3.2 Insertion au réseau : flicker et application
3.2.2 Hypothèses et modèle de la ferme houlogénératrice réalisée à partir de
= P
l t(P
Gr id)cos(Ψ)|1+tan(ϕ)tan(Ψ)|
S
k(3.6)
P
l t∆V
V
!
= P
l t Pcos(Ψ)|1+tan(ϕ)tan(Ψ)|
S
k(3.7)
Ainsi, l’un des termes dépend uniquement du profil de puissance active (P
l t P=P
l t(P
Gr id), en
MV A), que nous appellerons par la suite sévérité de flicker intrinsèque, et l’autre terme dépend
des caractéristiques du réseau au point de connexion (S
kandΨ) et à l’injection de puissance
réactive (tan(ϕ)), souvent limitée par la règlementation réseau. Le flicker intrinsèque est ainsi
similaire au coefficient de flicker utilisé en éolien [85], à la différence que ce dernier utilise
seule-ment une normalisation par rapport à la puissance apparente de court-circuitS
k.
Subséquemment, nous voyons apparaître une contrainte sur les fluctuations de puissance de
la ferme :
P
l t P max=P
l t maxS
kcos(Ψ)|1+tan(ϕ)tan(Ψ)| (3.8)
D’après [88], les puissances apparentes de court-circuit dans un réseau de distribution
moy-enne tension sont typiquement comprises entre 10 et 2500 MVA et les ratios X/R sont aux
alen-tours de 1.5. Les normes en éolien [85] recommandent une étude en flicker pour des valeurs de
ratio X/R comprises entre 0.58 et 11.4 (en fait, pour des angles d’impédance réseau de 30°, 50°,
70°et 85°).
La figure3.3explicite le rapport entre la sévérité intrinsèque de flicker autoriséeP
l t P maxet
la puissance apparente de court-circuit au point de connexionS
kpour des ratios X/R entre 0.5
et 3.5, et pour des ratios Q/P compris entre 0 et -1.2. L’hypothèse retenue pour cette figure est
une sévérité en flicker maximale deP
l t max=0.25. De façon évidente, les fluctuations autorisées
peuvent devenir très importantes lorsque Q/P se rapproche de−R/X, les fluctuations de tension
étant alors compensées.
L’avantage majeur de cet indicateur P
l t Pest de pouvoir prédire, à partir d’une seule
esti-mation, la sévérité en flicker dans différents cas (dépendant des caractéristiques réseau et des
politiques réglementaires). Par exemple, l’équation (3.8) ou la figure 3.3peuvent être utilisées
pour déterminer que, pour un réseau de puissance de court-circuit deS
k= 40 MVA, avec un
angle d’impédance réseau deΨ = 50°, et pour une puissance réactive inductive correspondant
à un facteur de puissance de 0.99 au point de connexion, nous obtenons une limite :P
l t P max=
0.47·S
k=19 MVA.
3.2.2 Hypothèses et modèle de la ferme houlogénératrice réalisée à partir de
plusieurs technologies
Technologies de systèmes houlogénérateurs étudiées
Nous avons voulu comparer, du point de vue du flicker et dans le cadre d’une ferme de taille
importante, trois technologies de houlogénérateurs (cf. figure3.4) : à colonne d’eau oscillante
0.5 0.5 0.5 1 1 1 1 1 2 2 2 2 2 5 5 5 5 X/R QGrid /PGrid 0.5 1.5 2.5 3.5 −1.2 −0.8 −0.4 0 P ltP max / S sc 0.3 1 3 10 0.7 0.8 0.9 0.95 0.99 1
Power factor cos(
φ
)
30 50 60 70
Grid impedance angle (°)
Figure 3.3 – Rapport entre la sévérité intrinsèque de flicker autoriséeP
l t P maxet la puissance
apparente de court-circuit au point de connexionS
ken fonction de X/R et Q/P (équation (3.8))
(OWC) et deux houlogénérateurs directs (DWEC) (bouée pilonnante et SEAREV). Ces
technolo-gies, leurs principales caractéristiques ainsi que leurs modes de contrôle de la récupération, sont
présentés dans le tableau3.2.
