• Aucun résultat trouvé

La commune d'Allos comme toutes celles du Haut Verdon avait, avant l'arrivée du tourisme au 20ème siècle, une économie de subsistance basée sur la culture céréalière et l’élevage intensif d’ovins (artisanat autour de l’exploitation de la laine et industrie drapière). Ces activités ont engendré un défrichement important tout au long des 17ème et 18ème siècles pour permettre leur développement. Le défrichement a ainsi fortement modifié les paysages qui sont devenus désertiques avec pour conséquences des ravinements importants.

Pour remédier à ces effets pervers, l'Etat propose dans les années 1860 une campagne de reboisement qui débuta, pour la commune d’Allos, en 1893. Ces reboisements, mal vécus par la

marque la fin de l'élevage ovin intensif du 19ème siècle au profit de troupeaux de vaches laitières de taille moins importante. « L’unique solution, proposée par l’Etat dès la moitié du 19ème siècle, pour remédier à cet état de « catastrophe naturelle permanente » fut d’envisager un gigantesque reboisement, lourd de conséquences, puisqu’il sous entendait, pour qu’il puisse réussir, la mise sous régime forestier de tous les « communaux », prohibant immédiatement l’élevage des troupeaux d’ovins. La vie de la population du Haut-Verdon devrait donc subir un bouleversement sans précédent, puisqu’elle serait désormais privée de sa ressource la plus précieuse et la plus productive.» (B. Deleuil, 2000, p.2).

Il a fallu attendre la fin des années 1930 pour que le paysage soit reconstruit ainsi que l’affirme B. Deleuil : « A la fin des années 1930 on pouvait constater qu’en moins de 50 ans le Haut-Verdon avait en partie effacé les traces d’une « absence de gestion » de son espace perpétrée pendant plusieurs siècles. Il avait surtout préservé les chances de son avenir ».

L’activité laitière constituera le fer de lance de l’économie d’Allos jusqu’à la 2nde guerre mondiale. À partir de là, la vallée est touchée par une crise importante : l’arrivée de la motorisation augmente la productivité. Les exploitations locales n’ont pas la taille critique suffisante pour faire face à la concurrence, elles sont de moins en moins rentables.

"Le tourisme s’est peu à peu implanté dans ces paysages de cultures fourragères, de forêts reconstituées, devenus souvent sous exploités, et de pâturages désormais habités par les troupeaux transhumants des départements voisins"11 (B. Deleuil, 2000, p. 4).

Le tourisme arrive ainsi au début du 20ème siècle dans la vallée avec un tourisme d'été réservé aux aristocrates et aux bourgeois.

La date de l'arrivée des sports d'hiver à Allos n'est pas précise. La pratique du ski était déjà présente en 1929. En effet, la "Société des skieurs du Haut-Verdon" et le club de Nice, de Canne, ont organisé en 1929 à Allos les "grandes rencontres de ski de descentes". La pratique du ski se faisait alors sur des sites vierges de tout aménagement. Ce n'est qu'en 1936 qu'est construit à Allos le premier « monte-pente » au Seignus. Le capital permettant de le réaliser venait majoritairement des résidents, ceux d'Allos et plus largement du Haut Verdon. Cela traduit une volonté de la population locale de développer le tourisme d'hiver pour palier le manque d'activité économique du territoire. Ces aménagements entrainent des coupes d'arbres pour permettre le

développement des pistes et des remontées mécaniques et modifient ainsi les paysages. Ils sont également accompagnés d'équipements sportifs annexes tels qu'une patinoire et un tremplin. Parallèlement à l'aménagement des pistes se développe l'hébergement. C'est ainsi que sont construits un certain nombre d'Hôtels : Le Beau Site, Le Refuge.

La Foux d'Allos se développe par une concession d'aménagement faite par la commune à un

constructeur exploitant : la S.A.F.A (Société d'Aménagement de la Foux d'Allos) en 1938. Celui-ci reçoit néanmoins des subventions du ministère des travaux publics. Sont ainsi créés pour la saison 1938-1939 la remontée de l'Aiguille et un refuge : La grande Séolane.

