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Chapitre II : COLLYRES ET CONSERVATEURS

3.1. GENERALITES SUR LES CONSERVATEURS

Définition d’un conservateur :

Un conservateur est défini comme toute substance exclusivement ou principalement destinée à s’opposer aux altérations d’origine physique (lumière, température…), d’origine chimique (réactions entre les ingrédients eux même, entre le contenant et le contenu…) ou d’origine microbiologique d’un produit.

L’œil étant un organe sensible et les collyres étant principalement des préparations aqueuses à grand risque de contamination, l’utilisation de conservateurs est donc quasiment incontournable lors de la formulation de ces formes galéniques qui se doivent d’être stériles lors de leur instillation. Les conservateurs vont avoir pour but de protéger le collyre d’une contamination éventuelle et s’opposent notamment aux dégradations d’origine bactérienne ou fongique (champignons microscopiques ou unicellulaires (levures) ou filamenteux (moisissures)).

Dans le cadre des collyres, les conservateurs vont surtout être ajoutés lorsque les préparations n’ont pas elles-mêmes des propriétés antimicrobiennes suffisantes pour se protéger contre les proliférations des micro-organismes et présentent donc un risque d’altération de la préparation ou un danger pour le patient.

Les paramètres de choix du conservateur sont les suivants :

- Le spectre d’activité : bactéries Gram +, Gram -, levures ou champignons

- La toxicité pour le patient - Le pouvoir allergisant

- Leurs propriétés physico chimiques

- La compatibilité avec les autres constituants - La stabilité dans le produit final

Il est également important de prendre en compte qu’un conservateur n’est pas d’une fiabilité absolue et que son efficacité va dépendre de différents facteurs.

Selon la pharmacopée européenne, un conservateur va donc contribuer à

stabiliser le médicament :

« Un médicament est considéré comme pratiquement stable lorsque, dans un laps de temps déterminé, ses propriétés essentielles ne changent pas ou changent au plus dans des proportions tolérables ; de plus, il est entendu que le médicament doit être conservé dans des conditions appropriées et prescrites de température, d’humidité et d’exposition à la lumière et qu’un récipient convenable a été utilisé »

Les conservateurs utilisés dans les collyres doivent présenter les 3 caractéristiques suivantes :

- Assurer une stabilité microbiologique, c’est-à-dire lutter contre la contamination ou la prolifération de micro-organismes durant toute la durée d’utilisation par le patient selon les recommandations du fabricant (conditions de stockage, durée de validité après ouverture…)

- Présenter une inertie vis-à-vis du ou des principes actifs et du conditionnement

- Présenter une compatibilité physico-chimique avec les autres constituants de la formule

Concernant la stabilité microbiologique, on peut identifier deux types de contaminations : lors de la fabrication ou après la fabrication. Ces contaminations sont décrites ci-dessous :

- Contamination lors de la fabrication :

Trois sources potentielles sont à surveiller pour limiter cette contamination : o Les matières premières à risque dont l’eau qui, comme nous

l’avons vu, est un des excipients principaux des collyres aqueux et les produits d’origine végétale comme les huiles dans les collyres huileux.

o Les locaux et le matériel : il faut des matériaux adaptés comme des surfaces lisses ou de l’acier inoxydable. Des procédures devront également être mises en place et validées pour le nettoyage avec des désinfectants adaptés, les appareillages et les locaux. Les tuyauteries avec un risque de formation de biofilm ainsi que l’air sont des éléments à contrôler.

o Le personnel : importance de l’hygiène, le choix des vêtements et surtout de la formation du personnel.

Pour obtenir un produit avec le plus faible risque de contamination, les

Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF) doivent être respectées.

- Contamination après la fabrication

Deux sources peuvent être à l’origine de cette contamination :

o Le conditionnement primaire lui-même qui peut être inadapté o Le patient lors de l’utilisation avec l’introduction d’air, d’eau

dans le contenant, la conservation à une température trop élevée ou encore la contamination par contact avec l’œil infecté, les mains ou autre.

Une fois encore, afin de limiter au maximum le risque de contamination, les

Bonnes Pratiques d’Utilisation (BPU) doivent être respectées.

Les contaminations lors de l’utilisation par le patient sont plus compliquées à maîtriser, d’où l’importance des conseils donnés au comptoir lors de la délivrance par le pharmacien qui doit s’assurer de la bonne compréhension du traitement mais également du respect des règles permettant de préserver l’asepsie : (23,25,42,43)

- Avant l’instillation, procéder à un lavage soigneux des mains et éventuellement utiliser des gants à usage unique

- Vérifier l’aspect de la solution avant l’instillation, bien agiter le flacon dans le cas des suspensions et jeter la première goutte en cas d’application après une période de non utilisation du flacon

- Après ouverture du flacon, déposer le bouchon sur une compresse stérile - Presser le corps du flacon et non son extrémité.

- Éviter tout contact du contenant avec l’œil, les paupières ou les cils

- Dans la mesure du possible, préférer une instillation par une autre personne - Pour éviter les contaminations croisées, utiliser un collyre donné pour une seule personne

- Reboucher le flacon immédiatement après utilisation.

- Respecter la date de péremption et les modalités de conservation définies par le fabricant (température de conservation, exposition à la lumière…) Dans tous les cas, ne jamais exposer un collyre à une chaleur excessive ou au soleil.

- Lors de la première utilisation, indiquer la date d’ouverture sur le flacon et respecter la période après ouverture (PAO) qui peut aller de deux semaines à plusieurs mois.

3.2. LES CATEGORIES, LES MODES D’ACTIONS ET LES