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I.1. Les fondations théoriques de la psychanalyse sur le double

Les deux premières pierres posées par S. Freud et O. Rank dans l’étude du Double forment un socle préalable sur lequel il est nécessaire de revenir pour comprendre le contexte historique et les développements futurs de la psychanalyse en rapport à cette notion. Ces deux textes fondateurs, nés d’une association dans laquelle chacun des deux auteurs fait référence à son collègue, forment un ensemble composite proposant plusieurs orientations. Ces pistes cherchant à élaborer la notion de double seront souvent imagées par des exemples issus de la littérature, des mythes, mais surtout de l’univers des contes qui permet d’associer à la narration et à la réflexion des composantes inconscientes et leurs liens à la pensée animique. De l’inquiétante étrangeté aux formes idéales du moi, de l’auto-observation au narcissisme, des mythes et des contes sur les jumeaux aux questionnements sur l’immortalité, les premières observations psychanalytiques sur cette question seront influentes dans plusieurs domaines tels que la psychologie, mais aussi dans la littérature, ainsi qu’en anthropologie, puis par extension dans différentes ramifications des sciences humaines.

Ces deux publications, qui furent éditées, pour l’une en 1914, par Otto Rank, sous un titre explicite, Le Double (Der Doppelgänger), et pour l’autre, par Sigmund Freud en 1919, sous l’appellation plus ambigüe de L’inquiétante étrangeté1 (Das Unheimliche), ou encore par

le terme de L’inquiétant2, devinrent les points de références de nombreuses études s’étendant sur plus d’un siècle. Ces fondations posèrent en effet les prémices d’une réflexion suffisamment ouverte pour permettre une évolution fructueuse vers la notion de double, grâce à deux approches complémentaires. O. Rank décrira un premier éventail des formes littéraires et anthropologiques du double en cherchant à cerner l’évolution de ce motif dans les cultures, alors que S. Freud, en s’inspirant de l’expression « unheimlich » et en l’introduisant dans le corpus psychanalytique, apportera une grande souplesse à l’élaboration de la notion de double, entre le familier et l’étranger, tout en permettant d’envisager de nouvelles perspectives. Cette nouvelle expression, sous les termes de L'inquiétante étrangeté, deviendra par la suite un outil,

1 Freud, S., (1919), Das Unheimliche, Imago, Tr. fr. L’inquiétante étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard,

2005, p.212. Tr. fr. de F. Cambron, avec pour l’expression d’inquiétante étrangeté une reprise de la proposition de Marie Bonaparte.

2 Freud, S, (1919), Das Unheimliche, Imago, Tr. fr. L’inquiétant, Œuvres complètes, tome XV, Paris, PUF, 1996.

Tr. fr. de J. Altounian, A. Bourguignon, P. Cotet, J.-G. Delarbre, J. Doron, R. Doron, J. Dupond, D. Hartmann, R. Lainé, J. Laplanche, C. von Petersdorff, A. Rauzy, F. Robert, J. Stute-Cadiot, C. Vincent, A. Zäh-Gratiaux.

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venant rationnaliser des phénomènes psychiques à la frontière de l’intelligible. Cette notion fut ainsi particulièrement utile par sa manière de caractériser une sensation ou une impression se présentant régulièrement dans la clinique, dans la vie et dans l’art, et dont le caractère à la fois insaisissable et essentiel engagea de nombreux psychanalystes à en développer les apports conceptuels qui dépassèrent largement le cadre du double.

Une autre caractéristique de ces textes princeps fut de s’appuyer sur des textes littéraires, des récits d’œuvres cinématographiques, des contes et des mythes anciens, pour engager et imager une réflexion parfois difficile à concrétiser du fait de son abstraction. Le double prenant, dans son rapport entre le même et l’autre, une multitude de formes au cours de l’histoire, en définir son essence, son fonctionnement ou sa structure, reste une tache peu réalisable sans trouver ses appuis sur des formes culturelles diverses pour en éclairer les différentes dimensions.

