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II La chair de la ville : ses habitants et leurs pratiques des lieu

Sans avoir approfondi la méthode sociolittéraire dans ce travail, il était malgré tout nécessaire de poser quelques jalons pour procéder à cette reconstruction, certes partielle, de la société barcelonaise dans les romans. Parmi ceux qui ont guidé l’analyse, Pierre Barberis d’une part, et M.P. Schmitt et A. Viala d’autre part, ont fourni des repères. Les travaux de sociologues sur des villes fictionnelles, tels ceux de Pierre Lassave, Catherine Bidou- Zachariasen, ou J. N. Blanc pour n’en citer que quelques uns, nous ont fourni également des indications intéressantes94. Pierre Barbéris (P. BARBERIS, 1980), représentant du courant de

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cf. notamment l’ensemble d’articles du numéro Villes écrites de la revue Espaces et Sociétés (3 / 1998, n°94), et (J. N. BLANC, 1991).

la sociocritique95, insiste en premier lieu sur la nécessité de pratiquer une lecture de l’explicite et de l’implicite dans les textes. L’explicite est matérialisé par des traces de l’histoire du monde référentiel, les faits historiques et sociaux, mais aussi des comportements de personnage, des façons d’être en société qui trahissent ou montrent, selon une intention d’auteur, des caractéristiques sociales. Si les faits historiques ou à caractère social ne sont pas ici commentés spécifiquement, ils ont été bien évidemment pointés consciencieusement dans les romans. L’implicite socio-historique des textes se manifeste notamment selon Pierre Barbéris dans les discours des personnages, leur façon de s’accorder à leur condition sociale diégétique par leur langage ou d’user au contraire de transgressions formelles par rapport à leur groupe social. Duchet, pour sa part, relève aussi cette présence d’un implicite social dans le texte du fait qu’il intègre les conditions sociales d’écriture et les exigences de la réception. Le texte possède une teneur sociale, sa « socialité », qui ne peut être comprise que dans la mise en relation du texte avec le hors-texte, notamment en examinant les figures intertextuelles en donnant un sens large à ce terme. Les impensés, la doxa implicite, sont des éléments essentiels des textes. Sans fouiller scrupuleusement les romans dans ce sens, on ne peut être totalement sourd aux conseils de cette sociocritique, même si cela n’apparaît pas explicitement dans l’analyse qui suit.

Concrètement, et suivant en cela la démarche suggérée par M.P. Schmitt et A. Viala (M. SCHMITT et A. VIALA, 1982), on donnera à voir, de façon probablement simplifiée, les représentations que proposent les romans du monde social. Quels sont les habitants que l’on rencontre dans les romans contemporains espagnols étudiés ? La pratique des lieux représentée dans les romans participe-t-elle à la propagation / élaboration de l’image de ces lieux, et par métonymie à celle de la ville ?

.II.1 Les stéréotypes d’habitants : figures littéraires ou représentants de la ville réelle ?

Dans les discours, il est souvent difficile de distinguer la ville de ses habitants. L’analyse sémantique du mot « ville » ou “ciudad” met bien à jour ce phénomène puisque l’un des sens du mot revêt celui de Cité, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens formant une entité politique. Cet ensemble est régi par des principes ou des traits communs, qui transforment l’amalgame informe d’habitants en une unité, le “pueblo” (peuple)96. Le peuple de Barcelone se définit et s’identifie par l’histoire de la ville, son territoire, ses légendes, ses mythes et par glissement, ceux qui s’en revendiquent sont alors Barcelone ; il y a principe d’identité entre Barcelone et ses habitants. Ses caractéristiques, souvent décrites de façon abstraite (elle est rebelle, vantarde97, laborieuse, etc.98), se rapportent donc toutes au

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Pour connaître les recherches du courant de la sociocritique né au début des années 70 en France, se reporter aux ouvrages de (C. DUCHET (dir.), 1979) et pour avoir une autre perspective, concurrente de la précédente, voir (P. V. ZIMA, 2000)

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Rappelons que le double sens du mot « pueblo » rend bien davantage qu’en français cette identité entre le lieu de vie et ses habitants puisqu’il signifie à la fois village et peuple.

