Chapitre IV : Genre et contrôle reproductif : le monopole contraceptif
B. Les hommes virils mais démunis
Les recherches en endocrinologie ont été dès le début de leur essor dans les années 1920 moins développées pour les hommes que pour les femmes, à l’exception des recherches à teneur idéologique prononcée mises en place dans l’Allemagne des années 1930. Ces recherches n’avaient pas pour objectif officiel
consultation. Il serait intéressant de s’attacher à comprendre les mécanismes à l’origine de ce moindre engouement pour le préservatif féminin.
233 Brenda Spencer, « La femme sans sexualité et l’homme irresponsable », Actes de la recherche
l’élaboration d’un contraceptif hormonal, car les techniques anticonceptionnelles étaient interdites dans la plupart des pays occidentaux, dont les gouvernements prenaient en compte des préoccupations démographiques dans leur réglementation des domaines scientifiques et médicaux. C’est l’action de militantes féministes qui a permis le financement des recherches portant sur la pilule contraceptive féminine. Malgré une découverte précoce de l’action hormonale de la testostérone sur la spermatogénèse, aucun contraceptif n’a été développé en parallèle de la pilule contraceptive, faute de mobilisation politique en ce sens. A partir des années 1970, l’Organisation Mondiale de la Santé, sensible aux préoccupations démographiques de la Chine et de l’Inde, ainsi qu’aux revendications féministes pour plus d’égalité dans la gestion reproductive, met en place un programme scientifique visant l’élaboration d’une contraception masculine comparable à la pilule. Mais les difficultés techniques rencontrées, ainsi que les réticences de l’industrie pharmaceutique à exploiter les résultats obtenus n’ont pas permis à ces recherches d’aboutir. Ce développement chaotique et inabouti d’une possible contraception masculine traduit des réticences culturelles à l’encontre de l’idée même de ce produit, du fait notamment de l’importance de la fertilité dans les représentations de la masculinité, en l’absence de désolidarisation entre sexualité et fertilité. Cette absence de contraception masculine est problématique car elle laisse la charge contraceptive incomber aux femmes seulement et les hommes démunis dans le contrôle reproductif, alors même que la possibilité d’établir biologiquement les filiations induit une responsabilisation nouvelle des pères.
L’échec de la pilule masculine
La première publication scientifique sur les effets de la testostérone sur la spermatogénèse est parue en 1939234, dans le cadre de l’essor de
l’endocrinologie qui caractérise l’entre‐deux‐guerres et l’après‐guerre. Malgré l’intérêt manifesté pour cette discipline, le développement d’un contraceptif hormonal masculin n’est pas enclenché pour autant : l’absence de réseau de praticiens susceptibles de se mobiliser pour l’élaboration d’un tel produit ainsi que l’absence de mouvements politiques cherchant à convaincre les scientifiques
de braver la prohibition visant les contraceptifs mènent à un statu quo en la matière. En 1970, dans le cadre du programme sur la reproduction humaine (Human Reproduction Program), l’Organisation Mondiale de la Santé met en place la Male Task Force, chargée de mener des recherches sur de possibles contraceptifs masculins. L’organisation répond par cette initiative à deux types de pressions externes : celle des militantes féministes d’une part, qui exigent une alternative à la responsabilité exclusivement féminine de la contraception, et celle de pays confrontés à des croissances démographiques importantes d’autre part, la Chine et l’Inde. Ces deux types d’acteurs resteront la motivation principale des recherches menées par l’OMS tout au long du programme ; il est intéressant de noter que les principaux concernés par cette contraception sont restés muets : il n’y a ni mouvement masculiniste exigeant l’augmentation des recours contraceptifs pour les hommes235, ni réseau d’andrologues attirant
l’attention sur le manque de développement de cette branche de la santé sexuelle. Par ailleurs, la Chine et l’Inde jouent un rôle mobilisateur certain, notamment lorsque l’OMS envisage de mettre fin à la Male Task Force en 1979, qui passe entre autres par la conduite de tests cliniques d’envergure en Chine, à l’initiative de l’Etat, sur plus de 14000 sujets236. Le caractère autoritaire du
régime chinois, qui parvient à solliciter ces sujets et à mettre en place ces expériences, se révèle essentiel pour aller à l’encontre des sentiers de la dépendance scientifiques, ce qui rappelle le cas de l’Allemagne de l’entre‐deux‐ guerres.