Pendant la guerre, les aménagements vont être stoppés, mais ils reprendront dès la fin de celle-ci. Le développement de la station se poursuit avec la création en 1957 de trois nouvelles remontées. Parallèlement, la S.A.F.A crée des réserves foncières grâce au rachat de terres auprès des producteurs laitiers en difficulté.

En 1961, le groupe Boissonnas rentre dans le capital de la SAFA et s’en suit le lancement d'une étude poussée du domaine skiable et de la station. La station était à l'époque composée de petits hôtels familiaux, de résidences secondaires où de locations chez l'habitant. L'apparition de la première résidence en hébergement collectif se fait en 1966 avec la résidence Soleige (800 appartements).

Ainsi, dans les années 70, la station se développe et devient, à peu de choses près, celle que nous connaissons aujourd'hui. Parallèlement le domaine skiable évolue avec le développement des remontées mécaniques et surtout la création de la liaison avec Pra-Loup en 1976 qui a permis de créer un vaste domaine skiable en 1977 reliant ainsi la vallée de l’Ubaye et le Haut Verdon, espace appelé « l’Espace Lumière ».

Le développement immobilier de la station est réalisé par la S.A.F.A avec notamment le programme immobilier de l'Aiguille et le Lotissement des Sources sur les réserves foncières qu’elle avait acquises. Une bonne partie de ces réserves achetées à bas prix vont être revendues plus tard au prix fort à des promoteurs et c’est le début de « l’inflation » immobilière sur la commune. Cette urbanisation des années 70, qui sert des intérêts privés, est réalisée sans "planification de l'espace", elle se fait sur des sites de pâturage.

Fin des années 80, début 90 sous l’influence du plan masse (1988) la station s’agrandit et se modernise. Changement notoire, un cœur de station est créé : « il s’agit de créer un lieu central, une sorte de place, qui soit un lieu de vie proche des remontées mécaniques mais proche aussi des

bâtiment, un élément visuel, qui puisse servir de point repère dans la station. On a ainsi créé un bâtiment ouvert sur la place et la station d’un côté et de l’autre sur le Verdon et la nature avec une petite tour qui comporte une horloge, en référence aux églises des villages. Est décidée aussi l’extension de la station au sud, le long de l’artère qui mène à celle-ci. (entretien du 26 juillet 2017 avec l’architecte qui a réalisé le plan de masse). Ces aménagements ont eu pour objectifs de créer du lien, d’organiser l’espace qui était décousu et de rendre ainsi la station plus accueillante, plus fonctionnelle. Plus proche de nous, début 2000 de petits chalets Norvégiens ont vu le jour ainsi qu’un lotissement au lieudit « Les Rousses ». Les dernières créations datent de 2008 en ce qui concerne les résidences (Résidence Valdorama par ex.).

Le Seignus, quant à elle, est née en 1936 grâce à l’initiative privée, et elle se développe ensuite

avec l’intervention de la Commune qui a pris conscience de l’intérêt du développement des sports d’hiver pour l’économie de la collectivité. La Commune décide donc d’investir des fonds publics dans le développement de la station. Une régie est créée. Ainsi, elle rachète en 1971 les remontées mécaniques. Elle développe le domaine et crée de nouvelles remontées.

Dans un premier temps les programmes immobiliers ont consisté en la réalisation de maisons individuelles secondaires. Ce n'est qu'à partir des années 80 que les immeubles collectifs se développent au Seignus avec des « collectivités de tourisme « social » pour accueillir les enfants (Le Montagnard, Le Souleïadou, ...) ou encore du type maison familiale (la Résidence) » (Deleuil, 2000, p. 6).

