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B. Du stéréotype au mythe : représentation médiatique de

1. Hugo Chávez : le mythe stéréotypé

Nicey, J. (2012) De l’étrange à l’étranger : les journalistes de télévision français et suédois, victimes ou

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acteurs des stéréotypes ? Dans Images de l’étranger, p.171 L’expression est empruntée au chercheur Henri Boyer

Personnage aussi complexe que fascinant, l’analyse des contenus

médiatiques concernant Hugo Chávez mériterait une étude approfondie. C’est donc une brève analyse de la représentation médiatique de ce « mythe » que se propose d’être ce questionnement sur l’image d’Hugo Chávez dans les médias français. Mort des suites d’un cancer le 5 mars 2013, après 15 années à la tête de son pays, Hugo Chávez bénéficie ce jour-là d’une importante couverture dans la presse française. Une analyse lexicale de quatre articles de journaux français (L’Obs, Le 33 Monde, Libération, Le Figaro) permet de voir qu’Hugo Chávez est érigé en «  personnage  ». En effet il n’est pas un homme politique comme les autres parce qu’il est à la fois un «  mythe  », un «  porte-étendard  » (L’Obs), une «  figure  » et même une « grande figure » (Le Monde), ou encore une « légende », une « idole » un «  chouchou  » (Libération). Autant de qualificatifs pour signifier l’importance du personnage et sa différence. Ces représentations médiatiques identifient également le personnage Chávez par son physique, il porte une «  éternelle chemise rouge » (L’Obs) est « resté fidèle à l’uniforme - béret rouge et tenue de camouflage » (Le Monde) et il a une «  imposante carrure  » (Libération), soit autant d’images mentales qui identifient le personnage. Même les explications sur son état de santé semblent faire de lui une figure unique en son genre, en effet on apprend qu’il a survécu deux ans à un cancer, pour lequel il a été opéré quatre fois, dont il a été guéri puis qui a récidivé, une maladie avec laquelle, on apprend, qu’il a joué sur son «  cliché d’un homme physiquement infatigable  ». Tous les qualificatifs pour définir Hugo Chávez en font un «  grand homme  », un de ceux qui font l’histoire, il est : «  autoritaire  », «  populiste  », «  pourfendeur  », «  héritier  », «  extraverti  », «  acharné  », «  dictateur  », «  inébranlable  », «  révolutionnaire  », «  omniprésent  », «  visionnaire  », «  incontrôlable  », «  combatif  », «  surprenant  », voire même « messie ». Et quoi de plus significatif qu’un surnom pour qualifier un personnage ? Dès les premières lignes Libération écrit : « El Comandante est mort à Caracas ». De la même façon on comprend dans ce corpus que si Hugo Chávez est « unique » c’est aussi par ses discours, qui ne sont pas des discours mais de «  longs discours », des « discours fleuves » mais aussi parce qu’il a une « verve imagée, un ton volontiers gouailleur », qu’il tient des « propos outranciers contre Israël » et qu’il se permet «  d’attaquer verbalement  » les Etats-Unis, par des «  déclarations belliqueuses  contre Washington  » et qu’il a osé dire à Barack Obama «  Je veux devenir votre ami ». Ses paroles rapportées servent d’ailleurs volontiers d’intertitres : « Pour le moment » « Révolution bolivarienne » « Impérialisme yankee ».

Ces descriptions et qualificatifs érigent Hugo Chávez en figure tout comme l’histoire qui en est racontée. En effet on apprend dans ces quatre articles qu’Hugo Chávez a fait de la prison, qu’il était dans l’armée, qu’il est né dans une famille pauvre, qu’il voulait être artiste ou joueur de base-ball, avant de devenir président du Venezuela autant d’explications biographiques qui l’identifient mais aussi le rendent

Analyse de corpus complète en Annexe n°3

« étrangement étranger ». Mais ce qui ressort surtout de ce corpus n’est pas tant le fait qu’Hugo Chávez soit une «  figure unique  » mais plutôt le fait qu’il soit un personnage controversé. Cette étiquette est sans doute celle qui caractérise le plus Hugo Chávez. On le sait le journaliste est aussi interprète du réel, mais on le sait garde une part d’objectivité, alors il représente volontiers Hugo Chávez selon une «  image ambivalente  » (Le Monde) et des «  pourtant  » viennent montrer les contradictions du leader vénézuélien. Quant au journaliste de Libération, il laisse le choix :  «  populiste pour certains, visionnaire pour d’autres  ». Si controversé que, pour Le Figaro, Chávez est tout à la fois : «  l’image de garant de la stabilité  » et « incontrôlable, fantasque, imprévisible ».