Lorsque l’OMS s’engage sur la voie du développement d’un contraceptif masculin, elle se retrouve face à un vide institutionnel : il lui faut mettre en place un réseau de chercheurs et de laboratoires susceptibles d’attirer des vocations et d’échanger le peu d’informations à disposition. Il n’existe au début des années 1970 qu’un très petit nombre de cliniques dédiées aux hommes et de spécialistes
235 A l’exception de l’Association pour la recherche et le développement de la contraception
masculine, et de ses équivalents potentiels dans d’autres pays. L’action d’Ardecom est cependant restée limitée à des engagements individuels en l’absence de succès auprès des institutions susceptibles de la financer et auprès du public. Cf. Cyril Desjeux, « Histoire de la contraception masculine. L’expérience de l’Association pour la recherche et le développement de la contraception masculine (1979 – 1986) », Politiques sociales et familiales, n°100, 2010
en reproduction masculine : seuls deux groupes européens et trois groupes américains se consacrent à ce type de recherches237. Il faut par ailleurs créer les
conditions d’approvisionnement en hormones de synthèse qui sont loin d’être aussi nombreuses et disponibles que les hormones de synthèse dites féminines. Au delà des aspects matériels, il s’agit aussi de dépasser les représentations classiques de la gamétogénèse qui postulent de plus grandes difficultés et une moins grande pertinence à intervenir sur la spermatogénèse. Pourtant, certains scientifiques, comme l’endocrinologue Roy Greep, avancent qu’il est plus logique d’agir sur une gamétogénèse continue, qui dure toute la vie, et qui est le processus déclenchant des grossesses d’un point de vue extérieur, plutôt que sur une production cyclique, constamment changeante et interrompue238.
L‘OMS coordonne une série d’expériences cliniques dans les années 1980 puis deux tests cliniques d’envergure en 1990 et 1996 sur 271 et 399 hommes. La testostérone semble avoir les effets escomptés : si l’azoospermie239 ne peut être
atteinte chez tous les sujets, la modification des objectifs vers une oligospermie240 garantissant le même taux de grossesse que la pilule féminine
permet d’atteindre ce but chez 98% des sujets241. Mais la mise en place de ces
expériences est beaucoup plus lente que le rythme habituel de l’industrie pharmaceutique : il s’agit en premier lieu d’une collaboration internationale entre pays développés et pays émergents qui demande des délais supplémentaires consacrés au partage des informations et à la standardisation des expériences. Par ailleurs, le recrutement des volontaires se confronte à
237 Ibid., p. 23
238 « There are potent biological reasons why the burden of responsibility for conception control
should rightfully fall on the male. Firstly, it is the male that plays the initiating role in the procreation process. Procreation involves the union of egg and sperm, but it is only the sperm that must be transferred between the sexes. It is the sperm that comes calling on the egg at home… There is another and much overlooked circumstance that makes the practice of conception control by the male an imperative matter. This is the fact that men have a much longer fertile life than that of their female counterparts… Men, therefore, constitute a target population for the implementation of conception control that could be of unparalleled significance to the future welfare of human species. », Roy Greep, cité par Nelly Oudshoorn, The Male Pill…, op. cit., p. 46
239 L’azoospermie est définie par l’absence totale de spermatozoïdes dans l’éjaculat.
240 L’oligospermie correspond à un nombre réduit de spermatozoïdes dans l’éjaculat, en
comparaison avec ce nombre chez un homme non traité. En dessous de 3 millions de spermatozoïdes par millilitre, les chances de conception sont équivalentes à celles sous traitement hormonal contraceptif féminin.
l’absence de réseau médical susceptible de fournir des sujets sains, qui ne peut être pallié par le recours aux prisons ou aux casernes où l’efficacité contraceptive ne peut être testée242. De plus, l’OMS est aux prises avec des considérations
éthiques dans la mesure où le risque en cas d’inefficacité du produit testé ne repose par sur les volontaires mais sur leurs partenaires féminines, à qui l’OMS ne peut pas automatiquement proposer de recours abortifs en fonction des législations nationales.
