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Les examens d’imagerie sont fréquemment utilisés chez les mammifères marins, qu’ils soient en captivité ou en milieu naturel. Ils permettent de diagnostiquer des maladies, de suivre leur évolution, d’établir des bilans de santé et parfois lorsqu’ils sont réalisés post-mortem, de déterminer la cause de la mort.

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Les modalités d’imagerie utilisées chez les mammifères marins comprennent l’échographie, la radiographie avec ou sans contraste, la tomodensitométrie (CT), l’imagerie par résonance magnétique (IRM), la spectrographie IRM, l’IRM fonctionnelle (IRMf), la tomographie par émission de positrons (TEP), la scintigraphie nucléaire et la tomographie par émission monophotonique (TEMP). À l'heure actuelle, l'IRMf, la spectrographie IRM et la médecine nucléaire sont plus fréquemment utilisées dans la recherche clinique et physiologique que comme outil de diagnostic.

Il est nécessaire d’avoir une connaissance et une compréhension de l’anatomie normale pour établir un diagnostic fiable.

a. Examen radiographique

Il existe aujourd’hui des appareils radiographiques portables, qui permettent une acquisition d’images plus sûre au bord du bassin aquatique. Cependant, une protection adéquate des appareils de radiologie pour éviter le contact avec l’eau au moment de l’utilisation est nécessaire. L'utilisation d'appareils à rayons X présente des limites pratiques. La taille du patient est un facteur limitant, tout comme le pouvoir de pénétration du tube à rayons X (kVp) et la quantité (mA) de photons de rayons X qu'il peut produire. A cause de la taille des dauphins communs, il est impossible de réaliser une radiographie de l’intégralité de l’appareil urinaire en un seul cliché.

Les calculs d’urate d’ammonium sont peu radio-opaques et ce n’est pas l’examen complémentaire de choix pour diagnostiquer la présence de calculs.

De plus, les dauphins présentent très peu de graisse intra-abdominale et une épaisse couche de graisse intra-dermique. Ceci implique que les contrastes seront de mauvaise qualité lors d’une radiographie abdominale. Il est donc difficile d’observer des modifications de la taille des reins par radiographie.

Pour toutes ces raisons, ce n’est pas un examen complémentaire de choix pour le diagnostic de lithiase urinaire (Gulland et al. 2018).

b. L’échographie

L’examen échographique joue un rôle clé dans la médecine des mammifères marins. Son utilisation est essentielle tant pour le diagnostic des maladies que pour la médecine préventive. Une connaissance approfondie des structures anatomiques et de leur état physiologique ou pathologique est essentielle pour le clinicien, ainsi que

63 la connaissance des bases de l'échographie et des nombreuses fonctions disponibles sur les systèmes d'échographie actuels. Le caractère non-invasif de cette procédure ainsi que la sécurité pour le patient et l'opérateur rendent possible son utilisation en routine. Elle est particulièrement intéressante comme outil de diagnostic chez les animaux entraînés à se présenter pour un examen volontaire. L'échographie fournit des données morphologiques et morphométriques fondamentales des organes examinés avec une grande précision, et toutes les données enregistrées peuvent ensuite être stockées afin de les normaliser ou lors du suivi au cours du traitement d'une maladie spécifique.

Les limites les plus évidentes de l'utilisation de l'ultrasonographie chez les mammifères marins sont liées à la taille des patients.

Réaliser un examen échographique chez un mammifère marin peut être très utile pour le diagnostic, le suivi et la prise en charge de la maladie lithiasique. Mais l’affection en elle-même peut être un facteur limitant voir empêchant la bonne coopération de l’animal au cours de l’examen. Il peut être plus confortable de retenir l'animal dans des eaux peu profondes plutôt que de le sortir de l'eau. Le maintien de l'animal dans l'eau présente l'avantage supplémentaire d'annuler le besoin de gel acoustique et l'effet du poids de l'animal sur l'observation des organes internes. Parmi les limitations techniques à prendre en compte, on peut citer le léger mouvement de l'animal à la surface de l'eau qui peut interférer avec les résultats des fonctions Doppler. De plus, l’examen échographique peut être difficile sur certains patients en raison de l'épaisseur et de la composition de leur couche de graisse.

