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Alors que le traçage d'une activité médiée informatiquement permet de recueillir des données décrivant celle-ci de façon plus ou moins pertinente et fournissant ainsi le produit d'une première documentation ; le processus de redocumentation tel que nous l'imaginons permet d'exploiter les traces générées automatiquement pour décrire de façon précise, détaillée et compréhensible cette activité dans toute sa richesse. Ce processus aura en entrée la (les) trace(s) d'activité médiée informatiquement et en sortie un nouveau document décrivant l'activité tracée. Dans la suite, nous proposons une définition précise pour ce processus et nous présentons notre vue générale de celui-ci avec des exemples de son application ; nous posons également les questions qui nous semblent importantes à son propos.

'pILQLWLRQGHODUHGRFXPHQWDWLRQGHODFWLYLWpLQIRUPDWLTXH Nous définissons la redocumentation de l'activité médiée informatiquement comme étant :

Définition 1.6 : « un processus interprétatif qui peut impliquer l’utilisateur effectuant

tracé, analystes, psychologues, concepteurs de systèmes, etc.). Il permet d’exploiter les traces de l'activité, générées automatiquement, afin de les reprendre au sein d’un nouveau document numérique décrivant l’activité tracée selon l’intention et les choix de celui qui redocumente ».

Par conséquent,

Définition 1.7: « redocumenter implique réorganiser, filtrer et réécrire le contenu des

traces, y ajouter de nouvelles informations (pour refléter un point de vue particulier ou pour exprimer le contexte de production des traces), ainsi que choisir une forme d’appropriation pour le document produit » (Yahiaoui et al., 2008).

Il est important de souligner que ce processus peut également s’appliquer à un ensemble de traces, voire même de différents utilisateurs, éventuellement pour un travail collectif.

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Nous schématisons notre vue générale pour le processus de redocumentation de l'activité informatique par la figure 1.2. L’entrée du processus est un ensemble de traces d’activité résultantes de l’enregistrement de l’interaction de l’utilisateur tracé avec le système informatique médiatisant son activité. Sa sortie est un document numérique décrivant l’activité tracée de façon personnalisée et facilement échangeable. La personne qui redocumente l'activité peut garder le document produit à titre personnel (document archivé), le destiner à ses proches (document envoyé par mail ou via les réseaux sociaux à la famille, à des amis/collègues), ou le rendre accessible au grand public (document publié sur le web).

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La fonction du document produit dépend de l’objectif de la redocumentation. Lorsque la personne qui redocumente l'activité est l’utilisateur tracé, celui-ci peut conserver le document produit comme un support de mémoire ou d’analyse réflexive à propos de son activité. Il peut également échanger ce document décrivant son expérience avec d’autres personnes afin de leur servir de support d’aide à propos de l’activité (pour des utilisateurs ayant une activité

similaire, par exemple), ou encore de support d’analyse à propos de l’activité ou du comportement de l’utilisateur tracé (pour des analystes ou des psychologues, par exemple). Le document produit peut garder ces fonctions même si la personne qui redocumente l'activité n'est pas l’utilisateur tracé. Néanmoins, le degré d’engagement dans le processus peut diminuer puisque il ne s’agit plus de redocumenter sa propre activité, et des questions d’éthique et de vie privée se posent (O’Hara et al., 2008). Pour mieux comprendre les fonctions du document produit, nous présentons par la suite quelques exemples d'application du processus.

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Prenons l'exemple d'un tuteur qui peut redocumenter la trace de son activité d'utilisation d'un système d'apprentissage dans le but de générer un support pédagogique pour les apprenants utilisant le même système. Dans ce document, il peut expliquer la façon de résoudre un problème particulier ; ou encore, il peut décrire les ressources qu'il juge intéressantes à exploiter dans un cas similaire. Toutefois, chaque apprenant peut décrire sa propre activité dans un document personnel où il fournit les détails qui l'intéressent à propos de cette activité (e.g. ce qu'il a fait exactement et pourquoi, les difficultés rencontrées, les erreurs commises, etc.). D'une part, ce document peut servir l'apprenant lui-même comme un support de mémoire pour se rappeler de son activité ; il peut également lui servir d'un support pour mener une analyse réflexive à propos de son expérience afin d'améliorer son apprentissage. D'autre part, ce document peut servir d'autres apprenants ou des professionnels du domaine (tuteurs, développeurs de systèmes, analystes, psychologistes, etc.) concernés par l'analyse de l'activité des apprenants ou de leur comportement.

Parfois, le processus de redocumentation devient plus nécessaire qu'optionnel. Par exemple, si un travailleur du savoir20 doit préparer un rapport d'activité hebdomadaire pour son superviseur, il est évident qu'il ne pourra pas communiquer les traces de son activité dans leur état brut ; il devra plutôt construire un document lisible et cohérent à partir de ces traces dans lequel il pourra résumer et justifier ses actions. En outre, à travers le processus de redocumentation, il pourra se disposer d'une mémoire organisationnelle de ses activités informatiques multiples facilitant ainsi son travail.