Ces délais importants, trente ans pour arriver à la première phase des tests cliniques quand l’élaboration d’un contraceptif féminin nécessite en moyenne quinze ans, troisième phase de tests cliniques comprise243, a une importance
capitale pour plusieurs raisons. Les exigences sanitaires augmentent en effet exponentiellement au cours de ces décennies ; les différents scandales et procès liés aux effets secondaires des contraceptifs féminins ont conduit à une augmentation des normes d’acceptabilité et de contrôle des médicaments. Au cours de ces années d’élaboration et de tests, la notion de risque sanitaire prend donc de l’ampleur : chaque nouvelle expérimentation clinique voit le nombre de critères de risque augmenter, pour inclure progressivement des tests systématiques d’impact sur la coagulation, sur le taux de cholestérol des sujets, sur le fonctionnement rénal, la pilosité, la pression sanguine ou encore la santé dermatologique des sujets244. La hausse des critères d’acceptabilité des produits
a augmenté le nombre de tests et les exigences pour les chercheurs ; selon Eberhard Nieschlag, figure référente des recherches sur la pilule masculine : « Si
nous avions eu cet actif de testostérone de longue durée au début des années 1970,
242 Carl Djerassi, « Birth Control after 1984 », Science, 169, 1970, p. 948
243 Les essais cliniques sont composés de quatre phases, après les tests sur animaux. Une
première phase vise l’évaluation de la toxicité du produit et du mode d’administration le plus adapté, par le biais de tests conduits sur des groupes restreints d’individus (quelques dizaines au maximum). La seconde phase a pour objectif l’évaluation de l’efficacité du produit, ainsi que la tolérance des patients. Les tests sont conduits sur quelques centaines de sujet. La troisième phase consiste en des essais de plus grande échelle (plusieurs milliers de participants) à visée comparative, lors desquels les effets du produit sont comparés à ceux d’un placebo ou d’un produit existant. Cette phase permet d’évaluer l’intérêt thérapeutique du médicament ainsi que son rapport bénéfice/risque. A l’issue de cette phase, le produit peut être soumis aux autorités sanitaires, pour autorisation de mise sur le marché. Après commercialisation, l’évaluation de l’efficacité thérapeutique et des effets secondaires sur un population de plusieurs dizaines de milliers de consommateurs constitue la phase IV de tests et correspond à de la pharmacovigilance.
tout le monde l’utiliserait aujourd’hui. Les restrictions n’étaient pas aussi importantes qu’aujourd’hui. »245 Un biais semble de plus intervenir dans la
définition des risques pour les hommes : le niveau de risque recherché est un risque zéro, car la comparaison est établie avec des sujets sains ne se chargeant pas habituellement de la contraception du couple. Si les risques pour les femmes se trouvaient minorés par la perspective d’échapper aux grossesses non désirées, ce n’est pas le cas pour les hommes qui ne sont pas concernés directement par les grossesses. Le modèle d’évaluation du risque est individuel, alors qu’il pourrait s’attacher à la santé du couple et prendre en compte les bénéfices sanitaires pour la partenaire féminine246 (disparition des effets
secondaires dus à la prise d’une contraception hormonale comme les troubles de la menstruation ou les risques de thrombose et de maladies cardio‐vasculaires). L’évaluation individuelle des risques donne lieu à une surestimation des risques pour les hommes et une minimisation des risques déjà existants pour les femmes sous contraception.