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« Barcelonais » et leur analyse permet d’élaborer un portrait typique, un habitant mythique, dont les traits dessinent les clichés parmi les plus tenaces.

Le trait spécifique qui marque un très grand nombre de personnages des romans étudiés est la marginalité ou le décalage. La majorité des habitants de Barcelone représentés dans les romans contemporains sont des marginaux ou des grands bourgeois, voire des nobles, remarquables et souvent décalés. Les habitants de Barcelone ne sont pas des quidams, ils forment une société décalée. Par rapport à quoi, par rapport à qui sont-ils décalés ? Et pourquoi cette sur-représentation du caractère marginal du peuple barcelonais ? La seconde caractéristique du « Barcelonais » typique est son identité catalane (ce qui est une forme de marginalité par rapport à la société espagnole) : quels traits du « Catalan » le « Barcelonais » hérite-t-il dans les fictions ? Enfin, le « Barcelonais » accompli possède aussi des traits hispano-méditerranéens, révélés notamment par ses pratiques de la rue.

.II.1.1 Le Barcelonais : un décalé, un marginal

La marginalité sociale adopte plusieurs visages dans les romans étudiés. Recuento est sans doute le roman qui insiste le moins sur ce trait identitaire des Barcelonais puisqu’il tend au contraire à définir toute la complexité d’une classe sociale locale, la Bourgeoisie barcelonaise, qui a certes tendance à vouloir s’extraire du groupe, mais sans y parvenir réellement : c’est l’histoire de la jeunesse du narrateur, Raúl Ferrer Gaminde, et de ses amis ou cousins, qui à l’Université dans les années 1950 ont des velléités révolutionnaires, des discours marxisants et des comportements que la morale bourgeoise et la société franquiste tout entière réprouvent. Pourtant, ces jeunes gens n’échappent finalement pas aux rets de leur condition, malgré un petit tour en prison pour Raúl. Leur révolte, motivée notamment par le mythe du bon peuple et des fantasmes que génère dans la classe bourgeoise le monde ouvrier ou « prolétaire », est celle d’adolescents immatures, de jeunes pijos des quartiers élevés de la ville, qui après leur brève crise adolescente, se rangent gentiment dans une vie “como dios

manda”. Cette figure du pijo constitue bien évidemment aussi l’une des figures centrales du

roman de Marsé, UTT, représentés par Teresa et ses amis, notamment Luis Trias. Ce qui ressort du roman de Goytisolo, comme celui de Marsé, est la superficialité de ces jeunes gens, le manque d’authenticité dans leurs convictions politiques et leur désir de marginalité (le seul marginal authentique est Manolo, le charnego que l’on appelle précisément le pijoaparte). La gauche dorée barcelonaise, qui remplissait les bars et clubs branchés de la ville dans les années 1960-1970 (Bocaccio, Boadas ou Copablanca dans le Barrio chino (cf. El Pianista), el

Sot (cf. description p. 67-69 dans SM), Café Ópera, le Jazz Colón, le Jamboree ) donne certes

une tonalité décalée à la ville, mais ce décalage n’est que simulacre de groupes sociaux en fait inscrits dans leurs schémas historiques et qui dans leurs jeunesses agitées répondaient davantage aux imprécations de leur condition d’adolescents travaillés par la sexualité et la vie

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cf. les longues listes de qualificatifs caractérisant la ville dans Recuento, comme celle-ci p. 242 : “ciudad

encastillada, circunvalada, ciudad de asedios numantinos, asaltada, conquistada, reconquistada, conquistadora, impulsora de expediciones y ocupaciones, ciudad de suertes trocadas, liberadora y cautiva, sojuzgada y renaixent, recalcitrante y díscola, incivil, cuidad de rebeliones y restauraciones, de alzamientos, motines, atentados, bombas [...]”.

amoureuse, plus qu’à une exigence de bouleversement social. Dans les romans qui situent leur histoire dans une période postérieure, la fin des années 1980 ou 1990, l’évidence de la parfaite intégration de ces personnages à la société dominante apparaît au grand jour : Norma Valentí et son sociolinguiste Verdú par exemple dans Amante, et les personnages du roman El

Pianista, Schubert, Ventura, Irène et Luisa n’échappent pas au bilan décevant qu’ils dressent

sur eux-mêmes, la quarantaine passée.