Bien que ces deux auteurs à l’origine de la réflexion psychanalytique sur le double ne se limitèrent pas au genre du conte, chacun en usa pourtant clairement pour étayer son approche théorique. La notion de conte aura ainsi une influence non négligeable dans le développement de la pensée de ces deux auteurs en rapport au double, de même que la littérature développée par le romantisme orienta sensiblement ces précurseurs. Si l’approche romantique les amena dans des cheminements leur permettant d’élaborer une réflexion sur le double, tel un moteur de recherche, elle manifesta sans doute aussi une forme d’emprise, qui engagea ces deux psychanalystes dans un champ de références duquel ils chercheront chacun à sortir d’une certaine manière, tout en s’y trouvant indéniablement lié dans leur approche. Quelles sont les particularités d’une élaboration psychanalytique se soutenant des contes ? Pourquoi ce type de récit sera-t-il l’une des particularités qui accompagnera bien des apports théoriques sur le double, en s’y associant de façon presque récurrente ? Quels sont les rapports du double, au réel et à l’imagination, pour que ce genre particulier de littérature lui soit si intimement associé ?

I.1.1. Otto Rank et l’évolution du motif du double dans l’histoire

Introduction

L’étude du double se développera chez O. Rank sur sept chapitres, qui peuvent s’approcher selon trois axes. Le premier axe concerne l’organisation du moi, dans son rapport au double et au dédoublement, et s’appuie particulièrement sur le conte et la littérature. Le deuxième axe se développe autour des notions d’ombres et de reflets, il explore des formes

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symboliques et universelles du double en le liant à l’âme et au narcissisme, en associant ces concepts psychanalytiques à l’étude des mythes et de l’anthropologie. Le troisième axe porte enfin sur des représentations du double dans les cultures anciennes, en traitant de la conception

dualiste de l’âme et du culte des jumeaux, ainsi que d’un problème proche de la notion

d’éternel : La croyance en l’immortalité de l’âme. Il apparaît donc que l’étude proposée par Otto Rank s’organise par un champ de références qui prend comme départ la culture contemporaine de son époque, pour s’enfoncer peu à peu dans l’étude des représentations les plus anciennes de l’histoire du Double.

L’étudiant de Prague

Tout d’abord, il faut rappeler que l’origine de cette étude de Rank réside dans l’effet, dans l’impression, que fit sur l’auteur la représentation de L’Étudiant de Prague3 au cinéma.

L’histoire est celle d’un étudiant, amoureux, naïf, inexpérimenté, qui se trouvera entrainé dans un rapport à un double le persécutant, symbolisé ici par son reflet se détachant du miroir. La rupture narcissique, illustrée par la disparition de son reflet dans le miroir, reste prise dans un dilemme manichéen, le jeune étudiant ayant vendu ou troqué son reflet contre une richesse matérielle dans le but de séduire une duchesse qui sera décrite comme une femme aisée appartenant à un autre monde social. L’étudiant perdra ainsi son image narcissique, puis sa vie, pour avoir accepté l’argent et les plaisirs matériels proposés par le représentant du mal faisant miroiter au héros la possibilité d’échapper à son identité sociale en lui dérobant son identité spéculaire. En vendant son reflet, représentant un aspect de son double, pour de l’argent, qui ne pouvait finalement lui acheter qu’un leurre, le jeune étudiant de Prague renvoie à une réflexion générale sur le thème du double en s’inspirant également des contes espagnols tels que

L'Étudiant de Salamanque4 ou du conte de L’Ombre5 écrit par le danois H. C. Andersen. De ce

dédoublement détachant l’image spéculaire du sujet naitra un conflit provoquant le suicide de l’étudiant qui cherchera à assassiner son propre reflet. Ce thème du suicide sera lui aussi présent dans de nombreux contes comme celui de L’Homme au sable, ou encore dans William Wilson6. Il sera également lié à la perte de l’objet d’amour initial, symbolisé dans L’Étudiant de Prague

3 L’Étudiant de Prague, (1913), film dont le scénario fut écrit par le romancier allemand Hanz Heinz Ewers, en

s’inspirant des œuvres d’E. A. Poe et A. de Musset.