Les tests cliniques des années 1990 permettent tout de même d’atteindre un résultat appréciable : la formule testée consiste en l’ingestion d’une pilule complétée par des injections trimestrielles qui évitent la disparition des caractères sexuels secondaires247. Elle a la même efficacité que les
contraceptions hormonales féminines, mais son mode d’administration se révèle problématique pour les investisseurs pharmaceutiques en Occident, qui le jugent trop contraignant. Or l’OMS dépend entièrement des laboratoires
245 « If we had had this longacting testosterone in the early seventies, everybody would be using it
today. The restrictions were not as bad as it is today. », Eberhard Nieschlag, interrogé par Nelly
Oudshoorn en 1995. Cité par Nelly Oudshoorn, The Male Pill…, op. cit., p. 106
246 L’andrologue Geoffrey Waites a tenté d’introduire ce modèle d’évaluation du risque selon une
responsabilité partagée, sans succès. Nelly Oudshoorn, The Male Pill…, op. cit., pp. 108‐109
247 La pilule agit sur l’hypophyse qui supprime la production de testostérone. Cela a pour effet
d’arrêter ou de limiter fortement la spermatogénèse, mais en l’absence de testostérone, les caractères sexuels secondaires, comme la barbe, la libido, la masse musculaire, sont touchés également. L’administration de testostérone compensatoire permet de récupérer ces caractères sexuels secondaires sans relancer la spermatogénèse. L’injection a été choisie par l’OMS du fait de ses recherches précédentes sur des contraceptifs injectables de longue durée. En France, lors des expériences de Lyon ou de Paris, ce n’est pas l’injection qui a été choisie mais l’application d’un gel fortement dosé en testostérone qui permettait la conservation des caractères sexuels secondaires mais créait des cas d’hirsutisme chez les partenaires féminines, du fait de l’exposition cutanée à la testostérone. L’injection agit sur trois mois et permet d’éviter l’exposition du partenaire mais elle est très mal perçue en Occident, à la différence d’autres continents où le rapport médicalisé rassure, et met en danger l’acceptabilité du produit.
pharmaceutiques pour organiser la dernière phase de tests cliniques et la production matérielle du contraceptif. Des opérations d’intéressement sont tentées : l’OMS dépose des brevets pour les découvertes qu’elle a financées afin d’être en mesure de passer des contrats avec les industries pharmaceutiques pour la poursuite du projet. Mais aucun laboratoire ne veut reprendre le projet car le mode d’administration choisi paraît peu acceptable, et surtout parce que la contraception masculine a mauvaise presse.
Les médias réservent en effet un accueil très particulier à ces expériences. La comparaison entre les communiqués de presse des scientifiques et les articles parus en Grande‐Bretagne et aux Pays‐Bas par Nelly Oudshoorn montre une insistance particulière sur les effets de la contraception masculine sur la libido, malgré des tests cliniques concluants, et sur la douleur des injections. Les articles mettent par ailleurs en doute l’acceptabilité sociale de ce produit, arguant que les femmes ne peuvent faire confiance aux hommes en matière contraceptive, ou que les hommes souffriraient de cette féminisation accrue248. Ils se fondent sur
des micros‐trottoirs et non sur les rapports présentés par l’OMS et les chercheurs249. Le rôle des médias auprès des laboratoires pharmaceutiques est
décisif, car les relais médiatiques de ces expériences servent de base pour définir la rentabilité prévisionnelle du produit. A partir des années 1990, les études d’acceptabilité commanditées par l’OMS cherchent à convaincre l’industrie pharmaceutique de reprendre les recherches : elles font toutes état de la bonne acceptation du traitement par les sujets. Le réseau créé autour du projet de contraception masculine participe aux congrès internationaux et établit des liens avec des représentants de laboratoires. En 1997, après plusieurs refus de l’industrie pharmaceutique, l’OMS parvient à signer un contrat avec le
248 Pour le cas français, aucune étude aussi systématique de la couverture médiatique des tests
cliniques de contraception masculine hormonale n’est parvenue à notre connaissance. Les travaux de Cyril Desjeux montrent l’insistance de la presse des années 1980 sur les effets secondaires des produits utilisés (notamment en termes de pilosité pour la partenaire féminine dans le cadre de l’utilisation d’un gel à base de testostérone à Lyon) ou sur les difficultés d’administration des différentes techniques, souvent tournées en ridicule. L’examen des titres des articles de presse sur lesquels cet auteur a fondé son analyse révèle une ambivalence de la presse, tantôt relai informatif neutre, tantôt militante et parfois moqueuse ou ne soulignant que les aspects négatifs de ces expériences. Cf. Cyril Desjeux, « Histoire de la contraception masculine. L’expérience de l’Association pour la recherche et le développement de la contraception masculine (1979 – 1986) », Politiques sociales et familiales, n°100, 2010
laboratoire hollandais Organon. Le nouveau directeur du programme de médecine reproductive, Herjan Bennink, a pour objectif, en développant une version encore imparfaite de contraception masculine, de conserver la position de leader en matière d’hormones masculines du laboratoire, acquise avec l’élaboration de traitements contre l’andropause. Mais en 2007, le projet est abandonné avec l’argument selon lequel le mode d’administration du traitement contraceptif (implant et injections compensatoires hebdomadaires) est rédhibitoire250.