La marginalité, ou du moins le décalage, n’est pas toujours falsifiée y compris dans les groupes installés de la bonne société. Plusieurs personnages, qui incarnent l’esprit de la ville, sont des figures traditionnelles de la littérature que l’on rattache à la grande famille des marginaux installés. Onofre Bouvila en représente un type : celui du jeune campagnard venu à la ville qui, grâce à une volonté et un manque de scrupules affirmés, conquiert la ville et devient un acteur social détenteur de pouvoir. Mais malgré son enrichissement et son pouvoir, Onofre Bouvila continue à adopter des comportements déviants (cf. par exemple la séquence du Chapitre VI. 4 où Onofre se perd dans les bas-fonds de la ville à un âge avancé, escapades qui s’achèvent par une attaque cardiaque) et finit sa vie seul et incompris. Julià Guillamon relève bien ce trait de la marginalité dans la normalité du personnage figure de la ville : « fins

i tot quan arriba a dominar la vida de la ciutat, Onofre Bouvila continua sent un marginat »99

(J. GUILLAMON, 2001) p. 119.

L’autre type du marginal issu de la haute société est représenté par le noble décadent. Même si elle n’envahit pas les romans, cette figure n’est pas absente : le Marqués de Munt dans MDS et le Marqués de Ut dans la CP en sont des exemples : truculents et intelligents mais relégués à leur seul pouvoir esthétique du fait de l’évolution de la société et notamment de la conquête bourgeoise, ces marquis s’apparentent quelque peu au Charlus proustien. Déviants, fins et élégants, ils forment dans la société barcelonaise des représentants baroques, fantaisistes et expressifs. Ils rejoignent ainsi la grande famille des personnages marqués par une certaine folie. Les fous sont nombreux dans la Barcelone fictionnelle : chez Mendoza l’ensemble des personnages principaux est toujours marqué d’une certaine folie, Onofre Bouvila, comme l’enquêteur sorti de l’asile psychiatrique dans les romans de « détectives » (El misterio de la cripta embrujada, El laberinto de las aceitunas, Tocador etc.), mais aussi le maire de Barcelone dans Tocador. Dans ces récits, narration et diégèse (personnages notamment), se combinent pour créer une ambiance baroque et décalée qui déteint sur les représentations de la ville, et en particulier sur ses représentations paysagères comme nous le verrons dans les chapitres suivants. Les fous par traumatisme de la guerre sont également fréquents, comme le capitán Blay dans Embrujo.

C’est cependant dans les populations souffrantes et exclues des réseaux de pouvoir et d’intégration sociale que s’exprime l’autre facette de la marginalité. Les figures les plus représentatives sont logiquement celles du monde de la guerre civile et de la posguerra, surtout chez Marsé et Vázquez Montalbán. Deux figures sont particulièrement intéressantes

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car elles tiennent une place de choix dans l’imaginaire collectif de la ville : la prostituée et le vagabond.

La prostitution est une activité qui colle à l’image de la ville, et cela pour plusieurs raisons. Bien évidemment, elle est à mettre en relation avec le mythe du Barrio chino, pour lequel elle est une des activités principales et identitaires. Les prostituées de ce quartier sont partie intégrante de la société barcelonaise du monde fictionnel de Montalbán, Charo en étant la digne représentante. Ces femmes du quartier, contrairement à Charo, sont généralement marquées par la misère de leur condition, la souffrance et la dégradation physique. Des portraits expressifs définissent les caractéristiques des différents types de prostituées qui, lorsqu’elles travaillent dans la rue, sont des composantes essentielles des paysages de la ville.

Parmi les nombreuses descriptions montalbanaises, celle extraite de SM dresse les caractéristiques du stéréotype de la prostituée du Barrio chino avant leur exil pré-olympique du quartier :

« Les camionnettes de livraison et les vieilles putains en gilet de laine angora ressemblant à des bouchons de carafe se partageaient la rue. Dans une main un petit porte-monnaie terni par des vieilles transpirations, l’autre main ou tout simplement l’ongle partait à la recherche de quelque fibre de viande bouillie dans un coin caché entre l’incisive et la première molaire. Le même doigt profitait du voyage pour étaler le rouge sur les lèvres ou soulager l’oreille de ses picotements, croûtes ou vieilles cires. » (SM, p. 64).

