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FICHE 4 : Quelles actions pour un plan d'action agricole ?

B. Gestion des assolements et zones tampons

L'organisation des couverts végétaux et des rotations culturales sur un territoire donné peut permettre d'optimiser les flux d'azote à l'échelle du bassin versant et de réduire les fuites de nitrates vers les eaux superficielles et profondes.

Pour proposer ce type de mesures, il importe donc que le diagnostic agricole mené sur le territoire ait identifié les successions culturales types et leurs risques associés.

Mise en place de zones tampons très peu voire non fertilisées et/ou de dénitrification La mise en place de zones très peu fertilisées (bandes végétalisées le long des cours d’eau, prairies extensives...) contribue à réduire les flux d’azote à l’aval du bassin versant. Le maintien et/ou le développement de zones de dénitrification à certains endroits stratégiques du territoire contribue à réduire les pertes de nitrates.

Les bonnes conditions agro-environnementales imposent d'ores et déjà la mise en place de bandes enherbées non fertilisées de 5 mètres le long des cours d'eau, les programmes d'action nitrate pouvant imposer des prescriptions supplémentaires.

Optimisation de l'azote à l'échelle de la rotation culturale et gestion de l'interculture L'approche temporelle en termes de systèmes de cultures est primordiale pour réduire le risque de lixiviation de l'azote. Il convient de prêter une attention particulière au choix des successions culturales et à la gestion adaptée des intercultures.

L’introduction dans l’assolement de cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN) ayant un cycle de besoin en azote décalé par rapport aux cultures principales contribue à mieux utiliser l’azote disponible lors des phases de minéralisation de l’azote, ou l'azote minéral restant après la récolte du précédent.

Les 4èmes programmes d'actions nitrates prévoient d'ores et déjà la généralisation des cultures intermédiaires pièges à nitrates pendant les intercultures longues d'ici 2012.

Dans les aires d’alimentation des captages d’eau, il peut donc s'agir d'aller au-delà de ces mesures en :

• prévoyant des couvertures de sols supplémentaires, notamment dans les intercultures courtes entre un protéagineux et une céréale d’automne ;

• prévoyant le maintien des repousses entre deux cultures d'hiver (repousse de colza sur une interculture colza-blé, déjà obligatoire au titre des 4èmes PA nitrates) ;

• définissant des conditions de gestion des résidus post-culture notamment dans le cas des intercultures courtes ;

• renforçant les conditions de gestion des CIPAN (notamment calendriers d'implantation et de destruction et retour au sol des résidus) ;

• favorisant les successions CIPAN-cultures de printemps afin de limiter au maximum les périodes laissant les sols sans couvert capable de prélever significativement de l'azote ;

• …

Par ailleurs, une introduction dans la rotation des cultures de légumineuses (de préférence en mélange28) et de protéagineux associée à leur bonne gestion (i e permettant l'utilisation de l'azote stocké dans le sol par la culture suivante) contribue à diminuer les apports en azote sur l'ensemble de la rotation culturale et ainsi à réduire les pertes de nitrates vers les eaux. En effet, cette introduction, qui permet d'améliorer sensiblement le bilan énergétique (moins d'engrais de synthèse à fabriquer), rend cependant la maîtrise de la restitution de l'azote aux cultures plus difficile.

Développement de systèmes d'exploitation économes en intrants

Les deux principaux systèmes de production économes en intrants reposant sur un cahier des charges reconnu sont l'agriculture biologique (dont l'intérêt a été évoqué dans la fiche 3) et les

« systèmes fourrages économes en intrants29»

Les systèmes fourragers économes en intrants sont définis par un cahier des charges qui s'applique à l'exploitation. Ces systèmes permettent de limiter les fuites de nitrates du fait d'une plus grande part relative des prairies dans la SAU et du mode de conduite extensive de ces prairies.

