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Illustration 3 Phrasikléia

Dans le document La parole emmurée (Page 97-101)

Cette statue archaïque du VIe siècle avant notre ère représente une jeune fille nommée Phrasikléia ; elle tient dans sa main gauche une fleur de lotus, symbole du feu sacré qui incarne le renom de sa famille. La stèle qui accompagne cet ouvrage nous apprend que Phrasikléia est morte avant d'avoir connu le mariage, comme Antigone.

Glossaire

a0gw/n : désignant à l'origine l'assemblée (y compris celle des dieux) et la réunion, le terme est employé pour décrire les jeux lors des différents concours. Impliquant une notion de lutte, ce substantif va également désigner toute forme de procès ou de combat. Il entre dans le lexique judiciaire et militaire. En littérature, il signifie la lutte entre deux personnages. gunh/ : ce terme désigne la femme par opposition à l'homme, mais aussi sa condition d'épouse, de femme mariée. Si Ismène emploie ce terme pour rappeler à sa sœur leur condition, Créon aura, quant à lui, recours à un autre terme pour décrire les deux sœurs. Peut-être Ismène emploie-t-elle le substantif « gunh/ » parce qu'elle se projette déjà dans un avenir proche, avenir dans lequel Antigone sera donnée en mariage à Hémon, et dans lequel elle-même connaîtra le mariage...

ko/rh : il s'agit là de la jeune fille, de la jeune femme vierge. C'est précisément ce terme qu'utilise Créon pour parler des deux jeunes sœurs. Employé comme nom propre, il permet de nommer Perséphone, la fille de Déméter qui a épousé le dieu des Enfers, Pluton. Encore une fois, l'ironie du sort et du nom lie Antigone, qui est une « ko/rh », aux enfers, tout comme l'avait été Phrasikléia : les dieux leur ont donné en mariage Hadès, comme Créon a donné un tombeau comme époux à Antigone.

u3briv : on traduit le plus souvent l'hybris par la démesure ; ce substantif désigne en effet tout ce qui dépasse la mesure, toute forme d'excès. Doté d'un champ sémantique assez vaste, il peut aussi signifier l'orgueil, l'insolence, la fougue ou encore l'emportement. Toutes ces nuances sont bien présentes dans Antigone : dans la bouche de Créon, l'hybris désigne l'insolence de la jeune femme qui ose défier l'édit du tyran, ou encore l'emportement et l'aveuglement d'Hémon qui est l'esclave de sa fiancée. Toutefois, comme le remarque S. Saïd222, l'emploi de ce terme dans la tragédie est souvent dû à une mauvaise interprétation du geste de l'autre par le personnage qui l'utilise ; l'excès n'est pas causé par un manque de respect à la mesure objective, mais par un dépassement d'une loi subjective et injuste, celle de Créon.

r(h=siv : ce terme désigne l'action de parler, la parole, le discours. Il s'agit de prononcer une parole ou un discours. Dans le cadre de l'agôn, on utilise ce terme pour décrire l'argument principal, et on parle de « r(h=siv » secondaire pour tout argument second, c'est-à-dire une parole qui ne constitue pas l'élément majeur de la lutte verbale.

Fu/siv / fu/w : le nom commun, comme le verbe, signifie le fait de naître, de venir au monde. Ces termes désignent alors la nature profonde de l'être humain, aussi bien dans son physique que dans son âme. Il s'agit de la nature intrinsèque de l'homme, celle que lui a conféré sa naissance (condition d'homme ou de femme, d'être libre ou servile, de citoyen ou de métèque). Ismène l'emploie pour qualifier sa condition et celle de sa sœur : être des femmes. Antigone l'utilise aussi, pour exprimer sa nature profonde : celle d'une femme née pour aimer sa famille, ses proches.

Table des matières

Épigraphe...2 Remerciements...4 Introduction...5 PARTIE 1 - UNLOGOSTRAGIQUESCELLANTLESDESTINS...9

CHAPITRE 1 – LEDISCOURSD'INTRONISATIONDE CRÉON...10

CHAPITRE 2 – LALAMENTATIONFUNÈBRED'ANTIGONE...14

CHAPITRE 3 – LES « AGONES »...23

Les vraies scènes d'agôn...24

Créon et Antigone, ou la haine contre l'amour...24

Créon et Hémon, ou la tyrannie contre la sagesse...27

Les scènes de conflit...29

La querelle entre les deux sœurs ...29

La dispute entre Créon et Tirésias...32

PARTIE 2 - PAROLEETACTION...35

CHAPITRE 4 – « LOGOSETERGON »...36

Parole et action liées...36

La parole à l'origine de l'action...36

La parole égale à l'action...38

Parole et acte dissociés...39

La parole pour affirmer son innocence : le garde...39

La parole pour raconter des faits extérieurs : le messager...40

CHAPITRE 5 – ÉCHECDE « PEITHÔ » : LAPAROLEENTRAÎNEDESACTESCONTRAIRESAUXATTENTES...44

CHAPITRE 6 – LESCRISETLESSILENCES...48

Les cris d'Antigone et de Créon...48

Les silences d'Hémon et d'Eurydice...50

Le silence des dieux...52

PARTIE 3 - FAILLESDULOGOS : LEPROBLÈMEDEL'INCOMMUNICABILITÉDANSLAPIÈCE...53

CHAPITRE 7 – LAVOIXDUCHŒUR : UNEPAROLEHÉSITANTE ...54

Une parole décalée...54

Une parole effacée...57

La neutralité de la voix du chœur ...57

Éclat de la voix des personnages grâce au retrait de la voix du chœur ...59

Prises de position du chœur ...59

Affirmation de la parole du chœur ...59

Leçon de vie et de philosophie...60

CHAPITRE 8 – L'ISOLEMENTDESPERSONNAGESPARLEURPROPREPAROLEOUPARLAPAROLEDEL'AUTRE...62

Deux singuliers en quête d'un pluriel...62

Des métaphores révélatrices de l'être...64

La pression syntaxique ...65

CHAPITRE 9 – L'ENFERMEMENTDULOGOSSURLESPERSONNAGES ...68

L'obsession de Créon pour le « kerdos »...68

Le poids du « philos » chez Antigone et Ismène...70

La « morte-vive »...72

Le « vivant-mort »...74

Conclusion...76

Bibliographie...79

Table des annexes...87

Table des illustrations...94

Glossaire...98

Dans le document La parole emmurée (Page 97-101)

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