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archéozoologique des assemblages

II. Historique des fouilles et des recherches

Les premiers témoins d’occupations anciennes de la Baume de Gigny furent découverts, dès 1797 lors d’extraction de guano de chauve-souris. C’est à cette occasion que furent mis au jour des restes humains encroûtés de calcite. Les vestiges recueillis ont été déposés au Musée de Lons-le-Saunier.

Le XIXe siècle voit se succéder les fouilles et les découvertes. En 1838, deux squelettes furent mis au jour, cependant aucune indication de leur provenance exacte n’est mentionnée. Ces restes furent évoqués à plusieurs reprises dans les Mémoires de la Société d’Emulation du Jura. En 1876, Z.

Robert prend la direction des recherches et des fouilles sont menées dans la galerie profonde qui selon lui a fait office de cimetière. La poursuite des fouilles par un archéologue lyonnais, E. Chantre, met au jour un riche mobilier permettant d’attribuer l’âge des sépultures au Néolithique. Le matériel est conservé au Musée d’Histoire Naturelle de Lyon et a fait l’objet de nombreuses études (Chantre &

Savoie, 1904 ; Piroutet, 1903 ; 1937 in Campy & Vuillemey, 1989a). Aucune de ces excavations n’avait atteint les niveaux paléolithiques (Campy & Vuillemey, 1989a).

Au XXe, la Baume de Gigny fut fouillée à deux reprises, tout d’abord en 1955 par un habitant de la région qui effectua une fouille clandestine entraînant la destruction des niveaux historiques et protohistoriques restants. La seconde fouille a duré de 1966 à 1977 à raison d’un jour par semaine durant cinq mois de l’année. M. Vuillemey accompagné d’une équipe de fouille réduite procède à un vaste sondage méthodique légèrement en retrait par rapport à l’aplomb du porche (fig. VI-4). Le sondage de 4m² au départ s’étend ensuite à une surface de 30m² pour les premiers niveaux, puis se réduit progressivement avec la profondeur pour des questions de sécurité (tab.VI-1 et fig.VI-4).

Couches I à III IIIc à VII VII VIII à XX XXI à XXVIII

Surface fouillée 30m² 16,5m² 12,5m² 8,5m² 5m²

Tab. VI-1 (La Baume de Gigny): Superficie fouillée en fonction de la profondeur des couches.

Fig. VI-3 (La Baume de Gigny) : Développement du réseau karstique (Campy et al., 1989).

Entrée de la grotte

Au terme de cette fouille, une stratigraphie de 31 couches s’étalant sur les 12m de puissance du remplissage, a pu être mise en évidence (annexe 8). Il s’agit là d’une fouille méthodique avec présence d’un carroyage métrique (fig.VI-4), d’un niveau 0 (piton placé au milieu d’une croix gravée sur la paroi nord), le matériel lithique ainsi que les pièces osseuses entières ou très facilement déterminables ont été côtés dans les trois dimensions de l’espace. Bien que non localisés très précisément, les fragments osseux (principalement les fragments de diaphyse d’os long) ont été systématiquement récupérés quelque soit leur dimension. Ils sont triés par couche. Sous l’impulsion de M. Vuillemey et M. Campy, une collaboration pluridisciplinaire avec de nombreux scientifiques s’instaure, il en résulte en 1989 la parution d’une synthèse des données, publiée sous la forme d’une monographie intitulée « La Baume de Gigny ». Cet ouvrage regroupe des analyses sédimentologiques (Campy, 1989), palynologiques (Heim, 1989), fauniques (Macromammifère (Chagneau, 1989 ; Delpech & Prat, 1989 ; Guadelli, 1989 ; Martini-Jacquin, 1989), Rongeur (Chaline & Brochet, 1989), Insectivore (Jammot, 1989), Poisson (Desse & Desse, 1989), Oiseau (Mourer-Chauviré, 1989) et archéologiques (Vuillemey, 1989).

Sur des bases méthodologiques différentes, plusieurs articles ont par la suite été publiés, sur la reconstruction de l’environnement et du climat à la Baume de Gigny et ce à partir des rongeurs :

- niche écologique (Chaline et al., 1995)

- relation entre le nombre d’Arvicolinae et la température (Montuire et al., 1997).

- géochimie isotopique sur l’émail des dents de rongeurs (Navarro et al., 2004).

En ce début de XXIe siècle, la matériel issu des fouilles de M. Vuillemey continu d’être une source d’informations archéologiques et paléontologiques importante grâce à l’apport de nouveaux outils analytiques. Diverses études paléogénétiques ont été réalisées (E. Renvoise & C. Tougard pour les rongeurs, C. Hänni pour les Ours), des analyses isotopiques (Navarro et al. (2004) sur les rongeurs, cette thèse pour la grande faune). Des analyses tracéologiques sur l’industrie lithique, ont également été entreprises par A. Coudenneau (Coudenneau, 2005).