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Après avoir présenté une étude de la notion de redocumentation, ainsi que l'application d'un tel processus pour l'activité médiée informatiquement à base de ses traces ; nous pouvons présenter quelques questions de fond qui exigent des réponses et parfois des suppositions à considérer ou des choix à faire. A travers la définition que nous avons proposée pour le processus de redocumentation et la vue générale que nous avons schématisée pour celui-ci, nous avons pu répondre à deux questions importantes qui sont : qui redocumente ? et pourquoi ? Une autre question importante concerne le moment d'application du processus de redocumentation, durant la réalisation de l'activité tracée ou après son achèvement, mais n'a pas été évoquée explicitement (quoi que nous ayons supposé une redocumentation a

posteriori pour des raisons de simplicité21).

20

traduction de knowledge worker : un individu qualifié pour sa capacité d'agir et de communiquer avec des connaissances dans un domaine spécifique et utilisant souvent des systèmes informatiques.

21

L'idée est d'éviter le chevauchement possible entre le processus de redocumentation et l'activité tracée elle-même

Toutefois, nous pensons qu'il nous reste à répondre à d'autres questions que nous avons réparti dans quatre catégories comme suit : les questions concernant la faisabilité du processus du point de vue théorique, les questions concernant l'entrée du processus (la trace), les questions concernant la sortie du processus (le document produit) et finalement les questions concernant la mise en place concrète du processus. Chacune de ces questions entraîne d’autres questions plus spécifiques, liées aux différentes possibilités présentes et aux contraintes imposées par le contexte d’application de la redocumentation.

4XHVWLRQVVXUODIDLVDELOLWpGXSURFHVVXVGHUHGRFXPHQWDWLRQ La redocumentation de l'activité informatique suppose une mise en correspondance entre la trace de l'activité d'une part, et le document produit d'autre part. Cependant, de nombreuses questions se posent : quel lien peut-il y avoir entre une trace et un document, en particulier dans l’environnement numérique ? Quels sont les points en communs entre les deux notions ? Quelles sont les particularités qui distinguent l’une de l’autre ? Que peut contenir une trace, et qui soit difficilement exprimable dans un document ? En transformant une trace en un document, que peut-on perdre ? Est ce que toutes les traces d’interaction peuvent être transformées en documents numériques, ou juste un sous-ensemble ? Peut on considérer tout document comme une trace ? etc.

Pour pouvoir répondre à ces questions, nous devons analyser les notions de trace et de document, en particulier dans le contexte numérique, afin de déduire les points de similarité et de différence entre ces deux notions et pouvoir ainsi justifier le processus de redocumentation en question. Nous consacrons par la suite un chapitre en entier pour chacune des notions, puis nous discutons leur mise en correspondance.

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Alors que le principe du processus de redocumentation de l'activité informatique tel que nous l'avons présenté est d'exploiter les traces de l'activité à l'entrée ; il est temps de se poser des questions sur ces traces : quelle forme auront les traces d'activité ? Quel modèle auront ces traces ? Quel modèle pour le processus de traçage de l'activité ? Faut il supposer un modèle pour l'activité tracée et lequel ? Pour pouvoir répondre à ces questions, nous devons étudier de façon détaillée la notion de trace en général, puis de celle de trace d'activité numérique plus particulièrement.

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Du fait que le produit du processus de redocumentation de l'activité informatique est un document numérique, nous pouvons nous interroger sur celui-ci : quelle forme choisir pour ce document ? Quelle modalité d'appropriation pour celui-ci ? Comment peut-on modéliser ce document ? Quel genre pourra-il avoir ? Quel lien pourra il avoir avec la trace de l'activité ? Que pouvons nous garder de la trace d'activité dans le document ? ... Les réponses à ces questions exigent avant tout une étude détaillée de la notion de document en général, puis de celle du document numérique en particulier.

4XHVWLRQVVXUODPLVHHQSODFHGXSURFHVVXVGHUHGRFXPHQWDWLRQ Pour la mise en place concrète du processus de redocumentation, les questions fondamentales qui peuvent se poser sont : quelles sont les étapes à définir pour le processus de redocumentation ? Quelle approche adopter pour celui-ci (manuelle ou automatique) ? Quelles bases théoriques exploiter, quelles technologies et outils utiliser ? etc. Toutes ces questions sont liées à la logique du processus de documentation lui-même. Nous pouvons également nous interroger : quelles propriétés de la trace(s) sont à garder partiellement ou

totalement ou à ne pas garder du tout dans le document généré ? La personne qui redocumente, qu'il s'agisse de l'utilisateur tracé lui-même ou une autre personne, a-t'elle la possibilité d’intervenir sur les traces ou encore sur le document résultant (possibilité de modifier, d’ajouter, ou de supprimer des parties du document obtenu) ? Cela peut-il avoir une influence sur la vie privée de l'utilisateur tracé puisque des informations intimes contenues dans ses traces d'activité peuvent être manipulées par d'autres personnes ?

En outre, la logique interprétative du processus de redocumentation implique une certaine subjectivité de la personne qui redocumente sur le contenu des traces ; d'autant plus qu'il peut supprimer des parties de ce contenu. Cela peut entrainer une falsification du contenu des traces et fait perdre au document produit sa valeur de preuve héritée de la trace d'origine. Nous essayons par la suite de répondre à ces questions mais nous mettons de coté les questions d'éthique et de la vie privée.

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