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Historique du territoire bas-laurentien et de son utilisation .1 L’exploitation de la forêt

2 Historique de la gestion des forêts

2.2 Historique du territoire bas-laurentien et de son utilisation .1 L’exploitation de la forêt

Au Bas-Saint-Laurent, le milieu forestier joue un rôle primordial dans le développement socioéconomique, et ce, depuis près de deux siècles. En effet, c’est au milieu des années 1820 que William Price, un marchand d’origine britannique, découvre le potentiel de la forêt bas-laurentienne, jusque-là inexploitée.

Au début du 20e siècle, alors que les autres grandes régions du Québec connues pour l’importance de leur production de bois d’œuvre se convertissent à l’industrie des pâtes et papiers, des millions de dollars sont investis dans l’implantation d’usines de sciage au Bas-Saint-Laurent.

Durant la période allant de 1900 à 1930, on assiste à une exploitation intensive des forêts bas-laurentiennes. Vers la fin des années 1920, le Bas-Saint-Laurent produit environ le tiers du bois d’œuvre du Québec. Ainsi, lorsque la crise économique de 1929 frappe, emportant avec elle tout le secteur de la construction, on observe un effondrement de la base économique régionale. Les grandes compagnies ferment les usines les moins rentables et réduisent leur production. La reprise des années 1937 à 1945 ne constitue qu’un sursis pour le sciage régional. La grande majorité des scieries de la région ferment définitivement leurs portes au cours des années 1950 et 1960. En 1982, lorsque la compagnie Price ferme son usine dans le village qui porte son nom, elle met fin à un siècle et demi d’activité au Bas-Saint-Laurent.

Dans les années 1980, l’épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) amène le besoin de récupérer et de transformer d’importants volumes de bois. De nombreux moulins de sciage verront le jour afin de traiter ces volumes.

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2.2.2 Les bouleversements des années 1970 et 1980

Dans les années 1970 et 1980, certains événements, provinciaux ou régionaux, modifient grandement les structures sociales, économiques et environnementales de la région. Ces transformations ont joué un rôle clé dans la définition de l’identité forestière actuelle du Bas-Saint-Laurent.

Durant cette période teintée de l’idéologie de la Révolution tranquille, les Québécois décident de se réapproprier la forêt publique, dont l’accès est fortement contrôlé par des intérêts étrangers. On voit successivement apparaître au Québec deux nouveaux régimes forestiers. Le premier, en 1972, cherche à révoquer les concessions forestières et à rendre à l’État la gestion des forêts. Le second, en 1986, propose un nouvel équilibre entre l’implication des compagnies forestières et l’État québécois : c’est la naissance des contrats d’aménagement et d’approvisionnement forestier (CAAF). On assiste par ailleurs au démantèlement des clubs privés de chasse et de pêche, de même qu’à l’avènement des parcs de conservation (1977), des zones d’exploitation contrôlée (ZEC, 1978) et des réserves fauniques (1979).

C’est aussi à cette époque qu’a lieu une épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette d’une rare intensité. Cet insecte, qui se nourrit des aiguilles de sapin et d’épinettes, cause brusquement la mortalité d’un volume de résineux estimé à 235 M de mètres cubes au Québec.

Finalement, une particularité du Bas-Saint-Laurent (et de la Gaspésie) est la mise sur pied du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ) dans les années 1960. Cet organisme est bien connu pour l’une de ses recommandations, celle de fermer certaines petites localités et de relocaliser leurs habitants. La vive réaction qui s’ensuit, notamment les Opérations dignité, ont déclenché la prise en charge du développement socioéconomique par le milieu.

2.2.2.1 La tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE) et la remise en production des forêts

À la suite de l’épidémie de TBE des années 1980, le gouvernement du Québec adopte en 1994 la Stratégie de protection des forêts. Elle préconise une gestion intégrée des épidémies. Dans le cas de la TBE, on cherche à diminuer les impacts d’une épidémie potentielle en augmentant la vigueur des peuplements de sapin (par des éclaircies précommerciales et commerciales) et en augmentant la proportion d’épinettes dans le paysage forestier. Bien que sensibles elles aussi, les épinettes sont plus résistantes à cet insecte. Ces mesures ont grandement contribué à aménager intensivement la forêt bas-laurentienne au cours des trente dernières années.

