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3.2.1 Caractéristiques de plongée et estimations de l’observabilité des baleines boréales dans l’est de l’Arctique d’après la télémesure par satellite

Larry Dueck

Le Canada compte deux populations de baleines boréales, l’une qui passe l’été dans la mer de Beaufort dans l’ouest de l’Arctique, et l’autre qui réside dans les eaux de l’est de l’Arctique canadien et dans l’ouest du Groenland. On croyait autrefois que deux populations particulières se retrouvaient dans la population de

Baleine boréale et béluga remontant à la surface dans une polynie Photo: Steve Ramsay

l’est de l’Arctique. Toutefois, les données que nous possédons nous portent à croire qu’il n’existe en fait qu’une seule et même population, probablement séparée selon la saison en fonction de l’âge et de la reproductivité. La localisation par satellite vient corroborer cette conclusion.

La localisation et la surveillance du comportement de la baleine au moyen d’enregistreurs à liaison satellite archivant les données ont grandement aidé à recueillir des renseignements que l’on n’aurait pu recueillir autrefois en raison du caractère insaisissable de l’espèce qui évolue dans des eaux septentrionales. Le suivi des déplacements de baleines boréales sur de longues distances a montré que cette espèce, dont on pensait qu’elle avait deux aires de distribution distinctes, partage en réalité les aires d’estivage et d’hivernage. L’analyse des déplacements et l’identification du lieu de résidence saisonnière ont livré de nouvelles données sur les voies migratoires, le cycle biologique et l’importance possible d’un habitat particulier.

Grâce à la technologie de pointe de télémesure par satellite, les animaux marqués ont également fourni de l’information sur le comportement de plongée, indiquant que les baleines boréales peuvent descendre à des profondeurs allant jusqu’à 400 m. Au nombre de l’information précieuse fournie par l’examen du comportement de plongée, la proportion du temps passé sous l’eau est importante quand on estime l’abondance de baleines boréales. Il s’avère que les baleines boréales passent près de 75 % de leur temps à des profondeurs supérieures à 4 mètres.

3.2.2 Écologie du phoque annelé Steve Ferguson

Les phoques annelés représentent la majeure partie de la chasse de subsistance de mammifères marins pratiquée par les Inuits et ils constituent la principale ressource alimentaire des ours polaires. Les adaptations évolutives des phoques annelés en vue d’exploiter l’habitat de banquise côtière pour la reproduction et la survie pourraient exposer l’espèce à des problèmes très

importants par suite du réchauffement planétaire prévu.

Des préoccupations sont soulevées quant-à la baisse possible du nombre de phoques annelés dans l’ouest de la baie d’Hudson tel qu’indiqué par les dires des chasseurs, la réduction du taux de grossesse, la baisse de survie des nouveau-nés, la structure d’âges plus vieille et la réduction de la croissance et du nombre d’ours polaires. Quatre relevés aériens qui ont été réalisés entre 1995 et 2000 ont évalué que la taille de la population diminuait, s’établissant à 45 000 phoques en 2000 par rapport à 70 000 en 1995.

Un relevé aérien a été réalisé en mai 2007 et on l’a procédé à la capture et au marquage de phoques annelés en septembre 2007. Le but de ce travail sur le terrain était d’effectuer des prélèvements et de marquer les phoques, afin de mieux comprendre leurs déplacements et leur écologie d’alimentation dans la baie d’Hudson. Les phoques munis d’un enregistreur à liaison satellite fourniront de l’information sur le nombre de fois que les phoques ne sont pas visibles à partir des aéronefs et permettront ainsi de corriger les estimations des relevés aériens. L’information biologique de base, comme l’état et la morphologie, ainsi que des échantillons prélevés de phoques, vivants et morts, ont également été recueillis.

Phoque annelé Photo: J. Blair Dunn

3.2.3 Mise au point de la méthode de surveillance acoustique passive pour surveiller de manière non intrusive les baleines dans leur environnement avec des exemples provenant de la voie navigable du Saint-Laurent et de l’Arctique Yvan Simard

Les mammifères marins utilisent de manière intensive l’acoustique sous-marine pour communiquer, naviguer et déceler les proies et les prédateurs. À l’instar des oiseaux, de nombreuses espèces et de nombreux sous-groupes peuvent être identifiés en fonction de leurs cris particuliers. L’enregistrement de ces cris caractéristiques révèle alors la présence de ces espèces dans l’aire de surveillance. Comme un son se propage très efficacement dans l’eau, l’aire de détection peut être vaste, supérieure à 100 kilomètres dans des conditions favorables à des chants à basse fréquence. Ceci dépasse grandement la portée des détections visuelles. Ainsi, les scientifiques spécialistes des mammifères marins évoluant dans diverses disciplines ont travaillé pendant plusieurs décennies afin d’exploiter ce potentiel acoustique pour déceler et surveiller de manière non intrusive les baleines dans leur environnement. Grâce au développement rapide des connaissances et de la technologie dans ce domaine, une nouvelle méthode, appelée surveillance acoustique passive (SAP), voit le jour (figure 5).

On a utilisé divers systèmes de SAP dans le monde, allant des simples systèmes d’enregistrement et à un seul hydrophone jeté par-dessus bord à de vastes systèmes militaires reliés à la côte par câble pour la surveillance acoustique de tous les bassins océaniques.

En collaboration avec l’Université du Québec à Rimouski, un programme de recherche a été lancé en 2002 afin d’élaborer et de tester des systèmes de SAP pour la surveillance des baleines dans l’estuaire du Saint-Laurent.

Après avoir mis au point un hydrophone autonome appelé AURAL pour enregistrer des fichiers sonores, on a déployé une série de dispositifs de ce genre dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent pendant les étés 2003, 2004 et 2005, afin d’examiner différentes configurations possibles pour déceler et localiser le chant du rorqual bleu et du rorqual commun. Plusieurs méthodes de localisation ont été étudiées afin de repérer les baleines dans le bassin de 75 km de longueur; malgré la difficulté particulière de la zone à l’étude, la modélisation de la propagation a été combinée aux caractéristiques des bruits pour montrer que la technologie parvient à déceler et localiser avec une grande efficacité les rorquals bleus et les rorquals communs d’après leurs chants. Une étude est en cours en vue de surveiller la population locale de bélugas.

Le plan pour la prochaine génération de ces systèmes est l’exploitation en temps réel et la détection et localisation automatiques des chants par l’intelligence artificielle. Par ailleurs, un projet de recherche triennal visant à élaborer un réseau de bouées intelligentes complémentaires a été mené à bien. Ce système sera mis à l’essai sur le terrain dans les années à venir.

Entre-temps, des hydrophones AURAL ont été déployés en 2004 à plusieurs endroits de l’Arctique et de la baie d’Hudson en vue de surveiller les changements temporels dans l’occupation saisonnière des baleines boréales, des bélugas et des phoques barbus. Les résultats commencent à révéler clairement un lien avec les changements dans l’état des glaces.

Figure 5. Réseau de bouées intelligentes à liaison

radio et satellite WOW pour la localisation en temps

réel des baleines grâce à la SAP (photo: Yvan Simard)

3.3 Écologie alimentaire et