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CHAPITRE 2 : Une méthodologie adaptée pour une analyse du contexte territorial – préparation

3. Freins et leviers au changement sur le territoire, analyse du contexte socio-technique

3.3. Identification des leviers présents et à mobiliser

Malgré tous les freins évoqués, les acteur·rices ont cité de nombreux leviers sociaux, économiques et environnementaux mais aussi des relations dynamiques entre les acteur·rices et des évolutions qui sont encourageantes et à mobiliser pour entamer de nouvelles réflexions.

Leviers sociaux

Le territoire du marais Audomarois présente un sentiment d’appartenance très fort, les différent·es acteur·rices rencontrés sont sensibles à son évolution et souhaitent toujours s’engager et s’impliquer dans de nouvelles dynamiques : « On sent que le territoire recherche ce genre de dynamique, ce qui est

très valorisant et encourageant », « On ressent la volonté de trouver des solutions ». Certain·es

acteur·rices soulignent une prise de conscience des locaux et des services de l’Etat des questions agricoles et environnementales tandis que d’autres pensent que les freins culturels sont en continuelle évolution et qu’ils peuvent se lever.

Des réseaux existants et dynamiques

L’identification des acteur·rices du territoire a permis de dévoiler un nombre important d’acteur·rices présent·es sur le territoire. En effet, de nombreuses réflexions ont été engagées et ont permis aux acteur·rices de se rencontrer et de travailler main dans la main : « Sur le secteur il y a une

bonne complémentarité entre la collectivité et la Chambre de l’Agriculture. Il y a une bonne connaissance et reconnaissance mutuelle ». De plus, grâce à son maintien depuis 2001 et aux actions qu’il a mené, le

GT Marais est un lieu d’échange et de réflexion ancré dans le territoire qui est capable de mobiliser les acteur·rices en fonction des besoins du marais: « Le GT Marais est une instance de gouvernance très

pertinente qui nous permet de présenter nos actions sur le territoire, nous présenter comme compétent à intervenir, sans multiplier les réunions ».

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Des évolutions encourageantes

Malgré un bon nombre d’études n’ayant pas abouti, le territoire a continué de se battre pour conserver son patrimoine. L’engagement du PNR CMO et de la mission marais, de ses études et suivis sont très encourageants et ont permis l’obtention de reconnaissance comme celles de RAMSAR et de Réserve de biosphère. L’acquisition de la ferme du Zuidbrouck par le conservatoire du littoral permet d’envisager la conservation de la qualité environnementale de ce site et le maintien de l’élevage traditionnel et respectueux de son environnement. De plus, le travail mené dans le cadre du PMAZH, depuis 2014, a permis l’engagement d’un certain nombre d’éleveur·euses avec des résultats encourageants pour la suite sur le maintien des prairies humides : « les éleveurs se sont rapidement

engagés dans le PMAZH sur les mesures proposées mais également sur des demandes de formations spécifiques et intéressantes (Espèces écologiques ‘’intéressantes’’par exemple) ».

Les leviers environnementaux

Le marais est souvent perçu comme une contrainte par les agriculteur·trices mais c’est aussi un atout. Les terres sont riches et l’eau y est abondante. Cela permet d’avoir, en maraîchage, une certaine précocité et une qualité des légumes, ouvrant ainsi une place aux maraîcher·ères sur le marché.

Les leviers économiques

La localisation géographique du marais lui permet d’être présent sur un marché de consommation régional important et avec peu de concurrence sur le niveau légumier. De nouveaux systèmes de vente pourraient être envisagés pour développer l’activité.

L’installation

Certain·es acteur·rices rencontré·es du conseil et de la formation posent un regard positif sur les possibles installations soulignant d’abord la possibilité pour la Ville de Saint-Omer de gérer et de permettre l’accès aux marais communal. Certain·es expliquent même qu’une installation hors cadre familiale peut être une opportunité pour réinventer le système et les pratiques tout en étant accompagné par le territoire : « l'avantage des installations hors cadre familial est qu'il y a beaucoup

moins de freins en terme historique car les gens peuvent réinventer le système. Tout n'est pas bien fait mais tout est possible. De plus il y a moins de freins économiques qu’à la reprise d'exploitation comprenant d’éventuelles dettes ».

Enfin, un acteur·trice a souligné le fait que, pour le changement de pratique agricole « le levier qui va faire changer n’est pas toujours celui qu’on croit », expliquant ainsi que chacun peut être amené à changer grâce à un élément différent qui peut être familial, économique, environnemental ou touristique par exemple. Pour terminer, un·e autre acteur·trice à souligner l’importance de créer des projets concertés permettant d’être au plus proche du territoire et de la réalité.

Le territoire du marais Audomarois n’est pas au point zéro de la réflexion. De nombreuses études ont été menées et certaines ont permis de faire bouger quelques lignes. En effet, le marais maraîcher a eu, dans les années 70, la création de ponts, de routes, d’une coopérative, des piégeurs embauchés par la collectivité. Ces investissements n’ont pas suffi à la lutte contre la déprise maraîchère et au contentement des maraîcher·es présent·es qui demandent davantage d’investissement pour conforter leur activité. Continuer les investissements pour ce type d’aménagement permettra-t-il de maintenir l’activité maraîchère ? Comment orienter les investissements pour le maintien de l’agriculture et la

54 préservation de l’environnement ? La démarche de concertation semble être une solution pertinente et adaptée à la situation de tension du territoire. Elle sera l’occasion aux acteur·rices d’échanger et de, peut-être trouver une compromis. La mise en évidence du contexte territorial, des études menées et des freins et leviers apparus dans les entretiens sont un premier résultat pour la mise en place de l’atelier de concertation.

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