Sur le Seignus un plan masse a été réalisé en même temps que pour la Foux. L’objectif était d’avoir une urbanisation en fer à cheval autour de la grenouillère mais la majeure partie des terrains à bâtir ne l’ont jamais été. Le Seignus est une station au-dessous de 1 800 m et les aménageurs ne croient plus en l’opportunité d’agrandir la station.

La Foux a bénéficié de tous les aménagements, par rapport au Seignus car la station est plus connue.

En 1987, la S.A.F.A. décide de se rétracter et la station la Foux est menacée de fermeture. En effet, la plupart des aménagements immobiliers ont été réalisés et la maintenance des infrastructures est coûteuse, la S.A.F.A. ne retire plus de profits de l’exploitation, elle se désengage. La commune rachète donc la station et constitue une SEM (Société d'économie mixte) appelée SEFA (Société d'Exploitation de la Foux d'Allos). La commune décide alors de créer un téléphérique reliant le village d’Allos à la station du Seignus pour faire bénéficier celui-ci de l'économie qu'apporte la station.

La commune étant désormais propriétaire des deux stations: la Foux d'Allos et le Seignus, elle décide de les regrouper au sein d'une même entité : Le Val d'Allos en 1989. La saison sans neige de 1988-1989 a été catastrophique et la commune, la SEM (la SEFA), et la régie du Seignus n'arrivent plus à rembourser les prêts contractés. Ainsi, en 1993, après plusieurs années déficitaires, la commune décide de fusionner les sociétés d'exploitation du Seignus et de la Foux en créant la S.D.V.A (Société de Développement du Val d'Allos). La commune entame alors des négociations avec les banques et le conseil général pour "réaménager la dette". Cela aboutit en 1995 à un protocole d’accord et à la création de la SMVA (Syndicat mixte du Val d'Allos) qui devient propriétaire des remontées mécaniques des stations de la commune d’Allos. Il s'agit alors de partager les risques d'exploitation entre la commune et le conseil général. Cette association avec le département a permis à la Commune d’Allos de consolider l’identité du Val d’Allos et de son territoire.

Le contrat d’objectif État/Région qui s’inscrit dans le XIème plan 1994/1998 a permis ensuite de définir les grands axes de développement du Val d’Allos :

- conforter le produit neige en renforçant l’enneigement artificiel et l’aménagement des pistes existantes ;

- diversifier l’offre touristique autour du ski (patinoire, circuits raquettes) et des activités d’été. - améliorer l’accueil touristique

- revaloriser l’hébergement (manque de locations)…

- renforcer le service commercial (rôle de l’office du tourisme, centrale de réservation). Ces 5 axes ont constitués les points stratégiques du développement du Val d’Allos.

La commune a mis tout en œuvre pour se développer en dehors de la « mono activité » ski. La réflexion a été menée au fil des ans avec le souci de la rentabilité des équipements et de l’équilibre financier de la station, critères auxquels s’est rajouté le souhait des touristes de se voir proposer une offre élargie. Toutes ces contraintes ont engendré le développement de l’offre touristique tant l’hiver que l’été. Soucieuse d’accueillir un maximum de familles, elle a développé des services à destination de celles-ci et obtenu le label « Famille Plus Montagne ».

Depuis 2007 la commune d'Allos est entrée dans une démarche de développement durable et sensibilise les touristes au respect de l’environnement.

Ainsi la commune d’Allos a bien intégré que le tourisme constitue une économie à part entière. Elle s’est résolument tournée vers le tourisme, au détriment de son passé pastoral sans toutefois le laisser disparaître totalement. On peut lire en effet sur le site officiel de la Mairie d’Allos : « Aujourd’hui, la commune conserve mis à part la transhumance saisonnière, 4 éleveurs (2 de vaches laitières, 2 d’ovins), qui contribuent à l’attrait paysager et culturel de la vallée ». De fait la commune du Val d’Allos a souhaité pérenniser cette activité afin de conserver un « équilibre entre espace rural et une urbanisation limitée aux besoins sociaux-économiques d’un tourisme de montagne » (Site Mairie d’Allos).

Documents relatifs