Le développement d’une contraception masculine doit donc faire face à des obstacles très nombreux. Si l’OMS est parvenue, du fait de préoccupations démographiques, à dépasser les obstacles institutionnels et cognitifs, la dépendance à l’industrie pharmaceutique pour les phases finales de développement du produit a permis aux réticences d’ordre culturel de reprendre une importance déterminante. Le manque de rentabilité provisionnelle analysé par les laboratoires, à dominante masculine, s’est en partie fondé sur le scepticisme médiatique, en dépit des études d’acceptabilité présentées par l’OMS et les acteurs du réseau de la contraception masculine251. L’échec de la pilule
masculine semble donc relever de logiques essentiellement culturelles, qui font état d’une incompatibilité entre contraception masculine et masculinité hégémonique.
Masculinité, sexualité et fertilité
La notion d’identité masculine hégémonique implique selon Robert Connell une subordination des identités féminines et masculines non‐hégémoniques. Le pouvoir d’une identité hégémonique tient en effet à sa capacité à « empêcher les
alternatives d’obtenir une définition et une reconnaissance culturelles comme alternatives, et à les circonscrire à des ghettos, au domaine privé et à
250 Pierre Kaldy, « Nouvelle donne pour la pilule masculine », www.larecherche.fr, juin 2007 :
http://www.larecherche.fr/content/recherche/article?id=7193
251 Ces études faisaient état de l’enthousiasme des participants aux essais cliniques ainsi que des
femmes interrogées par exemple par le Réseau pour le développement contraceptif à Edinburgh, qui se sont prononcées en faveur d’une contraception masculine à 94%. Nelly Oudshoorn, The
l’inconscient. »252 Les représentations hégémoniques de la masculinité
l’assimilent à la force physique, à la puissance sexuelle et au contrôle de soi, en excluant ce qui implique une féminisation253. Le développement d’un
contraceptif masculin, qui rendrait les hommes responsables d’une tâche jusqu’ici confiée aux femmes et temporairement infertiles, entre en contradiction avec le rejet de la féminisation et avec la « sauvegarde de l’intégrité du corps
sexuel et reproductif masculin »254.
Les craintes identitaires exprimées par les enquêtés de Cyril Desjeux corroborent ces hypothèses. L’utilisation d’une contraception masculine remettrait en question pour eux trois dimensions identitaires de la masculinité : « Au niveau physiologique, (cette peur) est comparable à la manière dont ils
perçoivent les effets secondaires de la pilule pour les femmes (prise quotidienne, prise de poids, effet sur l’humeur, risque de cancer, difficulté de reprise de la procréation). Au niveau symbolique, il y a une peur d’impuissance qui est plus particulièrement exacerbée lorsqu’il s’agit de penser la vasectomie. Au niveau social, c’est leur statut dans le couple et dans la famille qui est ébranlé par la perte de leur capacité reproductrice. »255
S’exprime ici la peur d’une féminisation par la prise en charge d’un domaine assimilé très fortement aux femmes mais aussi par les changements corporels impliqués, qui entament la force physique masculine. Si les femmes sont