4 Pour plus de détails sur L'Étudiant de Salamanque voir la note en bas de page p.284. 5 Andersen, H. C., (1847), Skygge, Tr. fr. L’Ombre, Paris, Gallimard, 1994.

6 Poe, E. A., William Wilson, (1839), Œuvre en prose, Tr. fr. de Charles Baudelaire, Paris, Gallimard,

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par la jeune fille du même milieu social qui se trouvera abandonnée pour atteindre une figure féminine idéale, énigmatique, en ceci que sa quête impossible se déploie dans une simultanéité à celle de la perte du double spéculaire permettant la fondation de l’élaboration du lien entre l’image narcissique et la représentation de soi par le sujet. Le regard de la mère et le lien avec ce premier double semble réapparaitre, en filigranes, autour de la perte de ce rapport d’identité entre le sujet et son reflet.

Le conteur-psychanalyste rapporte donc, dans son langage, une histoire appartenant au septième art7, et s’inscrivant pourtant dans la tradition romantique des récits et des intrigues sur le double. Le thème du double s’y trouve traité par la perte du lien entre le sujet et son reflet sur la glace. L’image de soi, disparue du miroir, ayant été vendu à un personnage diabolique, viendra hanter et persécuter le héros, en particulier lors de ses tentatives de liens affectifs et amoureux. En cherchant à tuer ce reflet, qui le désorganise, le sujet trouvera sa propre mort.

L’Étudiant de Prague mêle ainsi l’idée du suicide, de la persécution et de la perte du lien avec

son reflet habituel et familier. L’inquiétante étrangeté semble traduite par la fiction pour en souligner un rapport à la dépersonnalisation et au dédoublement.

Dans ce premier chapitre, O. Rank pose donc une interrogation concernant le problème du moi dans le rapport au Double. Cette problématique, qu’il illustre par une fiction et de nombreux exemples littéraires, s’insère particulièrement dans la démarche de la présente recherche, en proposant une méthodologie s’inspirant d’un matériel littéraire et artistique, pour organiser une réflexion sur un sujet psychanalytique. En outre, elle semble poser la question de l’organisation du moi, et des limites de cette organisation. Le double, en représentant une forme similaire et autre à la fois, vient souligner la fragilité de cet édifice moïque en faisant vaciller l’impression d’unité qui s’en dégage. Lorsque les liens entre le sujet et les visages du double se désorganisent, c’est donc toute la trajectoire du sujet qui vacille dans les bases de sa construction psychique. Dans l’histoire de L’Étudiant de Prague, ce double similaire, ce reflet, devient, en effet, animé par une force ou une intention qui lui semble étrangère, ou autre que lui.

La signification de cette histoire tient ainsi dans l’idée qu’une instance interne telle que le moi peut se trouver en conflit avec une forme du sujet possédant sa propre autonomie, ici son reflet. Cette histoire pose aussi la question de ce qu’est le moi sans l’image que le Sujet en

7 Il n’est sans doute pas hasardeux que le cinéma soit évoqué si tôt dans les études sur le double. L’histoire

cinématographique montrera en effet une appétence dans son usage de la thématique du double. La disparition de l’image dans le livre permet pourtant à O. Rank d’en réorganiser la narration, revenant par ce processus même, à l’origine de l’une des facettes du travail du conteur (organiser la narration, mettre des mots sur des images pour que le lecteur ou l’auditeur puisse en créer d’autres).

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possède ?8 Sans une adéquation narcissique, entre le Sujet et son reflet à l’intérieur de sa propre

histoire, la cohésion et la logique du Moi ne s’en trouvent-elles pas toujours affectées ?