Table3.2 – Technologies de houlogénérateurs comparées
Technologie Colonne d’eau oscillante Bouée pilonnante SEAREV
Principe
L’air déplacé par l’eau
dans une chambre pousse
dans un sens et l’autre une
turbine Wells connectée à
une génératrice électrique
Le mouvement de
va-et-vient des vagues
entraîne une bouée
connectée à une
génératrice électrique
linéaire
Bouée flottante
renfermant un volant
pendulaire d’axe
horizontal connectée à
une génératrice électrique
Dimensions W = 8 m ; L = 8 m ;H = 10 m D = 10 m ; H = 15 m W = 30 m ; D = 10 m
Contrôle
Vitesse constante ou
optimisée (vitesse
constante optimisée par
état de mer)
Contrôle passif ou réactif
avec écrêtage en force
(1 MN) et en puissance
(1 MW),contrôle optimisé
pour chaque état de mer
Passif avec écrêtage en
puissance (1.1 MW),
amortissement visqueux
optimisé sur chaque état
de mer
Références Cashman et al.[89] Section2.2 AnnexeA
Modélisation de la ferme
De façon similaire à [35] et [44], la représentation de la production d’une ferme sera supposée
égale à la superposition de N profils identiques décalé chacun dans le temps. Ces décalages sont
calculés à partir de la distance entre les unités et de la vitesse de groupe des vaguesv−→
д. Ainsi le
décalage entre deux unitésietjsituée enO
ietO
jse calcule ainsi :
∆T
i j=
−−−→
O
iO
j· −v→
д−
→
v
д2(3.9)
La vitesse de groupev−→
дdépendant de l’état de mer par l’intermédiaire de la période picT
p:
k−v→
дk=
дT
ppower electronic
converters
to the
grid
swell float pendular wheel electrical generator stator414rotorSEAREV
buoy electrical generator stator414rotorHeaving
Buoy
electrical generator stator414rotor air turbineOscillating
Water
Column
400 420 440 460 480 500 0 500 1000 1500 P ow e r (k W ) Time (s)Figure3.4 – Trois technologies de houlogénérateurs produisant une puissance très fluctuante :
colonne oscillante, bouée pilonnante et SEAREV
Pour mieux prendre en compte les effets polychromatiques de la houle, et ainsi avoir un
résultat plus réaliste, il serait nécessaire de décaler chaque composante fréquentielle en prenant
en compte sa vitesse de phase propre (et non la vitesse de groupe). L’hypothèse faite ici, très
critiquable, peut être considérée comme un pire des cas.
Ainsi, les interactions hydrodynamiques entre unités ne sont pas considérées. La distance
minimale entre chaque unité est de 200 mètres, comme recommandé par [56], afin de limiter les
effets d’interactions pouvant nuire à l’efficacité énergétique globale. On peut raisonnablement
supposer que ces effets sont suffisamment faibles pour ne pas intervenir dans la sévérité de la
ferme.
Pour chaque taille de ferme (7, 13 et 19 unités), deux architectures différentes sont comparées :
2 lignes ou la configuration la plus compacte possible (cf. figure3.5).
−1000 0 1000 −500 0 500 7 units y position (m) −1000 0 1000 −500 0 500 13 units −1000 0 1000 −500 0 500 19 units −1000 0 1000 −500 0 500 x position (m) y position (m) −1000 0 1000 −500 0 500 x position (m) −1000 0 1000 −500 0 500 x position (m)
Figure 3.5 – Les six architectures de ferme étudiées, avec trois tailles différentes : 7, 13 et 19
unités. La position des unités est représentée par une croix. Le diamètre des cercles est de 200 m.
Les profils étudiés ont une durée de 10 minutes pour les études en flicker court terme avec un
pas de temps de 20 ms, interpolé à partir de simulation ayant une résolution de 100 ms suffisante
pour la dynamique des houlogénérateurs. Le profil ne correspond qu’à un seul tirage des phases
aléatoires par état de mer.