La représentation médiatique par la presse écrite française sur Hugo Chávez correspond à une catégorisation, Hugo Chávez est stéréotypé. Que retenir de la lecture de ces quatre articles à part l’aspect controversé de cet homme politique « unique ». Il est identifié, classé, étiqueté et c’est ce qui fait selon Henri Boyer et Tetiana Kotsyuba Ugryn le stéréotypage. « Économe, stable, consensuel : autant de qualités qui rendent le stéréotype communicationnellement rentable. Il est évident que sa pertinence tient largement à son immersion dans la pensée sociale. C’est du reste ce qui explique que les médias en font un usage immodéré, singulièrement dans les sociétés médiatisées » (Boyer, Kotsyuba Ugryn, 2012, p.118). Controversé, mitigé, ni bien ni mauvais, ni bon ni mal, ce regard sur Hugo Chávez n’est-il finalement pas une manière nuancée de faire un bilan stéréotypé sous un aspect négatif ? Une chose est sûre, comme on l’a vu précédemment, il s’agit là du regard d’un journaliste depuis l’étranger et selon une vision du monde (voir II). Hugo Chávez, étant lui-même un mythe dans son pays, pouvait-il ne pas être stéréotypé par les médias français ?

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INTERNATIONAL

Hugo Chavez, la fin d'un provocateur

http://www.lefigaro.fr/international/2013/03/05/01003-20130305ARTFIG00675-hugo-chavez-la-fin-d-un-provocateur.php

Mis à jour le 06/03/2013 à 14:44

PORTRAIT - Arrivé au pouvoir en 1999, il a réussi à s'y maintenir jusqu'à son décès, mardi, des suites d'un cancer du côlon.

Hugo Chavez1 aimait cultiver son image de dirigeant incontrôlable, fantasque, imprévisible, comme s'il était entré en 1999 au palais présidentiel de Miraflores par hasard et sans préparation. La réalité est toute différente. Il a très tôt dans sa vie conçu le projet de diriger le Venezuela2 et n'a jamais perdu cet objectif qu'il a fini par atteindre en 1999. Il venait de se faire réélire à la tête du Venezuela le 7 octobre 2012.

Un cancer dans la région pelvienne, détecté à Cuba en juin 2011, a eu raison du leader bolivarien, après quatre opérations chirurgicales infructueuses. «Nous avons reçu l'information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple. À 16h25, aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias», a déclaré à la télévision publique le vice-président vénézuélien, Nicolas Maduro.

Son ami d'enfance Federico Ruiz raconte cette anecdote : «En 1983, nous sommes partis nous promener tous les deux dans un Dodge Dart qui lui appartenait, avec une bouteille de rhum. Il m'a dit : “Sais-tu une chose ? Un jour, je serai président de la République.”» Federico poursuit: «Alors, tu me nommeras ministre de je-ne-sais-quoi, ai-je plaisanté… Mais je me suis rendu compte qu'il parlait sérieusement…»

Une vision messianique de son destin

Né le 28 juillet 1954, il évoquait, dès 1977, la vision messianique de son destin dans son journal intime : «Je dois me préparer pour agir… Mon peuple est passif… Les conditions ne sont pas réunies. Pourquoi ne pas les créer…» En 1977, en effet, le pays connaît une situation politique stable et économique florissante qui rendait incongrue toute tentative de renversement du régime.

Un cancer dans la région pelvienne, détecté à Cuba en juin 2011, a eu raison du leader bolivarien, après quatre opérations chirurgicales infructueuses. Crédits photo : Fabio Cuttica/Fabio Cuttica/Contrasto

Chavez, le 4 février 1992. Crédits photo : ALI GOMEZ/ASSOCIATED PRESS

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