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II. Chennai : analyse d’une mégapole à travers le prisme de l’eau

4. Gestion de l’eau à l’ère de la croissance urbaine

Suite à la décolonisation, on observe un changement dans les techniques constructives, qui ne sont plus en adéquation avec le climat. Les traditionnelles kacha, pukka et semi-pukka sont remplacées par des constructions inspirées des pays occidentaux. Ces nouvelles constructions sont à la fois des habitations informelles faites de matériaux de récupération, qui tendent petit à petit vers le formel en transformant les murs de tôle en murs de maçonnerie, mais aussi des grands ensembles de logements de plusieurs étages, bâtis par des promoteurs. L’urbanisme croît très rapidement, et souvent de manière incontrôlée, ce qui engendre la perméabilisation des sols et en particulier les zones naturelles et inondables. L’augmentation de la population et l’étalement urbain sont rapides. La construction d’équipements publics ne suit pas la cadence ce qui se ressent sur l’espace public. Certains quartiers ne sont pas reliés au système de réseau d’eau de la ville, y compris pour la récupération des eaux usées qui se déversent dans les zones humides alentours. La sentence est la même concernant la gestion des déchets ménagers et industriels.

Les multiples dégradations des éco-systèmes fragilisent l’ensemble du territoire. Le réchauffement climatique ayant un impact majeur sur l’intensification des pluies, seules sources d’eau, les réservoirs ne se remplissent pas autant que nécéssaire pour faire face à l’année à venir. L’engorgement des rivières et du canal ne permettent pas d’accueillir le surplus d’eau des réservoirs qui permettrait la ramification de l’eau sur le territoire. De surcroît, le déversement des eaux-usées et des déchets rend toxique cette eau destinée aux multiples activités de la population, y compris son assainissement en eau potable. Les Chennaites ayant besoin de cette eau, ils en viennent à extraire de l’eau des lacs avoisinants, des puits des fermes et des nappes phréatiques en sous-sol. Cette surexploitation des eaux souterraines met en danger l’ensemble du

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système puisqu’elle rend possible l’infiltration d’eau de mer lors des séismes qui ravagent la ville. Cela contamine les eaux souterraines de plus en plus fréquemment face à la multiplication des séismes.

Parallèlement à la préparation du concours DRIA avec l’Université de Montréal, les étudiants préparant le diplôme d'études supérieures spécialisées en gestion des risques majeurs de l’UQAM, Université du Québec à Montréal, ont établit une analyse préliminaire des risques naturels auxquels la ville de Chennai est exposée. Suite à l’appréciation préliminaire des risques, ils ont établi une matrice de sévérité des risques et ont identifié les zones les plus sensibles. Parmi les aléas figurent la hausse du niveau de la mer, les inondations, les vagues de chaleur, l’érosion côtière, les cyclones, la liquéfaction des sols, les séismes, et les tsunamis. Les risques directs pour l’Homme sont le manque d’eau courante et d’eau potable, les maladies - transmises par l’eau et les animaux -, la précarité des logements et la densité de population, la densité du traffic automobile, et la forte présence de l’industrie sur le territoire. Tous ces éléments peuvent potentiellement être aggravés puisque la menace du ‘sur-accident’ pèse sur de nombreuses zones de la ville, qui s’avèrent être inondables, surtout le long des trois rivières qui traversent la ville de l’ouest à l’est. Soulevons aussi que 77% des bâtiments ne répondent pas aux normes sismiques, que les hôpitaux et instituions scolaires se trouvent dans zones densément peuplés qui s’avèrent être également des zones à risques modérés. L’inconvénient majeur est que des 174km2 de la ville de Chennai, 108km2 sont des zones résidentielles et commerciales, et pour la plupart s’avèrent être en zone à risques sismiques modérés et élevés. 26

Seulement 15% du sol de Chennai est encore constitué de marécages, contre 80% il y a 30 ans. Dans le Journal of Indian 27

DESS en gestion des risques majeurs. « Concevoir la résilience en Asie. » Montréal : 26

Université du Québec à Montréal, UQAM, 12 février 2019.

Land use change and flooding in Chennai, [en ligne] Care Earth Trust. 2016. 27

Disponible sur https://careearthtrust.org/flood/

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Institue of Architects, datant de novembre 2013, Xavier Benedict déplore le manque d’espaces verts à Chennai : «  Green city boosts economy » was the mantra where many world leaders advocated during end of the last century. A study states that top 50 fastest-growing cities are located in the developing Asian world. Of which top are dominated by China and rest are Jakarta, Chennai, and Perth. The World Health Organization recommends that nine meter square green open space per dweller should be the minimal norm for a city. Well planned cities un USA/Europe have 80 metro square per capita green space on an average. Gandhinagar has 162 meter square per dweller green space, Chandigarh has 54 meter square, Delhi has 21 meter square and Bengalore has 17 meter square. Chennai on the other hand has only 0,46 square meter per city dweller. » 28

Fig. 8 : Carte des sources d’eau à Chennai / Chennai Metropolitan Water Supply & Sewerage Board, CMWSSB.

« "La ville verte renforce l'économie" était la devise prônée par de nombreux chefs d'état au cours 28

du siècle dernier. Une étude déclare que les 50 villes à la croissance la plus rapide sont situées dans l'Asie en développement. Ce classement est dominé par la Chine, et les autres villes sont Jakarta, Chennai et Perth. L'OMS recommande la norme de 9 m² d'espaces verts ouverts par habitant dans une ville. Aux Etats-Unis et en Europe, les villes bien planifiées possèdent environ 80 m² d'espaces verts par habitant. Gandhinagar a 162 m² d'espaces verts, Chandigarh 54 m², Delhi 21 m² et Bengalore 17 m². Chennai, par contre, n'a que 0.46 m² par habitant. » Journal of Indian Institue of Architects. Novembre 2013.

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III. Ce que les crises révèlent

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