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Voilà quelque chose de très peu commun : la perte d’hypothèque ! Celle de mon couple de « base », Jean-Pierre Amouroux et son épouse Marguerite Pontié. Comme me disait la présidente de salle qui était gentiment venue m’aider à rechercher dans les hypothèques : « Je n’ai jamais vu cela, c’est bizarre votre histoire ! ». Je lui demandais alors si cela était possible que le notaire n’ait pas rempli le registre des hypothèques ? Elle me répondit, en éclatant de rire : « cela reviendrait à dire que les impôts n’ont pas été payés ! ».

Je vais vous faire part d’une réussite, ou d’un échec, dans mes recherches. Je trouvais cela judicieux de faire la lumière sur les heures de travail énergivores qui ne mènent nulle part et qui découragent fortement. M. Cosson, notre directeur de recherche, nous a martelé que chaque document doit forcément nous mener à un autre ; que toute recherche doit avoir un sens et nous conduire plus loin dans la généalogie de nos personnes ou de notre couple. Mais que se passe- t-il quand rien ne s’enchaine ? Quand les sources ne coïncident pas, tel un puzzle, pour monter une histoire ? Quand l’orchestre ne récite pas la partition ? Que se passe-t-il quand rien ne va, quand tout agit de concert pour nous décourager et que l’on a l’impression de se fracasser contre les murs ?

Toutes recherches effectuées dans les hypothèques se font en plusieurs temps, une fois la méthode assimilée elles deviennent assez mécaniques. Chaque département est divisé en canton, pour Finhan c’est Montech qui dépend lui aussi d’un bureau ou chef-lieu. Dans le Tarn et Garonne, on trouve les bureaux de Montauban, Castelsarrasin et Moissac. Finhan dépend de Castelsarrasin jusqu’en 1926, puis de Montauban. Commence alors un véritable jeu de « ping- pong » au cours duquel chaque document est rapidement consulté et où les temps d’attentes pour recevoir la source suivante sont interminables. Par bureau, on plonge dans un premier temps dans les registres indicateurs, « ils contiennent les seuls patronymes, classés par ordre alphabétique » qui nous renvoient à la table alphabétique qui fait mention du prénom, de la profession et du lieu de résidence.

Pour Jean-Pierre Amouroux, dès la consultation de la table alphabétique de son patronyme, on peut constater des erreurs :

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Deux extraits de la table alphabétique Amouroux – Lamouroux du bureau de Castelsarrasin (avant 1926)396.

Il n’existe que deux Jean-Pierre Amouroux dans la table alphabétique et les deux semblent nous renvoyer vers son petit-fils Jean-Pierre Joseph Amouroux. Mais la multiple dénomination de « Jean-Pierre ou Jean ou Jean Pierre Joseph » peut sans doute signifier qu’il y a eu une superposition entre le grand-père et le petit fils, voire une autre personne. Puis vient ensuite le répertoire des formalités hypothécaires qui fait le bilan des transcriptions dans la case de gauche et inscription dans la case de droite.

Voilà ce que l’on trouve pour Amouroux Jean-Pierre Joseph pour la partie transcription :

Extrait des formalités hypothécaires de Amouroux Jean-Pierre Joseph397

Si toutes les lignes des transcriptions correspondent bien aux hypothèques de Jean-Pierre Joseph, la première ne peut être de lui vu qu’elle date du 9 août 1860 et qu’il est né le 3 août 1886. Hélas, la transcription de 1860 renvoie à l’achat d’une pièce de terre dans Finhan de Jean

396 AD 82 / 4 Q 908 / Vol 1 – Folio 73. 397 AD 82 / 4 Q 1106.

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Amouroux à Jeanne Jougla, mais impossible à ce stade des recherches de savoir à quel Jean il correspond précisément. Quant à la partie inscription des formalités, elle est également très déconcertante :

Extrait des formalités hypothécaires de Amouroux Jean-Pierre Joseph398

Il y a au moins deux personnes de « superposées » sur ces formalités et il va donc être beaucoup plus complexe de retrouver Jean-Pierre Amouroux.

Nous allons donc être obligés de passer par une tierce personne pour retrouver notre couple. Or, le nombre de sources notariales ne manque pas, à commencer par les successions de Jeanne Fauré de 1866 et de Jean Amouroux de 1877, parents de Jean-Pierre. Dans le cas de Jeanne Fauré, elle n’apparait pas dans les registres des hypothèques. Quant à Jean Amouroux sa succession n’y est pas mentionnée.

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Extrait des formalités hypothécaires de Amouroux Jean399

Autre possibilité, passer par un de ses enfants comme Michel Amouroux, et observer si la succession anticipée de 1878 y est mentionnée, mais ici non plus, pas de résultat.

