Chaque croupier avoit pris copie
M. Guymard fe préfenta enfuite ; il menaça ; on lui répondit : Vive le Roi! J]
on
le fuivit en l’afTourdiflantAprès laconduite
(
32
)s’étokrendu fur îaplaceprincipale oùil danfoit.
M. Roy ou
y parut: on n’en fitaucun cas. Pourfe faire remarquer
| il dit à haute voix :
Mes
J...F.., difpofez-vousà danferautrement.
Vous
avez infulté à vos juges ; avant huit jours vos mations feront marquées au crayon rouge, ôc avant un mois on aura
pendu
dix de vous.A
Piaffantcentvoixfe firent entendre:
Guymard, Bobet, Raymon
, nos juges! nous n’en con-npiffons qu’un, c’eflM.
de Kerrelegan; il eftnotre tuteur, notre père, notre
bon
père: vive Kerrelegan !Quoique
cette punition fut affez forte pour cecœur
envieux, dont Jes poifons Jes plus infectes font îa plusdouce
pâture,on
crut qu’il en mérkoit une autre.
On
l’entoura,on
îe priade crierviveleRoi
,&
on luipermit de fe retirer. C’eft-là tout; car fiRaymon &
Royou
ont été emprifonnés, ils ne îe doivent qu’à euxfeuîs, à leurspropos, dontl’indécence&
la groffièreté alîoient jufqu’à s’écrier,
quand on nommoit
le roi en leur préfence, eh ! ditesdonc
le tyran. C’étoientdeux
forcenés qu’onfit bien de fequefirer de îa fociété,
&
qu’on amal
fait d’y laifTer entrer.Si, en finifiant ce récit ,
M.
leComte, en
prenpit leprécis hiftorique'de ce qui s’efi: pafie àRennes,
ouvrage dont un confeiller au par-lement,M,
de Coedic*feglorified’étrel’auteur,
&
"( 33 3
Bc <|ue l’oii dit à la nation la plus barbare dê
îa terre, vous venez de voir ce qui s’eft fait
dans une ville de la
B
etagne, voici ce qui s’eft fait dans une autre :Le
Roi y envoya porter des ordres; à peine fes cammiffaires parurent-Ils, que les (ifflers redoublés&
les haro reten-tirent de toutes parts. «Une
corde ànœud
33 coulant fut jetée à.pîufieurs reprifes fur l’in-33 tendant; on jeta tout ce qui fe trouva dans
>3 les rues, pierres, bols, débris de bouteilles;
33 la cliaife d’un commifïaire fut brifée.
Une
33 bûche, lancée fur l’intendant,
tomba
fur lem commandant,
8c c. »&
qu’on ajoutât :Les
magiftrats du pays applaudirent à ces derniers,
&
voulurent faire pendre les premiers; nes’é-crieroit-elle pas?
Ah
!pourV honneur de Chuma-nité,quon
Je hâted'étouffer ces monjlres.J’ai cependant été fincère,
M.
leComte; &
fi l’on peut nous blâmer, ce n’eft pas d’avoir infuîté, mais d’avoir fouffertqu’on nous infultât;
ce n’eft pas d’avoirfrappé, maisd’avoir fouffert qu’on nous frappât. Il ne s’eft
donné
qu’uncoup
àQnimper, &
c’eftunhabitant quila reçu*Vous
allezvoirquec’eût étéànousd’endemander
vengeance, car c’efttrop long-temps combattre l’ombre; c’eft trop longtemps
paroîtredupe
,&
je ne le fuis pas. Ceft moins ce que nous’avons fait, que ce que nous n’avons pas voulu
C
...
t
54
)faire
, qui a déterminé Pingratitude de vptr§
père3
&
qui l’a faitrecevoir par ce fén*tÿnique8Orj nous a /ollicltés d’agir; nous avons retuféde
îe faire en diverfes çirconftances,, dont il iuitit
de cûnnoître^une feule., pourvpn;lavraie caufe
de
la perfécacion qui nous ahumiliés, mais qui ne nous a pas effrayés.:
Au
rappel du parlement, fondoyen
vint àQu
imper. Il voulut desfêtes.Aux
jour&
heppe indiqués, îe peuple te rendit devant fon hôte!.,où
les réjouiflances dévoientcommencer
partin feu de joie.
Quand
on jugea la foule afiez.nombréufe, on envoya ordonnera un
marchand
de bols d’en faire porter, i! répondit qu’i! n’en avoit pas; on alla ch< z un fécond, untro.i-Cème,
&c*'î 1s firenttous lamême
répopfe.Pour
en avoir, il fallut en faire fortir de l’hotel : cen’étoit qu’à moitiéfait; il reftoità îefaire pprter s l’endroit où on vouloit le biùîer ,
&
per-fonne ne s’y prêtait.
M.
îe marquis crut devoiry
engager par fa préfence ; il vint fourire àî’afTemblée inutilement : en donnant l’exemple,
il devoir au moins efpérer qu’on îe fuivroit ;
ilpritun fagot
&
le porta lui-même; chacun defa famille enfitautant.
Et
allonsdonc, mesamis;ïf*es amis le laifsèrent faipe. Enfin, lefeu futmis une douzaine defagots,
& M.
Moelîien, maîtrede
cérémonies, decrier vivele'Roi
: ilajouta.‘Vis
>vive le parlement: on répondît, vive la
RoL
Parcourant rallemblée. d’un œil menaçant , il
reprit: Vive le parlement; on répondit: Vive
le Roi
& h
grand-bailliage à Guimper
.
