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Hypothèse 2.1 : amélioration légèrement positive de la qualité de l’audit

CHAPITRE 5 ANALYSE DES IMPACTS SUR LA QUALITÉ DE L’AUDIT

4.2 Résultats des interviews pour la qualité perçue de l’audit

4.3.1 Hypothèse 2.1 : amélioration légèrement positive de la qualité de l’audit

Sur base de nos recherches littéraires, nous avions déduit que le comportement de l’auditeur aurait dû impacter de façon légèrement positive la qualité de l’audit.

Or, au cours de nos interviews, nous avons plutôt entendu que la qualité de l’audit n’allait pas être transformée. Ceci nous semble d’ailleurs être la réponse la plus appropriée.

En guise d’explication, nous avons repris tous les points évoqués dans la théorie et la pratique par rapport à chaque cas de figure (diminution, augmentation et stagnation de la qualité de l’audit). Nous y avons ajouté notre avis afin de justifier notre position selon laquelle le changement du comportement des auditeurs ne devrait pas impacter la qualité de l’audit. A. Concernant la diminution de la qualité de l’audit

Focalisation de l’auditeur sur la rédaction du rapport en dépit de son travail

L’opinion, qui soutient que l’auditeur se focalisera sur la rédaction de son rapport au détriment de sa fonction de surveillance avait été émise par l’intervenant anonyme. Ce jugement avait d’ailleurs été relevé lors d’une de nos lectures.

Nous estimons malgré tout que l’avis de cet individu anonyme n’est pas aussi fondé que celui des autres répondants étant donné qu’il n’audite qu’une seule entité cotée. Comme nous l’avions déjà noté, les propos évoqués par cette personne ont été démentis par d’autres professionnels qui ont jugé que le temps supplémentaire de rédaction n’allait en rien modifier le travail qu’ils accomplissaient précédemment. Effectivement, les heures additionnelles ne représentent qu’une faible part des heures totales prestées pour une mission portant sur une entité d’une certaine envergure. C’est d’ailleurs cette idée que nous jugeons être la plus logique.

Effet de censure

L’auditeur anonyme se démarquait aussi des autres individus en expliquant que les nouvelles mesures pourraient censurer le commissaire lors de l’identification des points clés. Cette manière d’agir est, à nos yeux, dangereuse car la responsabilité du commissaire pourrait rapidement être remise en question comme nous l’avions mentionné précédemment.

C’est pourquoi nous croyons que les réviseurs ne prendront pas ce risque et que cet effet de censure se reflètera de manière limitée au cours des prochaines années.

Déni de responsabilité

Même si un risque de déni de responsabilité, par lequel un auditeur publierait plus de KAM pour diminuer sa responsabilité, existe, nous tenons à rappeler que ce danger est faible. En réalité, les auditeurs nous ont majoritairement certifié qu’il fallait décrire uniquement les éléments nécessaires au lecteur et ne pas établir un récapitulatif de tous les risques dans le rapport d’audit. En outre, Monsieur Lhoest nous a affirmé que les responsabilités des commissaires ne seraient pas diminuées si ceux-ci se cachent derrière des questions traditionnelles. Par conséquent, nous ne pensons pas que ces derniers agiront dans ce sens.

Divergence entre les EIP et les non EIP

Nous confirmons que la divergence entre les EIP et les autres entités se creuse en raison des différentes exigences en matière de déclaration publique. Nous estimons néanmoins que le travail d’identification des risques pour les petites entreprises doit, a priori, être le même que pour les EIP. Ceci nous a d’ailleurs été affirmé par l’un des intervenants. Nous considérons, par conséquent, que la qualité de l’audit ne sera pas impactée par cet écart de traitement. B. Concernant l’amélioration de la qualité de l’audit

Travail plus approfondi des auditeurs

L’IOSCO (2009, cité par Reid et al., 2015) avait fait l’hypothèse que les auditeurs pourraient travailler plus en raison de l’accroissement de leur responsabilité à communiquer des renseignements sur les KAM. Cette théorie a pourtant été réfutée par les résultats de notre étude puisque l’identification des risques devrait en principe, déjà à l’heure actuelle, être correctement appliquée.

Meilleure documentation des auditeurs

Nous reconnaissons qu’une documentation complète est absolument nécessaire puisque si le travail n’est pas documenté, il sera jugé comme non effectué. Cependant, nous ne pensons pas qu’une meilleure documentation mènera à une meilleure qualité de l’audit, qui repose sur le travail réellement effectué. Elle servira « seulement », selon nous, à prouver les travaux entrepris par l’auditeur et à justifier ses conclusions. La documentation a donc, à nos yeux, un rôle de soutien et non un rôle fondateur de la qualité de l’audit.

Travail plus approfondi du comité d’audit

En raison principalement de la communication externe des KAM, le comité d’audit pourrait avoir envie de solutionner plus de problèmes par lui-même pour éviter que des données d’ordre négatif soient publiées sur la société auditée.

Nous pensons cependant que cette pratique pourrait uniquement s’appliquer pour les KAM spécifiques à l’entité puisque ce sont ces derniers qui pourraient réellement porter préjudice à l’entité. En outre, nous croyons que le comité d’audit pourrait ne pas être capable de solutionner toutes les questions importantes de l’auditeur. Dès lors, nous préférons rester prudents et considérer que cette évolution ne devrait pas avoir une grande influence sur la valeur des audits.

Communication d’informations propres à l’entité auditée

Comme nous l’avons exposé antérieurement, un risque de standardisation existe au niveau du type de risques introduits dans le rapport et au niveau de la manière de rédiger le nouveau paragraphe. Ainsi, l’effet potentiellement bénéfique de la révélation d’éléments propres à l’entité sur la qualité de l’audit sera limité en Belgique.

Communication plus intense avec le comité d’audit

Les personnes sondées ont, à de nombreuses reprises, souligné l’amélioration qu’il y aura dans les échanges entre l’auditeur et le comité d’audit. Toutefois, aucun répondant n’a envisagé une possible augmentation de la qualité de l’audit en vertu de ce renforcement. Par conséquent, nous ne pouvons pas prendre en compte cet élément dans l’élaboration de notre conclusion.

C. Stagnation de la qualité de l’audit

Au regard de ce qui précède, nous en arrivons à la même conclusion que Gutierrez, Minutti-Meza, Tatum et Vulcheva qui déclaraient qu’ils n’avaient trouvé aucun changement dans la qualité de l’audit lors de leur évaluation des conséquences des KAM (2016).

Cette affirmation est corroborée par l’avis de la plupart des intervenants qui ont surtout souligné que les nouvelles mesures n’impacteront en rien leur processus de vérification mais seulement la communication externe qui en sera faite. Cette remarque a également été retrouvée dans les propos de Montgomery (2016).