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Immunoarchitecture de la glande lacrymale

Il n'est pour le moment pas possible, par manque de marqueurs valables, d'identifier chez le chien des sous-ensembles cellulaires au sein des lymphocytes T (38). C'est pourquoi les

5.2.2.1 Importance relative des ensembles cellulaires. (5)

On trouve dans la glande lacrymale un certain nombre de cellules immunocompétentes mononuclées parmi lesquelles :

• Des plasmocytes à IgA qui sont les plus nombreuses. Elles représentent en effet 54 % de cette population, les autres types étant présents mais en faible quantité.

• Des lymphocytes T : 40 %, dont 25 % de T suppresseurs et 15 % de T helper.

• Des lymphocytes B : 6 % qui expriment par ordre décroissant des IgM, D, G et A.

• Des macrophages.

• Des cellules dendritiques.

On trouve donc plus de plasmocytes que de lymphocytes et un ratio global T helper / supresseur = 0,6. Il existe néanmoins des variations selon les différents secteurs de la glande.

5.2.2.2 Localisation.

Elle est sujette à controverse mais il semble tout de même que la distribution de ces cellules dans la glande ne soit pas uniforme. (25) (66)

Alors que les plasmocytes se rencontrent d'une manière régulière dans l'interstitium, les lymphocytes ont tendance à se regrouper en formant des agrégats situés de préférence en région péricanaliculaire. Ces agrégats sont constitués principalement de T helper avec un ratio T helper / suppresseur = 2,2 . (5)

Il semble que la quasi-totalité des cellules B, des macrophages et des cellules dendritiques, ainsi que quelques T helper activés, se localise au centre de ces agrégats.

Le rapprochement dans ces structures des T helper et des cellules présentant l'antigène a suggéré aux auteurs qu'elles pourraient être des lieux privilégiés de présentation de l'antigène, les amenant à considérer la glande lacrymale en tant que tissu lymphoïde associé aux muqueuses ou MALT.

Les T suppresseurs sont, quant à eux, distribués de manière à peu près équitable dans les acini, les canaux et l'interstitium, où l'on ne rencontre que 16 % des T helper présents dans la glande, avec un ratio T helper / suppresseur = 0,26 dans l'interstitium et de 0,2 dans les acini. (5)

Cette forte prédominance des T suppresseurs dans l'interstitium témoigne de l'importance du besoin d'immunorégulation de la synthèse d'IgA dans les conditions normales.

Les étapes de la sécrétion des IgA sécrétoires

1 - Transport des IgA dimériques (reliés par la Pièce J) des plasmocytes à l'interstitium.

2 - Transport des IgA vers l'épithélium d’un acinus.

3 - Addition de la pièce sécrétoire ( ⊂⊃⊂⊃).

4 - Sécrétion des IgA sécrétoires dimériques. (sIgA) 5 - sIgA dans la sécrétion lacrymale.

Figure 10 : Immunoarchitecture de la glande lacrymale. (66)

Résumé schématique et semi-quantitatif de la topographie des populations lymphocytaires et plasmocytaires au sein de la glande lacrymale.

Les cellules des acini composant les lobules de la glande lacrymale possèdent des granules de zymogènes (ZG) qui sont synthétisés au niveau du réticulum endoplasmique rugueux (ER).

On pense que ces granules sont le site de stockage de facteurs de défense immunitaire non spécifiques comme le glycosaminoglycane, le lysozyme et les lactoferrines. Les cellules myoépithéliales (MYO) s'appliquent à la base des cellules acinaires et sont entourées d'une membrane basale (BM). Les plasmocytes du tissu conjonctif interstitiel sont les cellules les plus nombreuses et synthétisent les IgA dimériques qui diffusent à travers la membrane basale vers les espaces intercellulaires latéraux ou basaux. Les liaisons intercellulaires apicales des cellules acinaires sont étanches et permettent d'éviter une diffusion passive des immunoglobulines dans la lumière. Les IgA sont ensuite transportées dans le cytoplasme des cellules acinaires où une pièce sécrétoire leur est ajoutée, ce qui autorise leur transport vers les lumières acinaires et canaliculaires pour faire partie des sécrétions du système lacrymal.

Dans l'interstitium de la glande lacrymale on rencontre à peu près les cinq neuvièmes des lymphocytes T et des plasmocytes, alors qu'on ne trouve que des lymphocytes T dans les espaces intercellulaires acinaires ou canaliculaires. Dans l'épithélium, le ratio T suppresseur / helper est de 5. Seulement 16 % des T helpers sont présents dans l'épithélium, alors que les T suppresseurs sont presque également distribués entre l'épithélium et l'interstitium. La répartition des lymphocytes T dans l'interstitium montre une prépondérance des T suppresseurs sur les T helpers selon un rapport de 3/1 ; ce qui permettrait de contrôler la fonction de différenciation des plasmocytes ou encore un éventuel dérèglement auto-immun.

Le seul endroit dans les lobules du tissu lacrymal où les cellules B sont abondantes sont les agrégats lymphoïdes péricanaliculaires, qui sont souvent des follicules primaires sans formation germinale centrale, mais qui peuvent être occasionnellement des follicules secondaires, possédant au centre de plus grandes cellules germinales blastiques. Les lymphocytes B présents dans ces agrégats péricanaliculaires expriment à leur surface le plus souvent des IgM, moins souvent des IgD, et rarement des IgG. Dans les follicules, les T helpers sont prépondérants sur les T suppresseurs selon un ratio de 2, ce qui contraste avec la prédominance des T suppresseurs partout ailleurs dans l'interstitium. Les cellules dendritiques de type Langerhans (OKT6+) et les macrophages monocytes (OKM1+) sont toutes les deux présentes de façon sporadique dans les agrégats pour la présentation de l'antigène, mais nulle part ailleurs dans l'interstitium. Le système immunitaire des glandes lacrymales interagit avec

les autres tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (comme les plaques de Peyer), par l'intermédiaire des lymphocytes sanguins circulants, et aussi avec les nœuds lymphatiques cervicaux et périoculaires, via les canaux lymphatiques qui sont présents dans l'interstitium de la glande lacrymale, et nulle part ailleurs dans les tissus mous de l'orbite. Les cellules sombres non marquées peuvent aussi bien être des lymphocytes T ou B. Une fois que s'est effectuée leur différenciation en plasmocytes, de telles cellules ne circulent plus, mais restent fixées dans l'interstitium. On peut noter, en bas à gauche, la possibilité d'un drainage lymphatique d'une cellule dendritique présentant l'antigène.

5.2.2.3 La barrière hématolacrymale. (36)

Les glandes lacrymales ont un statut immunologique particulier que leur confère leur micro-anatomie. Les liaisons intercellulaires de l'épithélium lacrymal constituent une véritable barrière immunologique qui isole acini et canalicules du point de vue antigénique. C'est la barrière hématolacrymale. On pense que sa rupture, par la libération d'antigènes jusqu'alors non reconnus par le système immunitaire, pourrait déclencher une réponse auto-immune à l'égard de ces structures.

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