Les néphrolithes étant assez communs chez les dauphins en captivité, la réalisation d’examens échographiques de routine est conseillée. Cependant la quantification précise des urolithes nécessite un examen par tomodensitométrie (Smith et al. 2013). Le diagnostic est réalisé en mode B (brillance) « temps réel », et il est nécessaire d’observer les structures rénales en coupe dorsale et transverse. Les néphrolithes sont définis comme des foyers hyperéchogènes dans le parenchyme rénal, avec des cônes d’ombres acoustiques postérieurs distinctes (Mouelhi, Taguet 2019). La figure 12 montre une comparaison d’images échographiques rénales entre un dauphin sain et un dauphin malade, atteint de néphrolithiases.

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L’échographie présente aussi l’avantage de permettre un suivi des patients. La lithotritie est un traitement des calculs urinaires qui consiste à les fragmenter grâce à des ondes de chocs générées par des ultrasons, ou des ondes transmises par l’eau. Lors de lithotrities, l’ombre acoustique des urolithes diminue en même temps que leur dissolution. L’examen échographique permet également de diagnostiquer les modifications pathologiques de l’appareil urinaire, lors d’insuffisance rénale conséquente à une lithiase. L’hydronéphrose ainsi que la présence d’urolithiase ou d’hydro-uretère est possible. La vessie, avec sa paroi régulière et son contenu anéchoïque, est facile à identifier (Gulland et al. 2018).

c. Le scanner

La tomographie assistée par ordinateur est accessible aux mammifères marins dans les hôpitaux vétérinaires ou dans les installations d’imagerie humaine. Un avantage énorme de la tomodensitométrie par rapport à l'IRM est qu'un seul balayage est nécessaire avant et après l'administration du produit de contraste, car les données brutes acquises peuvent être reconstruites à plusieurs reprises à l'aide de différents algorithmes de reconstruction aussi longtemps que l'étude en cours reste sur la console de tomodensitométrie. La taille et le poids des patients sont des facteurs importants à prendre en compte lors de l'utilisation de la tomodensitométrie chez les mammifères marins. Comme le patient doit passer par le portique supporté par la table du scanner, il est essentiel de connaître les dimensions du portique interne, sans parler des limites de poids de la table d'examen. Lorsque la nageoire dorsale ne peut pas passer à travers le portique, la moitié du patient est imagée, puis le patient est physiquement tourné à 180° pour scanner l'autre moitié du corps. Malheureusement, cela devient problématique lors de l'évaluation des reins de dauphins, car ils sont situés au niveau de la nageoire dorsale et l'évaluation de cette région peut être limitée. L'un des plus grands avantages du scanner par rapport à la radiographie est que les études optimisées produisent des images sans superposition de structures.

Le scanner est l’examen complémentaire de choix pour diagnostiquer des calculs rénaux chez l’homme. Malheureusement la faisabilité d’un tel examen sur des dauphins sauvages est impossible. En revanche, il est possible de le réaliser chez des dauphins en captivité, qui sont habitués à l’homme et au transport (Smith et al. 2013).

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Figure 13 : Reconstruction en trois dimensions d’un scanner incluant les côtes caudales et les corps vertébraux lombaires.

A gauche : patient ne présentant pas de calculs, aucune densité minérale n’est détectée. A droite : patient atteint de lithiase, de nombreuses densités minérales sont présentes à l’intérieur du rein (ovale), d’après Smith et al., 2014.

Figure 12 : Image échographique du rein gauche (face dorsale).

A gauche : animal ne présentant pas de calcul. A droite : animal présentant de nombreux calculs. Foyers hyperéchogènes présents dans le parenchyme rénal (flèche bleue) avec des ombres acoustiques distinctes (flèche jaune), d’après Smith et al., 2014.

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F. P

LANS THERAPEUTIQUES RAPPORTES CHEZ LES DAUPHINS

Plusieurs traitements peuvent être utilisés pour préserver la fonction rénale, tenter de limiter l’apparition de nouveaux calculs et dissoudre les calculs déjà existants. Chez les chats et les chiens présentant une lithiase urinaire à calculs d’urate, les recommandations impliquent de diminuer la concentration urinaire en urate en diluant l’urine, de favoriser une urine alcaline et de diminuer la prise alimentaire en purines (Lulich et al. 2016).