2.2.2.2 Les suites aux recommandations du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ)

Dans les années 1960, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie sont aux prises avec des problèmes socioéconomiques importants. Le gouvernement met en place le BAEQ, qui a le mandat de diagnostiquer les causes du problème et de proposer des solutions. L’un des constats du BAEQ

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est la difficulté d’offrir des services dans certaines paroisses trop petites, lesquelles connaissent souvent des conditions d’agriculture très difficiles.

À la fin des années 1960, dix paroisses sont fermées et leur population est relocalisée. En 1972, après le déclenchement des Opérations dignité, on met fin à la fermeture systématique des paroisses. La valorisation des ressources locales, tout particulièrement de la forêt, est présentée comme une solution de rechange à relocalisation des habitants. Plusieurs expériences ont lieu à cette époque afin d’utiliser la forêt comme levier économique.

Mentionnons entre autres la création des premiers organismes de gestion en commun (OGC), en 1974.

En 1980, après un long processus, la rétrocession des lots publics intramunicipaux en zone forestière aux OGC et aux particuliers commence. Il s’agit d’un tournant dans l’utilisation de la ressource forestière à l’échelle locale et d’une portion de l’héritage des Opérations dignité. Des conventions de gestion forestière sont consenties aux OGC sur les blocs de lots homogènes de plus de 200 hectares (500 acres), et ce, pour une période de 15 ans. Cela permet alors de consolider ces organismes et de développer dans la région l’expertise et la main-d’œuvre nécessaires à un aménagement forestier fin. Les terres de superficies moindres peuvent être octroyées par location à des individus et, sous certaines conditions, acquises par le locataire, selon le rapport final du ministère de l’Énergie et des Ressources de1982.

À l’échéance des conventions avec les OGC, en 1996, des négociations sont entreprises entre le Conseil régional de concertation et de développement (CRCD) du Bas-Saint-Laurent et le gouvernement. Les enjeux portent bien entendu sur la gestion forestière de ces lots, mais on souhaite en obtenir également la gestion foncière.

En décembre 1999, une entente spécifique sur la gestion et la mise en valeur du territoire public intramunicipal du Bas-Saint-Laurent est conclue et sept des huit MRC de la région signent par la suite des conventions de gestion territoriale sur les terres publiques intramunicipales qui n’ont pas été privatisées.

2.2.3 L’agriculture

Fait à souligner, vers la fin du 19e siècle, le domaine forestier bas-laurentien intéresse de plus en plus les colons. Ces derniers sont attirés autant par le sol à défricher que par le couvert forestier. La colonisation s’accroît au cours des années 1930 et entraîne la conversion de forêts en champs cultivables. Aujourd’hui, une certaine proportion de ces terres (de tenure privée) est à l’état de friche.

2.2.4 Un territoire habité, une collectivité impliquée!

Au Bas-Saint-Laurent, les ressources naturelles côtoient de près les communautés.

L’omniprésence des forêts, de tenures privée et publique, a favorisé l’éclosion et la croissance d’un éventail d’entreprises impliquées en aménagement forestier. La forêt génère ainsi de nombreux emplois dans les petites municipalités, que ce soit par l’intermédiaire d’organismes de gestion en commun (sociétés d’exploitation des ressources et groupements forestiers), de 15

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coopératives forestières ou encore de petites et moyennes entreprises. Cet entremêlement des ressources forestières et humaines a d’ailleurs joué un rôle clé dans la mise en valeur de la forêt, en en permettant l’aménagement intensif. Les divers programmes d’aménagement mis en place depuis plus de trois décennies ont aussi contribué à la synergie qui existe maintenant entre les municipalités et l’activité forestière.

La proximité entre la forêt et la communauté est par ailleurs déterminante pour la gestion du territoire et de l’ensemble de ses ressources. L’énergie éolienne, les activités fauniques, la villégiature et le récréotourisme en dépendent.

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