Influence des contes et du Romantisme sur le Double

La suite du développement de Rank s’appuiera sur la littérature et les contes abordant le thème du double, ainsi que sur les rapports qu’entretenaient certains écrivains avec cette problématique de l’étrange. En suivant au second et au troisième chapitre un même parcours, débutant par Hoffmann pour finir avec F. Dostoïevski, O. Rank offre tout d’abord une lecture sur la création littéraire autour du Double, puis une revue de la vie personnelle et des pathologies des écrivains s’inscrivant dans ce thème au XIXe siècle. Cette période déterminée de l’histoire

de la littérature fut en effet caractéristique par ses représentations du double, à l’initiative de Jean-Paul Richter, Siebenkäs9. Mouvements du double, inspirés du romantisme allemand dont E. T. A. Hoffmann reste l’un des représentants majeurs et dont Dostoïevski marque un autre repère fondamental dans l’évolution du motif. Cette thématique littéraire romantique s’accompagna d’un autre trait caractéristique, à savoir l’intégration au texte de pensées et d’expériences personnelles des auteurs sur la dépersonnalisation, la scission, le clivage, la dissociation et la diffraction. Le double semblait faire l’objet de recherches et de préoccupations artistiques particulières dans ce courant littéraire mêlant le fictif et le réel, par une réappropriation du folklore et une réflexion psychologique. Ces écrivains revendiquaient à l’intérieur de leurs œuvres une recherche du mystère entourant le double, entre rêve et fantastique, dans les rapports qu’ils entretenaient chacun avec la réalité. Cette approche du romantisme et de la littérature du XIXe siècle, possèdent pourtant l’inconvénient de rassembler

des figures du double propres à une époque particulière de l’histoire et des cultures, utilisant des axes psychiques et des représentations limitées et parfois similaires, pour aborder ce thème. Toutefois, cet attrait pour le fantastique, ces mises en scènes du symptôme et ces explorations de la psychologie du double, en font une période prolifique autour de ce motif. Ces auteurs qui s’interrogeaient sur les rapports personnels qu’ils entretenaient avec la question du double

8 Cette interrogation rejoint par ailleurs la citation de Proust, plusieurs fois reprises par A. Green : « Or comme le

moi vit incessamment en pensant une quantité de choses, quand par hasard, au lieu d’avoir devant lui ces choses, il pense tout d’un coup à soi-même, il ne trouve qu’un appareil vide, quelque chose qu’il ne connait pas, auquel pour lui donner quelque réalité il ajoute le souvenir d’une figure aperçue dans la glace. Ce drôle de sourire, ces moustaches inégales, c’est cela qui disparaîtra de la surface de la terre. (…) Et mon moi me paraît encore plus nul de le voir déjà comme quelque chose qui n’existe plus. » Proust, M., (1925), À la recherche du temps perdu (La

Fugitive), Paris, Gallimard, La Pléiade, t. III, 1954, p.456.

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laissèrent leur empreinte, dans le façonnement de cette thématique, sur ses formes possibles d’expressions littéraires et sa reconnaissance définitive comme motif à part entière dans l’histoire de la littérature.

Les deux axes étudiés par O. Rank rejoignent les rapports spécifiques entre le Double et l’écrivain, à la fois dans l’expression littéraire et dans la vie psychique et personnelle de ces auteurs. Pour chercher à penser des formes psychopathologiques et des logiques de créations littéraires diverses, Rank s’inspire d’une certaine richesse dans ces élaborations d’artistes, qui parfois se recoupent, et parfois se complètent. Cette richesse, en partie inconsciente chez ces artistes, s’accompagne de l’évolution particulière du motif du Double entre 1820 et 1890, laissant planer à l’aube de la psychanalyse cette thématique porteuse de dualité psychique. Ces questions particulières correspondront au troisième chapitre, ayant pour titre Le dédoublement

de la personnalité, qui portera sur la nature des descriptions, correspondant pour certains

auteurs à un témoignage de leur rapport au double. Les questionnements dépassent sur ce point ceux de la création, et rejoignent parfois la pathologie dans son rapport aux vacillements identitaires et identificatoires, ainsi que la quête parfois impossible de la relation à l’autre et de l’amour. O. Rank semble déceler chez certains écrivains un rapport particulier à ce phénomène du double, il relève des symptômes cliniques mêlés d’obsessions et de troubles relationnels. Tous ces auteurs seraient pour lui atteints de maladies nerveuses ou mentales, exacerbées par des excès de boissons ou de stupéfiants, ainsi que par des difficultés en rapport aux relations amoureuses et à la sexualité.

