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Implications socio-économiques

Quels sont et où sont les principaux exploitants d’eau souterraine ?

En règle générale, l’auto-approvisionnement en eau – qu’il s’agisse d’eau potable, d’eau d’irrigation ou d’eau industrielle – fait appel à l’eau souterraine (ressource de proximité), beaucoup plus souvent qu’à l’eau de surface.

Le nombre et la situation des agents économiques exploitants d’eau souterraine découlent donc d’abord du poids de l’auto-approvisionnement dans chaque secteur d’utilisation. C’est, sans conteste, dans le secteur de l’agriculture irriguée que les agents qui s’auto-approvisionnent par exploitation individuelle d’eau souterraine sont beaucoup plus nombreux que les prélèvements de l’eau de surface, les irrigants par eau de surface dérivée étant, pour la plupart, desservis par des réseaux collectifs ou publics. Les agriculteurs irrigants sont ainsi, de beaucoup, les exploitants d’eau souterraine les plus nombreux et ceux qui se sont le plus multipliés aux époques récentes dans le monde : ils se chiffrent, à présent, par millions dans les pays où l’utilisation d’eau souterraine pour l’irrigation est massive : l’Inde en

Viennent ensuite les collectivités urbaines ou rurales assurant (ou déléguant) le service de production-distribution d’eau potable. Celles qui exploitent à cette fin l’eau souterraine, ou captent des sources, sont sensiblement plus nombreuses dans beaucoup de pays que celles qui exploitent des eaux de surface, y compris les communautés rurales qui se bornent à créer des «points d’eau» (cf. l’exemple du développement de «l’hydraulique villageoise» en Afrique sahélo-soudanienne dans les années 80-90, avec la réalisation de plusieurs dizaines de milliers de puits ou forages).

Aspects économiques spécifiques

La variété des utilisations de l’eau souterraine se traduit par de sensibles différences de valeur d’usage, de même que la diversité des parts de l’eau souterraine comme source d’approvisionnement différencie les importances relatives des agents économiques concernés.

- Le secteur de l’alimentation en eau potable correspond à des utilisations de grande valeur économique – en même temps que sociale –, à un service public et, généralement, marchand, à la prédominance des agents intermédiaires producteurs-distributeurs répartis de manière très variée suivant les pays et les situations locales entre agents publics (État, municipalités, syndicats…) et privés (gestion déléguée).

La prépondérance fréquente de ce secteur dans l’exploitation et l’utilisation des eaux souterraines grossit globalement la part et la valeur marchande des eaux souterraines.

- Dans le secteur industriel non desservi, les exploitants d’eau souterraine sont des entreprises (privées, voire publiques) directement utilisatrices et l’eau n’est pas marchande. Ses prélèvements peuvent seulement être soumis à des redevances.

- Dans le secteur de l’irrigation par eau souterraine, prédominent aussi très largement les exploitants individuels directement usagers (agriculteurs irrigants) qui ne prennent en charge que les coûts directs d’exploitation (plus souvent subventionnés que sujets à imposition...) et opèrent, généralement, en vertu de droits d’eau attachés à la propriété du sol, mais les prélèvements peuvent aussi être soumis à des redevances.

En conséquence, l’utilisation de l’eau souterraine pour l’irrigation est généralement plus économe et plus valorisante que l’usage d’eau de surface distribuée par des réseaux collectifs. Comme l’a montré R. Llamas dans l’exemple de l’Espagne : l’irrigation par eau souterraine serait cinq fois plus productive – en terme de rendement économique : valeur de production par m3 d’eau utilisé – que l’irrigation par eau de surface, tant du fait d’une efficience en moyenne très supérieure qui permet de réduire les demandes en eau par hectare (en moyenne 5 000 m3/an avec l’eau souterraine au lieu de 10 000 m3/an avec l’eau de surface), que du fait des choix de spéculations agricoles à plus forte valeur ajoutée.

L’irrigation par eau souterraine fournit 30 à 40 % de la production totale de l’agriculture irriguée alors qu’elle n’utilise que 20 % du volume total d’eau d’irrigation (R. Llamas, 1996).

Selon l’IWMI (2005), la valeur de la production de l’agriculture irriguée par eau souterraine dans le monde serait de l’ordre de 150 à 170 milliards d’US $, ce qui correspondrait à une productivité moyenne de 0,2 $ par m3 d’eau utilisée.

Ainsi, dans l’ensemble, l’utilisation d’eau souterraine, qui relève plus du secteur privé que du secteur public de l’économie de l’eau, a une valeur économique nettement plus forte que la seule proportion des volumes d’eau en jeu.

On peut en conclure que l’eau souterraine prélevée est généralement mieux utilisée que l’eau de surface et que l’eau souterraine constitue généralement la part des ressources en eau qui a la plus grande valeur économique. Aussi, la conservation de sa reproduction et la préservation de ses qualités doivent être un objectif prioritaire de la gestion des ressources en eau.

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