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Parce que ce mémoire s’étale dans un temps court, parce que ce mémoire est le commencement d’une recherche, j’ai choisi de traiter d’un évènement, un cas. Il est important de préciser, à ce stade de l’écrit et avant de s’introduire plus encore dans l’analyse de cas, que penser un évènement d’ordre privé nous interdit de pousser nos résultats à la généralisation abusive. En effet, nous n’interrogeons dans ce mémoire que le cas d’une médiatisation d’un évènement privé. De plus, il est clair que Nicolas Sarkozy s’inscrit dans un système de communication poussé, ce qui n’est pas forcément le cas de tous les hommes politiques actuels. Pourtant, ce qui est en jeu ici n’est pas de comprendre comment à partir du traitement médiatique de sa réconciliation avec Cécilia Sarkozy, une nouvelle image de Nicolas Sarkozy est construite pas les médias mais d’appréhender en quoi la mobilisation de la vie privée des hommes médiatiques dans les médias contribue à modifier leur ethos et joue un rôle de plus en plus fort dans la construction de leur image

politique. L’analyse de cet évènement intervient alors comme un exemple dans le traitement médiatique et non comme le modèle typique.

Dans les premières lectures des articles, une performance principale ressort évidente de certains articles, puis révisée et réajustée, elle a pris sens dans l’ensemble des articles présents dans le corpus. C’est autour de la médiatisation que semble se nouer la transformation dont les narrateurs rendent compte. En effet, nous nous trouvons dans une présentation de l’évènement. La médiatisation figure comme l’épreuve principale et sert de support à l’information qu’est la réconciliation. Ainsi la réconciliation est l’évènement que l’on croit voir exposé mais pourtant la performance réelle dans ce schéma narratif est la médiatisation de la réconciliation et, plus loin, de la vie privée.

Face à ces premiers constats, un carré sémiotique se construit et permet de comprendre le système de valeurs dans lequel se place les narrateurs et leurs narrations. Il est important de préciser que ce carré sémiotique ainsi que la définition de la performance, ne sont pas nés des premières lectures mais d’un réajustement lors des différentes analyses. Il vous est, ici, présenté dans sa forme finale.

Pouvoir montrer. pouvoir ne pas

montrer.

Ne pas pouvoir ne pas montrer.

Ne pas pouvoir montrer.

C’est à partir de ces deux figures narratives communes aux différents articles que vont être étudiées les différentes narrations et finalement la sanction quant à la performance. Les distinctions, qui expliquent alors les différentes approches, résident principalement dans les indicateurs présentés ci-dessous et qui nous permettrons de saisir le schéma narratif de chaque journal et plus loin de comprendre les postures éditoriales.

Si la performance est commune aux diverses narrations, les principales différences résident dans la mobilisation des agents et dans l’attribution des rôles que ceux-ci ont dans le schéma narratif. Le statut des sujets et les types de modalités qui les caractérisent nous

permettront alors de présenter les grandeurs figuratives déployées par les narrateurs à propos de ces sujets.

Qui sont les agents ? Quel mot le journaliste utilise-t-il pour parler des sujets et à quel imaginaire cela renvoie-t-il ?

• Monde civique ? Désignations par la fonction, l’adhésion.

• Monde de l’opinion ? Noms, prénoms.

• Monde domestique ? Statut familial (père, époux, etc.) ou état d’un lien interpersonnel (voisin, ami, etc.)

Qui est le destinateur de cette performance ?

• Comment le destinateur est –il désigné ? A quel monde cette désignation renvoie t-elle ?

• La désignation du destinateur respecte t-elle le monde dans lequel se place la performance ?

Qui sont les sujets et les adjuvants ?

• En quoi leur désignation aide t-elle à comprendre la performance, la manipulation et la sanction ?

• Quel savoir-dire/pouvoir-dire leur attribue t-on ?

• En quoi la citation aide-t-elle à légitimer/ prouver/ décrire la performance, la manipulation et la sanction ?

Les figures narratives des sujets.

• A quelle figure renvoie l’articulation entre les différents acteurs et leur rôle dévoilé dans l’analyse narrative ?

• En quoi la figure de l’homme politique en question construite dans le traitement médiatique de sa vie privée tend à dévoiler une modification de son image ?

Conclusion : Digression sur la Méthode.

Rendre compte d’une méthode dans un écrit, c’est lui donner une temporalité dans sa construction. Cependant, la méthode naît de son interaction avec l’objet. Je viens de décrire une méthode d’analyse, des considérations qui semblent se placer en introduction de cette étude sur la médiatisation de la vie privée des hommes politiques. Pourtant, c’est dans la confusion que cet objet et sa méthode doivent se comprendre.

« Objet et méthode sont en interaction constante (…). L’interaction signifie que la méthode ne vient ni avant ni après, mais qu’elle est toujours là, plus ou moins, dans une recherche.

