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CHAPITRE 3 SÉLECTION DE LA TOILE DE TENTE

3.5 Impact de la réflectivité sur les rejets de CO 2

Le CDS ne peut malheureusement presque jamais se brancher sur le réseau électrique de la ville (utilité) lors de ses tournées. Se brancher au réseau n’est possible que dans des endroits comme le Canada, à Montréal ou Toronto, ou bien dans des villes où le CDS est établi à l’année, par exemple à Las Vegas. Dans les nombreux cas où ce n’est pas possible, le CDS utilise cinq génératrices en période de spectacle, ce qui engendre l’utilisation d’une grande quantité de carburant diesel. L’utilisation du diesel dans ces génératrices provoque le rejet de gaz de combustion, comme le dioxyde de carbone CO2, ou encore le monoxyde de carbone

CO. Dans cette étude, seuls les rejets de CO2 seront analysés. Utiliser la tente « blanche et

jaune, Luzia » au lieu de la tente « bleue et jaune, classique » lorsque ce sont les génératrices qui fonctionnent permet de réduire certes la charge de climatisation et donc la consommation, mais par relation de cause à effet, cela permet également de diminuer la quantité de CO2 rejetée.

Globalement, utiliser une tente à haute réflectivité au rayonnement solaire diminue les rejets de GES du CDS, parce que l’irradiation solaire est le flux prépondérant. Les fiches signalétiques des génératrices indiquent que pour 1 litre de diesel fourni, ce sont 3,25 kWhe

qui sont récupérés via l’utilisation des génératrices. Ces chiffres furent confirmés sur demande par les techniciens du CDS. De plus, lorsqu’un litre de diesel est consommé, c’est-à-dire lorsqu’il est brulé par la génératrice pour fournir de l’électricité, cela provoque le rejet de 2,79 kg de CO2 équivalent ou CO2éq (Rousse,D. 2016a). Finalement, il est possible de connaître les

rejets (en tonnes) qui sont évités, à partir de l’énergie qui a été sauvée grâce à la tente blanche et jaune, (équation 3.9) :

é = é

× 2,79 3,25 × 1000

(3.8)

Les résultats des rejets de CO2éq concernant les différents spectacles sont présentés dans le

Tableau 3.6 Analyse de la réduction des rejets de CO2 réalisés grâce à l'utilisation de la tente

blanche et jaune

REJETS DE CO2 PAR LES GÉNÉRATRICES

SPECTACLE KURIOS à NYC (31 jours)

Énergie sauvée grâce à la tente blanche et jaune

(kWhe) 15 191

Équivalent diesel (litres) 4 674

Rejets de CO2 en moins (tonnes) 13

SPECTACLE LUZIA à TORONTO (85 jours) Énergie sauvée grâce à la tente blanche et jaune

(kWhe) 134 041

Équivalent diesel (litres) 41 243

Rejets de CO2 en moins (tonnes) 115

Les résultats sont plus faibles pour la tournée à NYC pour la simple raison qu’il y a moins de journées prises en compte dans l’étude (31 jours contre 85 pour Toronto), et car c’était à une période moins chaude, comme précédemment expliqué. Pour le spectacle de Luzia à Toronto, l’utilisation de la toile blanche et jaune a permis de diminuer de 115 tonnes la quantité de rejets en CO2éq. Cela représente près d’une tonne et demie de CO2éq rejetés en moins par jour.

3.6 Conclusion

Une toile à haute réflectivité au rayonnement solaire absorbe moins de chaleur, ce qui diminue de manière conséquente sa température d’équilibre par rapport aux autres types de canevas moins réfléchissant. De ce fait, l’énergie nette ou la chaleur nette passant à travers la toile s’en trouve également diminuée et ainsi la charge de climatisation qui est nécessaire pour refroidir l’air contenu dans la tente pendant les périodes de spectacles. La difficulté du projet consistait à le démontrer quantitativement à partir de données incomplètes voire manquantes. Trois analyses distinctes ont donc été réalisées, la première théorique à partir d’estimations de la réflectivité moyenne pondérée de quatre différents canevas de toiles : une toile souhaitée, la toile blanche et jaune du spectacle Luzia, la toile blanche et grise du spectacle Volta et la toile bleue et jaune des spectacles classiques; la seconde à partir de mesures expérimentales des

températures de surface des canevas réalisées par caméra infra-rouge calibrée sur des échantillons et extrapolés à la surface totale du Big-Top; et le troisième à partir de données de consommation électriques et de différences moyennes observées en charges de climatisation en fonction du type de toile utilisé.

Ces trois analyses produisent des résultats concordants comme en témoigne le tableau récapitulatif (tableau 3.7) présenté ci-après. Les lignes grises correspondent à des analyses réalisées de manière théorique à partir de relevés sur le terrain et des données météorologiques moyennées par EnergyPlus concernant l’irradiation solaire et les temps d’exposition. Les lignes bleues correspondent à des analyses tirées de la consommation directe du CDS. Les deux premières lignes comparent l’utilisation d’une tente bleue et jaune classique à l’utilisation de la tente blanche et jaune utilisée pour Luzia, tout comme pour l’analyse de la consommation directe présentée ligne trois.

Tableau 3.7 Tableau récapitulatif des économies potentielles réalisées en employant une toile plus réfléchissante au rayonnement solaire : comparaison des trois méthodes d’analyse

Analyse Économies énergétiques Économies monétaires Quantité de CO2éq rejetée en moins Unités (kWhe) ($) (tonnes)

Flux nets par la

réflectivité 106 971 17 115 92

Flux nets par la

température de surface 102 152 16 344 88

Réduction de l’utilisation des CVCA

(pour Toronto)

134 041 21 447 115

Les écarts en pourcentage des économies énergétiques réalisées sont corrects, lorsque comparées à la valeur de référence obtenue de 134 041 kWhe pour la consommation directe du

température de surface. Globalement, les économies sont de l’ordre de 16 à 21 k$ pour la durée d’un spectacle. Il est toutefois nécessaire de préciser que la consommation réelle des CVCA prend en compte les charges reliées aux apports de chaleurs par les spectateurs (250 kW environ), ainsi que la chaleur dégagée par la galerie technique et les éclairages, qui ne sont pas pris en considération lors des deux premières études. La charge de climatisation reliée aux apports extérieurs, et notamment aux apports solaires, est par conséquent plus faible.

Cette étude démontre quantitativement que le choix de la « couleur » de la tente s’avère être une décision importante financièrement pour le CDS. En considérant 30 spectacles simultanément dans le monde, économiser 20k$ pour un spectacle entier qui se produit 2 fois par an en période de climatisation, représente environ 1,2M$ en économies potentielles en changeant du canevas classique au canevas blanc et jaune adopté pour Luzia en 2016. Malheureusement, l’équipe de décision artistique n’approuve pas le choix de cette tente. Le CDS a choisi une tente grise et blanche pour le spectacle Volta de 2017, dont les performances seront moins intéressantes que celle de 2016.

Enfin, il faut rappeler que cette mesure est 100% passive, c’est à dire qu’elle ne nécessite ni changements de paradigmes, de frais de fonctionnement, d’entretien mécanique, d’appareils et équipements supplémentaires, de personnel qualifié.