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CHAPITRE 2 : CONTACTS TACTILES DOUX ET ALIMENTATION L’allaitement artificiel implique non seulement le nourrissage des animaux mais également un contact proche généralement doux avec eux. L’association des deux facteurs est souvent utilisée avec succès pour développer une affinité pour le soigneur par rapport à l’absence totale de contacts humains. L’alimentation serait centrale au développement de l’affinité alors que l’effet des contacts tactiles en eux-mêmes reste inconnu. Pour déterminer par quel mécanisme ces facteurs peuvent favoriser cette affinité, nous avons voulu comprendre comment les agneaux perçoivent leur soigneur si celui-ci est associé à ces contacts et à l’alimentation. Nous avons en particulier cherché à savoir si les agneaux recherchent l’alimentation lorsqu’ils vont au contact de leur soigneur.

CHAPITRE 2 : CONTACTS TACTILES DOUX ET ALIMENTATION

1. Contexte et objectifs

L’alimentation serait le facteur principal d’établissement de l’affinité des mammifères de rente pour leur soigneur d’après la littérature et certains auteurs suggèrent que l’homme serait le signal de l’arrivée de la nourriture dans le cadre d’un conditionnement. Elle est souvent associée à des contacts tactiles doux mais l’effet des contacts tactiles doux en eux-mêmes, par rapport à la simple présence, reste indéterminé.

Ainsi, nous avons voulu déterminer l’importance relative de l’alimentation et des contacts tactiles doux dans l’établissement de l’affinité. Pour tester l’hypothèse du conditionnement alimentaire, nous avons cherché à déterminer si le fait d’augmenter la motivation alimentaire des agnelles lors des tests pouvait augmenter la recherche du contact du soigneur et si le soigneur pouvait favoriser la recherche d’alimentation.

2. Méthodes

Cinquante quatre agnelles ont été réparties en trois traitements :

alimentation+contacts tactiles doux : le soigneur prenait les agnelles dans ses bras et les

caressait pendant qu’il les faisait téter au seau,

contacts tactiles doux : le soigneur prenait les agnelles dans ses bras et les caressait en

dehors de l’alimentation,

présence (témoin) : le soigneur était simplement présent assis et immobile en dehors de

l’alimentation.

Le soigneur intervenait trois fois par jour pendant 5 min les cinq premiers jours puis deux jours par semaine. A partir de 3,5 semaines, nous avons étudié l’affinité des agnelles pour leur soigneur dans le « test d’affinité ». Ce test a été réalisé une première fois dans deux conditions de motivation alimentaire pour chaque animal (dispositif de cross-over) : alors qu’ils avaient libre accès au lait dans leur case d’élevage et alors que leur seau de lait avait été retiré depuis 5 h en moyenne. Lors du second test, les agnelles étaient testées dans les mêmes conditions mais un seau de lait d’apparence familière était disposé dès le début du test près de l’emplacement prévu pour le soigneur.

3. Résultats

Nous avons montré que les contacts tactiles doux augmentent significativement l’affinité des agnelles pour le soigneur par rapport à la seule présence (P < 0,05). Par contre, dans cette expérience, nous n’avons pas pu mettre en évidence une influence de l’alimentation

CHAPITRE 2 : CONTACTS TACTILES DOUX ET ALIMENTATION pendant l’élevage ni de la faim pendant les tests sur cette affinité (P > 0,1). La sortie du parc de test du soigneur a induit une augmentation plus forte des vocalisations pour les traitements associant le soigneur à des contacts tactiles doux que pour le traitement impliquant la seule présence (traitement x phase de test : P < 0,05), et ce, indépendamment du niveau de faim lors du test (P > 0,1). Les agnelles ne tètent pas au seau présent dans le parc de test (second test). Cependant, quand les agnelles avaient été nourries et caressées par le soigneur, elles passent autant de temps près de lui que près du seau (P > 0,1), alors qu’elles passent plus de temps près du soigneur que près du seau (P < 0,05) dans les autres traitements.

4. Conclusions

Les contacts tactiles doux sont importants pour l’établissement d’une relation d’affinité pour le soigneur. Ils pourraient agir soit comme un stimulus inconditionnel dans le cadre d’un conditionnement, soit en induisant des processus physiologiques mettant les agnelles dans un état de calme favorable à l’établissement d’une relation.

L’absence d’effet additif de l’alimentation sur l’affinité est surprenante. Elle pourrait être liée à la façon dont les agnelles étaient nourries (au seau) qui tournerait leur attention vers le seau et non vers le soigneur (hypothèse testée dans le chapitre 4). Dans les expériences antérieures de la littérature, le biberon a souvent été utilisé seul ou en complément du seau de façon efficace, ce qui a pu favoriser l’association. Le seau n’est en effet pas directement lié au soigneur, contrairement au biberon. Par ailleurs, la situation de test ne serait pas alimentaire puisque l’état de faim des agnelles ne module pas leurs réponses et puisqu’elles ne tètent pas au seau.

La répartition du temps passé près du seau et du soigneur suggère tout de même que les agnelles ont pu associer le soigneur et le seau de lait. Le conditionnement dépendrait de l’association temporelle entre le stimulus conditionnel (ici le soigneur) et le stimulus inconditionnel (ici la nourriture). L’association temporelle entre le soigneur et la distribution alimentation pourrait donc avoir une importance dans le déterminisme de l’affinité pour le soigneur chez les agneaux élevés en allaitement artificiel (hypothèse testée dans le chapitre 3).

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