La méthode ne vient pas avant. Comme l’a bien vu Spinoza. Elle ne saurait pas plus que l’objet (et sa science) être défini a priori, avant les opérations de recherches. Mais on ne saurait dire, à l’opposé, comme le fait Nietzsche (cité par Morin) que « la méthode vient après ». Du moins si cela signifie qu’elle arrive quand tout est fini pour formaliser les procédures de recherche. La méthode comme l’objet n’est ni avant ni après ! Toujours présente, elle est en rapport permanent d’action réciproque avec l’objet (et le sens) de la Science »40

La question de la méthode a été largement étudiée au fil des années et des courants de pensées. Penser la méthode revient à s’interroger sur la scientificité des recherches. En somme, ce qui est en cause dans ce débat, c’est l’idée d’une connaissance scientifique. La méthode est constituée de l’ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit. . Etudier la place et le rôle de la méthode dans le travail de recherche en sciences sociales ne revient pas à définir les différentes méthodes élaborées. Chaque méthode a ses limites de validité. Les méthodes sont liées à des points de vue, des courants de pensées, une façon de construire l’objet. Ce qui nous importe dans cet écrit est de comprendre ce qu’est la Méthode et comment elle s’opère dans les processus de recherches en sciences sociales.

« Objet et méthode sont en interaction constante (…). L’interaction signifie que la méthode ne vient ni avant ni après, mais qu’elle est toujours là, plus ou moins, dans une recherche. » La méthodologie est à la fois une logique et une heuristique. La méthodologie doit rendre compte non seulement des produits de l’investigation scientifique mais surtout de son processus lui-même. La spécification de l’objet de recherche et son opérationnalisation sont indissociables de la méthode.

« La méthode ne vient pas avant. Comme l’a bien vu Spinoza. Elle ne saurait pas plus que l’objet (et sa science) être défini a priori, avant les opérations de recherches. »

Une problématique à validité scientifique ne peut naître du réel par elle-même. C’est dans son interaction avec la méthode que l’objet prend sens. Par la même, la méthode ne peut

40 LEDRUT, R. « Méthode ou méthodes », Cahiers internationaux de sociologie, Vol. LXXI, 1981.

exister a priori. La méthode est une construction opérée par un constant aller-retour entre l’objet et les opérations intellectuelles. La méthode a besoin de la constitution d’hypothèses, ces hypothèses ne peuvent être entièrement détachées de l’objet même.

Construire des hypothèses, élaborer des modes d’investigation et des techniques d’enquêtes est impossible sans une constante interaction entre la méthode et l’objet.

« Mais on ne saurait dire, à l’opposé, comme le fait Nietzsche (cité par Morin) que « la méthode vient après ». Du moins si cela signifie qu’elle arrive quand tout est fini pour formaliser les procédures de recherche. »

La méthode est une logique de découverte, elle est un processus de construction de l’objet.

Nous pouvons schématiser ce processus de construction de l’objet en trois étapes. L’objet réel est le premier point, il n’a aucun sens tant qu’il n’a pas été saisi par un individu.

L’objet perçu est donc la deuxième étape de ce processus. L’objet perçu est celui qui donne sens sous forme d’image. L’objet perçu apparaît comme réel pourtant il n’est pas la réalité, il est fruit d’un champ d’expérience. La troisième étape de ce processus est l’objet de connaissance. L’objet de connaissance est une traduction spécifique, conceptuelle, il est construit par des méthodes explicites.41 L’objet scientifique est objet de connaissance.

« Tout objet proprement scientifique est sciemment et méthodologiquement construit »42 L’objet ne vient donc pas avant la méthode.

« La méthode comme l’objet n’est ni avant ni après ! Toujours présente, elle est en rapport permanent d’action réciproque avec l’objet (et le sens) de la Science » Comme nous venons de le montrer, l’objet et la méthode sont en interaction constante et constitue le processus de recherche scientifique. Ils sont interdépendants, ils ne peuvent exister l’un sans l’autre. L’un ne préexiste donc pas à l’autre. « L’épistémologie contemporaine ne connaît ni les sciences inductives ni les sciences déductives »43.

41 DE BRUYNE, P. HERMAN, J. et DE SCHOUTHEETE, M. Dynamique de la recherche en sciences sociales. Paris. PUF. Coll. SUP. 1974.

42 BOURDIEU, P. CHAMBOREDON J.-C. et PASSERON J.-C. Le métier de sociologue. Paris. Mouton-Bordas. 1968.

43 CANGUILHEM, G. « Leçon de sociologie », dans BOURDIEU, P. (dir.) Le métier de sociologue. Paris.

Mouton-Bordas. 1968.

MONDE CIVIQUE, MONDE DE