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-> La communauté Irlandaise

Griffintown fut le premier quartier pauvre industriel du Canada où habitèrent les im- migrants Irlandais ayant fuit la famine vers 1800. Jusqu’aux années 1840, des milliers d’Irlan- dais arrivaient chaque année à Montréal pour y trouver du travail dans les fonderies locales, les briqueteries, les savonneries, les brasseries, etc.

Le secteur s’est transformé au gré des différentes phases qu’il a traversé, de son industria- lisation à son déclin progressif dans les années 1960. Différentes communautés migrantes s’y sont également installées. Les Irlandais, Anglais, Écossais et Canadien français investirent le quartier. Lors de la paupérisation du secteur et des crises industrielles, les résidents ont été nombreux à quitter Griffintown. En 1920, alors que les autres populations ont largement quitté le quartier, les Irlandais restèrent.

Le quartier Griffintown fut ainsi le cœur de la communauté irlandaise de Montréal jusqu’à ce qu’il soit partiellement démoli dans les années 1960 pour permettre la construction de l’autoroute Bonaventure.

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Figure 19 : Exposition des projets architecturaux des étu- diants de l’UdeM, Fonderie Darling, Décembre 2010

-> Une nouvelle population tournée vers l’Art

Quartier Éphémère

Dans les années 1960 et 1970, à la suite des changements de zonage, le quartier n’est plus vraiment habité. Les quelques résidents ont été expulsés. Le secteur a été pendant de nombreuses années dé- laissé des administrations publiques et de la population jusque vers 1990, où des artistes Montréalais réinvestissent les lieux. Ils réhabilitent et établissent leurs ateliers dans d’anciens bâtiments industriels. Des galeries d’art s’implan- tent dans le quartier.

Ces nouveaux résidents ont à cœur de promouvoir l’histoire des lieux et de préserver le patrimoine architectural et urbain. Les artistes ont ainsi contribué à initier la renaissance du secteur en investissant dans un premier temps la partie Est du quartier, le Faubourg des Récollets avant même que s’y implante la cité du Multimédia.

« Quartier Éphémère » est le premier organisme à venir s’installer dans le secteur. En 1993, l’association se forme et joue un rôle important à Griffintown. Cet organisme se consacre à soutenir le travail des artistes tout en sensibilisant le public aux édifices abandonnés dans les secteurs industriels délaissés de Montréal. L’association s’implante à Griffintown avec le désir de revitaliser l’espace social d’un quartier à l’abandon. Son mandat est alors d’occuper des édifices vacants et d’offrir des espaces nouvellement rénovés à des fins artistiques. Elle répartit de part et d’autre de l’autoroute des locaux et ateliers d’artiste et permet des ins- tallations artistiques, mettant en valeur les qualités esthétiques et patrimoniales d’anciens bâtiments industriels.

La Fonderie Darling, haut lieu de la culture montréalaise, est un centre d’art et visuel géré par l’organisation Quartier Éphémère. Ce centre a contribué à faire connaître le quartier par la qualité de ses prestations et par la présence de nombreux artistes canadiens et étrangers qu’elle a accueillis.

Figure 20 : Calèchier des écuries du Horse Palace se diri- geant vers le Vieux-Montréal

La fondation Horse Palace

Par la suite, la fondation du Horse Pa- lace se forme à l’initiative de Juliette Patterson et d’autres habitants du quar- tier. Le secteur de Griffintown regorge d’espaces oubliés par le temps. Les écu- ries urbaines de 1862 sur la rue Ottawa font partie de ces lieux témoignant de l’histoire du secteur.

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Actuellement les écuries sont en vente. La fondation prévoit d’acquérir la propriété, de la restaurer et d’y installer un musée sur l’histoire du quartier et de son habitat ouvrier. L’ob- jectif est d’offrir aux Montréalais un lieu pour renouer avec l’histoire de Griffintown. L’écurie continuera également d’être exploitée par les caléchiers du Vieux-Montréal.

« L’idée n’était pas juste le préserver mais aussi de l’orienter vers le 21ème siècle. Ça ramène les gens qui sont intéressés par l’environnement. C’est un poumon vert au milieu du quartier, les gens qui s’intéressent aux chevaux et les gens qui s’intéressent au patrimoine historique et architectural du quartier. Ça regroupe beaucoup de domaines différents, c’est l’opportu- nité de connaître l’histoire, sans mettre les pieds dans un musée. On a l’impression de faire un retour dans le temps quand on va là. »

Juliette PATTERSON, Présidente de la fondation Horse Palace

Depuis les années 1990, le secteur a ainsi été réinvesti et mis en valeur par une popu- lation arrivante, désirant participer activement à la réhabilitation du quartier. Ces nouveaux résidents ont ainsi amorcé une nouvelle étape dans l’histoire de cet ancien quartier ouvrier irlandais. Par leurs interventions, ils ont rendu attractif le secteur et ont réussi à lui redonner vie.

-> Un processus de gentrification

Cette nouvelle population a réussi à redonner une image positive au secteur de Grif- fintown. Depuis quelques années, les administrations publiques redonnent de l’intérêt à ce morceau de territoire stratégiquement situé à proximité de la ville-centre. De nouvelles poli- tiques urbaines visent à la réhabilitation de Griffintown pour permettre d’accueillir un grand nombre de logements, de bureaux et de commerces. La pression immobilière est devenue de plus en pus forte. De nombreux investisseurs privés veulent y développer des projets d’aménagement.

La première phase de repeuplement du secteur a ainsi attiré des artistes qui ont fait émerger une nouvelle culture et mis en valeur l’histoire du lieu. Ils ont fait la promotion du caractère industriel et du patrimoine architectural et urbain de Griffintown.

Dans la deuxième phase actuelle, ce quartier à proximité du centre-ville est devenu un lieu stratégique. Les acteurs de la première phase sont progressivement obligés de laisser place à d’autres groupes sociaux. Les promoteurs immobiliers souhaitent développer des projets immobiliers de haut standing.

Un processus de gentrification est amorcé dans le secteur de Griffintown. Il va de pair avec certaines politiques, programmes et investissements visant à améliorer le tissu urbain, à fa- voriser le retour à la ville, à rénover le parc résidentiel et à accroître l’accession à la propriété. À Griffintown, on observe une augmentation du nombre de demandes de dérogation, de la conversion d’immeubles et de permis de rénovation. On constate également des activités spéculatives sur l’immobilier incluant des offres d’achat faites aux propriétaires de longue date. On se dirige progressivement vers un embourgeoisement du secteur de Griffintown qui était à l’origine occupé par des ouvriers, des artisans et des artistes.

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