqués (Nord/Sud). Ces inégalités de répartition vont donc engendrer une source d’inégalité dans l’offre de soins de la population. Ces disparités sont décrites à l’échelle régionale mais également à l’intérieur de nombreux départements. La désertification dans certaines régions rurales y est évoquée, ainsi que des concentrations plus importantes dans les zones fortement urbanisées.

On note également de fortes disparités entre les omnipraticiens (reconnu comme spécialité depuis 2007, suite à la loi n° 2002-73 de modernisation sociale article 60) et les « spécialistes », mais aussi entre spécialités (anesthésie réanimation, pédiatrie, psychiatrie, obstétrique et ophtalmologie sont déjà en crise d’effectif) (1).

Depuis 2007, le CNOM publie chaque année un atlas de la démographie médicale en France, permettant de faire un état des lieux de la répartition des médecins, et d’évaluer notamment l’évolution des effectifs à l’échelle départementale et régionale.

Au premier janvier 2016, le tableau de l’ordre recense 285 840 médecins toutes spécialités confondues, dont 9 179 en Lorraine. On dénombre 215 583 médecins en activité totale, et 70 257 retraités dont 15 878 en cumul emploi-retraite (activité libérale/mixte/salariée ou remplaçant) (21). Entre 1979 et 2016 les effectifs ont augmenté de 140.5%, les médecins actifs enregistrent une hausse

42 de 92,4% alors que le pourcentage de retraités augmente de 940% (21). Entre 2007 et 2015 les effectifs en activité régulière ont diminué de 0.2% et devraient décroitre encore jusqu’en 2025 selon les prévisions(18).

Figure 2:Effectifs des médecins en activité régulière, de l’observé à l’attendu, Atlas de la démographie médicale 2015

Le tableau de l’Ordre recense 88 886 médecins généralistes en activité régulière au premier janvier 2016 (21). En 2015, 64.7% d’entre eux exercent en secteur libéral/mixte, soit une diminution de 10,3% sur la période 2007/2015 (18). Selon les prévisions, la baisse d’effectif devrait se poursuivre jusqu’en 2025 pour atteindre 81 455 médecins généralistes en activité régulière (21).

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Figure 3:Effectifs des médecins généralistes libéraux/mixtes, de l’observé à l’attendu, Atlas de la démographie médicale 2015

Au premier janvier 2016, l’âge moyen des généralistes libéraux et mixtes est de 52 ans, 16% sont âgés de moins de 40 ans, et 27.3% ont 60 ans ou plus. Ces chiffres reflètent bien le vieillissement de la population médicale, et explique les nombreux départs à la retraite des dernières années (21).

La diminution des effectifs en médecine générale touche l’ensemble des régions françaises avec d’importantes variations. Contrairement aux idées reçues, la plus forte baisse est enregistrée en région Ile-de-France (-17.1% entre 2007/2015), et les plus faibles baisses sont relevées en Alsace et Franche Comté (-3.6% entre 2007/2015) (18).

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Figure 4 : Variation régionale des effectifs des médecins généralistes libéraux/mixtes entre 2007 et 2015

A l’échelle départementale on remarque de très fortes inégalités en termes de répartition. Sur la période 2007/2014, 16 départements enregistrent une hausse de leur effectif, mettant en évidence une forte attractivité pour le bord de mer le long de la façade atlantique, et de 5 départements de la région Rhône Alpes. La Savoie enregistre la plus forte hausse (+6.5%) puis le département de la Loire Atlantique (+6.4%). La plus forte baisse des effectifs de médecins généralistes est mesurée à Paris (-21.4%) puis vient le département de l’Aisne (-18.1%), la Nièvre et le Val de Marne (3).

Afin d’évaluer la désertification médicale, il est indispensable de prendre en compte l’évolution de la population générale. Pour exemple en 2014, la région Pays de la Loire présente une forte attractivité en termes de démographie médicale (+5.7%) mais également en termes de population générale (+5.9%). En 2014, seuls l’Alsace, la Basse Normandie et le Nord Pas de Calais, enregistrent une augmentation plus importante des effectifs des médecins en activité régulière, comparativement à l’évolution de la population générale a la même période (3).

En 2015, la densité médicale est de 88.7 médecins généralistes libéraux et mixtes pour 100 000 habitants. En 2007, elle était de 100,1 médecins généralistes pour 100 000 habitants. Toutes les régions ont enregistré une baisse de leur densité médicale.

La plus forte baisse de densité a lieu en Ile-de-France, passant de 88.7 à 73 médecins généralistes pour 100 000 habitants, entre 2007 et 2015. La région PACA contre toute attente se positionne au 3eme rang des régions qui enregistrent la plus forte baisse.

45 Les plus faibles baisses de densité entre 2007 et 2015, sont mesurées en Franche-Comté, Corse et Alsace (18).

Parmi les 13 régions qui composent la métropole au premier janvier 2016, la région Champagne Ardenne, Alsace et Lorraine se situe au 7éme rang en terme de densité médicale (21).

L’étude de la densité médicale des généralistes à l’échelle départementale met en évidence la présence d’inégalités importantes. Les départements de Paris et de l’Yonne enregistrent une baisse de 25% de leur densité médicale entre 2007 et 2015. Seuls les départements du Doubs et de la Savoie présentent une densité stable au même moment (18).

Figure 5 : Densité des généralistes en exercice libéral/mixte en 2015, à l'échelle départementale (source : CNOM, INSEE)

En conclusion, l’étude de la démographie médicale a permis de mettre en évidence des disparités importantes quant à la répartition des médecins sur le territoire. Lorsque que l’on étudie les chiffres à l’échelle régionale, on s’aperçoit que le problème de la désertification médicale, ne se résume pas à un simple tropisme du Nord vers le Sud, mais fait apparaitre des inégalités importantes au sein même

46 d’une région. C’est pourquoi à partir de 2009, le CNOM a réalisé des atlas régionaux, pour analyser de façon plus pertinente cette évolution.

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II. Etat des lieux de la démographie médicale en lorraine

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