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Trois matières actives sont autorisées en France pour la lutte contre la tavelure de l’olivier (source Anses). En moyenne les oliveraies bénéficiant de conseils reçoivent de l’ordre de deux interventions à base de cuivre par an (AFIDOL, com. pers.) pour lutter contre Fusicladium oleagineum. En raison des incertitudes évoquées plus haut sur les surfaces en production (chapitre I.1), et sur les stratégies suivies par les amateurs, il est difficile de connaître exactement les quantités de cuivre utilisée pour protéger les oliviers. Le cuivre est cependant un métal qui s’accumule de façon irréversible dans les sols. Dans notre contexte, il s’agit d’espaces fragiles, où l’olivier est bien la souvent la seule culture envisageable, du fait de déficits hydriques très forts.

En France, de nombreux produits sont autorisés pour lutter contre la tavelure du pommier. Malgré toutes les précautions d’utilisation, les produits ne sont pas complètement inoffensifs et sélectifs : ils n’ont pas une spécificité telle qu’ils n’aient d’action que sur la tavelure. Par exemple, le thirame, autorisé sur maladies du feuillage chez le pommier dans le nouveau catalogue des usages19, était ciblé à l’origine comme inhibiteur de l’alimentation des chenilles. Cette substance phytosanitaire dispose de 37 AMM (au 27 octobre 2015), des actions fongicides pour l’essentiel, mais quand même trois AMM comme répulsif corbeaux. Ce produit était utilisé autrefois comme répulsif pour les lièvres, lapins, cerfs, chevreuils, rats musqués, sous le nom de Cunitex (Bailly & Dubois, 1978).

La protection contre la tavelure du pommier est la principale cause d’emploi de fongicides sur pommier. Au Québec, Meloche (2006) rapporte 8 à 12 traitements par an, soit 45% des interventions phytosanitaires appliquées au pommier.

Les références qui confirment cet état de fait sont très nombreuses, il est par exemple estimé que 75% des pesticides utilisés sur pomme sont ciblés sur les maladies fongiques, dont 70%

19 Le nouveau catalogue des usages peut être téléchargé à l'adresse Internet : https://info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2015-253

visent la tavelure (Creemers & Laer, 2006). Dans les vergers plus secs et chauds (donc dans la zone de production PACA par exemple), les insecticides constituent une part nettement plus importante du fait de la possibilité de développement de trois générations de carpocapse des pommes sur les variétés tardives (et cela assez récemment, en raison du réchauffement climatique). Cependant, la tavelure est indiscutablement la première source d’intrants fongicides en verger de pommier.

Pour s’en tenir à des données françaises, les IFT oscillent entre 8,7 (établie sur 26 séries de données entre 2005 et 2007 dans les Bouches du Rhône) et 22 pour la tavelure, pour des parcelles conduites de façon conventionnelle sur des variétés comme Golden delicious. Pour les 9 séries acquises dans le Sud-Ouest et le Val de Loire, l’IFT tavelure dépasse toujours 14 (Collectif, 2009b). Pour une variété comme Ariane, variété INRA résistante à la tavelure, l’IFT fluctue entre 1 et 14 (collectif, 2009b). En 2011 (Collectif, 2016) on dénombre 21 traitements contre la tavelure en moyenne, soit près de la moitié de l’ensemble des traitements.

Dans la région Midi-Pyrénées, une enquête permet d’évaluer l’utilisation des anti-tavelures en verger de pommier (Collectif, 2008). Les 4 substances actives les plus utilisées sur les cultures (respectivement entre 9% et 12,5% des substances actives utilisées) sont les produits anti-tavelure suivants :

• Dithianon (Quinones), • Captane (IDM),

• Mancozèbe et thirame (dithiocarbamates)

Les substances actives employées aujourd’hui contre la tavelure ne dépassent pratiquement jamais les seuils de résidus retenus pour la mise en marché (LMR). Dans notre zone d’étude, ces matières actives (ou leurs métabolites) sont très peu retrouvées aussi dans les eaux, comme en témoignent les Atlas régionaux regroupant les informations sur les eaux superficielles et souterraines en région PACA (Anonyme, 2011, 2013). Cela semble pouvoir en partie être expliqué par la capacité des sols consacrés aux fruits à pépins, de par leur nature et leur épaisseur, à retenir et dégrader les substances phytopharmaceutiques utilisées, en particulier les épais limons du Comtat Venaissin, déposés par la Durance et ses affluents. Il est par contre plus facile de retrouver des fongicides dans l’air, et les premières séries d’analyses donnent une place de premier plan aux matières actives anti-tavelure, en particulier le folpel (AirPACA, 2013).

De toute évidence, quelles que soient les raisons pour pondérer la problématique sanitaire ou environnementale, il n’est pas souhaitable (ni rentable) de réaliser des traitements inutiles, qui contribueraient à la dégradation de l’environnement. Il n’est pas non plus souhaitable qu’un arboriculteur ne maîtrise pas sa protection en début de saison. Cela l’amènerait à traiter avec une protection continue pour parvenir à maîtriser les repiquages issus des formes conidiennes en été. La connaissance précise de la période de risques primaires est donc fondamentale pour s’en tenir à une protection nécessaire et suffisante du verger (Holb, 2008).

La modélisation fait partie des éléments qui permettent d’apporter de la sérénité dans la prise de décision de l’arboriculteur. Elle doit amener à un outil d’aide à la décision qui peut proposer : « avant et après telles dates, la protection est inutile, mais entre ces deux dates, il n’y a pas droit à l’erreur ». Bien sûr la modélisation ne doit pas se dispenser de garde-fous : un minimum d’observations biologiques doit confirmer les simulations issues des modèles, à priori comme à postériori. D’autre part, les utilisateurs doivent connaître suffisamment d’éléments sur le modèle pour en connaître les limites : des facteurs non inclus dans le modèle peuvent faire échouer la prévision, un conseiller agricole doit rester vigilant et tenir compte des connaissances sur la biologie des bioagresseurs pour adapter ses décisions.