3.2.3 Résultats
Influence de la technologie et de son contrôle
La figure 3.6montre la production moyenne, le flicker intrinsèque et le ratio de ces deux
valeurs pour 5 états de mer avec la même hauteur significative (3 m) et 5 valeurs de la période
pic (7, 9, 10, 12 et 14 s), cela pour les trois technologies présentées et pour différents modes de
contrôle. Cela correspond, pour la colonne d’eau oscillante (OWC), à une turbine contrôlée avec
une vitesse constante ou variable, et, pour la bouée pilonnante à un contrôle passif (optimisé
pour chaque état de mer) ou réactif (contrôles définis dans la section2.4.2). Quant au SEAREV,
il est piloté avec un contrôle passif écrêté en puissance. Dans un premier temps, une seule unité
est considérée. La hauteur de la barre pleine correspond à l’état de mer (H
s= 3 m,T
p= 10 s),
tandis que la plage d’incertitude correspond aux autres états de mer.
0 100 200 300 Avrg. prod. (kW) 0 20 40 60
Intr. flicker (MVA)
0 100 200 300
Flicker − prod. ratio (VA/W)
OWC Cst. speedOWC Var. speed HB passive HB reactiveSEAREV passive
Figure3.6 – Puissance produite moyenne, flicker intrinsèque et ratio flicker-puissance produite
pour 5 cas différents : une colonne d’eau oscillante (OWC) avec une turbine contrôlée à vitesse
constante ou à vitesse variable, une bouée pilonnante (HB) avec un contrôle passif ou réactif et
le SEAREV avec un contrôle passif.
Pour les technologies de houlogénération directe (SEAREV et bouée pilonnante), le ratio entre
le flicker intrinsèque et la puissance moyenne produite possède une variation moindre que le
flicker intrinsèque. Ainsi, en première approximation, on peut supposer que le flicker va être
proportionnel à la production pour ces technologies, mais avec un ratio qui dépend fortement
du contrôle. Globalement, les ratios ont des valeurs qui sont comprises entre 50 et 250 kVA/kW.
Le comportement du système à colonne d’eau oscillante, en terme de ratio, est similaire, quel
que soit le contrôle (mais on peut observer que la performance de la récupération s’améliore
grâce à la vitesse variable). De même, les deux houlogénérateurs directs avec un même contrôle
se comportent, en terme de ratio, de façon similaire. Mais la bouée pilonnante en contrôle
réac-tif entraîne des fluctuations beaucoup plus importantes rapportées à sa production qu’avec un
contrôle passif, ce qui détériore le ratio flicker sur production moyenne.
Influence de l’état de mer
La figure3.7montre la production moyenne, le flicker intrinsèque et le ratio entre ces deux
valeurs pour différents états de mer évoqués précédemment (à hauteur significative constante,
égale à 3 m). Pour l’instant, une seule unité est considérée. Tous les résultats sont normalisés par
rapport à l’état de mer (3 m ; 10 s).
Nous pouvons constater que la corrélation entre la sévérité en flicker et la production
moy-enne est importante. Néanmoins, on peut aussi observer que les différents houlogénérateurs n’ont
pas le même comportement suivant l’état de mer. Cela est bien sûr lié au principe de conversion
différent. Ainsi, le comportement fondamentalement résonnant des houlogénérateurs directs
en-traîne que le pic de production apparaît près de sa résonance naturelle. Ainsi, l’état de mer le plus
contraignant, en termes de flicker, n’est pas forcément le même suivant la technologie.
On peut également observer que, globalement, le ratio flicker/production diminue avec la
pé-riode pic. Cela est cohérent avec la sévérité en flicker, qui est plus importante pour des fréquences
plus élevées (cf figure3.1). Mais même le comportement de ce ratio normalisé n’est pas identique
suivant les familles de houlogénérateurs et leurs contrôles, ce qui n’est pas forcément étonnant
au vu de la différence importante entre les différents principes de conversion et leur utilisation
par le contrôle.