En 2003 et 2004, deux campagnes de sondage sous la direction de P. Lopinet ont eu lieu de manière à observer l’étendue des couches archéologiques. Le premier (6m²) très en retrait du porche (à Fig. VI-4 (La Baume de Gigny) : Carroyage de la zone fouillée et profondeurs atteintes (cm).

30m des fouilles de M. Vuillemey) n’a fourni que des restes osseux d’Ours et aucune pièce lithique.

Le second, à quelques mètres en arrière des fouilles anciennes de M. Vuillemey, confirme le potentiel archéologique encore disponible.

III. Stratigraphie

Dans un réseau karstique, le processus de sédimentation est particulier, généralement discontinu avec des périodes de non dépôt et des reprises d’activité pouvant entraîner l’érosion des niveaux sous-jacents (Campy & Chaline, 1993). Ce processus est principalement influencé par le climat. La Baume de Gigny n’échappe pas à la règle, de nombreuses lacunes stratigraphiques ont été décelées tout au long de la séquence (annexe 8).

Les 12m de stratigraphie mis au jour correspondent à 31 subdivisions différenciées selon des critères lithologiques. Ces 28 couches individualisées ont été regroupées en 4 grands ensembles (Campy & Vuillemey, 1989a et b) :

- les niveaux historiques et protohistoriques : couche I à III - l’ensemble supérieur : couche IV à VI

- l’ensemble moyen à industries moustériennes (VII à XX)

- l’ensemble inférieur débutant par un niveau calcitique (XXI) et ce terminant au niveau du substrat rocheux.

III.1. Les niveaux historiques et protohistoriques

Ces niveaux sont remaniés à de nombreux endroits suite aux fouilles clandestines.

III.1.1. Couche I : 10 cm

Niveau superficiel de terre humique et de déblais.

III.1.2. Couche II : 50 cm

Niveau d’occupation médiévale avec une alternance de petits foyers et de lits de chaux.

Présence également d’un mur cimenté datant du XVIIe siècle. Sa construction a entraîné un remaniement des niveaux protohistoriques sous-jacents.

III.1.3. Couche III : 50 à 80 cm

Succession de niveaux noirâtres (débris de végétaux carbonisés). Cette couche est fortement remaniée. Elle contient des vestiges datés du Néolithique moyen, du Campaniforme, du Bronze moyen et final et de l’Hallstatt.

III.2. L’ensemble supérieur

Il renferme principalement des vestiges mésolithiques (pointe azilienne dans le niveau IV (Comm. Pers. C. Montoya) et du Paléolithique supérieur.

III.2.1. Couche IV : 40 cm

Cette couche est composée d’éléments grossiers blanchâtres (calcaire et fragments concrétionnés) disposés en lits parallèles, englobés par une matrice pulvérulente, calcaréo-argileuse de couleur claire avec un pendage de 15° vers l’extérieur.

III.2.2. Couche V : 20 cm

Même pendage que la couche sus-jacente. Elle contient un cailloutis abondant, quelques blocs disséminés, assez émoussés. La matrice argileuse est de couleur gris brunâtre.

III.2.3. Couche VI: 120 cm

La structure est très homogène, constituée de cailloux calcaires (7 à 8 cm) aux angles émoussés. Aucune orientation particulière de ces cailloux n’est observée. La matrice argileuse brun rouge les contenant est aérée et granuleuse.

III.3. L’ensemble moyen à industrie moustérienne

Il s’agit de la subdivision la plus importante avec 5m de puissance (annexe 5).

III.3.1. Couche VII : 40 cm

La structure de cette couche est grossière, granuleuse de couleur brune avec la présence de petits éléments fins indurés de forme arrondie et de rares fragments calcaires altérés.

III.3.2. Couche VIII : 10 à 20 cm

Elle est absente contre la paroi nord, constituée d’une matrice argileuse compacte de couleur foncée brun-rouge. Quelques éléments calcaires et calcitiques très altérés sont présents.

III.3.3. Couche IX : très variable de 10 à 70 cm

Ce niveau est constitué d’une épaisse zone calcifiée extrêmement dure scellant de très gros blocs et un cailloutis anguleux.

III.3.4. Couche X : 10 cm

Il s’agit d’une mince lentille argileuse de couleur brun foncé, uniquement présente vers l’intérieur de la grotte (à hauteur des carré H) et dans la zone centrale (carrés 2, 3, 4).

III.3.5. Couche XI : 30 cm

Elle fait 30 cm de puissance vers l’intérieur de la grotte et se réduit progressivement jusqu’à disparaître vers l’extérieur. Elle se compose de cailloutis cryoclastiques relativement abondant au sein d’une matrice argileuse de couleur claire.

III.3.6. Couche XII : 15 cm

Reliquat de couche étendue sur une petite zone centrale (50cm de large pour 2-3m de long).

Elle se dilue vers l’avant du porche avec les couche XI et XIII. De couleur brun-rouge, sa nature est essentiellement argileuse, présence de quelques fragments calcaires altérés.