Extrait des formalités hypothécaires de Amouroux Michel400

Il est très étrange qu’il n’y ait aucune interaction entre le père et le fils de Jean-Pierre Amouroux, sachant que l’on aurait dû le retrouver à travers les successions. Mais cette originalité ne s’arrête pas là. En effet, il est fait mention le 17 juin 1878 devant maitre Dellac, notaire à Finhan, d’une quittance de Serres Louise à Jean-Pierre d’une somme de 500 francs. Il est même mentionné ce qui suit :

399 AD 82 / 4 Q 997. 400 AD 82 / 4 Q 1106.

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« Comme aussi la recevant donne mainlevée et consent à la radiation définitive de toutes inscriptions prises à son profit et au profit de sa dite sœur, ou à son profit exclusif contre le dit M. Amouroux, au bureau des hypothèques de Castelsarrasin, sous quelque date, volume et numéro qu’elles soient portées »

Extrait de la quittance entre Serres Louise et Amouroux Jean-Pierre (1878)401

Malgré la mention du bureau des hypothèques de Castelsarrasin, il s’agit également d’une fausse piste. Il n’est en effet nullement fait mention de cette quittance au nom de Serre Louise.

Extrait des formalités hypothécaires de Serres Louise

Il en va de même pour l’achat et la vente que réalise l’épouse de Jean-Pierre, Marguerite Pontié à deux frères le 10 février 1868. Marguerite achète à Jean Pégas une parcelle de vigne à Montech402 et vend à Francois Pégas une terre labourable à Finhan403. Or dans les formalités hypothécaires des frères Pégas, il n’est nullement fait mention d’un quelconque achat ou vente avec Marguerite. A ce stade, tout agit comme si, dans les archives hypothécaires, Amouroux Jean-Pierre et Pontié Marguerite n’existaient pas. Jean (décédé en 1877), le père de Jean-Pierre, son fils, Michel (décédé en 1912), et son petit-fils, Jean-Pierre (décédé en 1946), apparaissent

401 Chez maitre Dellac 5E 22387 / N°127 402 Chez maitre Dellac N°46

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bien dans les hypothèques, de même que les frères et sœurs de chacun, mais il n'y a aucune interaction avec Jean-Pierre et Marguerite.

Suzanne, femme de Marty, domiciliée à Finhan est la sœur de Jean-Pierre.

Antoinette, femme d’Arguence, domiciliée à Finhan est la sœur de Jean-Pierre.

Marie, célibataire, domiciliée à Finhan est également la sœur de Jean-Pierre.

Jean-Marie, frère cadet de Jean-Pierre, domicilié à Finhan.

Rose et Michel, les enfants de Jean-Pierre.

Hélas, même le tableau noir ne permet pas d’y voir plus clair. Toutes les recherches entreprises du côté de Marguerite Pontié ne donnent pas plus de résultat. Les recherches dans les deux autres cantons, Moissac et Montauban, n’aboutissent pas non plus. Marguerite et Jean-Pierre auraient pu déménager ou posséder une terre dans un autre canton qui aurait pu les y inscrire. Encore une fois, et c’est une récurrence, aucun résultat.

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Ce couple n’apparait pas dans les hypothèques. Je suis sans doute passé à côté de quelque chose, peut-être que dans la recherche un élément important m’a échappé. Le plus embêtant, c’est que cette absence de résultat concerne le couple principal de la généalogie.

J’aurais aimé poursuivre mes recherches, mais le contexte du printemps 2020 oblige, je n’y suis pas retourné. L’accès aux archives étaient trop compliqué et les étudiants n’étaient pas prioritaires.

Je voulais, hélas, montrer que parfois l’énergie déployée ne paye pas et que devant une impasse c’est l’impuissance qui peut triompher. J’aurais également pu parler des recherches « à vue » pour retrouver un contrat de mariage ou un testament qui reste introuvable. Malgré les heures et les heures de recherches, les centaines de sources épuisées et avoir consulté tous les notaires du lieux ou proches du lieu ; mes recherches sont restées vaines.

Cela fait bizarre de mettre en avant ses échecs, et il est vrai que l’on est fier de mettre en avant les réussites et les trouvailles. Ce qui ne donne rien en apparence cache en fait des heures de travail acharné, une impression de lutter contre les sources, les archives et le temps qui passe.

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On apprend de ses échecs, dit-on… Je voulais rendre à travers ce chapitre un hommage à ce travail perdu, à l’énergie déployée en pure perte, aux casse-têtes… si je peux dire à l’envers du décor, aux « coulisses » en quelque sorte, qui contribue et participe à la recherche.

