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Prix forward Y+1

VI.3. Imprécision des anticipations

Immaturité du marché des quotas

35. L’électricité livrée en 2005 a été en grande partie vendue les années précédentes. Or les plans d’allocations nationaux n’ont été finalisés que dans le courant de l’année 2004, voire début 2005 et le marché des quotas n’a réellement débuté qu’en avril 2004. Pour ces raisons, le prix forward de l’électricité livrée 2005, n’intègre probablement que très partiellement le prix de marché des quotas observé en 2005.

En 2005, 206 millions de tonnes de CO2 ont été échangées, ce qui représente un peu plus de 10% des EUAs alloués. Le prix moyen a été de 18,25 EUR par quota. Les trois quarts des transactions ont été réalisées OTC par des brokers. Seul un quart des transactions a été réalisé via des plateformes d’échange. Les transactions spot représentaient 1% du volume en 2005.

Actuellement, le marché des quotas reste un marché immature, pas totalement fonctionnel :

• les registres de l’Italie, de la Hongrie, de la Grèce, de la Pologne, de Malte, de Chypre et du Luxembourg ne sont toujours pas opérationnels ;

• un des 25 Etats membres, la Pologne ne dispose toujours pas d’un plan d’allocation national approuvé ;

• le volume des transactions est encore faible. En dehors des traders et des brokers, les intervenants sur le marché sont principalement les entreprises Allemandes, Anglaises, Espagnoles et Hollandaises dont l’énergie est le core business. Les entreprises des autres secteurs couverts par la directive et dont la production d’électricité représente une activité annexe ne sont pas encore présents sur le marché. Or, ces entreprises ont en général reçu plus de quotas que le secteur électrique.

Il s’agit donc d’un marché peu liquide dont le fonctionnement imparfait n’assure pas la détermination de prix totalement significatifs et prévisible. Dans ces conditions, il est difficile de réaliser une anticipation correcte du prix future des quotas qui garantirait une intégration totale du coût d’opportunité du carbone dans l’offre des producteurs.

D’après Merrill Lynch2, les évolutions récentes indiquent que c’est le prix de l’électricité sur le marché allemand qui influence le prix des EUAs et non l’inverse. Cela s’expliquerait par le fait que le marché allemand de l’électricité est important et que le marché des émissions est à la recherche de signaux extérieurs de référence.

Le prix de marché des quotas va dépendre de la pénurie de quotas. Le marché européen devrait être en déficit de 60 à 80 millions de tonnes par an entre 2005 et 2007. Toutefois, une étude récemment publiée par la banque d’investissement UBS A.G. suggère que le marché pourrait être en surplus3. La publication, le 15 mai prochain des émissions 2005 de l’ensemble des installations couvertes par le système européen donnera une information importante à ce sujet susceptible d’influencer les prix.

Relation entre le prix du carbone et le prix des combustibles

36. Si le producteur intègre le coût d’opportunité du carbone, puisqu’une centrale au charbon émet plus de CO2 qu’une centrale au gaz pour produire 1 MWh, l’avantage concurrentiel du charbon va se réduire. A partir d’un certain prix du carbone, le gaz va prendre l’avantage sur le charbon et un fuel switch va s’opérer, rendant la production d’électricité moins polluante. C’est l’effet recherché par le mécanisme du cap and trade. Le coût des émissions de gaz à effet de serre est internalisé. Mais plus le prix du gaz augmente par rapport au prix du charbon, plus le prix des quotas doit être élevé pour atteindre le breakeven.

Si l’évolution du coût des combustibles était parfaitement anticipée par les producteurs, le prix des quotas serait déterminé par ce breakeven. A court terme, alors que parc de production est figé, le prix du carbone réaliserait un arbitrage entre les coûts d’exploitation des centrales marginales au gaz et au charbon.

Or les évolutions récentes sur le marché sont les suivantes :

2 Point Carbon 01/03/2006 “Gas and emissions correlation should grow with liquidity”

3 Point Carbon 07/02/2006 « UBS says EUA could collapse in May »

Graphique 3 : Evolution du prix des combustibles par rapport au prix futur des quotas d’émission (livraison décembre 2006)

Ce graphique met en évidence trois évolutions récentes :

• le prix du gaz a fortement augmenté du fait de sa liaison aux cotations internationales du pétrole (NB : il se peut que pour certaines centrales au gaz, les contrats d’achat de gaz soient indexés sur le prix du charbon) ;

• le prix du charbon moins lié au prix du pétrole est resté stable ;

• l’augmentation du différentiel de prix entre le charbon et le gaz est un des principaux facteurs de l’augmentation du prix des quotas d’émission. Celui-ci a engendré une substitution du gaz par le charbon qui n’avait pas été anticipée par le marché et donc une demande accrue de quotas pour couvrir le surplus d’émissions de CO2.

37. Le graphique suivant donne une idée de l’évolution de l’écart des marges dégagées par les centrales au gaz et au charbon (spreads) en fonction du prix des deux combustibles et du prix des quotas d’émission.

Graphique 4 : Evolution de l’écart entre dark spread4 et spark spread5 et entre carbon adjusted dark spread et carbon adjusted spark spread en Belgique

Ecart dark spread / spark spread et carbon

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