C’est d’ailleurs ici encore l’époque qui parle, la diversité de ces expériences se rassemblant autour d’un contexte socioculturel déterminé, qui semble aborder la problématique du Double selon ses propres codes et ses propres coordonnées. Pour offrir au lecteur d’autres points de vue, O. Rank étendra son champ de référence dans l’espace et le temps, pour aborder plus spécifiquement les contenus symboliques de l’ombre et du reflet.

L’ombre et le reflet, entre symbole du narcissisme et représentation de l’âme

L’évolution de la symbolique du double, allant de l’énergie vitale à l’image de la mort venant chercher le sujet, ainsi que de l’ombre au diable et au reflet du narcissisme, permet de souligner les axes d’une transformation conceptuelle de cette problématique au cours des âges. Si O. Rank débute son approche théorique par l’ombre, après cette étude littéraire, c’est qu’elle lui permet de revenir à la racine, ou du moins à une représentation des plus anciennes de l’âme et du double, pour en développer les évolutions postérieures. L’auteur note par exemple que

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dans la langue quiché, le mot nahib signifie à la fois ombre et âme, et que pour certains peuples il était problématique, voire tabou, de marcher sur l’ombre d’une autre personne. Dans cette perspective historique, Rank relève aussi le fait que chez les Égyptiens, le terme d’ombre serait apparu antérieurement à celui de reflet pour caractériser l’âme. L’ombre serait en effet la première manière de percevoir une image de son corps, opaque mais entière, ainsi que visible dans ses mouvements.

L’ombre deviendra dans le champ de la psychanalyse, tout comme elle l’était déjà dans celui de la littérature, de la religion, ou de l’animisme, une métaphore complexe aux multiples variations. Souvent liée au double, elle se présente comme un ressort de la réflexion sur ce thème. La force symbolique qui s’en dégage, en liaison à l’opposition entre l’éclairage et la zone obscure de la conscience, fait d’elle une catégorie interne au psychisme.

Pour O. Rank, cette notion permet principalement d’observer l’évolution de la représentation du double à partir de l’évolution de celle de l’âme. L’ombre, inséparable de l’homme, deviendrait ainsi la première « objectivation » de l’âme humaine, dont la représentation évoluera ensuite vers une pure abstraction. Cette évolution s’accorde également à celle de la notion de double en psychanalyse laquelle, à partir de représentations littéraires, folkloriques et antiques, deviendra un concept à la fois souple et abstrait.

O. Rank pose l’hypothèse que le premier rapport de l’ombre à l’âme était de permettre au sujet de poursuivre son existence après la mort de son corps physique. L’ombre comme double, image de l’âme, symbolisait une forme d’accès et de passage à l’éternité pour une partie du Sujet, et ceci dans de nombreuses cultures de l’Antiquité.

L’exemple d’Homère symbolise l’une des étapes suivantes de ce processus. Il évoque une double existence de l’homme et amène, avec la notion d’ombre survivant après la mort, l’idée que la transformation de l’être dans l’au-delà s’approche de l’état de rêve. Ces conceptions antiques, liées chez les Grecs à la notion d’eidolon, laissent transparaître deux pistes probablement à différencier. La première fait du double un aspect de l’âme progressant tel un rêve, comme une forme d’existence dans l’au-delà, et la seconde, en fait une représentation de l’énergie vitale, à l’image du Ka des égyptiens. Pourtant, toutes deux appartiennent à l’ordre de l’invisible.

« Homère est déjà sur la voie par laquelle, dans la suite, l’âme s’évanouira en une pure

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