Influence du nombre d’unités et de l’architecture de la ferme
Cette partie ne traite que d’un profil issu d’une bouée pilonnante utilisant un contrôle réactif.
Nous considérons que les résultats que nous aurions obtenus en effectuant une analyse similaire
sur les autres technologies (OWC et SEAREV) seraient très proches.
La figure3.8montre la sévérité en flicker d’une ferme normalisée par la sévérité en flicker
d’une unité. Nous appellerons dorénavant cette grandeur le ratio en flicker ferme-unité. Cette
grandeur est représentée en fonction de la direction des vagues (0°correspond à l’axe des abscisses
de la figure3.5).
Une hypothèse classique consiste à supposer que cette valeur correspond à la racine
car-rée du nombre d’unités√
N. Cette hypothèse provient du fait que les productions peuvent être
considérées comme indépendantes les unes des autres, permettant ainsi d’utiliser la formule de
Bienaymé (la variance d’une somme de variables stochastiques indépendantes est la somme des
différentes variances).
On peut observer que, pour certaines directions, cette valeur est franchement plus grande que
celle attendue avec cette hypothèse. Cela provient du fait que différentes unités sont alignées face
aux vagues, et ont donc une production identique.
Néanmoins, le fait que des unités distantes de 200 mètres aient exactement le même profil
de production (lorsqu’elles sont alignées face à la direction de propagation) apparaît comme peu
réaliste pour de nombreuses raisons : l’interaction hydrodynamique entre les houlogénérateurs,
les mouvements des houlogénérateurs (lorsqu’ils ne sont pas à référence fixe, mais à référence
8 10 12 14 0 0.5 1 1.5 2
Avrg. prod. norm.
OWC Cst. Speed OWC Var. Speed HB Pass. HB React. SEAREV Pass. 8 10 12 14 0 0.5 1 1.5 2
Intr. flick. norm.
8 10 12 14 0.6 0.8 1 1.2 1.4
Flick.−prod. ratio norm.
Peak period of the sea−state (s)
Figure3.7 – Puissance produite moyenne, flicker intrinsèque et ratio flicker/production en
fonc-tion de la période pic de l’état de mer (hauteur significative constante de 3 mètres) pour les
cinq cas considérés : une colonne d’eau oscillante (Oscillating Water Column) avec une turbine
contrôlée à vitesse constante ou à vitesse variable, une bouée pilonnante (Heaving Buoy) avec un
contrôle passif ou réactif et le SEAREV avec un contrôle passif. Toutes les valeurs sont
normali-sées par rapport à la valeur correspondant à l’état de mer (H
s=3 m,T
p=10 s).
mobile), etc. Nous allons donc présenter un second scénario en prenant en compte la dispersion
de la direction des vagues (caractère multi-directionnel des vagues). Les résultats de [90] sont
utilisés pour prendre en compte cette dispersion à l’aide d’une distribution gaussienne de la
tangente de l’angle de direction (avec un écart type de 0.1).
Les résultats sur la sévérité en flicker d’une ferme en fonction de la direction moyenne de
propagation sont alors beaucoup plus lisses, comme on peut le voir sur la figure 3.9 mais le
placement des unités a encore une certaine importance. Ainsi, placer des unités alignées face à
la direction principale des vagues doit être évité pour réduire la sévérité en flicker de la ferme.
Il semble finalement que l’hypothèse de la racine carrée soit assez réaliste pour être utilisée
par la suite. Dans ces conditions, les ratios flicker-production montrés en Fig.3.6seraient alors
proportionnels àN
−1/2. Ainsi, pour l’intégration au réseau, une bonne méthode pour améliorer
la qualité de l’énergie serait d’avoir des fermes avec un grand nombre d’individus avec des
hou-logénérateurs plus petits. Néanmoins, cette méthode affecterait sûrement de façon importante le
coût du kWh produit par une telle ferme.
2 lines Compact √N hyp. 5 10