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La détermination de la provenance d’un papier ainsi que de sa date de fabrication passe par l’analyse de diverses informations contenues sur ou dans celui-ci. La nature du papier, la taille de la page ou le style d’écriture peuvent par exemple être utilisés pour dater un document [117]. La plu-part des papiers anciens en provenance de mairies, églises ou administra-tions contiennent de manière claire la date exacte du jour de leur utilisation. Par contre, pour tous les autres types de documents, il est im-possible de déterminer aisément la date de leur création ou le lieu de leur provenance.

L’existence d’un filigrane présent dans le papier permet cependant de préciser ces informations, simplement par comparaison avec d’autres do-cuments ayant le même filigrane et de date de création connue. Pour per-mettre ces comparaisons, diverses encyclopédies répertorient la majeure partie des filigranes recensés [10][78]. Dans les encyclopédies, chaque fi-ligrane est accompagné d’une description plus ou moins détaillée de sa provenance, de la date de son utilisation, du nom du papetier, etc. Chaque auteur possède cependant sa propre méthode de classification des fili-granes, par exemple par type, nom ou par forme. Il est donc relativement malaisé de retrouver un filigrane donné à des fins de comparaison; ceci malgré l’acceptation, depuis peu, d’un standard international de descrip-tion des filigranes [47]. L’utilisadescrip-tion d’outils informatiques devient donc indispensable. Quelques bases de données informatiques ont vu le jour ré-cemment, permettant la diffusion d’images de filigranes à travers le Web:

filigranes provenant de manuscrits grecs [133], de l’archive de Gènes [134], de l’archive de Gravell [139] ou de l’archive de Stansby [138].

Pour ces bases de données électroniques, les méthodes de recherches

à plat des filigranes, comme l’on ferait avec une encyclopédie en la feuil-letant rapidement du début à la fin (browsing).

Comme nous l’avons déjà mentionné, les papiers sur lesquels se trouvent les filigranes anciens sont difficiles à obtenir et de plus fragiles.

Par ailleurs, ces papiers anciens présentent souvent de nombreux défauts et annotations. Des techniques d’éclairage de même que de traitement nu-mérique d’images permettent de s’abstraire d’une partie des défauts et d’éliminer certaines des marques et annotations, mais il est pratiquement impossible actuellement d’obtenir directement à partir d’un document d’origine une image ne contenant que le filigrane [110] [130] et ceci de manière entièrement automatique.

Nous allons maintenant passer en revue les caractères extérieurs les plus importants qui différencient les papiers les uns des autres et qui per-mettent de les distinguer, de les classer, de leur assigner un âge et de fixer leur provenance [119] (voir la figure 4.1).

Le format du papier: la dimension de la feuille de papier est déter-minée par le cadre de la forme ayant servi à sa fabrication. Une variabilité de taille allant jusqu’à 5%, due aux conditions atmosphériques rencon-trées lors du séchage de la feuille, peut se produire. Ceci peut induire des variations de plusieurs millimètres pour un même filigrane reproduit sur des papiers différents. La plupart des formats de papier sont classifiés no-minalement (par exemple le Grand Aigle, le Petit Raisin ou le Sabre au Lion). Ce caractère du papier ne sera pas directement intégré ici; il pour-rait être utilisé par la suite pour confirmer l’origine de la fabrication d’un papier.

Figure 4.1: (a) Filigrane originel digitalisé à partir d’un ancien papier; filigrane, fils vergeures ainsi que chaînettes sont peu visibles. (b,c,d) Filigranes digitalisés à partir de l’encyclopédie de Briquet [10], de taille ap-proximative de 5cm par 5cm.

(a) (b)

vergeure fils de chaînettes

filigrane

index

(c) (d)

La vergeure: ce motif est dû aux fils de cuivre (le plus courant) ou de laiton placés horizontalement sur la forme et qui servaient à maintenir la pâte à papier lors de la fabrication, tout en laissant passer l’eau. Ces fils vergeures sont de finesse et d’espacements variables selon le fabriquant de la forme. L’espacement entre deux fils peut varier de 0.8 à 4 milli-mètres. Dans [10], les fils vergeures sont représentés par une série de pe-tits traits horizontaux dont la longueur est d’environ 0.5cm, généralement dessinés à côté de l’une des chaînette.

Les fils de chaînettes (ou chaînettes, ou fils de chaînes): ces fils, mon-tés perpendiculairement aux fils vergeures, avaient pour fonction de les stabiliser et d’empêcher leurs fléchissements. Ils apparaissent dans le pa-pier sous la forme de lignes verticales plus claires, dont le nombre et l’écartement permet de distinguer différents papiers. La position du fili-grane par rapport aux fils de chaînettes est aussi un critère discriminant.

Dans [10], les chaînettes sont représentées généralement par deux ou trois traits verticaux, espacés de 2 à 6 centimètres environ suivant les papiers, et qui servent à déterminer la position des filigranes sur la feuille. Les chaînettes ne doivent pas être confondues avec les pontuseaux qui sont des petits bâtonnets en bois placés dans le cadre et qui servaient à ac-croître sa solidité. Ces bâtonnets laissent sur le papier de légères lignes foncées, dénomées ombres, qui sont verticales et espacés de 2 à 3 centi-mètres. Elles sont dues à une épaisseur moindre du papier. Cet effet est dû à l’écoulement moins rapide de l’eau au-dessus des pontuseaux et n’occa-sionne pas de défauts majeurs dans l’aspect de l’image. Ils ne seront donc pas traités, ni utilisés comme critères de recherche.

Le filigrane: c’est la plus importante des signatures qui caractérise un papier. Le filigrane est une forme en ligne, similaire à un dessein, exécuté en un ou plusieurs fils métallique cousu sur la vergeure et qui produit une différence d’épaisseur du papier, laissant ainsi une empreinte visible par transparence. Il arrive souvent que le filigrane se déforme, se déplace, voire se casse au cours du temps; ceci permet de suivre à travers les an-nées l’évolution d’un filigrane ainsi que de préciser sa provenance et la période durant laquelle il fût utilisé. Les filigranes, toujours utilisés ac-tuellement comme marque de fabrique, ont été introduits par les papetiers pour se distinguer de leurs concurrents (une sorte de signature hiérogly-phique ou logogryhiérogly-phique); par exemple, un des tous premiers filigranes

plus ancien filigrane de date certaine, celui aux armoiries de Bar, remonte à 1348.

Il faut encore rajouter une définition supplémentaire qui est l’index.

Celui-ci est situé sous les filigranes reproduits dans les ouvrages et est un numéro associé aux filigranes permettant de les distinguer. Il se réfère à l’index de l’ouvrage, qui indique toutes les informations concernant le fi-ligrane: la période durant laquelle le papier à été utilisé, le lieu, le moulin à papier, le propriétaire, le type de papier, un historique de l’origine du papier en question, etc. Cet index, qui va de 1 à 16’000 dans l’encyclopé-die de Briquet, est placé en général en dessous du filigrane.

La base de données des images de filigranes sera composée des infor-mations suivantes: l’image du filigrane à une échelle connue, la disposi-tion des chaînettes, la densité des vergeures et une descripdisposi-tion détaillée de chacun des filigranes. Ces caractéristiques seront utilisées pour accéder aux informations contenues dans cette base de données. Les fils de chaî-nettes, la vergeure, dont seul l’écart entre les fils est saisi, ainsi que l’in-dex devront être éliminés par traitement des images.