Ce n’est cependant pas seulement la prostitution circonscrite dans un quartier particulier, un quartier de ville portuaire comme le dit Jaime dans son premier entretien (cf. Ent.1 t.537), qui est représentée dans les romans, mais aussi la prostitution que l’on pourrait qualifier d’ordinaire, la prostitution « amateur », celle qui pousse les mères de famille et les toutes jeunes filles, ou jeunes hommes, à recevoir un maigre salaire pour de plus ou moins grands actes sexuels. Ces prostituées de quartier peuplent le monde de Marsé. Ce sont les mères de famille, surtout républicaines donc perdantes, qui se prostituent dans les cinémas ou dans les beaux appartements de bourgeois de l’Eixample, ou les orphelines telle Rosita dans Ronda. On pourrait évoquer également la prostituée handicapée de Un día volveré ou celle de STD, Aurora-Ramona, la puta roja du quartier autour duquel tourne l’intrigue, qui pratiquent aussi la prostitution dans le Barrio chino. Cette dernière est une icône de la ville, la Barcelone perdante des années 1940, la ciudad podrida si tenace dans l’œuvre de Marsé. Le texte dit cette fusion dans ce court fragment :

“[dans Ramona] se operaba la misteriosa putrefacción de la ciudad…” (p.154).

Le vagabond ou le mendiant constitue une autre des figures traditionnelles de la ville en littérature. Il hante particulièrement les rues de Barcelone dans les romans. Dans la série Carvalho, il est représenté par Bromuro, qui n’est pas à proprement parler un vagabond, puisqu’il est cireur de chaussures surtout Plaza Real, mais il revêt un trait principal du vagabond, celui de vivre dans la rue, de la rue, pauvrement. Dans MDS, un grand bourgeois (Stuart Pedrell) se travestit en pauvre, comme si la marginalité attirait tellement qu’elle

poussait à une métamorphose sociale inversée. Dans l’œuvre de Marsé, comme le souligne justement Fernando Valls, (F. VALLS, 2005) p. 108, le mendiant est omniprésent et revêt principalement trois variantes qui toutes sont le fruit d’une observation attentive de la situation de pauvreté de la société espagnole des années 1940. Le vagabond est fréquemment représenté sous les traits d’un homme qui déambule dans le quartier en poussant un petit chariot et qui ramasse tout ce qu’il trouve au passage. (cf. le chapitre 4 de Ronda, de multiples occurrences dans STD). L’autre type d’homme de la rue est le mendiant qui dort dans les entrées de maisons, qui empeste comme dans Embrujo (Chapitre 1), dans STD et dans les nouvelles de Historias de detectives. Enfin le vagabond apparaît sous les traits d’un homme qui titube et tombe dans la rue, de faim ou de faiblesse dans Ronda, dans STD par deux fois et dans Embrujo. Le vagabond est enfin l’absent du roman dans Ronda, celui que Rosita doit reconnaître comme son violeur, la figure de l’homme de la rue devenu animal et mauvais.

Enfin, parmi les représentations de marginaux stéréotypés à Barcelone figure le travesti ou l’homme homosexuel. Dans la CP, le tenancier de la pension d’Onofre bien que marié, fréquente les bars décadents du quartier du Morrot habillé en femme ; dans ELG est fait allusion aux nombreux bars gays du quartier de Gracia, fameux pour leur fréquentation par la communauté homosexuelle. La prostituée, le travesti et le vagabond constituent ainsi un triangle remarquable dans nombre des romans contemporains barcelonais.

