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4 L E SCOUTISME INTERNATIONAL

4.1 Impact de la religion

Le mouvement s’est exporté mondialement, et la religion y a joué un rôle important. En effet, le soutien qu’a reçu le scoutisme par les autorités religieuses catholiques d’Europe a contribué à son implantation dans les autres pays.

Même si l’enthousiasme n’était pas grand au début, car on reprochait au mouvement un rapport trop fort avec le mouvement naturaliste et maçonnique16, Savard (1983) constate un déblocage dès 1920. La création de la Fédération nationale des scouts de France (catholique) a contribué à donner une première impulsion à son développement.

« La méthode scoute [peut] s’adapte[r] parfaitement à la jeunesse catholique » (Savard, p.222). Le patriotisme, la fidélité à Dieu, la foi, la fraternité et la défense de la Patrie sur lesquels se fonde le mouvement sont des aspects importants sur lesquels l’Église va se focaliser. Les États s’y intéressent aussi. Ils y voient « [...] un correctif à l’éducation scolaire trop livresque (p.222) ou encore une proposition qui comble un manque d’encadrement de la jeunesse qu’on ne sait pas comment occuper. C’est ainsi que de nombreux groupes scouts indépendants vont apparaître au sein des États, tels que le Canada, la France, l’Italie, les États-Unis qui adaptent17 le mouvement officiel pour répondre à leurs idéaux. Mais le mouvement ne se focalise pas sur une religion, car « le dieu de Baden Powell est plus une divinité supérieure que celui d'une religion déterminée » (LaToileScoute, 2004, p.2). C’est ce qui lui a permis une expansion au sein des pays non catholiques18.

16 Le rapport trop fort avec la nature inquiète les autorités catholiques (lien qui s’oppose à l’existence de Dieu), si bien que la promesse que doit faire le jeune et le fonctionnement sont jugés dangereux puisque beaucoup de points communs sont perçus avec le mouvement franc-maçon. Pour plus d’informations, voir Le scoutisme, école initiatique inventée par un général franc-maçon ? (LaToileScoute ; 2004).

17 Au Canada français, la fleur de lys, l’emblème du scoutisme est remplacé par la croix de Jérusalem ou croix potencée chargée de la feuille d’érable, ou encore, aux noms d’animaux, on a substitué des noms de héros de l’histoire du Canada français, tels que Bourget, Bourgeoys et Brébeuf ou d'événements historiques comme Carillon et Châteauguay (Savard, 1983, pp.226-227).

Le scoutisme offrait donc la possibilité de développer une identité à laquelle les jeunes pouvaient se rattacher et qui intéressait à la fois l’Église et l’État.

L’identité scoute est en effet un aspect fondamental dans le mouvement. Nous émettons l’hypothèse que dans un contexte d’après-guerre, où il faut se reconstruire et rebâtir ce qui a été détruit, le scoutisme a pu offrir aux survivants meurtris dans leur intégrité une aide précieuse.

L’identité, développée au sein du scoutisme, repose sur un engagement envers une loi et une promesse, toutes deux positives, que BP a codifiées après avoir observé, durant le camp de Brownsea, la conscience personnelle et la loyauté des jeunes. Certes changées quelque peu depuis leur création, celles-ci gardent néanmoins leur esprit initial.

A l’origine, la promesse scoute disait :

« Je promets sur mon honneur que je ferai de mon mieux : Pour accomplir mon devoir envers Dieu et le roi.

Pour aider autrui en tout temps.

Pour respecter la loi de l’Eclaireur » (Baden-Powell, 1945, p.8 ; Baden-Powell, 1988, p.12).

Aujourd’hui, celle-ci dit :

« Sur mon honneur, je promets de faire tout mon possible pour : Servir Dieu et le roi (ou Dieu et mon pays)

Aider mon prochain à tout moment Obéir à la Loi scoute » (OMMS, 2011, p.4).

Le principal changement que nous observons est l’apparition de Ou Dieu et mon pays entre parenthèses. D’autres différences plus légères apparaissent au niveau de la syntaxe et de la sémantique, mais l’esprit de ces deux lois reste le même.

Nous supposons que celle-ci a été quelque peu modifiée afin qu’elle puisse s’adapter aux États qui n’étaient pas, comme l’Angleterre, des monarchies constitutionnelles. Il faut rappeler qu’à l’origine, le scoutisme est destiné uniquement à l’Angleterre. Nous imaginons que l’implantation du mouvement à travers le monde a dû pousser les groupes scouts à adopter la promesse à leur pays et leur propre langage.

1. On peut compter sur l’honneur d’un Éclaireur.

2. Un éclaireur est loyal envers le roi et ses officiers, envers ses parents, son pays, ses employeurs et ses employés.

3. C’est le devoir de l’Éclaireur d’être utile aux autres et de leur venir en aide. 4. Un Eclaireur est l’ami de tous, et le frère de tous les Éclaireurs à quelque classe

sociale qu’ils appartiennent. 5. Un Éclaireur est courtois.

6. Un Éclaireur est un ami des animaux.

7. Un Éclaireur obéit aux ordres de ses parents, de son chef de patrouille ou de son instructeur, sans poser de questions.

8. Un Éclaireur sourit et siffle quand il rencontre une difficulté. 9. Un Éclaireur est économe.

10. Un Éclaireur est propre dans ses pensées, dans ses paroles et dans ses actes. Et, la loi scoute d’aujourd’hui dit (OMMS, 2011, p.4).:

1. Le scout n’a qu’une parole. 2. Le scout est loyal.

3. Le scout se rend utile et aide son prochain.

4. Le scout est un ami pour tous et un frère pour tous les autres scouts.

5. Le scout est courtois.

6. Le scout est bon pour les animaux.

7. Le scout obéit sans discussion à ses parents, à son chef de patrouille et à son chef.

8. Le scout sourit et siffle en toute difficulté. 9. Le scout est économe.

10. Le scout est propre dans ses pensées, ses paroles et ses actes.

Quelques différences s’observent également entre la loi initiale et celle qui fait foi aujourd’hui. Le point qui a été le plus modifié est certainement l’art. 2 où le passage

envers le roi et ses officiers, envers ses parents, son pays, ses employeurs et ses employés a été supprimé. Pour le reste, des modifications syntaxiques et sémantiques

se distinguent entre les deux, mais celles-ci ne dénaturent pas le sens de la loi d’origine. Là aussi, nous émettons la même supposition que celle qui concernait la promesse scoute. BP crée le scoutisme en Angleterre, qui connaît un avènement

industriel important, qui a un monarque à sa tête et qui se caractérise par un système familial où les parents représentent l’autorité. Il semble donc normal que la loi fasse référence tantôt au roi, aux parents, aux employeurs et employés. En ce qui concerne le pays, nous supposons ici, en faisant référence à BP que nous définirions comme quelqu’un de patriote au niveau des valeurs, que ce point lui tenait à cœur. Mais les sociétés ont considérablement changé au niveau des valeurs et de l’organisation familiale et sociale. Les sociétés ne sont donc plus organisées de la même manière. De plus, les individus ne s’identifient plus aux mêmes choses. De ce fait, nous imaginons que ce point a dû être modifié à cause des changements que nous venons de mentionner.

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