Le plan d'action peut comporter une mesure visant à l'adoption d'un système fourrager économe en intrants par les éleveurs. Une telle mesure s’applique dans des zones d’élevage bovin et permet la mise en place de surfaces supplémentaires en prairies pluriannuelles. La mise en œuvre de cette mesure nécessite un bouleversement du système fourrager de ces élevages et en conséquence une phase d’apprentissage. Par contre, le nouveau système mis en place présente un équilibre technique et économique favorable à sa pérennisation. Il convient toutefois de veiller à ce que l’effet stockage d’azote sous les prairies ne soit pas perdu par des retournements ultérieurs.

Mise en place de cultures peu exigeantes en azote

L'introduction dans les rotations d'espèces et de variétés peu exigeantes en azote (par exemple des variétés rustiques) permet de diminuer globalement le risque de lixiviation. Le développement d'itinéraires techniques à faible niveau d'intrants valorisant ces cultures peut donc être encouragé.

28Le mélange de légumineuses avec d'autres espèces comme CIPAN, permet une diminution des doses d'azote minéral pour la culture suivante sans augmentation du risque de lessivage de nitrate pendant l'interculture.

L'expérience des bassins versants en contentieux en Bretagne

Pour mémoire, on peut citer l'expérience des programmes d'actions mis en œuvre dans les bassins versants bretons concernés par le contentieux relatif aux eaux brutes superficielles destinées à la consommation humaine. Dans ces 9 bassins versants, la fertilisation azotée totale a été réduite, selon les systèmes d'exploitation, à 140, 160 ou 170 kg d'azote total/ha/an/exploitation. Une amélioration de la qualité des eaux superficielles de ces bassins versants pour le paramètre nitrates est aujourd'hui constatée.

L'exemple d’une action Ferti-Mieux sur les plateaux du Haut-Saintois L’action, lancée en 1991 et labellisée Ferti-Mieux en 1993, a été engagée suite à l'augmentation régulière de la teneur en nitrates des eaux de source en contrebas d'un plateau agricole. Elle a été conduite en partenariat avec l’agence de l’eau Rhin-Meuse, le Conseil Régional de Lorraine, les Conseils Généraux des Vosges et de Meurthe et Moselle, les gestionnaires de l’eau, les chambres d’agriculture des deux départements concernés, et l’INRA de Mirecourt. Cette action a eu pour objectif de faire évoluer les pratiques agricoles, afin de restaurer à long terme la qualité des eaux.

Le plan d’action a notamment intégré les actions suivantes :

• réduction forte des épandages de fumier, associée au compostage de ce fumier et à son exportation en dehors de la zone sensible,

• réduction des apports d’azote minéral sur les maïs implantés,

• conduite d’opérations conseil auprès des agriculteurs, axées notamment sur le raisonnement de la fertilisation à partir de la méthode des bilans,

• réalisation d’investissements liés à l’évolution des pratiques.

Les résultats apparaissent satisfaisants : on observe une baisse significative de la teneur en nitrates dans les sources (teneur comprise entre 55 et 60 mg/l entre 1994 -1995 ; teneur actuelle comprise entre 40 et 45 mg/l).

Pour aller plus loin, quelques références bibliographiques :

• COMIFER (Groupe azote), 1996 – Calcul de la fertilisation azotée des cultures annuelles guide méthodologique pour l'établissement des prescriptions locales.

Brochure, 59 pages. NB : Ce guide est en cours d'actualisation (version actualisée prévue pour l'automne 2010)

• CORPEN, 1988 – Bilan de l'azote à l'exploitation

• CORPEN, 1992 – Recueil des bases de préconisation de la fertilisation azotée

• COMIFER, 2002 – Lessivage des nitrates en systèmes de cultures annuelles.

Diagnostic du risque et propositions de gestion de l'interculture

• CORPEN, 2006 – Des indicateurs azote pour gérer des actions de maîtrise des pollutions à l'échelle de la parcelle, de l'exploitation et du territoire.

• CORPEN, 2007 – Les fonctions environnementales des zones tampons. Les bases scientifiques des fonctions de protection des eaux.Adoption de systèmes de production économes en intrants.

V. Mesures répondant à un problème « phosphates »