Sur la photo ci-dessus est exposé le village de Cordes-Tolosannes où habitaient Guillaume, Antoine et Arnaud Chambarou, respectivement père, fils et petit-fils. Autour, les villages proches où ces trois personnes auraient pu faire leur testament pour Guillaume et Antoine, et les deux contrats de mariage d’Arnaud en 1703 et 1713. Sur le bord de la photo se trouve les différents notaires où auraient pu avoir été fait les différents actes. Les différents registres, liasses et minutes furent feuilletés sans résultats…

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Conclusion

Ainsi prend fin ma recherche sur la généalogie Amouroux – Chambarou, commencée de façon plus qu’aléatoire, où le hasard de façon arbitraire me fit choisir le premier couple « venu » dans les tables décennales des années 1834-1843. Le hasard faisant bien les choses la généalogie descendante se « termine » par Max Amouroux, qui donna bien malgré lui son nom au stade de rugby. Un stade autour duquel je vis depuis trois ans. Il m’est donc impossible, faute de temps, plusieurs mois après le décès de Suzanne Rey, de me rendre chez les Amouroux vivant encore dans le village. Peut-être qu’un jour je les contacterai et pousserai leur porte pour leur donner mon travail et par la même occasion connaitre les petites anecdotes sur les personnages sur lesquels j’ai passé tant de temps à travailler. J’en apprendrais alors davantage sur les deux frères et cinq sœurs qu’il avait ; sur les légendes familiales et je pourrais de fait les comparer avec les ressentis que j’ai eu lors de mon voyage au cœur de leur lignée.

C’est un euphémisme de dire que ce mémoire aura été au final une frustration ! Ne pouvant pas aller au bout de mon travail, de mes idées et des sources disponibles aux AD 82. Ne pas aboutir les hypothèques et me plonger dans les cadastres et compoix reste une expérience amère. Ne pas me faire évaluer ou critiquer sur de nombreux thèmes est une frustration, un abattement ! Cela est fort dommage, je voyais dans ce mémoire quelque chose de plus ludique et plus positif que le mémoire d’histoire que j’ai dû réaliser lors de mes études précédentes, qui parfois, pour l’avoir vécu, peut se transformer en véritable calvaire. Cette impression de ne pas avoir réalisé le travail demandé dans son intégralité reste pour moi une forme d’échec, le contexte du printemps 2020 étant hélas prédominant.

Nos professeurs, directeurs de recherches et ces autres universitaires ont, comme nous, subit cette période et nous ont soutenu et encouragé au mieux pour que nous puissions terminer nos œuvres.

Dans ce mémoire, il aurait été judicieux de creuser d’autres pistes comme par exemple la psycho-généalogie. Non pas travestir cette discipline pour en faire une nouvelle fois un outil de justification victimaire ou ésotériste, mais la faire intervenir ponctuellement pour expliquer certaines affinités. Comme par exemple dans le cas de Max Amouroux qui dans son premier emploi était conducteur des travaux comme son père mais dans son deuxième emploi est agent de l’ordre, or son grand-père maternel, Rey Gabriel était gendarme. Sur ce point, la généalogie est « courte », trois générations seulement se sont côtoyées, mais y a-t-il des liens d’affinité à travers le temps ?

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Après une relecture finale de ce mémoire, et pour prendre à contre-pied les regrets exposés ci- dessus, je dois admettre que ce travail de recherche était, malgré les difficultés, une entreprise passionnante à travers laquelle je cerne bien mieux les exigences de la généalogie. Plonger au cœur d’une lignée est un voyage enrichissant.

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Remerciements

Arrivé au bout de ce travail de recherche et de rédaction, je tiens à remercier plusieurs personnes :

- Je remercie les archives départementales du Tarn et Garonne, et en particulier la spécialiste des hypothèques pour les heures qu’elle m’a accordées.

- Je remercie l’association de Généalogie Canal Garonne de Finhan, et Monsieur Mothes, son président, pour l’aide qui m’a été apportée.

- Je remercie mes enseignants pour la formation qu’ils nous ont délivré cette année, ainsi que la promotion à laquelle j’appartiens pour leur bonne humeur et leurs pistes de réflexion.

- Je remercie Monsieur Cosson, pour sa sollicitude, ses innombrables conseils et sa bienveillance.

- Je remercie ma famille ; mon père et mon frère pour leur soutien.

- Je remercie mon beau-père, Frédéric, qui m’a soutenu dans les moments difficiles et m’a encouragé à m’investir dans ces études.

- Je remercie ma femme, Mathilde, qui me supporte dans les moments difficiles, m’encourage, me relève et me booste au quotidien.

Avenue du Ramier, traversant le vivier, un des lieux de fêtes et de rassemblement des finhannais pour tout évènements.

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