III.3.7. Couche XIII : 20 cm.

Comme la couche précédente, elle semble occuper un fond de ravinement longitudinale. La matrice argileuse est meuble, de couleur plus claire que la couche précédente. Elle contient des éléments calcaires anguleux.

III.3.8. Couche XIV : 1m

Elle s’amincit vers l’intérieur et vers le centre. Deux sous-ensembles ont été distingués : - XIVa : matrice argileuse réduite, de couleur claire contenant de nombreux éléments cryoclastiques.

- XIVb : plus riche en matrice argileuse. Les particules fines sont présentes en plus grande quantité. Sa couleur est un peu plus foncée.

III.3.9. Couche XV : 1m vers le centre et vers le fond

La base se constitue de très gros blocs d’effondrement. Le reste de la couche est homogène, faite de cailloutis anguleux au sein d’une matrice argileuse claire.

III.3.10. Couche XVI : 30 à 50 cm

La puissance est très irrégulière transversalement. Des figures de festons y sont observées rappelant les phénomènes d’injection de sol mou dans un contexte périglaciaire. Elle contient comme la couche XIV, deux sub-divisions :

- XVIa : lentilles argileuses grasses allongées dans le sens intérieur-extérieur, intercalées dans des niveaux plus clairs et plus riches en éléments calcaires.

- XVIb : niveau plus homogène et plus riche en éléments calcaires de faible taille

III.3.11. Couche XVII : 60 cm.

Il existe un léger pendage vers l’intérieur (5°). Niveau en « berceau » visible en coupe transversale indique une alimentation dominante à partir des parois. Il contient des blocailles à gros éléments oolithiques altérés et friables englobés dans une argile brune.

III.3.12. Couche XVIII

Reliquat de plancher stalagmitique ou d’induration locale englobant les niveaux XVII et XIX.

III.3.13. Couche XIX: 120 cm

Elle présente un léger pendage longitudinal vers l’intérieur de la grotte et une disposition transversale en « berceau ». Son dépôt s’est fait alors que porche de la grotte était plus rétréci que lors des dépôts antérieurs et postérieurs. Trois niveaux de couleur différente ont été individualisés :

- XIXa : blocaille calcaire aux éléments émoussés compris dans une matrice argileuse brun-rouge.

- XIXb : légèrement plus clair que le précédent à éléments calcaires plus grossiers.

- XIXc : ce niveau ressemble au premier, la couleur est un peu plus foncée que celle des autres niveaux. Elle est riche en éléments allochtones (galets de quartz, billes de limonite) ainsi qu’en fragments calcaires.

III.3.14. Couche XX : 25 cm

Cette couche se distingue bien des autres avec au toit une pellicule d’argile brune et qui repose sur un plancher stalagmitique. Sa fraction est essentiellement fine (argilo-limoneuse) malgré quelques gros blocs. La partie supérieure est plus claire (ocre jaune) que celle inférieure plus brune.

III.4. L’ensemble inférieur

Il débute par un plancher stalagmitique (i.e. spéléothème).

III.4.1. Couche XXI

Elle comprend deux niveaux très différents :

- XXIa : plancher stalagmitique très dur avec quelques discontinuités visibles où se glissent des lentilles de cailloutis cryoclastiques. Il est très épais vers l’avant du sondage (80cm), se réduit puis disparaît au niveau des carrés H.

- XXIb : cailloutis cryoclastiques sans matrice interstitielle. De manière inverse au niveau XXIa, sa puissance est de 80 cm vers l’arrière puis diminue vers l’avant.

III.4.2. Couche XXII: 0 cm vers les parois et 30 cm au centre.

Elle ressemble à la couche XXIb, cependant il y a plus de blocs. La fraction grossière (6-10cm) est absente. Blocaille calcaire cryoclastique fortement corrodée. Les éléments calcaires sont recouverts d’un encroûtement ferromanganifère important.

III.4.2. Couche XXIII : 15 à 30 cm

Couche nettement plus foncée. Présence de rares blocs et de fragments calcaires et calcitiques.

La matrice est argileuse. L’ensemble est meuble.

III.4.3. Couche XXIV : 15cm

Elle est comparable à la couche sus-jacente mais de teinte plus claire. Eléments calcaires plus nombreux et plus anguleux.

III.4.4. Couche XXV : 10 à 15 cm

Elle ressemble également aux deux couches précédentes mais est plus homogène.

III.4.5. Couche XXVI : 60 cm

Son épaisseur est régulière. Elle se distingue nettement des autres couches par l’abondance de blocs très émoussés recouverts d’un encroûtement noirâtre. La matrice foncée est argileuse.

III.4.6. Couche XXVII : 20 à 30 cm

Elle ressemble à la couche XXV. Elle est consolidée en brèche.

III.4.7. Couche XXVIII : puissance non estimée

La matrice argileuse de couleur claire contient des éléments fins d’allure sableuse. Elle repose sur le socle rocheux très nettement incliné vers l’intérieur.

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