La marginalité des habitants barcelonais est un mythème constitué de plusieurs mythes conjugués : la ville unique, originale, distincte des autres villes espagnoles (et notamment de Madrid) mais jamais reconnue à sa juste valeur ; la ville baroque, fantaisiste. Mais aussi la ville souffrante, où ses habitants sont plongés dans des processus de déshumanisation qui leur confèrent un caractère intrinsèque d’anormalité : les personnages de Juan Marsé sont particulièrement exemplaires de ce trait, comme le souligne William M. Sherzer dans sa préface à STD (J. MARSÉ, 1973):

“Casi todos se definen por una anormalidad o característica especial : pelo rubio, sarna, tuberculosis, espalda jorobada ,etc. Estas características son esenciales al mensaje de la novela.[…] De esta manera se formula una deshumanización que se relaciona íntimamente con la brutalidad de la época”. (p. 44).

Ce qui est affirmé ici pour STD pourrait parfaitement s’appliquer à l’ensemble des romans de Marsé. Ces mythes sont ranimés du fait des genres des romans, du contexte historique d’écriture et des histoires narrées.

.II.1.2 La dimension catalane des Barcelonais

Nombre de Barcelonais dans les romans sont caractérisés par leur identité catalane : la bourgeoisie de la ville est toujours assimilée à l’identité catalane, aux grandes familles responsables de l’enrichissement de la ville par la colonisation américaine en premier lieu puis par l’industrialisation et l’urbanisation de la ville à la fin du 19ème siècle. C’est dans les œuvres de Eduardo Mendoza, (et en particulier dans la CP), et de Luis Goytisolo que Barcelone est envisagée avant tout comme capitale de la Catalogne et que par conséquent les

Barcelonais sont identifiés en tout premier lieu par leur caractère catalan. Evidemment, cette dimension n’est absente ni des romans de Juan Marsé ni de ceux de Manuel Vázquez Montalbán, mais la réflexion véritablement socio-anthropologique liée à une recherche historique sur la ville, est essentiellement le fait des deux premières œuvres. Pour tenter de cerner en quelques lignes les éléments de typicité du Barcelonais catalan ou du Catalan de Barcelone, on peut adopter le point de vue de Goytisolo car son approche prismatique de la société barcelonaise est particulièrement intéressante. Bien évidemment, les approches des autres auteurs sont aussi enrichissantes, mais nous aurons l’occasion en d’autres lieux de les aborder (et nous avons déjà pu saisir rapidement, pour Marsé et Montalbán leur vision de la Catalogne et des Catalans dans le Chapitre 3 II.1.2.). L’approche de Mendoza nous sera révélée à l’occasion d’analyses de descriptions paysagères dans les parties suivantes et également dans le CH. 5.

Les caractéristiques du Catalan comme celle du peuple catalan dans son ensemble font l’objet de très longs développements dans Recuento, généralement sous la forme d’argumentaires assumés par des points de vue aux idéologies différentes voire antagonistes. Un premier discours chauvin et élogieux est mis dans la bouche de jeunes gens au service militaires, amers de ne pas obtenir les mêmes avantages que les Aragonais dans le camp. C’est l’occasion, par contraste, de vanter la grandeur historique de la Catalogne et son courage face aux envahisseurs. C’est un trait essentiel qui est repris tout au long du roman, par maints discours historiques énoncés par le jeune narrateur, mais aussi lors d’une conversation truculente entre clients catalans d’une librairie. Ressortent également de leur conversation d’autres traits distinctifs des Catalans tel l’esprit fin et cultivé grâce à une langue particulièrement subtile selon leur point de vue :

“una inteligencia basada en un material más sutil que la llama del fósforo como es la lengua, el catalán en este caso, inteligencia establecida a partir de algún matiz fonético, sintáctico o morfológico presente en las primeras palabras que el librero les invitó a cruzar, a partir de la significativa justeza de alguna expresión o término, en contraste con los degradados castellanismos que paulatinamente se han ido introduciendo en el barcelonés coloquial” (Recuento p. 431).

Mais aussi :

“Cataluña, el caracter catalán, sus rasgos más distintivos, realismo, laboriosidad, sensualidad, individualismo indisolublemente unido a un fuerte sentido de la fraternidad, espíritu irónico, civilizado, sabiamente escéptico, casi pagano, sensible a las bellezas naturales, a los goces de los sentidos, apegado a sus tradiciones, dotado de institivas aptitudes mercantiles, propenso, en caso de dilema, a la solución más