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3. ÉTUDE DOCTORALE

3.2 Hypothèses

Étant une étude de nature exploratoire, il est difficile d’émettre des hypothèses spécifiques. Cependant, l’auteure avance tout de même, en se basant sur les travaux antérieurs, quatre hypothèses de recherche.

Première hypothèse :

Parmi les participants, un plus grand nombre de femmes, de personnes âgées, et d’individus vivant seuls ou n ’ayant pas d’enfants souffriront d’un deuil plus intense.

Les recherches antérieures sur la prévalence de l’intensité du deuil suite à la perte d’un animal de compagnie démontrent que divers groupes spécifiques semblent être particulièrement affectés à différents niveaux. Par exemple, les travaux de Gosse & Barnes (1994) ont démontré que 79% des maîtres qui ont participé à leur étude sur le deuil des animaux de compagnie étaient des femmes. À ce même sujet, Planchón et Templer (1996) ont découvert dans le cadre de leur recherche que les femmes parlaient plus ouvertement de leur deuil que les hommes. Dans ce cas, le deuil suite à la perte d’un animal de compagnie était associé chez les femmes et non les hommes.

L’importance de la variable du sexe du maître a cependant été négligée dans certaines études. Par exemple, lors de leurs investigations systématiques des variables impliquées quant à l’ajustement suite à la perte d’un animal de compagnie, certains chercheurs tels que Gerwools et Labott (1994), Stallones (1994) et Archer et Winchester (1994) n’ont pas toujours considéré l’influence de la variable du sexe du maître dans leurs études sur la perte d’un animal de compagnie. Cela suggère que les investigations empiriques traitant des données venant d’hommes et de femmes au sujet du deuil aient négligé de démontrer empiriquement à quel point il existe ou non une différence entre les sexes quant à l’intensité du deuil suite à la perte d’un animal de compagnie.

Bien que les adultes de tous les âges puissent être gravement affectés par la mort de leur animal de compagnie, la recherche antérieure démontre que ce sont les personnes âgées qui sont particulièrement affectées par la perte de leur animal de compagnie (Lago & Kotch-Jantzer, 1988; Savishinsky, 1988). Dues aux conséquences du vieillissement, les personnes âgées perdent Γopportunité et les capacités nécessaires pour prendre soin des autres (Siegel, 1990). Cela implique alors que les animaux de compagnie (particulièrement ceux qui interagissent beaucoup et qui sont très dépendants du maître) peuvent aider à décroître les sentiments d’impuissance et une basse estime de soi du maître. Ainsi, l’animal de compagnie joue un rôle primordial en tant que compagnon et récipient de soins. Conséquemment, la perte de ce dernier peut engendrer une réaction de deuil très intense chez la personne âgée (Cowles, 1985).

Quelques études ont réussi à démontrer le lien entre le fait de vivre seul et l’intensité du deuil suite à la perte d’un animal de compagnie. Dans leurs recherches, Planchón et Templer (1996) ont démontré qu’il y avait effectivement une corrélation très forte entre une intensité de deuil très élevée et le fait de vivre seul. Cependant, ce ne sont pas toutes les recherches sur le deuil des animaux de compagnie qui ont eu l’occasion de confirmer cette hypothèse. Dans leur étude impliquant 207 participants, Gosse et B ames (1994) n’ont vu aucun lien entre le fait de vivre seul et l’intensité du deuil. La présente thèse propose donc de clarifier cette question en examinant cette variable à l’intérieur de !’échantillon des participants.

Enfin, certaines recherches ont tenté de démontrer que les couples n’ayant aucun enfant semblent vivre un deuil plus intense. Ce fait a partiellement été supporté dans l’étude de Gosse et Barnes (1994) sur la gravité du deuil suite à la perte d’un animal de compagnie. Dans leur étude, les individus n’ayant pas d’enfants cotaient de façon élevée sur une échelle d’isolation sociale. Ainsi, les couples n’ayant pas d’enfants étaient possiblement prédisposés vers l’isolation sociale puisque leur animal jouait le rôle d’un stimulus social. Or, la perte de ce dernier isolait davantage les maîtres sur le plan social, rendant leur travail de deuil plus difficile.

Deuxième hypothèse :

Parmi tous les participants, certains d’entre eux risquent de démontrer un deuil d’une intensité élevée et ce, particulièrement chez les individus ayant perdu leur animal de compagnie suite à une mort subite et inattendue (mort non-anticipée).

Il a été démontré dans la littérature que la mort non-anticipée d’un animal de compagnie semble compliquer et intensifier la réaction de deuil du maître. (Gerwolls & Labott, 1994). Bien qu’il y ait un manque de recherche scientifique sur la réaction de deuil du maître suite à l’euthanasie de l’animal de compagnie (Stallones, 1994), quelques auteurs ont rapporté le fait que l’intensité du deuil semble être significativement plus élevée lorsque l’animal décède suite à l’euthanasie ou suite à un accident que par la voie d’une mort naturelle (Archer & Winchester, 1994; Planchón & Templer, 1996).

Troisième hypothèse :

En plus de l’attachement, certaines autres variables peuvent influencer l’intensité de la réaction de deuil, telles que la personnalité, la détresse psychologique, la solitude et les événements du passé du maître.

Mis à part quelques études sur les liens entre l’attachement et le deuil d’un animal de compagnie (Brown, Richards, & Wilson, 1996; Gerwools & Labott, 1994; Rajaram, Garrity, Stallones, & Marx, 1993), les recherches antérieures n’ont pas exploré (outre que par le biais d’observations cliniques) l’influence que pourraient avoir la personnalité, la détresse psychologique, la solitude et les événements du passé du maître lors de son processus de deuil suite à la perte de son animal de compagnie. La présente thèse, vise donc à déterminer empiriquement l’influence que peuvent avoir ces diverses variables sur l’intensité de la réaction de deuil suite à la perte d’un animal de compagnie.

Quatrième hypothèse :

Les participants ayant un passé notablement marqué d'événements négatifs de vie feront preuve d’un deuil plus intense que ceux ayant peu ou pas d’événements négatifs

Depuis quelques années, les événements qui se sont produits dans le passé d’un maître endeuillé semblent susciter de plus en plus d’intérêt chez les chercheurs intéressés par ce domaine de recherche. Des auteurs tels que Stallones, (1994), Adams, Bonne# et Meek (1999, 2000) et Stammbach et Turner, (1999) ont tous noté dans le cadre de leurs recherches que plus l’individu a des événements négatifs dans son passé, plus l’intensité de sa réaction de deuil est intense suite à la perte de son animal de compagnie.

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