A
cesmots,
M.
d’Aufernès ne fe contenta pas de menacerdesyeux
, il leva fa canne&
en frappaun
habitant. Je le répète, c’eft le feu!coup
qui ait été
donné
à Quimper. Je rie fais ceque M.
d’Aufernès eût eu à. dire, fi on le lui avoit rendu ; mais on ne fit que le prier, defie pas
recommencer* Cepéndant M.
lemar-quis invitoit à danfer
&
àboire : on leremercia par denouveaux
cris de vive le Roi&
legrand*bailliage , ôc les banques de vin relièrent' en-tières.
Quelle fcène pour fa majefté Eufenon. Elle nelaprévoyait fansdoutepas., lorfque laveille
,
énforçantde dîner
&
entouréedequelques adula-teurs quilafélicitoient de l’heureuxévénement
,elleenpritun parlebras,
&
luidit:patience,mon
bon ami, nous ne'
femmes
pasà lafin.En
1774
,
nous avons monté un degredit trône,
Nous V
avons conquisy fi nous continuons à nousentendre.Quand
on rêve de* la forte,le réveil eft'affli-geant. Notre
nouveau monarque
, aufiihumilié que furieux, s’écria en courant fe cacher: fele leur voudrai
; jé lé Vaudrai à leur fénéchal;
&
voilàce qui a ptodûit dette procédure incote*C
a.x
$
) ;eevable, que les habitans de
Qu'mper
ontvue
inftruîrecontre eux dansle.fein de leurville.
Oui
, monfieur leComte
, c’efi: à ce feu defoie, ou plutôt à ce feu de rage
&
de défef-poir, qu'eft dû le Scandale inouï qu’a produit cette commiffionnommée
pour informer, aux.frais
du
Roi, contre fes pîu> fidèlesfujets; pourflétrirdes
hommes,
parce qu'ilsavoientde l’hon-neur, Je dis de rhpnneûr,&
je fensvivementqu'il nousenfallutpourêtreceque nou;
fommes
;que
je voudrois que toute laFrance
pût voir d’un côté le tableau des rufes employées pour nous perdre , de Fautre le journal de notre conduite.,
En
examinantou
encomparantcesdeux
pièces/on verroit, je n’en doute pas, desforfaits, 'des,
crimes; mais pn fe garderèit de nous les
attri-buer.
On
reconnoîtroit au contraire, que pour nous trouver des torts, la plus évouvantabïeinquifî.tion eût été infeffifantefans les fecoursde de la calomnie.
Ainfîjeparlement de Bretagne, en rendant, fur le rapport de fon
doyen,
l’arrêt qu’il avoitprovoqué,
regarda-t-ilcomme
une précaution Indifpenfable de s’attacherGuimar
,Reymon
8c afjbciés. Quoiqu’ileût déjà toutlieude compter far leurs bons offices, pour s’en affûterdavau-• '
% : si/ .. . . ;
-tage, il feignit ûe les lervir»
i
t3l
5Dès
l’arrivée des envoyés defamagîflraturé nos jugesfidèles&
eux fe virent pour ne plusfe quitter, pas
même
auxrégals qu’ils fe don-nèrentàl’honneurde nofifeigneurs,danslafamille Kerfalaun.Ce
furenteux qui fournirentles mé-moires&
toutesles inftrucfions néceffaires, quï
choifirent
&
pratiquèrent les témoins, de con-cert avec les quatre avocats.On
finit par recevoir leurs dépofitions.Je ne m’étonnerois pas qu’on eût, par de
telles baiTeffes, réufli à nous forger des délits*
fur-tout à notre fénéchal, qui a dû être le pre-mier défigné parmiles vidâmes à immoler. D’a-bord, fi notre fermeté a frappé les vrais
Fran-çais, fi notre réfiflance leur a fait appercevoic l’abyme
où
la fraude&
la trahifon lesentraî-,noient , c’efi: à ce magifirat qu’ils doivent
en
rendre grâce; parce que c’efl: à lui que nous devons l’exemple que nous leur avons
donné
i:nous n’en avons pas befoin pour aimer notre Roi.
Ce
fentiment étoit inaltérabîement gravé dans nos cœurs; mais, fans notre fénéchal, l’excèsmême
de notre tendrefie eût bit notre infortune, ‘Animés
par ces cris qu’on nous fitentendre, que des rninifiresprévaricateurs sejfor çoient de renverfèr le trône; s’il ne. nous avo-it
pas éclairés, nous aurions paru à la tête de la:
figue pour arracher te fceptte des mains, de:.
c i
notre louverain
, én croyant le lui confervef*
En
fécond lieu, tous ces argoufins de lama-chination étoient fes ennemis perfonnels
j outre le plaifïr de mal faire , ils trou voient, en le calomniant, à fatisfaire leur haine.
Mais
je m’étonnerois quel’homme
, le plus chargé par de femblables témoignages , ne fût pas admis pour le plus honnête au tribunal de
la raifon.
Au
jugement duvice, les vertus peur vent-elfes n’êtrepas des crimes ?M.
leComte,
les Kervelegan étoient magiftrats au
préfidial
de
Quimper, que
lesEufenon
n’y étoient pas encore procureurs : ce n’efî:pas ce queje con-fidèrejmaisen prononçantlenom
de Kervelegan,on
béniraun homme
qui ne vécut que pour être utile à fes concitoyens, tandisque le votre ne rappellera que desmédians
qui voulurent lesmener
au gibet, pour n’avoir pas confient!à le mériter.
Eh
! ne vous flattez pas de pouvoir vousjuftifier, en alléguant que la procédure n’aura pas été finie£ car on faura que ce ne fera pas nous qui l'aurons